OS3 L'empereur et le postier-1
OS 3 : nous sommes désormais hors univers des Markalan
Dans l'empire ailé d'Altenlia, l'empereur Damian dirige solitaire un empire menacé de toute part. Quand un postier Broken fait une livraison au palais d'été et se trompe de salle pour sa livraison...
le palais de chasse de Bois Portier
─ Votre altesse est ce que nous y allons ?
Rino, mon chef des armées, attend ma réponse. Je lève un œil sur ce costaud baraqué dont le visage et les ailes couverts de cicatrices prouvent sa valeur. Il a déployé ses grandes ailes rouges, presque de la même amplitude que la mienne, un exploit pour un homme issu du peuple. Nous sommes censés décoller du palais de chasse pour rejoindre le grand palais, les crises politique m'attendent.
Sauf que d'un coup, là, je n'ai pas envie de bouger. Généralement, je ne traine jamais dans nos châteaux des provinces où je fois faire de temps à autre une apparition. Derrière Rino, mes deux généraux doivent se demander ce que je fabrique.
Le palais de chasse est entouré de bois, nous sommes restés ici quelques jours, pour que je rencontre la noblesse locale. Il faut m'assurer de leur fidélité et les préparer à la guerre inévitable contre les Kriks.
La petite bourgade de Bois-Portier embaume et l'agitation perceptible au loin, sans doute du fait de ma présence n'atteint par la salle du trône ou je suis assis.
Je suis si fatigué de tout cela !
La visite a été profitable, j'ai pu faire une chasse seigneuriale et quelques promenades dans les bois.
─ Je vais rester un peu, renvoyez la garde ! Je rentrerai seul, incognito !
Mes hommes comprennent que je suis décidé, ils baissent la tête pour s'exécuter. Ils crèvent sans doute d'envie de me faire la liste de mes ennemis, qui y verraient une bonne occasion de m'assassiner, mais je connais cette foutue liste, mieux qu'eux. Les deux comtes au frontières sud et ouest sont presque aussi puissant que moi, ils ont des jeunes héritiers et se verraient bien reprendre le titre d'empereur.
Au nord la situation est en crise majeure et la guerre est inévitable. Le comte Aile-grise se serait allié avec nos puissants ennemis. Ils feront ployer mes troupes surtout si les autres principautés ne m'envoient pas de renforts. Nombre de mes vassaux rêvent de ma destitution, sans compter les ennemis qui trépignent aux frontières et un peuple qui gronde. Ils sont nombreux à vouloir ma mort, s'ils s'alliaient ma chute serait immédiate, mon maigre avantage c'est qu'ils se tirent dans les pattes.
Pour encore combien de temps ?
Je vais me battre encore et il faudra me tuer pour m'arracher le titre d'empereur.
Je reste assis solitaire sur mon trône empoisonné. Il l'est vraiment, par un sortilège destiné à protéger la famille impériale ailée des usurpateurs. Les domestiques sont contraints de porter des gants pour toucher les accessoires royaux. Seuls l'empereur et son conjoint peuvent s'assoir sur le trône.
Je me tourne vers la place vide, à mes côtés. Mon règne ne va plus durer bien longtemps, au moins je n'ai pas à m'inquiéter du sort de ma moitié. La place restera vide, puisque mon conjoint n'est plus ! N'importe quelle autre personne qui tentera de s'assoir, mourra empoisonnée.
Il faut que je bouge ma carcasse, me lamenter ne sert à rien. Je soupire, résigné à me lever et à déplier mes ailes noires, quand la porte s'ouvre à la volée. Personne n'a jamais claqué une porte en ma présence.
Quel est le malotru ?
Je dévisage curieux, l'inconscient et remarque à la fois, une jolie frimousse, une aile cassée et l'uniforme de la poste. L'inconnu a des cheveux blonds, exactement la bonne teinte, celle qui fait battre mon cœur. Il boite fortement et claudique en se dandinant pour s'approcher de moi, nullement gêné par son handicap. Ses traits m'en rappellent d'autres, je reste donc silencieux à découvrir celui qui ose me déranger, si ressemblant à celui qui me manque tant.
─ Hey, salut, tu as vu Maringot ?
─ Maringot ? je répète incrédule. Oublié les titres de politesse, les révérences, je ne crois pas que quelqu'un m'ait parlé sur ce ton. Jamais...
Maringot ne serait pas contente du comportement du jeune insolent.
