Correspondance enflammée
La salle était plongée dans le noir. Nous pouvions sentir toute la foule retenir sa respiration. Ca y'est, le spectacle allait commencer. Soudain les projecteurs s'allumèrent et se projetèrent sur la scène. Je sentais mon coeur battre si fort. Seules des silhouettes étaient visibles au fond. Je pouvais deviner Twice à la batterie, Toga à la guitare électrique, Spinner à la basse et Shigaraki au clavier. La mise en scène était organisée par Compress et avant même que ça ne commence, nous étions fascinés par les lumières se mouvant d'un bout à l'autre de la pièce.
Quand soudain, noir complet. Un son sourd commença à sortir des hauts parleurs. C'était Shigaraki qui commençait à pianoter une note, puis deux... des notes graves d'abord, suivies par un grattement de cordes de basse, quelques frottements sur les cymbales et quelques notes aiguës de guitare... Mince, j'étais déjà si impatient que ça démarre, j'en avais les mains moites et le sourire aux lèvres. A côté de moi, je sentis Ochako s'accrocher à mon bras, tout aussi impatiente que moi.
— Deku, ça va commencer ! Me dit-elle sur le ton de l'excitation.
— Oui... Il...
Et soudain un gros spot lumineux se projeta sur le milieux de la scène, et la silhouette du chanteur se dessina petit à petit. Je retins mon souffle pendant qu'il levait son visage doucement sur le public. De là où j'étais, je pouvais presque deviner ses yeux étincelants brillants à la lumière. Puis je le vis lever le bras haut, tenant son micro en main. Et d'un coup, derrière lui, un effet de lumière sembla embraser la scène de flammes bleues. La musique devint alors électrisante et la foule s'emballa. Ochako et moi sautions sur place alors que Dabi approcha le micro de sa bouche pour entamer son premier morceau.
Ses bras et une partie de son corps étaient recouverts de maquillage donnant l'impression qu'il était brulé sur une grand partie de ses membres et de son visage. Cela lui donnait un côté un peu effrayant mais surtout impressionnant. Je n'arrêtais pas de me dire que ça devait demander beaucoup d'effort en terme de maquillage et de démaquillage...
Dabi avait cette capacité à enflammer la salle, quasiment littéralement quand on cumulait sa voix et l'ambiance pleine de flammes organisée par Compress.
A 22 ans, il avait déjà une voix grave et entraînante, capable de crier et de faire du chant clair. Son long manteau le rendant très impressionnant dans ses déplacements, l'enveloppant complètement.
Le concert commença très fort et tout au long de la soirée, la tension montait de plus en plus. Chaque membre rendant le moment unique par son talent. Mais moi j'étais fasciné par la voix puissante de Dabi. J'avais découvert ce groupe plusieurs mois auparavant et j'avais totalement craqué sur la façon dont il gérait ses textes. J'avais alors acheté tous leurs albums et les avais écouté en boucle, puis les avais prêté à Ochako qui avait finit par craquer comme moi.
Alors quand mes 18 ans arrivèrent, c'est tout naturellement que je demandai une place de concert pour aller voir mon groupe favoris. Et quel plaisir de voir que ma mère s'était cotisé pour aussi en offrir une à Ochako, afin que je n'y aille pas seul.
Nous nous retrouvions donc ensemble, à cette soirée mémorable tant attendue.
Soirée qui arriva à sa fin bien trop rapidement. La dernière chanson, la plus connue, fut reprise par tout le public de manière encore plus forte que les autres. Et c'était très émouvant.
Puis le groupe fit un rappel et enfin ses adieux. Dabi quitta la scène en dernier après un salut de la main.
Je saisis Ochako par le bras et l'entraina avec moi à travers la foule se dirigeant vers la sortie.
J'avais repéré plus tôt une porte par laquelle le staff passait régulièrement. Je m'en approchai rapidement.
— Deku, on va où ? m'interpella Ochako
— J'ai quelque chose à donner au groupe, et j'aimerai le faire ce soir ! pris-je le temps de répondre.
Nous arrivions au niveau de la porte et un employé s'apprêtait à entrer dedans. Je me permis de le héler.
— Excusez-moi, monsieur ! Je... vous allez dans les coulisses ?
