Amortentia
Une nouvelle année commençait, la sixième. Et j'espérais fort que celle ci nous apporterai moins de surprise que la précédente, même si avec les Mangemorts à nos portes cela paraissait plutôt irréaliste !
Bien sûr, pour Harry et Ron, cette année sans examens s'annonçait plutôt "cool" comme ils disaient et ils n'avaient apparemment toujours pas l'intention de se mettre au boulot. Ah c'est deux là... Je me demandes bien comment ils ont fait pour avoir leurs BUSE !
En ce qui me concerne je n'ai absolument pas l'intention de relâcher mes efforts alors que nous ne sommes plus qu'à un an des ASPIC !
L'arrivée du professeur Slughorn me tira de mes pensées. Je me réjouissais de ne plus avoir Rogue comme maître des potions avec ses incessantes remarques sur les Griffondors, mais celui ci, qui semblait à l'exact opposé, paraissait un peu étourdi par moment. J'espèrais fortement que son cours n'en pâtirait pas, je ne voulais plus me retrouver face à un incapable comme ce Lockhart en deuxième année (et non je ne l'admirait absolument pas, je l'ai toujours trouvé stupide et imbu de sa personne !).
Le professeur nous fit rentrer dans le cachot qui servait de salle de classe. Alors que je me faufilait à travers la porte, Dra... Malefoy passa à côté de moi en me faisant frissonner. Pourquoi est-ce-que je réagissais comme ça à chaque fois que je passais un peu trop près de lui ces derniers temps ? Une odeur musquée et agréable flotta dans son sillage, la même odeur qu'il laissait toujours derrière lui et qui ne manquait jamais de m'envoûter...
Mais Hermione quelle idiote tu fais, t'es en train de fantasmer sur Malefoy là ? Bon allez reprend toi, c'est juste son parfum qui sent bon, voilà c'est ça, tu aimes bien son parfum rien de plus !
Soudain, la porte s'ouvrit sur mes deux meilleurs amis dont la tête boudeuse témoignait qu'il n'était pas là de leur plein gré. Slughorn se réjouit de voir Harry débarquer et leur proposa de prendre un livre dans la réserve puisqu'ils n'avaient évidemment pas le leur... Ah les garçons !
Pendant ce temps, les autres élèves se réunirent devant les potions bouillonnantes qui mijotaient sur le bureau de Slughorn et je m'empressai de les rejoindre en tentant d'effacer mes dernières pensées de mon esprit. Malefoy s'était posté légèrement à l'écart, s'éloignant même de son ami Blaise, une moue blasée collée sur le visage. Même comme ça il était beau... Oh non c'est pas possible, je pouvais donc pas m'en empêcher ?
À nouveau le professeur me permit de me reconcentrer en demandant à un élève de venir identifier les potions présentées. Ça c'était plus mon domaine. Instantanément, mon bras se leva vers le plafond. Quelques ricanements s'élevèrent des Serpentards qui, bien sûr, ne pouvaient s'empêcher de se moquer de mes petites manières de "Miss-Je-Sais-Tout", puisque ces mêmes manières rapportaient en général pas mal de points à Griffondor. Les autres élèves se contentèrent de sourire ou de lever les yeux au ciel, habitués qu'ils étaient face à ma réactivité légendaire pour répondre aux questions. Seul Malefoy n'eut pas de réaction, ou en tout cas pas extérieurement, puisqu'il se contenta de me fixer de ses yeux gris au regard insondable, ce qui me perturba encore davantage que s'il s'était contenté de ricaner, comme c'était en général dans ses habitudes d'ailleurs.
- Oui Miss... ?
- Granger Monsieur. repondis-je en revenant à moi.
Je m'approchais des petits chaudrons en umant leur senteur et en observant leurs couleurs pour déterminer leur nature. La première c'était facile, sa couleur vert foncée, ses bulles semblables aux pustules du crapaud de Neville qui explosaient à sa surface, son odeur nauséabonde qui me rapellait la douloureuse expérience que j'avais vécue après en avoir bu pendant ma deuxième année... C'était évidemment du Polynectar !
La deuxième était transparente, inerte et inodore, parfaite pour être mélangée à un autre liquide sans que le goût en soit changé, comme s'était amusée à le faire Ombrage l'an dernier pour faire révéler aux élèves leurs secrets... Le Veritaserum !
La troisième était d'un rose violacé dont le liquide formait un petit tourbillon en son centre qui invitait les yeux à s'y plonger pour se perdre dans le méandre hypnotique de la potion. C'était de l'Amortentia, le philtre d'amour le plus puissant au monde !
