OS5-Le voleur de corps-2
Le lendemain, je me réveille sous un jour gris, perdu, les souvenirs me reviennent alors que je remue mes doigts boudinés. La pièce insalubre me confirme que le cauchemar est toujours d'actualité.
Je me redresse, déjà fatigué, mon corps heurte les meubles. Je n'avais pas bien vu, la pièce doit faire la taille de la salle de bain, il y a la place pour le lit, le bureau et l'armoire, tout le reste est encombré de piles de cartons.
L'ordinateur que je n'ai pas réussi à démarrer dans la nuit, s'allume ce matin, il marche mal. Aucun historique de navigation comme dans son téléphone. Il avait tout prévu, il est loin d'être bête.
Lui va connaitre tous mes secrets, parce que je n'ai rien protégé. Les sites porno gay que je consulte, les photos de Damian.
Que va-t-il penser ?
Je fouille partout, essayant de comprendre la logique du rangement. Je cherche des habits propres de rechange et ce n'est pas gagné.
En désespoir de cause, je vais me doucher dans la salle de bain crasseuse, puis tente d'enfiler un survêtement, mais mauvaise surprise je ne rentre pas dedans. Si en plus les fringues ne lui vont plus, je suis mal barré. Désespéré, je m'écroule sur le lit.
J'inspecte encore les cartons, il y en a un qui contient des conserves pour chat périmé.
Ah tiens, un carton de slips et des chaussettes. Je regarde mes uniformes tachés. J'enfile celui que je portais hier en désespoir de cause.
Quand je vais dans le salon, ma tante est réveillée et mange un hamburger.
─ Tu veux du coca ?
─ Non merci, on a du lait ?
─ Non tu ne le digères pas ! Idiot tu le sais bien !
─ Ah oui c'est vrai. (Alistair me l'avait dit en plus) Où sont les draps et mes habits de rechange ?
─ N'importe quoi idiot ! Tu n'as que ce que tu as dans ta chambre ! Si tu veux autre chose, tu vas au centre social je te l'ai déjà dit, sauf que tu es gros et ils n'auront rien pour toi !
─ Je dois me changer, il faut que je lave mon linge.
─ Du con tu m'as bien regardé.
─ Pardon ma tante comment je dois faire, j'avoue que ...
─ Tu es complètement à l'ouest ! La machine à laver est au sous-sol, fais toi plaisir. Il y avait des survêtements rose au centre dont tu n'as pas voulu, c'est les seuls à ta taille.
Je me lance.
─ J'ai changé d'avis, je les veux bien. Et comment je fais pour ranger ma chambre il y a tous ces cartons ?
─ Ils étaient à l'ancien locataire ! Il faut les porter à la poubelle, mais je ne peux pas le faire avec mes problèmes de dos. Donc tu prends ton courage à deux mains et tu y vas.
─ Je vais le faire maintenant.
J'ai fait une dizaine de voyages. Au dernier, ma tante m'attend en bas de l'escalier.
─ Tu veux que je t'emmène au centre, pour voir si les survêtements sont toujours là ?
J'approuve aussitôt.
Alistair n'avait rien compris. Sa tante est plutôt de bonne volonté.
Dire que je n'avais jamais entendu parler de centre social, avant aujourd'hui. Des gens généreux donnent et d'autres fauchés en bénéficient. Je me fais une petite note mentale, sous forme de vœux pieux : Si je reprends mon ancienne vie, je veillerais à être généreux.
Nous arrivons devant un vieil immeuble de brique sur trois étages. Une fille à l'accueil nous salue.
D'après les panneaux, il y a un étage pour les enfants, les jouets, les habits et les meubles. Un étage pour les meubles et un dernier étage pour les vêtements.
─ Vous avez des arrivages pour mon neveu ?
─ Hélas toujours la même chose, ce sont des personnes âgées qui mettent les grandes tailles. Il n'y aura rien à la mode. On a eu les affaires d'un couple décédé. Allez voir.
Ma tante me pousse, mais moi ce qui m'intéresse c'est le panneau sur le comptoir devant la fille. Ils cherchent du personnel.
Je suppose qu'Alistair n'a pas d'argent de poche, et je ne sais pas combien de temps je vais occuper sa vie. Dire qu'avant j'avais un compte bancaire, alimenté automatiquement par mes parents. Je désigne l'affiche à ma tante.
─ Je peux postuler et avoir un job ?
─ Bien sûr ! je n'arrête pas de te dire de le faire, tu n'as jamais voulu.
La fille me sourit.
─ Apporte-moi ton CV et tes horaires, on s'arrangera.
Nous montons à l'étage, de vêtements sont posés en vrac par taille au sol ou sur des présentoirs.
Ma tante m'indique un endroit au fond.
─ Le cinquante-six c'est le petit tas là-bas. C'est notre taille à tous les deux.
Je suis ma tante vers le monticule de vêtements.
─ Prend tout ce qui t'intéresse, c'est gratuit. Je ne t'achèterais rien, met toi ça dans le crâne.
Il n'y a que des vêtements de grand-mère : deux survêtements mauves et trois roses, un beige poudré et un gris. Mais je trouve aussi des trésors, un pantalon gris et un noir, une chemise grise et une blanche féminine. Ce sera un nouvel uniforme à l'école. Les pantalons sont trop longs : Au vu de ce qu'il y a dans les placards d'Alistair, ce sera mieux que rien.
Ma tante a pris deux robes.
