OS 1 Jason et Marie Markalan- partie 1

Voici pour l'instant (car avec moi on ne sait jamais ) le Tome 0 dans la série l'univers des Markalan.

OS 1 : La rencontre des parents de Martial : Jason Markalan et Marie Martin

***

Nous sommes en aout, dans le village de Val Saint Marcel dans les Alpes, quelques semaines après le drame d'Uvernet qui a fait les gros titres de la presse magique. L'alpha Novam Markalan et son plus jeune fils Jason ont été secourir leurs voisins serkers- des changeants ours attaqués par des sorcières, mais ils sont arrivés trop tard.

***

Jason Markalan

─ Alpha, on nous signale une coulée de boue, sur le chantier des remontées mécaniques, dans les gorges du Val, annonce José, le second de la meute et le responsable des travaux dans le sud de la vallée.

─ Il va falloir y aller, tous les loups ! Pas question que les humains interviennent, décrète mon père Novam, l'alpha.

J'ai suivi, en tant que successeur. Nous avons travaillé toute la journée pour stabiliser la coulée et terrasser les pentes. Nous rentrons dans la nuit, épuisés et couverts de boue. Chez mon frère Hans, la lumière est allumée, et on entend le bébé pleurer.

Je vais frapper au carreau de sa fenêtre de bureau.

─ Hans, tu travailles encore ? Ton fils pleure !

Mon frangin ouvre la fenêtre avec le bébé dans ses bras et grimace en m'admirant couvert de boue. Je vais être bon pour une douche extérieure.

Il vient d'annoncer qu'il ne prendra pas la succession Markalan comme chef de meute, il souhaite se consacrer à la recherche. Mon père lui a demandé de réfléchir encore et me voilà désigné le successeur par défaut, ce qui ne me fait pas super plaisir. Mon paternel me trouve trop impulsif pour le poste. Il aurait préféré quelqu'un de plus raisonnable. Ça n'arrange pas le petit complexe d'infériorité que je traine vis-à-vis de mon frère savant.

Je le vois peu, il vit à Nice, mais est venu passer ses vacances d'été au village. Je peux profiter de mon neveu Paul, âgé de trois mois.

─ Il faut que tu te maries toi aussi ! Tu ne vas pas rester un loup solitaire toute ta vie.

J'attrape la petite main du bébé qui gigote.

─ De toute façon, tu es là toi et la descendance est assurée, je peux me la couler douce !

─ Tu as peur de tomber amoureux et de la perdre à la transformation.

Les ulfarks-des loups, nous ne sommes plus assez nombreux et souvent nous choisissons des compagnes humaines. Il n'y a pas de problème, sauf si nous souhaitons avoir des enfants ulfarks, car dans ce cas, nous devons les transformer, au risque de les perdre, elles et les enfants.

Je secoue les épaules.

─ Non ça c'est ton obsession, moi, j'en ai rien à foutre ! Le jour où j'aurai une nana potable, je la transforme et si elle crève, j'en prendrai une autre !

─ Ben voyons, j'ai hâte de voir cela ! se moque Hans.

Je fais des grimaces au bébé, qui me regarde inquiet, ne reconnaissant pas son tonton préféré dissimulé sous la boue. Il est sur le point de se mettre à pleurer.

─ Bon il est deux heures du matin, et ce n'est pas une conversation que je peux avoir à cette heure-là. Va t'occuper de mon neveu !

Je m'éloigne, en insistant sur le sujet, pour avoir le dernier mot.

─ En plus les femmes elles ne supportent plus nos montagnes et veulent foutre le camp.

─ Pas les louves heureusement, rétorque mon frère en embrassant son bébé.

***

─ Tami tu es insupportable ! gueule l'alpha à l'extérieur.

Comme je dors toutes les fenêtres ouvertes tous les bruits du village me parviennent, dont les beuglements de mon père. Tami est un fée adopté par un loup de la meute. Un gamin insupportable qui s'est fait une spécialité de séduire les hommes mariés.

Pendant que je prends mon petit déjeuner, ma mère me raconte les dernières frasques de l'insupportable Tami, le fils d'André Charlaix, notre vétérinaire. Il était dans le lit d'un homme marié, alors qu'il a déjà réussi l'exploit de faire divorcer un premier couple de loup, Guillem et Linda, il est infernal !

