Rêverie vespérale (Non-fanfic)
Je regarde le ciel qui se teinte de rouge sang.
Non, le sang c'est moi qui l'imagine.
J'ai un stylo à la main, un carnet sur les genoux, mais je ne sais pas encore ce que je vais écrire.
La mort.
Ou la vie.
Les souvenirs coulent lentement sur mes joues.
Les multiples couchers de soleil attendus pour m'apaiser.
Les nombreux levers de soleil surprenants mes insomnies.
Le bleu, le rouge, le orange, le violet, le jaune et l'indigo.
Qui se mêlent.
Pourquoi je ne dors pas ?
Aucune idée.
Trop de pensées.
Trop d'émotions.
Trop d'excitation.
L'été et mes amis.
Une partie de billard, une boule lancée un peu trop vite qui vient frapper Lina au ventre, le rire d'Arthur, les excuses de Maxime, le sourire crispé de Lucie. Le roulement de mes yeux, à moi, Eli'.
Un oiseau, blanc, perché sur le balcon. Mon cacaotés. La raison de mes premières larmes.
« J'ai paumé un cacaotés ». Les premiers mots que j'ai prononcés en arrivant au collège après la catastrophe.
Arthur a ri, comme d'habitude. Mais plus nerveusement.
Lina a froncé les sourcils.
Maxime a penché la tête sur le côté d'un air interrogateur.
Lucie a posé la main sur mon bras, doucement, et m'a demandé comment ça allait.
Aucune idée.
À vrai dire, près de trois mois après, je n'en ai toujours aucune idée.
Le départ d'Ap et ma réaction n'ont été qu'une espèce de symptôme.
Je ne sais pas ce qui a causé cet état exactement.
Je ne sais pas ce qui m'a cassé·e.
Je sais être heureuxe pourtant.
Mais plus comme avant.
Ma plume danse, je ne sais ce que j'écris, mon stylo a pris son indépendance il y a longtemps.
Mes pensées flotte dans les airs.
Je jette un œil à mon cahier.
Là, se tient un poème délicat. Un poème que je ne savais pas pouvoir écrire.
Le ciel déteint à l'horizon.
Les lumières scintillent,
D'abord là-bas, tout au fond.
Puis tout près, jusque dans ma tête.
J'ai vécu.
J'ai pleuré.
J'ai lu.
J'ai exploré.
J'ai rit.
J'ai rêvé.
Je me suis dit « survit ».
J'ai été déphasée.
J'ai été ivre.
Le ciel s'est ouvert et s'est refermé.
J'ai respiré.
Je me suis perdue.
J'ai avancé et me suis retrouvée.
J'ai avancé encore, ai perdu mes pas,
Égaré ma voix plusieurs fois
Retrouvé mes larmes, flétri mon sourire
J'étais là.
J'ai eu peur.
J'ai eu joie.
J'ai eu pleurs.
Je crois que j'ai eu amour.
Puis j'ai eu rupture.
Et je suis revenu.
J'ai revécu.
Douleur, perte, inquiétude, amitié toujours.
J'ai hésité.
Je suis mort.
J'étais encore mort.
Je ne suis plus mort.
Je relève la tête, un sourire aux lèvres. Parfois, moi-même je ne sais pas comment je me sens, parfois je sais que je me sens vide, parfois je me sens mort, parfois je me sens juste en vie.
Et c'est difficile à dire.
Mais mon inconscient sait s'exprimer. J'aime bien ce poème.
Je regarde le ciel à présent complètement noir, l'air orangé dans la rue en contrebas.
Il fait bon.
Je souris.
J'ai remarqué le changement d'accord dans mon texte, aussi. Ça arrive souvent, je suis gender-fluid. J'aime bien. Les gens disent que je fais des fautes d'accord, mais c'est faux. Après tout, un sourire est masculin et une larme féminine, non ? Pourquoi les gens ne veulent pas comprendre que je change comme leur langage ?
Aucune idée. Mais pas grave. La plupart finissent par accepter ma demande qu'ils parlent au neutre. Les autres, je n'ai pas besoin d'eux.
Et mes amis l'ont tout de suite accepté sans problème, c'est ça le plus important.
Je referme mon stylo, sourît à la lune dans le lointain, me lève de l'appui de la fenêtre. Il est temps d'aller dormir maintenant. La vitre restera ouverte, j'attends toujours mon ange envolé. Je l'ai aperçu plusieurs fois dans le ciel, mon cacaotés rentrera.
Je suis heureux.
Je n'ai plus mal.
Je ne sais pas pourquoi, mais maintenant, je suis de nouveau en vie.
************
614 Mots. On va essayer de faire plus le prochain...
Bon, que je vous explique un peu d'où sort cette chose... (Oh, un texte...)
Hier soir, je m'ennuyais. Et j'avais pas d'inspi. Donc, j'ai été demander de l'aide aux CEHJM. Mon message c'était ça : "Est-ce que vous pourriez chacun·e donner un mot et une contrainte et que j'écrive dessus? (Et ce sera pas de la fanfic)".
Hirondelle n'a pas répondu.
Alex a dit "Un truc dans mon style, tiens. Mot : ciel. Contrainte : poème". Voilà. Aussi, Alex, contrôle les vibes, j'me suis retrouvée prisonnière des photos que tu mets en statut du coup...
(Littéralement, tout a défilé, les textes y compris, ça m'a fait bizarre...)
Miel a posé la contrainte de faire une happy end et les mots "j'ai paumé un cacaotès"
Eda a introduit le billard.
Les filles, sincèrement... Bon, en vrai, ça va, j'ai réussi à faire un truc avec vos idées. Sans que ça fasse (trop) tâche dans ce que la réponse d'Alex m'avait inspiré.
Sinon, j'espère que ça vous a plu à tous, que c'était pas trop complètement entièrement décousu... Dites-moi si j'ai respecté les contraintes d'après vous !
Bises,
Jeanne
(18/10/2022)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top