Il s'explique, croyant que je n'ai pas compris :
─ L'intendante ! Bon la grande intendante du palais de chasse de notre empereur Damian ! Alors tu l'as vu ? J'ai un colis à lui remettre et pas toute la journée !
Le blondinet qui me houspille tourne la tête vers la fenêtre et sans attendre ma réponse poursuit.
─ Ho, regarde par la fenêtre, l'empereur et son armée s'en vont ! Bouge ! Tu vas les louper. Dis regarde comme ils sont coordonnés, on dirait un ballet. Ils sont balaises ces mecs. Tu crois qu'ils font de la danse classique ?
Je rêve cet insolent me prend pour un membre du personnel et ce permet en plus d'insulter mes gardes. Je vais le faire exécuter pour crime de lèse-majesté !
C'est vrai que mon uniforme de Daix est une tenue noire, de la même couleur que l'uniforme du personnel du palais. Ce ne sont pas les mêmes tissus et il oublie les galons et les croix militaires, certaines acquises dans des dures batailles ou je ne me suis pas ménagé. Si je déployais mes ailes l'autre comprendrait sa bévue, curieusement je n'ai pas envie de lever le quiproquo.
Il m'amuse ! J'ai des cheveux noirs, les yeux de la même couleur, il y a pourtant assez de portrait de moi et des statuts partout dans l'empire. Pas assez finalement !
Cloué de stupeur et amusé, dans l'attente de quelque chose et surtout pour le plaisir d'admirer ses boucles blondes, je reste silencieux, admirant avec lui le spectacle du départ de mes soldats dans une belle synchronisation comme il l'a évoqué. Cela évoque un ruban noir, puisqu'ils volent trois par trois en escadrilles, une formation permettant de lutter contre les attaques aériennes et au sol.
─ Je le savais que c'était du flan les fauteuils empoisonnés !
Le blondinet s'est approché, il me donne un coup de pied dans la cheville.
Si Maringot te voit tirer au flan, elle va te faire mettre au fer. Bouge-toi voyons ! Tu dois surement tout nettoyer. WHAT !!! Il y a des restes ? Bon sang ! J'y crois pas ! Il y a des restes !
Je n'ai pas eu le temps de réagir, la frimousse blonde s'est extasiée sur les plateaux apéritifs auxquels je n'ai pas touché. Il a déjà enfourné des toasts et dans le même temps s'est assis à mes côtés.
Nombreux sont ceux qui ont tentés leur chance ! J'en ai trop vu mourir, des femmes, des hommes qui ont voulu forcer le destin persuadé qu'ils seraient le bon et que le trône les accepterait. La magie qui protège nos couronnes et notre lignée est si sévère : Elle les a tous emporté dans la mort, ne leur laissant aucune chance. Je me doute que le jeune blond désormais silencieux, est parti à tout jamais. J'ai une larme étrange qui coule sur ma joue. Il va me falloir appeler pour qu'on évacue son corps. J'aimais sa couleur de cheveux.
Je me retrouve envahi par un sentiment douloureux de solitude, la perte de mon âme sœur reste une plaie béante.
J'avais treize ans, et je portais déjà l'arrogance comme un masque. Mes parents, heureux, m'ont annoncé que les astres avaient parlé : j'avais un conjoint. Le petit prince qu'on me destinait n'avait qu'une dizaine d'années, il venait de terres éloignées du Fendror. Les habitants de cette contrée du sud ont la particularité d'avoir des ailes dorées et des cheveux d'un blond lumineux, comme le petit postier.
Nos familles ont organisé une première rencontre, cela a collé tout de suite. Ses grands yeux se sont écarquillés de joie, nous nous sommes reconnus. Il a passé outre mon air blasé, plutôt il l'a fait voler en éclat. Il m'a pris la main et nous avons volé ensemble, sous la surveillance de nos précepteurs. Il n'arrivait pas à imaginer que dans une dizaine d'année, il serait mon prince consort. Il zozotait légèrement et m'a promis de bien s'appliquer à l'école, de faire des efforts pour être digne de moi. J'avais la certitude que la vie serait fabuleuse avec lui à mes côtés. Il m'a enlacé et m'a fait un câlin se serrant contre moi, en dépit du protocole. Il est monté dans son carrosse aux armes du Fendror et ils ont fait une boucle dans le ciel. Sa petite main m'a salué et puis l'impensable : l'explosion !
Je n'y croyais pas ! Pourtant je savais déjà. Ma mère s'est évanouie, les précepteurs, les gardes hurlaient. Le carrosse s'est volatilisé sous nos yeux. C'était un attentat contre mon père et la famille impériale, ils ont utilisé mon âme-sœur. Il n'y a pas eu de survivant.