L'homme en question se retourne vers moi, surpris d'abord, puis apeuré ensuite. Croyant sûrement que j'allais lui demander d'entrer avec lui.
— Heu... non, je... c'est les toilettes là bas... bégaya-t-il en mentant sans conviction, faisant légèrement rire Ochako à mes côtés.
Je levais une main pour le rassurer et sortis de mon sac à dos une enveloppe.
— Je ne vais pas vous déranger longtemps... pouvez-vous juste donner cette lettre au groupe s'il vous plait...? J'aurai pu l'envoyer mais je me dis que, peut-être, si quelqu'un peut le déposer en direct, j'ai plus de chance que ce soit lu. Vous voyez, c'est important pour moi, j'ai découvert ce groupe y'a quelques mois et ils ont...
— Ok ok, donne-moi ta lettre, je verrais ce que je peux faire, me coupa-t-il, pressé.
Je lui tendis alors l'enveloppe que je tenais en main, un peu tremblant, un grand sourire aux lèvres. Il la récupéra alors, me salua d'un signe de tête et entra dans les coulisses.
Je soufflai et me tournais vers Ochako, encore ému de la soirée que nous venions de passer.
— On va pouvoir y aller, merci d'avoir attendu que je fasse ça.
Elle me sourit grandement et m'attrapa les mains.
— Il y avait quoi dans cette lettre ? C'est super courageux de faire ça en tout cas ! J'espère qu'il leur donnera.
— J'espère aussi. Et c'est pas grand chose, dis-je en me frottant la nuque, j'avais juste besoin de dire comme j'aime leur musique et comme ça m'a fait du bien de connaître leur groupe...
— D'accord Deku !
Nous commencions alors à nous diriger vers la sortie pour rentrer dormir chez moi, quand je repérai un petit objet sur le sol. Un des médiator de Toga. C'était un rituel chez certains groupes, de jeter dans la foule des goodies ou des objets du concert. Et là, ils avaient jeté un certain nombre de mediator. Je le ramassai, ravi. Cette soirée serait définitivement l'une des plus belles de ma vie.
— Izuku, une lettre est arrivée pour toi ! me cria ma mère d'en bas des escaliers, avec son sourire habituel.
Je n'attendais pas particulièrement de courrier, je me demandai ce que ça pouvait être.
Je récupérai ma lettre en remerciant ma mère et remontai dans ma chambre. Je m'assis sur mon lit et saisit la lettre entre mes mains. Mon coeur rata soudain un battement.
L'enveloppe était tamponnée à l'arrière avec le logo du groupe de Dabi...
J'ouvris, tremblant, l'enveloppe le plus délicatement possible et en tira une lettre sur un papier A4 plié en 3.
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03/01/2020
Izuku,
j'ai bien reçu ta lettre lors de notre concert à Musutafu. J'ai été assez étonné qu'un membre absolument lambda du staff m'apporte une lettre d'un fan. Habituellement, elles arrivent par paquets et on ne peut pas tout lire. Mais la tienne, j'ai trouvé ça cool la façon dont elle est arrivée jusqu'à moi.
Sinon, je suis heureux et flatté d'être ton chanteur favoris. On va pas se le cacher, quand on cherche à devenir célèbre, savoir qu'on est le premier pour certains fait vraiment du bien. En tout cas, je jouerai pas l'hypocrite là-dessus. Tu as l'air d'avoir beaucoup étudié mon parcours et de t'y connaitre en musique. Ca change. J'aime surtout la partie où tu expliques à quel point je "m'ancre dans un mouvement de libération des styles musicaux". Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris cette partie mais j'ai aimé la formulation.
Surtout j'ai été touché par l'histoire que tu me racontais avec ton père que tu n'as pas vu depuis longtemps. Mon père à moi aussi était beaucoup absent. Ce que je peux dire, c'est que c'est surement grâce à son absence que j'ai pu trouver ma voie donc on va dire que c'était un mal pour un bien !
Bon, on est surement pas là pour parler de ça !
En tout cas Izuku Midorya, je vais pas te sortir les mêmes conneries que les autres : si tu veux réussir dans la vie, croire en ses rêves ça suffit pas. Faut chercher à les réaliser en te battant toujours plus parce que dehors, c'est la jungle.