- Chaque personne sent une odeur différente selon ce qui l'attire, continuais-je avide de montrer au professeur l'étendue de mes connaissances, par exemple je sens...
J'écarquillais les yeux de stupeur et d'horreur mêlées en m'apercevant que, pour une fois, j'aurais mieux fais de me taire. Ce que je sentais... Non ce n'était pas possible !
Une odeur... musquée et... et terriblement agréable ! Mes yeux derivèrent bien involontairement vers Malefoy qui avait commencé à froncer les sourcils devant mon silence, comme la plupart des élèves d'ailleurs. Qu'est ce que je pouvais bien faire maintenant ? Bien sûr l'option où je disais devant tout le monde que je sentais l'odeur de mon pire ennemi dans un philtre d'amour était totalement exclue ! Alors quoi ?
En bonne Griffondor que j'étais je choisi donc la meilleure solution qui s'offrait encore à moi : la fuite !
- Euh... excusez moi je dois aller vomir ! murmurais-je d'une voix rauque, les joues plus cramoisies que celles d'un Bouttefeu chinois.
Et c'est sur cette phrase très glorieuse que je m'enfuie en courant, dépassant à toute vitesse Harry et Ron qui venaient à peine de finir leur bagarre pour choisir leur livre. Je montai les marches quatre à quatre, manquant de me casser le cou des dizaines de fois, pour enfin déboucher sur le grand hall où Peeves s'amusait à jeter des bombes à eau sur les petits nouveaux. En d'autre circonstances je me serais précipitée pour les défendre, mais là maintenant tout de suite, j'avais d'autres problèmes à régler que d'aider des premières années. Oui je sais, pas très charitable la préfète de Griffondor, mais parfois il faut aussi savoir penser à soi, et dans l'immédiat j'avais décidé d'être totalement égoïste !
Je pris donc soin de contourner l'esprit frappeur et continuai à monter les escaliers des étages suivants à une vitesse folle pour attérir dans les toilettes des filles où je m'effondrai contre un lavabo pour y déverser toute ma peine. Les larmes creusaient des sillons rougeâtres sur mes joues comme si le sel de mes pleurs rongeait ma peau. Comment avais-je pu être aussi stupide ? Et pourquoi le cerveau ne pouvait-il pas contrôler les élans du coeur ? Parmi tous les garçons de l'école et même du monde entier, il avait fallu que je tombe amoureuse de Lui ! Pourquoi ?!
Des bruits de canalisations retentirent derrière moi et soudain je vis Mimi Geignarde sortir d'une cabine en hurlant de rire.
- Haha ! La grande, la fière Hermione Granger qui vient pleurer dans mes toilettes ! Si un jour on m'avait dit ça !
- Ce ne sont pas tes toilettes ! m'énervais-je en vérifiant au passage que je ne m'étais tout de même pas trompé d'endroit. Les tiennes sont au deuxième étage, tu te rappelle, c'est là que tu es morte y a un demi siècle ? Alors tu ferais mieux d'y retourner !
Mais mes railleries ne firent que renforcer le rire démoniaque du fantôme qui se mit à crier à la manière de Peeves :
- Hermione a des soucis de coeur ! Elle pleure dans les toilettes ! Elle ressemble à une serpillière !
N'y tenant plus, je lui lançai un livre de mon sac que j'avais gardé sur moi, sachant très bien que ça la traversait mais qu'elle détestait qu'on lui lance des objets à la figure. Le volume des charmes et enchantements avancés de niveau six passa à travers sa tête et se fracassa avec force sur le sol. Mimi hurla à la mort et s'enfuit dans un conduit en continuant à crier de sa voix aiguë et insupportable. Excédée de cette intervention, je décidai de partir malgré l'éloignement de la menace pour trouver un endroit plus tranquille où je pourrais déverser ma peine sans craindre une nouvelle interuption. Je continuai donc à gravir les niveaux avec empressement, ne sachant toutefois pas vraiment où mes pas allaient me mener. Alors que je commençai à désespérer et que je ne voyais presque plus où j'allais tant mes yeux étaient remplis de larmes, je fût surprise de me retrouver face à un immense mur recouvert d'une large tapisserie où un homme (sans doute totalement fou) apprenait à danser à des trolls. Sans même réfléchir, j'effectuai les trois allers et retours nécessaires en pensant très fort à un endroit où me cacher. Les doubles portes de la salle sur demande apparurent et je m'y engouffrais sans attendre de peur que quelqu'un me voit.
