L'hommage (Hermione Granger)
Je voulais juste faire un petit préambule avant que vous vous plongiez dans la lecture de ce texte.
Ceci n'est pas un OS humoristique. C'est un hommage -mon hommage- sous forme de fanfiction à Samuel Paty, qui a été assassiné le 16 octobre 2020. Je voulais honorer sa mémoire à ma façon, parce que sa mort, comme nous tous, m'a profondément choqué, attristé et révolté.
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Hermione Granger poussa un petit cri d'agonie, et tandis que son corps était parcouru de violents sanglots, et que les larmes brouillaient sa vue, elle ferma d'une main maladroite son ordinateur portable Moldus.
Non. C'était impossible. Ils ne pouvaient pas en être encore là, en 2020 ?
Pourtant, c'était bel et bien vrai. Pas une histoire effroyable, ou un scénario de film catastrophe et particulièrement affreux. C'était la triste, l'horrible réalité. Voilà le monde dans laquelle nous vivons. Rempli de haine, de cruauté, de bestialité, de barbarie, de bêtise.
Hermione avait encore énormément de travail, de paperasses à remplir, et elle devait peaufiner son discours de tout à l'heure consacré aux nouvelles mesures prises pour garantir la propreté du Chemin de Traverse. Mais elle n'avait plus le cœur ni l'envie de s'y mettre. L'avait-elle déjà eu, d'ailleurs ? N'y avait-il pas plus important que quelques papiers de chewing-gum qui traînaient par terre, qu'on pouvait facilement enlever en un coup de baguette ? Ses pleurs redoublèrent d'intensité quand elle eut l'amère pensée que ce n'était pas un coup de baguette qui allait ramener ce pauvre homme à la vie.
— Je vous hais, s'écria-t-elle en tapant frénétiquement du poing contre son bureau puis en envoyant valser ses précieux documents. Je vous hais putain, je vous hais !
Elle épargna son ordinateur portable de son excès de colère, et une fois qu'il n'y eut plus rien d'autre sur le bureau que celui-ci, elle se calma et continua à pleurer silencieusement, recroquevillée sur elle même dans son fauteuil de bureau.
Les minutes passèrent, et elle finit par se calmer et reprendre un rythme de respiration normal. Grâce à un sortilège d'attraction, elle récupéra sa boîte de mouchoir qui jonchait précédemment sur le sol et en utilisa plusieurs afin de se moucher et s'essuyer les yeux. Un simple coup d'œil dans son miroir de poche qu'elle sortir d'un de ses tiroirs lui confirma qu'elle avait une mine épouvantable et que ses cheveux étaient encore plus ébouriffés et en pagaille que d'habitude.
Se moquant de son apparence, et plus que déterminée, elle attrapa sa mallette de travail plus par habitude que par réel besoins et sortit de son bureau afin de pouvoir effectuer son discours.
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Ils étaient tous là, à la regarder avec leurs petits sourires faux, leurs bloc-notes quasiment greffés à leurs mains. Tandis qu'elle montait sur l'estrade, le flash de plusieurs appareils photos l'aveuglèrent et elle se fit la réflexion que décidément, elle détestait les journalistes. Les autres personnes présentes étaient du personnel du ministère.
— Dès aujourd'hui, de nouvelles mesures vont être mises en place sur le Chemin De Traverse, commença-t-elle, la voix légèrement tremblante. En effet, depuis quelques semaines, nous avons observé la dégradation...
Un poids lui pesait sur la poitrine, elle était fatiguée et meurtrie. Elle n'avait qu'une envie: rentrer chez elle, retrouver son mari et ses enfants et prendre un bain. Mais il fallait qu'elle fasse son fichu discours. Elle était Ministre de la Magie et avait des responsabilités à tenir.
— La dégradation... Répéta-t-elle dans un quasi murmure.
Mais après tout, pourquoi pas ? C'était un sujet important, méritant d'être relayé et partagé à la communauté magique. Et elle avait envie d'en parler, de dire à quel point elle était en colère contre l'auteur de ce crime et de ce que ce dernier signifie. Elle avait trop de choses sur le coeur pour se taire, ou continuer à déblatérer des idioties sur la propreté.
— Il y a à peine une heure, un attentat a été commis en France, devant un collège Moldus , à l'encontre d'un enseignant. Samuel Paty a été égorgé par son meurtrier avant d'être décapité.
Elle avait envie de vomir.
— Les motifs qui ont poussé le terroriste à assassiner Samuel Paty relèvent visiblement du domaine de la religion. En effet, quelques temps auparavant, dans le cadre d'un cours d'éducation civique, le professeur avait montré des caricatures religieuses. L'une d'entre elles se moquait du prophète de l'Islam. Et on l'a assassiné pour avoir montré cette caricature. On l'a assassiné pour avoir fait son métier, pour avoir enseigné, comme on lui demandait, la liberté d'expression aux enfants.
Les larmes lui montaient et sa gorge lui piquait.
— La France est une démocratie. La liberté d'expression est une des valeurs de la République Moldus, tout comme elle est l'une de celle Sorcière. Cet acte terroriste est intolérable et je n'ai pas les mots pour décrire à quel point j'ai été profondément choquée et meurtrie de l'apprendre. Imaginez seulement que ce soit un professeur qui vous faisait cours lorsque vous étiez à Poudlard qui ait été assassiné, ou un professeur de vos enfants. Pour un dessin. Un simple dessin. Qu'il était tout à fait légal de montrer. Qu'il fallait montrer.
Elle reprit sa respiration.
— Je suis née-moldus, toute ma famille est Moldus,. Ils ne sont pas différents de nous. Nous sommes même semblables en tout point. Certains peuvent être bons et généreux, d'autres des monstres, des barbares, des brutes. La cruauté et la méchanceté existent autant des deux côtés. Eux aussi, ils ont leurs Mangemorts. Qui tuent pour assouvir leurs pulsions meurtrières ou au nom de choses qui les dépassent. La seule différence est qu'ils ne commettent pas leurs meurtres avec une baguette.
En face, les journalistes semblaient désemparés mais visiblement intrigués, car tous prenaient des notes avec acharnement.
— Même si nous ne venons pas des mêmes mondes, nous sommes tous des humains. Et il y a une heure, on a ôté la vie à un être humain. Un père de famille, qui se levait tous les jours pour travailler, inculquait son savoir à ses élèves. Quelqu'un qui comme vous et moi, avaient des rêves, savouraient les petits bonheurs du quotidien et aimait son métier.
Elle sortit sa baguette de sous un pan de sa robe de sorcière.
— Par respect et pour honorer sa mémoire, je lève ma baguette à Samuel Paty.
Elle tendit le bras et leva sa baguette au dessus de sa tête. Elle n'attendait rien, mais elle réussit à entrevoir à travers son brouillard de larmes, les sorciers face à elle se levant et tendant leurs baguettes vers le ciel eux aussi.
À Samuel Paty.
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