Nous ressortons du centre avec notre précieux chargement et ma tante me regarde surprise.
─ Alistair, qu'est-ce qu'il t'arrive ? Je ne te reconnais plus ? Tu ne voulais rien avant et tu passais ton temps à manger en regardant la télévision, sauf quand tu allais à l'atelier de ton père.
─ L'atelier de mon père ! Il est où ?
─ Qu'est-ce que j'en sais ! Tu ne me l'as jamais dit. Il est mort ruiné il m'a même mis un crédit sur le dos.
Elle est perspicace et a remarqué mes changements, pourvu que mes parents me croient. Elle regarde sa montre et soupire.
─ Je vais travailler, rentre à la maison et ranges ta chambre. Si tu fais une lessive, lave mes affaires aussi.
─ Ce dont je ne veux plus dans ma chambre ? Je peux tout jeter ?
─ Porte tout ce que tu veux à la poubelle. Il te reste des burgers pour ce midi et ce soir.
Mon estomac gronde, alors j'ai pris la viande du hamburger, jetant les pains. Je rêve d'un fruit ou d'un yaourt, mais ici cela semble un luxe.
Après m'être activé, j'ai une chambre rangée et une idée des vêtements dont dispose Alistair. Ce n'est pas génial.
J'ai enfilé le survêtement parme et il a été temps de laver mon linge. J'ai été lancé une machine à laver avec mes deux uniformes et les affaires de ma tante.
Ma journée du samedi est passé et j'ai été si occupé que je n'ai même pas eu le temps d'être triste et de me lamenter.
J'écarte le linge sur le balcon. J'ai dû téléphoner à ma tante pour lui demander comment le faire sécher et elle m'a demandé si j'étais débile.
Je vais me doucher, mes bras, mon dos me font un mal de chien.
Ma tante rentre se reposer le samedi en début de soirée, chargée de deux énormes sacs qu'elle vide dans le frigidaire, encore des hamburgers.
─ J'ai mal au dos et mes horaires sont impossibles, râle-t-elle.
Elle fixe incrédule le salon que j'ai rangé, le linge qui sèche sur le balcon et va voir ma chambre toute contente.
─ Génial c'est super merci beaucoup d'avoir rangé. Mais tu n'as rien mangé, qu'est-ce qu'il t'arrive ?
─ J'ai mangé un burger ce midi et un ce soir.
─ Tu rigoles ! Tu en mangeais au moins dix, avant !
Je change de sujet, car il n'est pas encore temps de lui parler du vol.
─ J'ai été porter mon CV au centre social et elle a dit que je pouvais commencer mercredi prochain. Je travaillerais les mercredis et les dimanches.
Le dimanche matin, le réveil est horriblement dur. J'ai conscience d'avoir été dépouillé et Damian me manque. Je comprends qu'il est voulu voler la vie de quelqu'un, mais pourquoi la mienne ? Pourvu que mes parents me croient et ne se fassent pas prendre au piège.
Ma tante est de bonne humeur, elle bavarde joyeuse, elle est de repos aujourd'hui.
Elle me regarde avec des yeux ronds, je ne mange que le pain du hamburger le matin.
Je la préviens que je vais faire une course. J'ai essayé de m'arranger pour une mission importante, en mettant le survêtement gris et un tee shirt mauve. Ce n'est pas génial, mais le mieux que je puisse faire.
Plus tard, malheureusement en sueur et essoufflé, j'arrive devant le pavillon entretenu de mes parents, la pelouse verte et les massifs fleuris sont si différents des gravas au pied de l'immeuble d'Alistair.
Je vais frapper à la porte, fébrile. Priant pour que ... hélas ma prière n'a pas été entendue. Barnabé ouvre la porte avec ma mère.
─ Tiens bonjour jeune homme.
Elle se tourne vers le voleur.
─ Barnabé un camarade de classe à toi ?
─ Oui Alistair qu'est-ce que tu fiches chez moi ? je te présente MA mère.
─ Maman, c'est moi Barnabé. Je tente en lui prenant la main.
Elle me repousse en glapissant.
─ Mais qu'est-ce que tu racontes mon garçon ? Tu n'as pas l'air bien ! Tu es tout rouge ?
─ Maman ? je la supplie, c'est moi, je peux te le prouver. Je peux te dire des choses que seul ton fils sait.
─ Voyons ! Mais qu'est-ce que tu racontes ? où est ce que tu habites ?
L'usurpateur me sourit narquois, il a gagné, ma mère ne me croira jamais.
─ Où est papa ?
─ Mais de quoi vous parlez jeune homme ?
─ Papa ! je hurle.
Mon père arrive sévère.
─ C'est un garçon qui a des problèmes à mon école, il est cinglé, explique Barnabé.
C'est évident, ils le croient et l'enlacent.
─ C'est pour cela que tu ne voulais pas tondre la pelouse aujourd'hui ! Tu étais trop stressé, devine ma mère.
─ Rentre chez toi où nous appelons la police, ordonne mon père.
Mes parents me regardent méprisants, sans voir le regard calculateur de Barnabé, comment peuvent-ils être aussi aveugles ?
Je suis parti vaincu.
Dans le bus qui me ramène chez ma tante, je réalise qu'un autre problème se profile à l'horizon.
Leur attitude m'a alerté sur ce qui m'attendrait le lendemain au lycée.
Alistair est au mieux ignoré et sinon martyrisé. Le problème c'est queje suis devenu Alistair.
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