OS2 - Hans et Merlin - Partie 1
Super bond dans le temps. (Il faut suivre 😉)
Nous sommes toujours dans l'univers des Markalan, mais cette fois nous suivons les aventures du fils ainé de Martial et Ira et du fils de Tami. Nous sommes donc après le Tome 2 - Tami, homo homini Lupus
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Val Saint Marcel, le 2 novembre
Jour de l'anniversaire des triplés Hans, Naomi et Noah
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Les applaudissements crépitent quand Noah, Naomi et moi soufflons chacun en même temps nos vingt-cinq bougies. Dans le chalet, des banderoles accrochées : « Joyeux anniversaire aux vieux triplés » décorent les murs de bois.
L'ambiance est festive et notre salon presque trop étroit quand les six enfants de l'alpha sont réunis. Dans notre famille, il y a eu deux séries de triplés, mes pères sont habitués à gérer par trois.
Mon père préside et quand nous avons soufflé nos bougies il se lève pour entamer des discours. C'est un peu une déformation professionnelle chez lui. Il commence par ma sœur, puis Noah et enfin c'est mon tour.
─ Hans ! Nous te souhaitons un joyeux anniversaire, mais bouge-toi pour donner du sens à ta vie !
Tu as réussi l'exploit de ne jamais te poser, toujours à virevolter comme un papillon ce qui est un comble quand même pour futur alpha ! Que ce soit pour le boulot ou les rencontres, Monsieur ne tient pas en place C'est bien beau d'avoir l'esprit aventureux, mais il va falloir te fixer !
Il m'a pas mal taclé le vieux et il radote ! Je lève les yeux au ciel.
Dire que je clamais n'avoir jamais connu l'amour !
Mon père, Martial Markalan, est l'alpha de la meute de l'Est et un puissant chaman. Parmi ses enfants, aucun n'a hérité de sa puissance, à notre grand regret.
Je suis censé être le successeur après mon père, j'ai souvent l'impression de ne jamais le satisfaire. C'est un intello autoritaire, accessoirement le vétérinaire du village, alors que moi j'ai choisi de ne pas faire d'étude et préféré une carrière militaire.
Je l'admire occupé à couper les gâteaux sans répondre, m'exhortant au calme. C'est un jour de fête aujourd'hui.
─ Papa laisse le tranquille ! Ça viendra quand il sera prêt, intervient Noah.
─ Et puis je ne suis pas le seul à pouvoir être l'alpha autour de cette table, je rouspète.
Il m'énerve avec l'obligation d'avoir une Luna. Pas envie ! Je n'irai avec personne par obligation.
─ Il va falloir te bouger ! insiste mon père, refusant de s'avouer vaincu.
Mon paternel est un gros bonhomme barbu, quand il arrive quelque part, on ne voit que lui. Je ne le lui dirais jamais, mais je l'admire tellement !
Nous avons été élevés par un couple gay. Mon second père, Ira est médecin, bel homme mince, la présence discrète et tendre de la maison.
Qui pourrait prendre le titre à ma place ?
Mon frère, Noah, est un brave professeur, dissimulé derrière ses grosses lunettes et ses discours à rallonge. Il a une petite amie, depuis la primaire, aussi barbante que lui.
Je lui ai demandé s'ils font vraiment des câlins, pour de vrai. Il a remonté ses lunettes sur son nez en rouspétant sur le fait que je suis un ouistiti sans cervelle.
Naomi est fiancée avec un Allemand et va rejoindre l'ennemi. Elle déteste quand je dis cela.
Voilà pour le premier lot des triplés.
Dans le second lot, j'ai deux jeunes sœurs, un peu trop girly et mon fragile petit frère Florian. On dirait que c'est moi par défaut.
J'écoute à peine mon père, car un drôle de truc me trotte dans la tête, j'en oublie même mon agacement.
Naomi, assise à côté de moi, me secoue par l'épaule, me trouvant sans doute bien songeur. Florian vient me prendre la main. Nous nous voyons peu, car j'ai pris un poste à responsabilité dans une de nos sociétés de sécurité privée en région parisienne.
─ Qu'est ce qu'il neige dehors ! s'exclame Florian désireux de changer de sujet.
─ Nous avons déjà plus de deux mètres sur les routes, il faudra faire attention quand vous repartirez !
Je ne savais pas d'où je tenais cette drôle d'idée absurde de fleurs dans la neige. Maintenant je sais !
Mon rythme cardiaque s'accélère.
Le découpage des gâteaux occupe le grand râleur un moment.