En attendant j'espère que tu avanceras comme tu veux.
A bientôt peut-être !
Dabi"
Je sentis mes larmes couler et mon cœur battre si fort qu'il allait exploser. J'avais les joues rouges... Je relus la lettre encore. Une fois, deux fois, trois même ! Je n'arrivais pas à croire ce que j'avais sous les yeux. Une lettre de mon idole, de la personne que j'estime être le plus grand jeune chanteur du siècle... Dabi Todoroki.
Je pleurais à chaudes larmes et m'essuyai dans la manche de mon sweat avant de rejoindre ma mère pour lui annoncer la chance que je venais d'avoir.
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04/01/2020
Bonjour Dabi,
Je suis tellement heureux d'avoir eu une réponse ! Du coup j'essaye à nouveau d'envoyer cette lettre à la boite postale indiqué au dos... je sais que ce sera moins évident de la faire parvenir ainsi mais tant pis.
Dans le doute où cette lettre serait très longue à arriver jusqu'à toi, je voudrais raconter ce qui m'a vraiment plu dans votre groupe et surtout chez toi.
Enfin quand je dis plaire c'est... ce qui m'a fait aimer vos chansons autant.
J'ai toujours été un petit garçon joyeux. Toujours prêt à aider les autres. Même avec ceux qui étaient méchants avec moi. D'ailleurs il y avait un garçon dans ma classe, Kacchan. Je l'aimais... beaucoup. Peut-être un peu trop. Je ne me rendais pas compte comme mon admiration allait bien au delà de mon amitié. J'étais tout le temps collé à lui, tout le temps à vouloir le suivre dans ses actions, le voir... je me surprenais parfois à imaginer que lors de nos soirées ils accepterait de dormir avec moi, et c'est là que j'ai réalisé que... j'avais des sentiments. Forcément, j'ai été un peu naïf et, plein de bonne intentions, je suis allé lui dire. Et c'est là qu'il s'est moqué de moi. Il m'a poussé et insulté. Je n'étais plus son ami, je n'étais qu'une "pédale".
Je ne vais pas m'étaler car je crois que tu connais ce sentiment de se faire rejeter, tu en as parlé dans une interview rapide. Ce sentiment d'être mis à l'écart pour ce qu'on est. Quoi qu'il en soit, ensuite j'ai beaucoup broyé du noir et je passais ma journée à écouter de la musique en aléatoire sur internet. Jusqu'à ce que je tombe sur "fall'in".
Tes mots ont résonné dans ma tête et dans tout mon corps du début à la fin. Les passages où tu expliques qu'une "lame d'incompréhensions traverse tes yeux pour te rendre la vue", j'ai trouvé ça si juste. Si pertinent. Car c'est le sentiment que j'avais. Que soudain, tout s'éclaire pour ne montrer que la froideur de la vie. Moi qui était si joyeux j'ai perdu le sourire parce que "mon cerveau ne comprenait plus l'utilité de rire".
Cette chanson m'a à la fois fait sombré encore plus profondément dans ma peine, et à la fois permis de comprendre que je n'étais pas seul. Que ma situation n'était pas unique, et que d'autres en sortaient vivants même si moi j'avais l'impression que j'allais mourir de chagrin. A partir de là j'ai acheté votre album et je l'ai écouté en boucle. J'ai adoré ta voix. Tes textes. Ta façon de les mettre en œuvre. J'ai commencé à oublier et à revenir à mon état de joie d'avant.
Je ne sais pas combien de vies comme la miennes tes chansons ont sauvé, mais alors qu'on m'avait demandé de sauter du toit, j'ai plutôt trouvé la force d'avancer et de grandir correctement.
Alors si un jour cette lettre te parvient, merci Dabi. Tu es mon héros...
Izuku."
Je tremble un peu en finissant d'écrire ces mots. Je viens de me confier comme je ne l'ai jamais fait auparavant sur le sujet. Mais j'ai l'impression d'avoir une dette envers Dabi. L'impression qu'il doit savoir la vérité et à quel point il a été important. Je veux qu'il soit fier de ce qu'il a accompli, au moins dans ma vie...