Mon père vient me rejoindre à table en jurant, avec une pile de papier à la main.

Ma mère, Anna, une belle louve blanche, va l'embrasser. Elle a l'air douce mais dirige d'une main de fer notre entreprise de bâtiment et de travaux public.

─ Jason, en tant que futur alpha, tu vas avoir ta première mission, commence mon père.

Je relève la tête, intéressé.

─ Laquelle ?

─ Nous recherchons un professeur de français et de latin pour le collège. Je te laisse rencontrer les candidats. Attention, c'est important, il faut détecter si ce n'est pas un journaliste ou un danger potentiel. Et bien sûr, il nous faut un bon prof !

Nous avons notre collège, pour protéger nos jeunes. Il devrait être fermé, car il n'accueille pas assez d'élèves, mais l'académie ne dit rien, car nous complétons nous-mêmes les salaires des professeurs. Il parait même que le préfet des Alpes nous prend parfois en exemple comme des citoyens modèles.

Par contre, pour le lycée, nous sommes obligés de les envoyer dans le village voisin de Loup-Saint-Val qui n'a pas un seul loup en son sein.

─ Tu te fous de moi ? je marmonne plus du tout intéressé, en mangeant une tranche de pain et de viande....Ayyeeuuhh tu m'as frappé.

─ Le respect à l'alpha ! je le suis encore à ce que je sache et ton père !

─ Je te respecte, je voulais juste dire que je viens d'affronter les sorcières qui ont attaqué le village des ours d'Uvernet. J'ai dégommé une quinzaine de ces garces, ce n'est pas un prof de français qui va me faire peur ! On prend n'importe lequel, cela fera l'affaire !

─ Tu verras quand tu auras des gosses, tu rigoleras moins !

─ Pffff, pas dur de faire mieux que toi !

─ Tu as dit quoi ? demande t'il glacial.

Je m'éloigne prudent.

─ Rien, j'ai rien dit.

─ Bon tu as quatre candidats à rencontrer demain, il agite les papiers. Je te mets leur CV sur le bureau. Ils ont les diplômes requis, il faut vérifier si tout cela est vrai et s'ils ne sont pas ensorcelés.

─ OK, je vais dans ma chambre.

─ Ta mère comptait sur toi pour vérifier les tractopelles.

─ Papa mince j'ai bossé toute la semaine, j'ai envie de me reposer.

─ Tant que tu vis avec nous, c'est nos règles ! Tu vas bientôt avoir vingt-cinq ans...

─ Je vais m'installer chez moi, je rouspète, agacé.

─ Oui il va être temps mon bonhomme.

─ Tu me fout dehors... Ayyeeuuhh tu m'as encore frappé !

─ Va aider ta mère !

***

─ Merci d'avoir présenté votre candidature, nous vous tiendrons au courant !

L'armoire à glace qui me fait face, un molosse humain de presque deux mètres, souffle menaçant, évoquant un buffle. Il ne cache pas qu'il s'apprête à me claquer. Son CV indique qu'il en est à son dixième collège de la région. Il doit les écumer en intimidant ses interlocuteurs.

Finalement ce recrutement se révèle bien compliqué, pour l'instant j'ai fait chou blanc. J'ai recalé une folle hystérique, une mystique allumée et ensuite le tiercé gagnant avec le gros pourri. Il se retient de m'attaquer, car il sent que je ne suis pas sans défense et je pourrais lui rendre les coups. C'est le genre de type qui adore frapper les faibles.

─ Je ne vous retiens pas ! Suivant !

Il bouscule la table en partant. Je suis bien plus fort que lui et ce serait injuste de le claquer, il n'aurait aucune chance.

Il ne me reste qu'un candidat. J'ai bien fait de ne pas lire les CV à l'avance, car cela m'aurait donné envie de me tirer une balle dans la tête. Á croire que nous n'attirons que les cas sociaux dans notre village de montagne.

En attendant que le candidat s'installe, je découvre son CV.

Je reçois désormais une Marie Martin, elle a vingt-quatre ans, une licence de lettre et un CAPES, une agrégation et une spécialisation en latin, visiblement une petite surdouée qui a eu son bac à seize ans. C'est un très bon curriculum, mais elle n'a aucune expérience et pourquoi postuler chez nous alors qu'elle vient d'un orphelinat de la région Parisienne ?