Je prends rarement des amants, personne ne peut le remplacer, je crois que j'aurais pu faire une exception pour ce petit postier insolent.
Les regrets m'assaillent, refusant de tourner la tête vers le cadavre à mes coté, quand je reçois un coup dans l'épaule, qui me coupe la respiration de stupéfaction.
─ Dis tu me passes le plateau ? Pourquoi tu ne manges pas ? Je dis ça, je dis rien, mais Maringot elle va te zigouiller mec !
Mon cerveau et mon corps étreints par l'émotion, je me suis tourné lentement pour découvrir le jeune postier assis sur le trône. C'est impossible ! C'est la même stupéfaction que le jour de l'attentat, l'espoir m'étreint au point de me priver d'oxygène.
Le petit insolent n'a rien vu. Mine de rien, il m'a frappé deux fois.
─ Alors mon plateau ?
Je lui tends le plateau admirant le petit goret s'empiffrer.
─ Et dépêche-toi sinon Maringot elle va tout redistribuer et tu n'en verras pas la couleur mon gars. Je pensais faire la queue pour les restes et regarde, je mange comme un roi.
Il postillonne de la nourriture en parlant tandis qu'il mange. Il est mal élevé et adorable, fascinant.
Il éclate de rire, c'est le même rire que dans le passé. L'impression de l'avoir à mes côtés, ne me quitte plus. J'ai pourtant vu son carrosse exploser, il n'a pas survécu, alors par quel miracle, cette hallucination se tient assise sur le trône.
─ Tu es nouveau ? tu es mignon tu sais ! Bon un peu fainéant je dirais, mais mignon. Je m'appelle Broken et toi ?
─ L'emp...Da...Damian.
─ Comme l'empereur cool !
Il n'est pas surpris, les enfants ont souvent été nommés avec mon prénom en hommage. Il est persuadé que je suis un serviteur et je commence à m'amuser. Il est assis sur le trône à mes côtés et la signification est si forte. La magie l'a reconnu comme mon conjoint.
─ Quand je pense comme j'avais peur de m'approcher de se trône ! Quelle menteuse cette Maringot !
Il me redonne un coup de pied dans la cheville.
─ Dit tu me passes encore des boules de fromage elles sont super bonnes. Tu ne nettoies pas ?
Il est magnifique mon petit postier. Je m'éclaircie la voix, émet plusieurs raclements de gorge pas très élégant.
─ Broken ? Comment as-tu eu tes blessures ?
─ Je ne me rappelle plus ! Ils m'ont trouvé blessés et amnésique.
Je revois le petit blond qui m'étais destiné. Si mon amour avait vécu... Je suis déterminé a percé ce mystère alors je continue mon interrogatoire :
─ Tu viens d'où ?
─ Je viens du nord, de la frontière Kriks, Orphelinat de la poste de Kriks. Il fait son petit salut de postier, fier de lui. Je suis arrivé ici il y a deux ans.
─ Tu étais à l'orphelinat depuis quel âge ?
Il prend ma main avec ses doigts huilés de nourriture et la caresse. Il s'amuse à me faire des petits jeux pour me coincer les doigts. Je me prends à jouer avec lui, malgré moi.
─ Gagné ! Je t'ai coincé le pouce. Il y a un mystère qui m'entoure ! glisse t'il tout en continuant à me taquiner les doigts. Tu veux savoir ?
Je hoche la tête, me redressant sur mon siège ; il y a tellement de chose qui m'attire en lui. Je veux tout savoir.
─ On m'a trouvé il y a de cela onze ans, gravement blessé dans la voiture de la poste qui arrivait à kriks. L'année des terribles attentats. Personne ne sait pas ce que je faisais dans cette voiture, je ne me rappelle de rien. Je suis quelqu'un de mystérieux et depuis j'ai été élevé à l'orphelinat de la poste avant de devenir postier.
Il se redresse tout fier de lui. Mon cœur tambourine douloureux et bat d'un espoir infini.
─ Tu avais quel âge quand on t'a trouvé dans cette voiture postale ? et tu avais des objets sur toi ?
─ J'avais environ une dizaine d'année et j'étais nu comme un verre, les ailes cassées.
La coïncidence est trop énorme, la date et l'âge correspondent.
J'admire son uniforme vert couleur forêt, un short et une veste de drap, son air lutin, qu'avait aussi mon âme sœur à l'époque.
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