La salle était aussi haute qu'une cathédrale et aussi grande... en fait je n'en avait aucune idée tant les objets insolites qui remplissaient la pièce étaient nombreux et bouchaient toute perspective. C'était parfait, personne ne me trouverai dans ce foutoir. Je lâchai mon sac de cours devant l'entrée, pressée de quitter sa bandoulière en cuir qui me lacérait l'épaule depuis le début de ma course effrénée. Je m'engageai ensuite dans les allées que formaient les minces espaces entre les centaines d'objets et déambulai au hasard à la recherche d'un endroit où me poser. J'étais perdue, c'était le cas de le dire, et dans tout les sens du terme !
Mais retrouverais-je un jour mon chemin ?
***
Hermione était partie en courant après m'avoir lancé un regard perdu. Mais qu'est ce qu'il lui prenait ? Elle n'avait même pas fini sa brillante démonstration devant le professeur ! Oh stop Drago ! Tu viens de qualifier la prestation de Granger de brillante ? J'avais du me lever du mauvais pied ce matin ! Ou peut être n'étais-je pas encore tout à fait réveillé ? Oui ça devait être ça !
Le professeur marmona un "C'est bizarre ça, l'Amortentia n'est pas censé donner envie de vomir aux gens..." avant de se retourner vers ses élèves.
- Bon tant pis un petit tour à l'infirmerie et elle ira mieux ! Continuons, aujourd'hui nous allons...
Je crois que c'est à peu près à ce moment que j'ai décroché. La voix du professeur devait être encorcelée car elle avait un pouvoir de somnifère époustouflant ! Pourtant lorsqu'il promit un flacon de chance liquide à celui qui préparerait le philtre de mort vivante le plus réussi, mon cerveau sembla soudain se reconnecter. Avec Granger en moins, j'étais sans doute le plus doué en potion, cette récompense ne devait pas m'échapper ! Tout ce que je pourrais faire avec 12h de chance !
Je me mis au travail sans plus tarder, déterminé à gagner. Quelle ne fût pas ma stupeur (et accessoirement la colère indescriptible qui montait en moi) lorsque Potter remporta la fiole. Pourquoi fallait-il toujours que cet idiot soit dans mes pattes ? C'est donc hors de moi que je rangeais (ou plutôt jetais) mes affaires dans mon sac. J'avais à présent un cours de sortilèges communs avec les Serdaigles, mais j'étais bien trop énervé pour me concentrer sur quelque chose (et puis de toute façon les sortilèges ça sert à rien comme je l'avais si bien expliqué à Blaise et Pansy dans le Poudlard Express avant la rentrée !), je décidai donc plutôt de me rendre à la salle sur demande pour commencer la délicate mission que m'avait confié, bien malgré moi, le Seigneur des Ténèbres.
Je gravis les escaliers d'un air morne, laissant mes pensées divaguer. Celles ci se dirigèrent, pour une raison que j'ignore totalement, vers la fille qui m'insuportait le plus depuis ma première année. Qu'est ce qui avait bien pu lui prendre pour qu'elle quitte le cours de cette façon, elle qui n'hésitait pourtant pas à venir étudier même lorsqu'elle était malade comme un chien ? Et puis à bien y réfléchir, elle n'avait d'ailleurs pas refait surface depuis son départ précipité ! J'étais tellement perdu dans mes pensées que je faillis heurter la tapisserie qui protégeait la salle sur demande. Perturbé par l'obsession grandissante que mon esprit semblait entretenir pour la jeune fille, je fis les trois allers et retours qui permettait d'ouvrir la porte et m'y engouffrais sans attendre.
Quelle ne fût pas ma surprise lorsque je découvris la carcasse d'un sac de classe gisant à côté de l'entrée. Personne n'était censé entrer dans cette pièce... Quelqu'un avait-il déjà découvert mon projet ? Pris de doute, j'ouvris le sac dans l'espoir de découvrir quelque chose sur son propriétaire. Il était plein à craquer de livres de cours dont le nom du possesseur était inscrit d'une belle écriture fine sur toutes les pages de garde : Hermione Granger !
Mais c'était pas possible ça, elle me suivait partout où quoi ? Qu'est ce qu'elle pouvait bien foutre ici ?! Je m'engageai donc dans les allées à sa recherche, suivant inconsciemment les pas de la Griffondor. Des bruits de sanglots me parvinrent, prouvant que j'étais sur la bonne voie. "Excusez moi je dois aller vomir !" Mon oeil ! Quelque chose n'allait pas, même un aveugle s'en serait rendu compte ! Et j'étais bien décidé à trouver ce qu'elle avait.
