Adrien Agreste
Noël. Jour maudit. Clairement la seule chose que m'apporte cette fête, c'est le douloureux souvenir que ma mère n'est plus là. Qu'elle ne reviendra jamais. Et que mon père est plus froid que la neige qui tombe dehors. La plupart des enfants, à cette période de l'année, trépignent d'excitation car le " Papa Noël " va passer chez eux pour leur offrir plein de beaux cadeaux. Génial. Sauf que le " Papa Noël " doit avoir Alzheimer, puisque ça fait deux ans qu'il m'oublie. Qu'il ne passe pas. Alors aujourd'hui, j'ai décidé que c'était fini. Que j'arrêtais de me laisser faire.
Je prend un gros manteau bien chaud, et l'enfile.
" Où est-ce que tu vas ? m'interpelle mon kwami, ce n'est pas un temps pour les camemberts !!! " Je soupire. Lui et ses fromages !!!
" J'en ai marre, Plagg ! C'est Noël !
- Donc, tu vas te rendre à la petite fête organisée par tes amis au collège ? demande-t-il malicieusement.
- Oui. Je pourrais enfin m'amuser. Au moins un peu", je conclus, tout en attrapant Plagg par la queue, le fourrant au passage dans ma poche de chemise. Il pousse un cri de protestation :
" Tu as écrasé mon camembert, rustre !!! " Je pousse un long soupir désespéré, puis me glisse par la fenêtre. Oui, je suis au deuxième étage de la maison, et rassurez-vous, non je ne vais pas me jeter dans le vide. En fait, en-dessous de la dite fenêtre, il y a une étroite corniche qui longe le toit. Je sais par expérience qu'elle est assez large pour qu'un adolescent de corpulence moyenne progresse dessus sans tomber. Je pose donc mon pied dessus, bien droit, afin de ne pas glisser. Puis je me lance. Mes pas sont hésitants, mais mon côté Chat Noir reprend vite le dessus et je n'ai plus aucun mal à avancer. J'atteins rapidement le toit d'en face, descends le long de la gouttière, et me retrouve dans la rue. Je me mets à courir en direction du collège Françoise-Dupont. Comme l'a dit mon - horripilant - kwami, mes amis organisent une grande fête là-bas, et je compte bien en profiter ! J'arrive rapidement à mon ancien établissement scolaire, et en passe le seuil. La fête ne commence que dans trois heures, et les élèves s'affairent aux décorations. J'interpelle Nino, qui écoute de la musique dans un coin - certainement pour la playlist de ce soir...
" Hey mec ! me répond-t-il, je pensais que ton paternel ne te laisserai jamais sortir !
- Il n'a pas eu à le faire, rétorquai-je. Je lui ai faussé compagnie !
- Deux ans d'amitié et je découvre un tout nouvel Adrien ! Lorsqu'on était en troisième, tu n'aurais jamais désobéi ainsi !
- Comme quoi, le lycée m'apporte de bonnes choses..., je soupire.
- Carrément ! " Il me frappe amicalement l'épaule. Marinette passe près de nous.
" Salut les garçons ! Adrien ? Ton père t'a laissé sortir ? " Je la regarde sans prononcer un mot. Ça fait un an que je n'ai pas vu Marinette. La revoir après tout ce temps me fait vraiment du bien. Juste une année est passée et pourtant, elle a bien changé ! Au point que j'en reste rouge de confusion. Elle porte une mini-jupe rouge et une tunique noire, dont le dos est transparent - ce que je ne manque pas de remarquer ! Ses courbes féminines se sont incroyablement développées, et son visage semble plus mûr et réfléchi. Étrangement, je n'arrive plus à la regarder en face.
" En vérité, je suis sorti par la fenêtre " m'entendis-je prononcer en un couinement pathétique. Elle éclate d'un rire cristallin qui me cloue sur place. Sa voix a-t-elle toujours été aussi envoûtante ? Aucune idée. Elle s'en va d'un pas léger, tout en fredonnant une petite mélodie. Je la regarde partir, une drôle de sensation au creux du ventre. Peut-être que je n'aurais pas dû accepter de goûter au camembert de Plagg, ce matin... Ou est-ce autre chose ? Nino me secoue.
" Eh mec ! Tu as vu comme elle a changé, Marinette ?
- Oh oui...", murmurai-je, le regard vague. Il éclate de rire, ce qui fait prendre à mes joues une intense couleur écarlate. J'ai seize ans, et pourtant je rougis comme un gamin ! Je reprend rapidement mes esprits et lance à mon ami :
" Je vais aider à la décoration !
- Ou admirer Marinette...", l'entendis-je souffler entre deux éclats de rire. Je l'ignore mais tout au fond de moi une petite voix me murmure qu'il na pas totalement tort...
Je passe deux heures à accrocher toutes sortes de guirlandes de Noël, et à observer Marinette sous tous ses angles. En particulier certains que je ne citerai pas. Je m'assois sur un banc, complètement exténué et dégoulinant de sueur. Je n'ai jamais autant couru de toute ma vie ! Je reprends mon souffle, tant bien que mal. Au bout d'un moment, Marinette me rejoint. Je sens mon cœur accélérer la cadence.