Je regarde la demoiselle, elle porte des grosses lunettes, un chignon bas de cheveux châtains ébouriffés qui la vieillit. Un jean brodé de marguerite et un gros pull. Elle a les traits tirés et semble inquiète. Elle s'assoit en face de moi pour l'entretien.

─ Bonjour monsieur Markalan... monsieur Novam Markalan ?

─ Je suis son fils Jason, c'est moi qui suis chargé du recrutement.

─ Et vous avez les compétences requises ?

─ Pardon ?

─ Je disais qu'ayant une agrégation de lettre, quel est votre niveau scolaire pour juger du mien ?

Elle m'énerve !

J'ai un bac et ensuite je suis partie faire un entrainement militaire. Elle frappe sous la ceinture, pile là où j'ai mon petit complexe d'infériorité. J'aime le combat et le maniement des armes, surtout j'aide mes parents dans l'entreprise. Je ne compte pas raconter ma vie à la petite bonne femme qui me fait face. Elle me fait penser à une chouette avec ses deux hublots, qui encerclent des grands yeux bleus méfiants. Une mignonne petite chouette.

─ Je vais vous poser quelques questions sur votre CV ?

─ Je vous en prie !

Elle acquiesce, autoritaire comme une reine.

─ Vous avez choisi de vous installer dans un village isolé de montagne parce que...

J'ai utilisé ce début de phrase pour les autres candidats, cela a été efficace ! La première a expliqué qu'elle pourrait y trouver une foule d'hooooommmmmes célibataires, l'autre que les âmes des arbres lui parleraient mieux. Le taré, qui vient de partir a parié que la gendarmerie ne passait jamais par ici. Il avait un air sournois et je pense qu'il va tenter de s'incruster, tant pis pour lui. Nous allons lui prouver que les forces de l'ordre sont bien plus douces qu'un ulfarks.

─ Je suis orpheline, sans attache et l'idée de vivre en pleine montagne me plait bien. J'ai choisi votre établissement, car il propose une liberté pédagogique et j'ai cru comprendre que les classes ne sont pas surchargées. Je rêve de pouvoir faire travailler les jeunes en les amusant et en les intéressant, dans une autorité saine. Je suis aussi professeur à distance pour le CNED et j'aime cette seconde casquette que je pourrais continuer à exercer ici !

Son laïus m'a stupéfait.

C'est marrant, c'est la première à me parler des jeunes, j'avais même oublié que je recrutais un prof de collège, avec toutes les conneries qu'ils m'ont sorties.

─ La montagne est plutôt isolée l'hiver.

Ma phrase veut dire ce qu'elle veut dire, elle risque de s'ennuyer la petite nana.

Elle évacue ma remarque d'un geste de la main, comme si elle chassait une mouche.

─ Le collège est charmant, fait-elle en examinant les lieux.

Le bâtiment de bois donne sur les bois comme tout ce qui nous entoure. Une vingtaine de salle de classe en enfilades sur deux étages. Malheureusement, nous avons vu un peu grand et il n'y a pas tant d'enfants à accueillir.

─ Pouvez-vous me préciser combien il y a d'élèves par classes exactement ? J'ai cru comprendre que c'était une vingtaine d'élèves par classes, cela me parait bien peu ? Et vous aviez combien de classes l'an dernier ?

─ Heuu !

Les yeux bleus me foudroient.

─ Vous ne savez pas ?

─ Mais si je sais parfaitement ! Laissez-moi juste réfléchir.

Je fouille dans mes notes, sous son regard sévère. Elle me prend pour un minable et un fils à papa fait chier.

─ Monsieur Markalan ?

─ Oui ?

─ Peut-être que vous pourriez appeler votre père ?

─ Non, c'est bon ! J'ai trouvé. Je regarde un rapport sur les commandes de notre Société de BTP et je fais semblant de compter quelque chose. En réalité, je réfléchis aux gosses, ils sont à vue de nez...

─ Une petite centaine, je lance à voix haute affirmatif.

─ C'est tout ? Vous ouvrez un poste pour si peu, l'état vous finance ?

─ Nous comblons !

─ Cela fait combien de jeunes pas niveau ?

─ Aucune idée ! Je rétorque sec, elle me saoule.