Je suis rentré au village le mois dernier pour préparer un album souvenir pour Noah et Naomi. J'ai trouvé des tonnes de photos de nous trois dans le village, à l'école, à vélo, dans la piscine, c'est mon cadeau ce soir.
Au grenier, j'ai fait une découverte inattendue, une boite à chaussure, sur laquelle était inscrit : 'Hans et Merlin'. Le truc à ne pas faire ! Isoler un objet avec mon prénom et espérer que je ne regarderai pas ! Sans rien dire, j'ai fourré la boite dans mon sac à dos pour l'emmener chez moi à Courbevoie.
Je clame que je n'ai jamais connu l'amour, j'en étais fier, mais c'est un mensonge. Á ma décharge, nous étions deux bébés.
Je l'ai reconnu aussitôt, Merlin est le fils de Tami, mon oncle préféré. Je ne sais pas comment une telle chose est possible, mais je l'avais complètement oublié. En regardant les vidéos pêle-mêle tout m'est revenu. Je n'ai eu aucun mal à reconstituer notre histoire qui a commencé pour mes six ans et s'est terminée quand j'ai en ai eu neuf.
C'est visible que je suis raide dingue du bébé et qu'il me le rend bien.
Je n'ai jamais vu un enfant aussi mignon, il a des cheveux noir corbeau, des yeux bleus comme les miens, une bouille délicate. Nous sommes mignons tous les deux, des bambins inséparables.
Les fleurs dans la neige, cela vient de lui. Plusieurs vidéos montrent les dégâts que fait Merlin avec la végétation. Moi qui lui réclame des fleurs dans la neige et lui qui les fait pousser.
Il agite sa main et des plantes poussent partout. Nous avons souvent été filmé à faire des bêtises, moi qui le lance en l'air comme un ballon ou lui qui vole tête en bas pour me faire rire.
La dernière vidéo montre les adieux de Tami et Merlin qui partent vivre dans le monde chamanique. Je ne comprenais pas à l'époque le concept de cet autre monde des magiques.
Tous les miens ont dû choisir de vivre d'un côté ou de l'autre de la frontière, sans retour possible.
Mon grand-père a filmé et je m'admire pleurer comme une madeleine et faire une colère monstrueuse, tandis que mes pères essayent de me consoler sans succès.
Puis soudain, j'ai été joué au foot avec mes amis.
En passant les images au ralenti, j'ai compris : Merlin m'a jeté de la poudre d'oubli. Il nous a sacrifiés !
Il reste triste et grave, sérieux avec ses grandes ailes et ne me lâche pas des yeux. Il m'a permis de passer à autre chose, mais lui ? Comment a-t-il fait ?
─ Hans ? Hans ? tu es bien songeur, demande papa Ira. Tu n'as pas de souci mon garçon ?
─ Non, papa, tout baigne.
─ Comment tu parles ! rouspète Martial qui fait le service pour les gâteaux, il sert mes sœurs qui prétendent ne pas vouloir manger, elles font un énième régime.
J'aime la vanille, alors c'est le parfum de mon gâteau, Naomi préfère le chocolat et Noah le café. Je prends une bouchée avec une cuillère, c'est un pur délice. Nous avons un excellent pâtissier dans le village à côté. Nous aimons avoir de bons artisans, quitte à allonger un peu la monnaie.
Plus personne ne parle pendant que nous savourons le dessert.
Mon père Martial m'enlace alors que je mange tranquillement. Je lui fais les gros yeux et il ricane.
─ Je me prends pour ton père ! explique-t-il.
─ Je n'ai rien dit !
─ Mais je suis devin, tu le sais bien.
─ Tu frimes beaucoup ! Je rétorque, décidé à avoir le dernier mot quand je sens un petit coup.
─ Ayeuuh, tu m'as frappé la tête !
Mes pères rigolent et s'embrassent. Je les admire, amusé, ayant passé l'âge de dire berk.
J'hésite à leur parler de ce qui m'est arrivé en examinant les images de Merlin.
Le ralenti qui m'a permis de repérer la poussière d'oubli, ce n'était pas l'appareil électronique, mais moi, qui ai absolument tout figé !
J'ai déclenché mes pouvoirs de chaman. Je l'ai compris en découvrant un pigeon qui stagnait dans le ciel de Courbevoie, alors que ma rue du centre-ville était devenue subitement silencieuse. Je voulais pouvoir scruter la vidéo, j'ai réussi plus que je ne le croyais.