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30/01/2020
Izuku,
Yop, bonne nouvelle ! Comme tu vois, j'ai bien reçu ta lettre. Et encore une fois tu as de la chance, elle se trouvait sur le haut de la pile et j'ai reconnu ton nom. La prochaine fois je demanderai à ce que les lettres de toi me soit personnellement destinées. En ce moment c'est compliqué avec les tournées mais j'ai quand même trouvé du time pour te répondre. D'ailleurs je pourrais passer par mail, c'est bizarre de prendre un stylo et de t'écrire une lettre. Mais c'est un temps à moi qui me rappelle aussi l'époque où je griffonnais des notes de musiques sur un cahier. Le bruit du stylo me ramène quelques années en arrière, et pour ça je te dis merci, c'est cool en fait.
Bref, ton discours et ton histoire m'ont encore putain de touché. J'ai du mal à réaliser vraiment à quel point les jeunes homos s'identifient à moi plus qu'à tous les autres car je suis comme vous, au fond. Brulé par cette chienne de vie. Brulé par les regards, les jugements et les connards dans le genre de celui qui t'a rejeté. Tu es comme moi et je suis comme toi Izuku. Cette force que tu as su tirée en m'écoutant, elle ne vient ni de moi ni de mon histoire, elle vient de toi.
Elle vient de cette capacité d'analyse qui t'a permis de viser toujours plus haut, toujours plus loin. Toi seul a fait le chemin jusqu'à aujourd'hui. Tu es plus fort que lui. Ce devrait être à lui de te courir après. Et je suis sérieux. J'espère qu'il n'a acheté aucun de nos albums, sinon je lui brise, et je garde l'argent.
Voilà, c'était pour le plaisir de l'insulter que je t'écrivais ce soir. Encore merci pour ton morceau d'histoire Izuku. N'hésite pas à m'en dire plus sur toi.
Dabi"
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03/02/2020
Dabi-san,
Tes mots dans tes lettres comme dans tes chansons sont si forts. J'ai beaucoup de mal à me les sortir de la tête. Et en même temps du mal à les intégrer. Je n'ai pas l'impression d'être aussi fort que tu le penses. Je suis un peu un pleurnichard bien que toujours souriant. Pas une seule de tes lettres ne m'a pas fait verser des larmes pendant des heures. Un jour, ma mère a cru que j'avais un problème aux glandes lacrymales, mais non, le médecin a simplement annoncé que j'étais trop sensible. Alors moi, aussi fort que toi ? J'ai tant de mal à y croire.
Je ne fréquente plus Kacchan depuis ce temps. Ca a été dur mais je m'en suis remis je crois. Parfois je le croise, lui et son regard dédaigneux. J'essaye de garder la tête haute. Depuis ta dernière lettre, j'essaye de me dire que moi aussi, je mérite le respect. Et ça me fait beaucoup de bien.
Et non, il ne doit pas avoir acheté un de vos albums. Je doute que ce soit son style.
A vrai dire, ce n'est pas le mien non plus, de base. Mais votre groupe a ce petit plus qui rend le métal accessible et loin des stéréotypes sur ce genre musical. J'aime votre façon de gérer chacun votre instrument, j'aime vos costumes qui renvoient dans un monde imaginaire très fourni. Les flammes de votre spectacle, elles nous ont fait écarquiller les yeux tellement ça semblait réel. Je pouvais presque sentir leur chaleur. Et elles te mettaient si bien en avant.
Ton costume, bien que sombre, brillait tellement au niveau des manches avec les reflets. Et ce maquillage si caractéristique... Je suis fasciné de me dire qu'à chaque fois tu prends le temps de le réaliser et de le démaquiller. Je me dis que, peut-être, ces fausses cicatrices ont un lien avec ces brûlures de la vie dont tu me parlais ? Si c'est ça, c'est si beau. Car même dans cet état, tu chantes et tu vis. Même avec un corps hors norme et abimé, le Dabi de scène est plein de passion.
Pardon, je m'emballe. Mais je suis vraiment fan de tout ça et je suis du genre à analyser ce que j'apprécie...
J'aimerai me permettre de demander si aujourd'hui, tu es vraiment à l'aise avec ton... attirance pour les garçons ? Si tu le vis bien. Si je peux vraiment avoir l'espoir qu'un jour ça me rende pleinement heureux... car aujourd'hui j'en doute. Surement que je suis un peu jeune pour penser à tout ça. D'abord il y a l'école, les amis, la famille... c'est précieux.