─ C'est important pour moi, pour accepter le poste.

─ Pour l'instant, c'est nous qui cherchons à savoir si nous voulons de vous !

─ Mais cela ne sert à rien, si moi, je ne veux pas de vous.

─ Je vais appeler mon père, je cède, vaincu par la petite rousse.

Je compose le numéro sous son regard impassible.

─ Papa ? Là, j'ai une prof qui demande combien de jeunes par niveau ?

─ Je t'envoie un message avec les informations, elle conviendrait ?

Je ne vais pas répondre alors qu'elle est à côté. Je marmonne des Hummm Hummm qui ne veulent rien dire, puis je raccroche.

─ Vous allez avoir votre réponse, vous n'avez pas peur de la solitude ? De vous confronter a des marmots insupportables ?

─ Dis comme cela c'est très tentant ! J'apprécie beaucoup votre franche élocution.

Je t'en foutrais de l'élocution.

─ On va vérifier votre merveilleux niveau, j'ai un texte avec des fautes, corrigez-les !

Pour l'instant, elle a l'air de convenir, elle ne ment pas, juste elle m'énerve à me prendre pour un con et elle n'a pas peur de moi.

Je lui donne le texte bourré de faute. Je n'ai même pas eu besoin de faire le test avec les autres qui ne convenaient vraiment pas.

─ Vous avez la correction ? m'interroge-t-elle, super autoritaire.

─ Comment cela ?

─ Est-ce que vous avez les réponses ?

─ Oui, je marmonne.

Elle m'a définitivement catalogué comme un con.

Elle regarde le texte et sort une trousse, puis me commente ses corrections et ses choix. Elle corrige certaines fautes en bleue, car c'est du vocabulaire et d'autres en rouge pour la grammaire. Elle me prend la tête à me faire la leçon.

Elle va être chiante comme prof, heureusement que je ne l'ai pas et que je me contente de l'embaucher. Bon, en tout cas, elle convient parfaitement.

─ Vous pouvez me donner vos conditions pour le poste ?

Elle termine ses corrections, je dirais à vus de nez que c'est un sans-faute.

─ L'annonce était précise et pour moi tout à l'air de convenir. J'ai noté que vous proposez un logement de fonction. Ah oui, il me faut un bon système informatique au collège et dans ma maison ? Un bon chauffage aussi !

─ Bien sûr, nous vous proposons un chalet en bois, meublé avec jardin et terrasse. Il est juste à côté du collège.

Entre-temps mon père m'a envoyé un message avec les nombres d'élèves par classe que je lui indique.

─ Ils font tous français et latin et si vous voulez donner des heures de Grecs, certains enfants étaient demandeurs.

─ Avec grand plaisir.

On dirait que je lui ai fait un compliment, elle a les yeux qui brillent de bonheur.

─ Et les commerces ?

─ Vous trouverez votre bonheur dans la seule boutique du village. Vous leur dites ce que vous voulez trouver et vous l'aurez à un prix défiant toute concurrence.

─ C'est pratique !

─ Vous conduisez ? Nous sommes à vingt kilomètres de val saint loup là où il y a une pharmacie et un cinéma si besoin ...

Elle a secoué la tête pendant que je parlais, indiquant qu'elle ne conduisait pas.

─ Très bien, et vous pouvez me parler de mes collègues ?

─ Vous êtes cinq professeurs.

─ Vous enseignez quoi ?

─ Je n'enseigne pas.

─ Curieux et vous faites le recrutement ?

─ Je suis le fils de l'al ...le fils du chef du village, le fils du maire.

─ Et donc mes collègues ?

─ Un prof de math.

C'est un loup, un copain cool, il va souffrir avec celle-là. Elle ne me lâche pas du regard, clairement je dois répondre.

─ Dans les chalets que vous voyez d'ici par la fenêtre, il y a le logement de notre professeur d'anglais et d'une professeure de dessin. Nous avons une prof d'allemand qui vient de Val Saint Loup, comme le prof de chimie et celui de physique. Pour la musique et la gym, nous nous débrouillons. Voici votre salaire.

Je lui ai montré le contrat sans le dire à voix haute.

Elle écarquille les yeux de surprise, c'est surement le double de ce qu'on lui a proposé ailleurs.

----> à suivre

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