" C'est vraiment cool que tu sois là ! Je suppose que ça doit te faire du bien, de sortir un peu..., s'exclame-t-elle, tout en s'épongeant le front avec un mouchoir.
- Oui, c'est vrai. Je n'espérais pas plus beau cadeau de Noël !" réponds-je, en essayant de maîtriser les tremblements dans ma voix. Elle me sourit. Quant à moi je fonds littéralement sur place. Elle repart. Je me frappe mentalement, pourquoi ne lui ai-je pas parlé ? Je me rattraperai ce soir. Enfin... J'espère ?!
Une heure s'est écoulée. Dans quelques minutes, la fête commence. J'avoue, j'ai un peu peur. Non pas de la soirée, mais de Marinette. Oui, je sais, ce n'est qu'une personne comme une autre, et je ne devrais pas m'inquiéter pour ça, mais c'est plus fort que moi. Je secoue la tête pour chasser mes pensées qui affluent par milliers, et file vers les toilettes pour me changer. Après tout, une soirée de cette envergure mérite un code vestimentaire élégant. Donc pour moi c'est chemise blanche, pantalon noir et cheveux bien peignés - si ça compte dans " l'élégant " . Je sors des toilettes, et retourne dans la cour. Les premiers invités arrivent, visiblement excités à l'idée d'une soirée de Noël mémorable. Parmi eux, je reconnais quelques anciens camarades, comme Rose, Juleka - et Luka argh !!! - Mylène, Yvan ou... Chloé. Je pousse un petit soupir malgré moi. J'espère qu'elle a évolué, depuis la troisième, ou il me sera impossible de la supporter toute la soirée. Je détourne le regard. Nino grimpe sur l'estrade montée un peu plus tôt dans la soirée - avec mon aide - et prend un micro.
" Salut à tous !!! J'espère que vous êtes venus ici pour vous éclater, car cette soirée va être inoubliable ! Vous êtes tous prêts ?!! Alors que la fête... COMMENCE !!!!! " s'écrie-t-il, bousillant mes oreilles au passage. Il met une musique entraînante et aussitôt une horde d'adolescents se jettent sur la piste de danse, pendant que d'autres se pressent autour des tables du buffet. Je m'assois sur un des banc, un verre de bière à la main. Je le vide dans un pot de fleur un peu plus loin. Je ne bois pas d'alcool, mais Marinette me regardait lorsque j'ai pris le verre alors... Je l'ai rempli de bière. Pourquoi ? C'est absurde. Mais je voulais qu'elle voit un autre Adrien. Plus courageux et moins mauviette. Mais ça n'est pas moi, malheureusement. Je renverse ma tête en arrière, tout en inspirant à pleins poumons. Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi a-t-il fallut un an pour que je m'en rende compte ? Je suis un imbécile.
" Eh Adrien ! Ça va ? Tu n'a pas l'air bien... " Je tressaille. Cette voix. Bon sang, cette voix n'est pas humaine ! J'ouvre les yeux. Marinette s'est assise à côté de moi, et a posé une de ses délicates mains sur mon épaule.
" Ah mais si, tout va bien ! Et toi ? je m'exclame.
- Bah, je m'amuse, mais c'est dommage qu'il n'y ai que de l'alcool en boisson... Je ne supporte pas ça ! " J'ai envie de me frapper le front contre le mur. Bravo, Adrien, tu es fier ? Tu as fait semblant d'aimer la bière pour l'impressionner, et elle n'en boit pas, justement ! Quel imbécile ! Je dresse les oreilles. Nino vient de mettre un slow. Mon cœur se serre, et je me crispe sur le banc.
" M-mari ?
- Oui ?
- Tu...Hum... Tu veux danser ? " Elle me regarde un moment, visiblement perplexe. Moi je prie pour qu'elle accepte, mais plus le silence se fait lourd, plus j'ai l'impression de tomber dans un gouffre sans fin. Elle va dire non. C'est certain.
" Bien sûr ! " Elle m'attrape tendrement la main, et nous galopons jusqu'à la piste de danse. Elle passe ses bras dans mon dos, et à ce contact, j'ai l'impression que ma peau entre en éruption. Je n'ose plus bouger. Mes mains s'obstinent à rester inactives. Elle rit un petit peu, prend ma main et la pose sur sa hanche. Elle me consume à petit feu. Nous commençons à danser, mais chaque geste semble me plonger un peu plus dans la lave. Pourtant, elle se blottit un peu plus contre moi. Elle veut me tuer. J'imagine déjà ma pierre tombale :
Ci-gît Adrien Agreste
Mort par combustion spontanée
Le 25 Décembre 2019 à 20h12
R.I.P
Ce serait la tombe la plus absurde que j'ai jamais vue... Comme si elle avait lu dans mes pensées, Marinette commence à passer ses doigts dans mes cheveux. Je frissonne. Nous continuons à danser pendant tout le reste de la soirée. A la fin, je suis épuisé mais tellement heureux ! J'ai l'impression d'être au paradis ! Marinette vient alors me rejoindre.