Mais j'aimerai aussi pouvoir me dire que tout ça je le partagerai avec quelqu'un que... j'aime ?
C'est tellement incroyable de parler de ça avec mon idole alors que je n'en parle à personne autour de moi. Peut-être que c'est plus facile parce que je sais que tu me comprends. Ca me donne envie de faire partie de ces héros qui aident les autres à avancer dans la vie. Ces héros du quotidien. Comme tu es le mien...
Merci pour ces échanges Dabi, au plaisir de recevoir une réponse à cette nouvelle lettre.
Izuku — mais tu peux m'appeler Deku"
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15/02/2020
Deku,
Tes lettres sont de plus en plus longues, mais ça me fait grave plaisir. Il est tard actuellement et je n'arrive pas à pioncer. Alors je pense te parler de ma vie aussi. J'espère que tu as le temps.
Je suis content de savoir que nos échanges t'aident à te sentir bien dans ta peau. Et moi aussi, ils m'aident un peu. J'avais peu parlé de mon homosexualité bien que je ne m'en cache pas non plus. Non pas parce que je ne suis pas à l'aise avec, pour répondre à ta question, mais plus pour protéger ma carrière. Des cons opportunistes, y'en a partout.
Mais dernièrement je l'ai un peu plus mise en avant. J'ai fais des interviews sur le sujet. Je crois que c'est parce que tu me vois comme un héros. Si tout le monde me voyait avec tes yeux, je réussirais peut-être vachement plus à rendre les gens plus vaillants. Et je gagnerai sûrement plus d'argent mais c'est un détail.
Je voulais déjà revenir sur l'inquiétude de ta mère de te voir pleurer régulièrement. Sache que moi j'ai un vrai problème de glandes lacrymales : je pleure du sang.
Me demande pas pourquoi, j'ai jamais vraiment compris d'où ça venait et j'men fou au fond... c'est comme ça. Mais du coup vous pouvez être rassuré, ta sensibilité n'est pas une maladie. D'ailleurs quand on sait comme la société pousse les hommes à ne pas pleurer, finalement tu es surement juste au dessus de tout ça.
Concernant mon maquillage bravo. Tu m'as vachement bien cerné... Je voulais apparaître comme un bad boy. La plupart de mes chansons ont pour origine la découverte de mon homosexualité, bien qu'elles puissent toutes être interprétées dans différentes situations. Parce que cette période m'a rendu plus fort à force de me prendre des claques. Alors je voulais pas qu'on puisse douter de mon évolution, même si je suis jeune. Les gens et leurs stéréotypes de merde... je voulais que s'ils doivent me juger, ce serait pour me craindre et pas pour me prendre de haut.
Dis moi, Deku, il est 1h du matin et je me rends compte que je suis incapable de me dire à quoi tu ressembles. Alors que toi tu dois avoir des tonnes d'image de moi sous tous les angles. Donne moi des infos sur ton physique, que je puisse résoudre ce problème.
Bordel, je baille à m'en décrocher la machoir. Je crois que t'écrire me détend alors je vais finalement aller dormir.
A bientôt Deku
Dabi"
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18/02/2020
Dabi-san,
je suis content de savoir que lorsque tes nuits sont courtes c'est à moi que tu prends le temps de penser. Je ne sais pas trop comment me situer face à ça. Je ne suis pas sûr de le mériter. Pas sur d'être à la hauteur de cet intérêt que tu daignes me porter... mais j'en suis vraiment heureux. En attendant, je profite de ces moments de lecture et d'écriture.
Je ne savais pas que tu avais une maladie qui te faisait pleurer du sang. Je n'avais même jamais entendu parler de cette possibilité...
J'espère que ce n'est pas douloureux en tout cas.
Concernant ton évolution, je peux te garantir que tu peux être fier de toi. Je t'idolâtre énormément et j'ai beaucoup d'estime pour toi et ta réussite. Je me dis que c'est quelque chose que je pourrais difficilement atteindre alors oui, tu peux chérir ce que tu as réussis à construire. Cette réussite n'en est pas une que pour toi mais pour tous ceux que tu aides avec tes chansons.