Elle était recroquevillée au sol, dos à moi et semblait ne pas m'avoir entendu. Son corps se soulevait au rythme de ses sanglots, à demi étouffés par le velours du vieux dossier de la chaise contre laquelle elle avait posé sa tête. Elle faisait vraiment peine à voir, et même comme ça, dans cette position peu glorieuse et avec le peu de dignité qu'il lui restait, je me surpris à penser qu'elle était vraiment belle. C'était d'ailleurs l'une des seules fois que je pouvais la contempler sans craindre d'être surpris par quelqu'un. Lorsque je la croisais dans les couloirs elle avait toujours cet air inaccessible, comme si rien ni personne ne pouvait l'atteindre. Et maintenant elle était presque allongée sur le sol de la salle sur demande, à pleurer sans retenue devant son pire ennemi, moi Drago Malefoy !
Ne sachant trop que faire pour ne pas l'effrayer, je posai délicatement ma main sur son épaule. Elle sursauta violemment et se retourna d'un bloc. Son visage ressemblait à un champ de bataille, ses yeux étaient gonflés et rougis d'avoir autant pleuré, ses joues creusées de sillons brillants de larmes et ses cheveux défaits collaient à sa peau.
- Y a pas moyen de pleurer tranquille dans ce foutu château ?! s'énerva-t-elle, sans doute furieuse que son pire ennemi la surprenne dans une pareille situation.
J'étais perdu, je ne savais que faire ni que répondre. C'est pourquoi en désespoir de cause je sortis la phrase la plus stupide qui me passa par la tête :
- Tu... tu n'es pas à l'infirmerie ?
Je m'infligeai une claque mentale. Bravo Drago c'était très fin vraiment !
***
Je ne m'étais pas réfugiée ici depuis cinq minutes qu'une main se posa sur mon épaule. Ah non, j'avais enfin trouvé un endroit à peu près tranquille pour m'étendre comme la stupide larve que j'étais, il était hors de question que quelqu'un vienne encore m'interrompre dans mes activités ! Je me retournais vivement, anxieuse de découvrir l'identité du fauteur de trouble. Quelle ne fût pas ma surprise lorsque mon regard ravagé rencontra celui étonné de... Malefoy !
- Tu... tu n'es pas à l'infirmerie ? me demanda-t-il après que j'eus laissé éclater ma fureur sur lui.
J'écarquillais les yeux de stupeur. Mais qu'est ce qu'il avait, il était malade ? Il voyait bien que je n'y étais pas à l'infirmerie !
- Enfin je veux dire, se reprit-il maladroitement, tu te sentais mal non ?
- Oui... repondis-je d'une voix tendue. Et comme tu peux le voir je me sens toujours aussi mal donc si tu pouvais me laisser ça m'arrangerai !
- Je ne vais pas te laisser pleurer toute seule ici ! s'indigna-t-il. C'est à cause des potions de Slughorn ?
Je n'en revenais pas. Depuis quand s'occupait-il de savoir ce que j'avais ? D'habitude il se moquait plutôt de moi...
Alors que je croisais son regard quelque chose m'effraya. Non pas une lueur de méchanceté mais justement l'absence de toute trace de sarcasme ou de moquerie : il semblait sincère !
Soudain, sans que je ne puisse rien contrôler, je sautai à son cou et l'embrassai fougueusement tandis que mes bras s'enroulaient fiévreusement autour de sa nuque comme pour l'emprisonner. Tout se passa si vite que je n'eus même pas le temps de me rendre compte que j'étais bel et bien en train d'embrasser Drago Malefoy !
***
Hermione sauta à mon cou et m'embrassa plus passionnément qu'aucune fille ne l'avait jamais fait. Attendez, Hermione Granger me sauta au cou, vraiment ?! La Hermione Granger ? Je tentais de me souvenir ce que j'avais bien pu dire pour déclencher une telle réaction, puis décidai de laisser tomber, déterminé à profiter du moment présent, aussi inespéré soit-il, et répondit avec ferveur au baiser !
***
FIN
***
Alors voilà c'est la première OS dramione que je publie, j'espère qu'elle vous aura plût et que vous n'aurez pas le sentiment d'avoir gaspillé votre temps de vie en l'ayant lue !
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