" Fatigué, Adrien ?
- Un peu, j'avoue, mais je ne compte pas rentrer de sitôt !
- Pareil ! " Elle s'adosse à côté de moi en me souriant. Je lui rends son sourire, tout en faisant mon possible pour ignorer les battements affolés de mon cœur. Et puis je lâche sans réfléchir :
" Je t'aime, Marinette " Je me couvre aussitôt la bouche, réalisant à l'instant ce que je viens de dire. Elle me regarde sans comprendre. Elle ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais elle est interrompue par Nino qui vient de remonter sur l'estrade, micro en main.
" Mes chers invités, il est maintenant minuit ! Et pour fêter cela, nous allons faire un jeu ! Je vous explique en quoi ça consiste. Nous avons réuni dans un bocal des bouts de papier sur lesquels nous avons inscrit tous vos noms. Je vais tirer au sort cinq invités, et chacun d'eux devra répondre à une question, ou dire un secret ! Vous êtes prêts ? Alors c'est parti !!! " Il plonge sa main dans le fameux bocal, et en ressort un petit papier plié en deux.
" Luka Couffaine ! " lit Nino. Je serre les dents. Pourquoi a-t-il fallu que ce soit lui ??? Mon meilleur ami fonce sur Luka.
" Alors... Luka... Quel a été le plus beau moment de ta vie ?
- Mm... Voyons voir... Le jour où j'ai appris que je serais dans le même lycée que Marinette. " J'étouffe un juron. Comment, comment peut-il avoir ce cran ? Cette... Cette façon de me piquer ma Princesse ??? Mais déjà, Nino retourne piocher un papier.
" Chloé Bourgeois ! Alors Chloé... Quelle a été ta note au dernier contrôle de Physique ???
- Ah non, tu n'as pas le droit de demander ça ! proteste la blonde.
- Ce sont les règles Chloé ! Allez, réponds !
- J-... 4,5 / 20..., " couine-t-elle. Je savais que Chloé ne supportait pas la Physique, mais à ce point là, jamais je n'aurais imaginé ! Nino continue avec le papier suivant.
" Alya Césaire ! " Forcément.
" Alya, Alya... Qui sont tes meilleurs amis ? Tu as le droit à plusieurs réponses !
- Aucune hésitation !!! Marinette, Adrien et toi !!! " Évidemment. Alya est incroyablement prévisible. Mais bon, ne le suis-je pas moi aussi ? Il tire l'avant dernier papier.
" Adrien Agreste ! " Je manque de m'étouffer avec ma salive. Oh non ! Pas moi ! Je sais ce que Nino va demander, et il est hors de question que je réponde ! Trop tard, il fonce sur moi.
" Adrien, toi c'est facile. Alors voilà... Es-tu amoureux de Marinette ? " Je lance un regard plus qu'assassin à mon ami. Si les yeux pouvaient étrangler, il serait déjà au sol, mort. Tous le monde me regarde, et surtout Marinette, qui me détaille de la tête aux pieds. Moi je suis à peu près sûr d'être rouge. Vraiment rouge.
" Eh bien quoi, tu as perdu ta langue ??? rit-il.
- ... Oui.
- Oui tu as perdu ta langue ? me taquine-t-il.
- NON !!! OUI JE SUIS AMOUREUX DE MARINETTE !!! hurlai-je. Celle-ci devient pâle, et court vers les toilettes. Je jette un regard noir à Nino qui semble désolé. Je m'en fiche. Il n'a aucune excuse, il l'a cherché ! Je me rue vers les toilettes, tel un taureau en furie. Je toque à la porte.
" Marinette ? Ça va ? Enfin, je veux dire... Hum... Tu te sens bien ? " Pas de réponse. J'aurais dû m'en douter.
" Allez, s'il te plaît, réponds-moi..., tentai-je une nouvelle fois.
- Je vais rentrer chez moi.
- Quoi ?! Mais pourquoi ??? m'écriai-je.
- Parce que c'est mieux comme ça. " La porte s'ouvre et elle en sort. Je la regarde passer, abasourdi. Je la rattrape par la main à la dernière minute.
" S'il te plaît, reste.
- Je suis fatiguée, Adrien.
- C'est ce que tu essayes de me faire croire. Reste avec moi. " Je la tire un peu vers moi. Elle se laisse faire, me regarde un moment, puis se rapproche. Elle passe un bras autour de mon cou et m'embrasse du bout des lèvres.
Adrien-Agreste.edge à cessé de fonctionner. Redémarrage en cours. ↺
J'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. Les lèvres de Marinette sont contre les miennes ! Je ferme les yeux pour apprécier chaque seconde qui passe. J'entends quelques murmures autour de nous mais je m'en fiche. Soudain, j'entends comme un tintement de cloche. Je lève les yeux vers le ciel, et l'espace d'un instant, je crois apercevoir un traîneau dessinant derrière lui un A et un M.
Merci, Père Noël. Aucun autre cadeau n'aurait pu combler mon cœur.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top