Moi le premier.
Tu me demandes ensuite à quoi je ressemble. Ca me fait plaisir et me perturbe un peu honnêtement.
Mais voila :
Je suis plutôt petit et n'atteint pas le mètre 70. J'ai un visage encore assez enfantin avec des taches de rousseurs. Ma mère dit que j'ai "de grands yeux émeraudes qui vont parfaitement avec mes cheveux verts". Je suppose qu'on peut la croire.
Je n'ai pas grand chose à dire de plus. Je suis plutôt fin mais je me muscle tous les jours pour augmenter ma force physique à défaut de devenir moins sensible.
Je dois te faire une confession, je le fais souvent devant tes clips, pour me motiver à aller toujours plus loin.
Et je crois que ça marche...
Mon amie Ochako remarque le changement et me pose beaucoup de questions. C'est la seule à savoir pour mon attirance...
J'ai finis par lui avouer que je correspondais avec notre idole commune. Et en prononçant ces mots... je n'en revenais pas moi-même.
Je crois qu'elle est jalouse mais au fond elle m'a dit que c'était cool.
Il faut que je fasse un autre aveux, c'est le soir des aveux, mais depuis que l'on parle plus régulièrement je sens comme un poids en moins sur mes épaules sur le sujet.
Je ne sais comment interpréter ça. Est-ce une bonne nouvelle ? En tout cas je me sens bien.
Je te souhaite une bonne journée Dabi-san. Et merci pour ces lettres que je chéris de plus en plus...
Deku."
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28/02/2020
Deku,
Ta dernière lettre me donne le smile et la pêche.
Savoir que tu te serres de nos clips pour faire du sport m'amuse. Tu es sûrement un parmi tant d'autres fans mais parce que c'est toi, j'aime l'idée.
D'autant plus que désormais je peux t'imaginer faisant du sport. Et pour être honnête j'aime cette image. Maintenant qu'on est plus à l'aise l'un avec l'autre sache que je suis un homme de plaisir malgré tout. Et que si quelque chose, ou quelqu'un, me plait, je fais tout pour qu'il m'appartienne.
J'aime me battre pour ce en quoi je crois. Et surtout j'aime faire en sorte que les autres n'aient pas ce que je convoite. Parce que c'est tous des cons, y'a pas de raison qu'ils aient plus de chance que moi.
Mais je m'emballe.
Je voulais surtout te dire que je t'écrirai surement moins ces prochaines semaines car nous allons vraiment enchaîner les concerts.
Mais je te souhaite de continuer ta progression Deku !
Ha et j'attends ta prochaine lettre rapidement quand même. Parce que je kiffe les recevoir.
À plus !
Dabi."
Les semaines passèrent et contrairement à ce qu'avait annoncé Dabi, j'avais parfois de rapides lettres. Courtes. Mais régulières. Je les attendais ardemment au point de vérifier le courrier tous les jours. Notre correspondance était devenu le point central de mon existence. Je pensais à ses derniers mots, à ceux que j'allais écrire, puis à ceux qu'il répondrait. Et ainsi mes pensées allaient toujours vers lui.
Puis un soir de printemps, une nouvelle lettre arriva.
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05/05/2020
Deku,
Putain, c'est assez fou comme je pense à toi. Dans la foule, parmi les bras qui se lèvent et les paroles qui résonnent, j'espère que tu es là. C'est con hein. Je ne sais pas trop ce que je raconte. Bref, avant d'avoir l'air plus débile, tu trouveras dans l'enveloppe 2 places pour notre prochain concert dans une ville proche de chez toi. J'espère que tu y seras. Invite la personne de ton choix, ce sera cool. Que tu y sois ou pas, dans le doute je donnerai tout.
A très vite.
Dabi"
Mon coeur battait si vite. Bon sang, comment l'un de mes idoles pouvait tenir ces propos pour moi... Izuku. Deku.
Dabi... Ce nom résonnait de plus en plus dans mon esprit. Je m'allongeais sur mon lit et serrait cette lettre contre moi. Les billets sur ma table de chevet firent battre mon coeur encore plus fort. Je me fis la remarque que ça n'aurait définitivement pas été pareil avec un texto. Ou des billets électroniques par mail.
