OS1 Jason et Marie Markalan-Partie 2

─ Je suis à l'hôtel. Le logement de fonction ...

─ Il sera disponible d'ici une heure si vous voulez ?

Elle rassemble ses affaires, en me regardant par-dessus ses lunettes.

Je ne suis jamais sortie avec ce genre de nana, je me demande...

─ Je suis intéressée. Il me faut aller chercher mes affaires et je m'installerais demain avec plaisir.

─ Vous allez faire comment ?

─ Mais très simplement je vais prendre le bus de dix-sept heures et demain je reviendrais avec le bus de dix heures. Je suis à l'hôtel à Annecy.

─ Vous aviez d'autres pistes ?

─ J'avais trouvé un poste à Annecy, dans une zep, que je n'avais pas encore accepté qui m'intéresse moins, donc si vous me prenez, je vais venir ici.

─ Je ne vous prends pas, c'est le collège qui vous prend.

─ Je vous remercie pour la précision, qui n'était pas utile et très gênante. Parfois vous savez il vaut mieux se taire que de dire des bêtises aussi grosses que soi !

Elle me fait les gros yeux, j'hallucine !

J'ai envie de tirer avec ma kalach ou de cogner mon sac de boxe pour oublier cette chipie qui me prend de haut.

─ Est-ce que vous voulez que je vous ramène à Annecy ?

─ Je vous remercie, cela ne sera pas nécessaire, je vais attendre tranquillement mon bus en découvrant le village et la fameuse supérette qui me fournira tout ce dont j'aurai besoin.

─ Dites que vous êtes une future prof et que c'est Jason Markalan qui vous envoie.

Elle sourit amusée.

─ Bien monsieur Jason et bien je vous remercie et je vous souhaite une bonne journée. Au fait pour demain ? Quand j'arriverais avec ma valise. Je me rends où ?

─ Appelez quand vous êtes dans le bus, je viendrais vous chercher à l'arrêt pour vous conduire chez vous.

─ Merci de votre gentillesse.

Voilà, elle est partie sans un regard. Je drague normalement des filles qui trainent dans les boites, des chaudasses qui ne demandent que ça, comment on fait avec ce genre-là ?

Je rejoins mon père chez nous.

─ Comment se sont passés les entretiens ?

─ J'ai trouvé une prof de français, elle est un peu sévère, mais très bien. Pour l'instant elle se promène dans les rues et s'installera demain. J'ai pensé la mettre dans le chalet avec la terrasse.

─ C'est un des mieux s'étonne mon père.

Alors que je frappe dans mon sac de boxe, un voisin vient me raconter que la prof a fait le tour de l'épicerie et a réclamé une liste de produits étranges à rallonge : Du quinoa, du boulgour, des céréales, du lait d'avoine. C'est quoi cette fille ? Une poule ?

***

J'attends fébrile à l'arrêt du bus et j'y suis depuis plus d'un quart d'heures, curieusement en avance et impatient. Elle est la seule passagère à descendre, elle porte un énorme sac à dos fluorescent, une valise et plusieurs sacs.

Elle porte une jupe à fleurs et une veste en cuir, un foulard coloré et elle s'est fait deux chignons de chaque côté des oreilles comme un petit renard. Mon cœur fait un étrange boom en la découvrant.

Hier c'était une chouette et la voilà un renard. Elle me plait de plus en plus et je me demande comment faire les choses bien, sans avoir la moindre idée évidemment.

Je lui prends sa valise et son sac sans écouter ses protestations pour la conduire à son chalet.

Il fait chaud aujourd'hui, nous sommes déjà à la mi-août et l'automne va vite tomber en montagne.

Elle ne se doute pas qu'elle est dans un village de loups, parfois certains repartent sans avoir détecté notre nature. Nous verrons bien pour cette chipie qui me trouble beaucoup trop.

Mon père est venu à notre rencontre, alors que nous nous dirigeons vers son chalet. Il me fait un signe de tête.

─ Bonjour fils, bonjour, mademoiselle, bienvenue au village.

Il a fière allure le vieux, dans un jean et une chemise à carreaux, il a un loup maigre, mais mauvais.

─ Vous êtes monsieur Markalan ? C'est vous que j'avais eu en ligne quand j'ai postulé, devine la petite chipie. Je suis contente de vous rencontrer.

Merci pour moi !

─ Nous sommes dans un petit village, vous ferez vite connaissance avec tout le monde, glisse mon père moqueur.

Nous repartons, elle admire les maisons en bois, la nature omniprésente et les bois qui nous entourent. Nous nous arrêtons devant un chalet avec une grande baie vitrée, une terrasse de pierre qui ferme par un petit mur. Cette maison à deux chambres et une cuisine plutôt fonctionnelle. La salle de bain est originale car elle donne sur la vallée avec une baie vitrée qui s'ouvre comme si on prenait un bain dehors, cela devrait la surprendre.