Certes le chagrin de notre séparation est passé, mais la curiosité m'assaille, sur ce qu'est devenu le petit garçon aux grandes ailes sombres. Je sais qu'il n'y a aucune chance que je le revoie puisque le monde chamanique est fermé définitivement.
Je me rappelle de son père, il était chouette et je l'aimais beaucoup.
─ Tonton Tami, il avait les cheveux gris et il était tout jeune ? C'était une fée c'est ça ?
Mon père Martial enlace papounet et suspend son geste surpris.
─ Oui, votre oncle était un phénomène, approuve-t-il en secouant la tête.
Mes frères et sœurs se regardent en faisant un geste d'ignorance. Je rigole narquois, la poudre de Merlin a été diablement efficace.
Les triplés aguilafalks, de changeants aigles nous rejoignent peu après alors que nous sommes en pleine évocation de Tami et de Merlin. Lulu ajoute :
─ Le bébé tu ne le lâchais pas ! Tu le faisais voler par le pied, la tête en bas.
Sur l'insistance des frangines, mes pères ont sorti des vidéos. Ils ont marmonné qu'il pensait avoir un carton quelque part.
Trop tard ! Je tâche d'avoir l'air innocent.
─ Tu as fait quelle bêtise ? se moque mon père.
─ Pourquoi tu dis ça ?
─ Parce que quand tu as fait une bêtise, tu t'agites sur ta chaise, comme maintenant.
─ Tu es parano, je lance de mauvaise foi.
Heureusement je réussis mieux mes coups de bluff avec les copains qu'avec mes pères.
Ira se gratte la tête en revenant du grenier.
─ J'avais mis de côté un carton pour le donner à Hans. Je ne le retrouve plus, j'espère qu'on ne l'a pas jeté ! Peu importe on a d'autres vidéos de Tami.
Mon père lance une vidéo où on découvre le baptême des triplés bébés. Plus tard, je me reconnais endormi, je dors en tenant par la main une petite fée.
─ C'est une fille ? demande Naomi.
─ Non, c'est un garçon, il s'appelle Merlin, c'était le grand amour de Hans, explique Martial.
Je regarde comme les autres, ému. Nous sommes toujours dans les bras l'un de l'autre. Une de mes vidéos préférées est celle où mon père m'a filmé en train de caresser ses ailes tandis que le bébé frétille. Nous sommes dans notre bulle tous les deux.
Je me demande à quoi il ressemble maintenant ?
***
6 mois plus tard
La tempête de grêle claque contre les carreaux de la maison. Difficile de croire que nous sommes en avril. La fête de Paques du village est fichue, les chasses aux œufs se feront dans les maisons. J'admire les billes blanches qui mitraillent la pelouse clairsemée, la fonte des neiges est toute récente.
La maison est calme, mes vieux bossent.
L'inactivité ne me réussit pas ! Je suis en convalescence après m'être pris une balle en argent dans la cuisse à l'occasion d'une mission difficile contre des vampires renégats. L'inquiétude me tenaille à l'idée de ne pas retrouver ma forme d'avant. Je m'ennuie comme un rat mort à tourner en rond dans le chalet. Les médecins ont été formels, il n'est pas question de reprendre le boulot avant encore un mois. Je vais mourir !
Mes pères vont me rendre fou et pourtant je les aime.
Ils n'arrêtent pas de me reprocher de jouer à des jeux idiots alors que je ne peux pas bouger. Si je bouge ils m'engueulent car je mets en péril ma convalescence. Je m'en veux surtout de ne pas avoir pensé à utiliser mon nouveau pouvoir pour stopper le temps et ainsi échapper à la balle. Quel con !
J'ai déjà éclusé toutes les séries, alors je regarde en boucle les images de Merlin et moi, avec l'impression qu'on m'a volé quelque chose.
Un message sur mon portable m'apporte une issue de secours inespérée. Lulu, l'aguilafalk m'invite à squatter chez lui en Bretagne, il fait des études d'histoire au pays des Druides.
Je me lève difficilement et commence ma valise, plutôt motivé à partir pour m'éloigner de mes pères qui me saoulent, conscient de me rapprocher de l'endroit où se trouvaient les portes secrètes.
Quand mes parents rentrent du travail, j'ai préparé le diner et mis la table. C'est assez rare pour qu'ils échangent un regard surpris.
─ Je vais partir chez Lulu en Bretagne changer d'air. Cela va aller vous deux ?
Mes pères hochent la tête, je les rendais fous je crois.
Ils vont se retrouver seuls tous les deux, car les filles sont en première année à la fac en Angleterre et Florian est dans une école d'ingénieur en Suisse.
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