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06/05/2020
Dabi-san,
j'ai si hate. J'envois cette lettre qui sera surement la dernière avant que je ne sois au concert. J'aimerai tellement te décrire le chaos que je ressens à l'intérieur de moi. Je vais non seulement revoir mon idole mais aujourd'hui tu représentes tellement plus. Un souffle d'air dans ma vie, un espoir... celui d'être un jour qui je désire être. Aux yeux de tous. Je me sens tellement revivre depuis nos échanges. Je pense le dire à ma mère tu sais... j'aimerai qu'elle sache qui est vraiment son fils. Et que je l'aime plus que tout.
Alors avant de te le dire en vrai, merci infiniment... et à très vite.
Deku, l'homme le plus heureux du monde"
Le concert battait son plein. J'étais tellement encore plus heureux d'être là maintenant. Je pouvais voir Dabi sur scène, chanter et se mouvoir gracieusement, et je me sentais un peu avec lui. Chaque parole semblait m'être destinée... je le voyais parfois chercher quelque chose, ou quelqu'un, dans la salle.
Quand soudain, son regard a semblé s'être posé sur moi par miracle. Et alors je l'ai vu sourire. Un sourire à la fois fabuleux et effrayant car il étirait son maquillage au point de le rendre finalement assez déstabilisant. Mais moi je ne voyais que le fait qu'il m'avait souris... même si je n'osais y croire.
Le reste du concert était encore une fois une réussite totale. Et plus la fin approchait, plus j'étais stressé. Allait-il vraiment nous rejoindre comme il l'avait dit ? Etais-je vraiment méritant de cette rencontre ? Ochako, à mes côtés comme à chaque fois que j'avais besoin de soutien, me tenait la main quand la fin du rappel arriva. Nous laissions la foule se diriger vers la sortie petit à petit, puis nous nous dirigions vers la porte des coulisses.
Nous arrivions à hauteur de celle-ci, gardé par un espèce de colosse immense. Il me faisait penser à une montagne sur pieds. Nous nous tenions loin de lui mais malgré tout face à lui, dans l'attente alors que la salle se vidait. Je le vis nous fixer de ses grands yeux, je jurais qu'il grognait avec son immense mâchoire en nous fixant. Je doutais énormément de ce que j'étais en train de faire face à ce gigantesque tas de muscle.
Voyant que nous ne bougions pas il commença à s'avancer vers nous.
— Heu, Deku... me souffle Ochako, un peu paniquée.
Je réfléchis à mille à l'heure. Si je m'en allais, peut-être que Dabi penserait que je ne voulais pas rester. Peut-être ne m'avait-il pas vraiment vu tout à l'heure et penserait que je ne suis même pas venu. Mince, je paniquais alors que le colosse se ramenait vers nous.
— C'est bon Giganto ! Ils sont avec moi ! dit soudain une voix derrière lui.
Voix que j'aurais pu reconnaître entre mille. Mon coeur rata un battement quand soudain une tête se détacha de derrière le tas de muscle et nous regarda.
Alors que le garde du corps acquiesça d'un "ok Boss" et retournait à sa place, je fus captivé par les yeux bleus azur qui se posaient sur moi mais surtout un sourire que j'avais longtemps imaginés dans mes rêves les plus fous. Il n'était pas grand comme pouvait l'être celui d'Ochako quand elle souriait, mais je le trouvais rayonnant.
Dabi, face à moi, les mains dans les poches, me regardait d'un air sûr. Il avait pris le temps de se démaquiller le visage mais pas le reste du corps et ça lui donnait un air tellement plus... humain. Je le trouvais magnifique. Et je restais cloué sur place, paralysé par le stress. Je me repris mentalement quand je l'entendis prononcer mon prénom.
— Izuku ?
Je le regardais en souriant franchement alors que les larmes me montaient aux yeux.
— Oui...
Soudain je sentis le poids de son corps contre le mien et ses bras autour de moi.
Son odeur m'enveloppa et mes sanglots augmentèrent. Je ne bougeai pas, tellement surpris par ce contact. Je sentis ses lèvres se rapprocher de mon oreille et ses cheveux me caresser le visager.
— C'est Ok Deku de pleurer, moi ça me convient...