Il ne faut pas que j'y pense !

─ Voici votre maison.

─ Elle est merveilleuse !

J'avais songé à la réserver pour moi pour m'y installer, mais je veux qu'elle y vive.

─ Cela vous plait ?

─ Je serai difficile.

Elle bat des mains, elle a déjà fait ça plusieurs fois. Je la trouve drôle cette petite poupée décidée et je n'arrive pas à m'éloigner.

─ Cela va aller toute seule ici ?

─ Bien sûr !

─ Mon père habite la maison de bois au-dessus.

Je la lui désigne du menton.

─ Ah oui, donc si j'ai peur j'irai le voir, et vous ? vous habitez où ?

─ Hummmpf, ...heu ...j'habite chez mes parents.

Elle sourit malicieuse, se foutant visiblement de moi.

Je la regarde de travers et elle éclate de rire.

─ Rien ! mais rien ! Je n'ai rien dit !

─ Je ne vous crois pas !

─ Je n'ai rien dit et je n'ai rien pensé. Les cours ne commencent que dans deux semaines et je suis en vacances. C'est cool !

Elle est vraiment adorable.

─ J'irai faire des promenades dans la forêt.

L'idée du siècle, les lieux ne sont pas surs, n'importe quoi ! Je respire un grand coup pour capter son essence, autant ne pas perdre de temps, si on la cherche.

***

Ma mère prépare le petit déjeuner, alors que je discute, torse nu et en bas de pyjama, du programme d'entrainement, avec mon père. Nous sommes dans le jardin, l'air est frais, je ne suis pas bien réveillé encore. J'adore le matin, dans la brume matinale, les odeurs qui remontent de terre et d'humus. Mon loup se régale.

─ Tu comptes la prévenir quand la petite prof ? je demande en mangeant une tartine et en buvant mon café.

─ Si elle ne remarque rien, autant attendre un peu.

─ Monsieur Markalan, bonjour.

Tiens quand on parle du loup ! La petite est à la porte de la maison.

─ Bonjour, mademoiselle Martin. Vous êtes ...en tenue sportive, continue courageusement mon père.

Ce n'est pas une tenue sportive, c'est une lanterne multicolore sexy. Elle porte un short vert bien trop court et un tee-shirt rose qui ne lui couvre pas le ventre, elle a des couettes aujourd'hui, un chapeau avec des fleurs et des lunettes de soleil violettes sur le nez, un sac à dos jaune et des chaussures de montagne orange. Je n'avais jamais vu autant de couleurs différentes, avec des si petits vêtements. Elle tient une tarte qu'elle tend à mes parents.

─ Oui je vais explorer et faire un pique-nique. Pour vous remercier, je vous ai fait une tarte aux myrtilles. J'ai suivi scrupuleusement la recette, vous me direz si elle est bonne ?

─ Bien sûr et merci, mademoiselle. Vous allez vous débrouiller pour la balade ? Vous comptez aller où ?

─ J'ai une boussole, un livre de survie et un plan, je vais passer la journée à explorer, ne vous inquiétez pas, je suis une grande fille.

─ Bien sûr, mademoiselle, bonne journée.

Je regarde la tarte, plutôt appétissante alors que la poupée s'éloigne.

─ Tu la laisses trainer dans la forêt ?

─ Non idiot tu vas la surveiller, tu la couvres à cinq cents mètres, tu vérifies qu'il ne lui arrive rien. Je tiens à garder en vie la petite prof qui sait faire des tartes aux myrtilles. Prends un flingue.

─ Papa !

─ Il y a des élémentaires et des goules dans les bois et nous n'avons pas eu toutes les sorcières responsables du massacre d'Uvernet. Surtout que je ne sais pas où elle veut aller ! Autant prévoir de quoi la protéger. Essaye de ne pas te faire repérer.

─ Si je vois des choses gênantes ?

Ma mère me frappe la tête.

─ Que crois-tu que tu vas voir idiot ?

***

Je vais me doucher et m'habiller, guère pressé. Je la rattraperais vite. Ce sera une journée de vacances à la surveiller. Je chantonne sous la douche, conscient d'être satisfait que mon père m'ait confié cette mission, je n'aurais pas voulu que cela soit quelqu'un d'autre.

Je la rattrape sans mal, elle avance à la vitesse d'une tortue et s'arrête toutes les deux minutes pour observer et photographier une plante, une feuille un insecte. Elle a ses écouteurs et regarde souvent une carte ancienne, inconsciente des dangers environnants.

Elle semble vouloir aller quelque part.

Jamais vu quelqu'un d'aussi déterminé. Elle s'arrête pour manger et s'est préparé un petit bento minutieux.

Plus tard, dans une prairie fleurie des alpages, elle s'allonge avec un livre, horriblement tentante. 



----> à suivre

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