Et là, je ne pu retenir mes larmes qui coulèrent par flots. Mes bras enlacèrent ce corps que je ne connaissais encore que par internet. J'étais tellement soulagé. je me sentais si léger à cet instant. J'oubliai Ochako, le tas de muscle, et le monde entier autour de nous. J'avais l'impression que ma place était là. Avec lui. Nos échanges m'avaient définitivement fait évolué. Je me sentais plus fort, plus combatif... J'oubliai qu'il était célèbre et que je n'étais personne. Il me donnait le sentiment d'être quelqu'un. Quelqu'un d'important. Et ça c'était fabuleux.
Quand il me relâcha, j'essuyai le résidus de larmes sur mes joues puis captai le regard éberlué d'Ochako.
Dabi lui sourit poliment alors que les yeux de ma meilleure amie brillaient de joie.
Après avoir échangé quelques phrases d'admiration, Dabi nous invita à pénétrer les coulisses. Mais Ochako hésita.
— Heu, Deku... je pense qu'il vaut mieux que tu y ailles seul. A mon avis vous avez beaucoup de choses à vous dire.
Je regardais ma meilleure amie et lui souris en comprenant qu'elle voulait nous permettre de nous rapprocher.
— Ca va aller pour rentrer Ocha ? lui demandais-je, tout de même inquiet.
Elle se frotta la nuque et me rassura.
— Mais oui t'en fais pas ! je vais appeler mon père je pense, ce sera plus sur.
Puis après s'être dit au revoir, je suivis Dabi dans les coulisses.
Impressioné, je découvrais l'envers du décors du groupe. Dabi me présenta aux autres membres qui m'accueuillirent avec moi mais malgré tout une certaine indifférence à part Twice qui me posa pleins de questions. Ils avaient l'air crevés, aussi Après 30 min en leur compagnie Dabi les laissa rejoindre le bus de la tournée.
— Tu veux peut-être que je te laisse dormir... commençais-je à dire tout bas.
— Tu rigoles ? J'ai pas sommeil là. Par contre... j'ai laissé ma maquilleuse partir. Alors... ça te dérange si je me démaquille moi-même ?
J'écarquillai les yeux. Il n'était pas seulement maquillé sur le visage et les bras, mais aussi le torse. Je secouai la tête de gauche à droite.
— Non non, ça ne me dérange pas.
Je le vis sourire malicieusement, comme s'il avait prévu le coup. Et c'est alors qu'il retira son T-shirt avant devant moi. Je sentis mes joues s'empourprer au fur et à mesure qu'il retirait le maquillage avec des lingettes démaquillantes. Il en passa pas moins de 6 avant d'être complètement dénué de maquillage. Je pu alors l'observer entièrement, à demi-nu. Il capta mon regard et sourit à nouveau.
— Au fait, j'ai quelque chose pour toi, dit-il avant de se pencher vers un sac que je devinais être le sien.
Il en tira une enveloppe qu'il me tendit.
Je reconnu les enveloppes qu'il utilisait pour notre correspondance.
Je la saisis et commençai à l'ouvrir. Le papier plié en trois me semblait aujourd'hui si familier. Je le dépliai et le lu.
"Deku,
Si tu as cette lettre entre les mains c'est que non seulement nous sommes dans la même pièce mais que j'ai décidé de passer à l'étape supérieure.
Sache que depuis que l'on s'écrit, et alors qu'on ne s'était encore jamais vu, j'ai l'impression d'avoir enfin atteint un but dans la vie après celui d'être devenu célèbre. J'ai enfin réussi à ressentir quelque chose. Quelque chose de fort au delà de ma hargne de vivre. Quelque chose qui me hante et m'empêche de dormir. Quelque chose qui me coupe l'appétit depuis plusieurs semaines maintenant.
Je ne comprends pas d'où ça vient mais j'en suis devenu accro. Accro à tes mots comme à l'attente de ceux-ci. Accro à la forme de tes lettres. Accro à l'image que je me fais de toi en train d'écrire. Comment es-tu assis ? Ou écris-tu ? Combien de temps passes-tu à chercher comment bien formuler tes phrases ?
Je ne suis vraiment pas ce genre d'homme. Je croyais mon coeur froid... ou brûlé. Pourtant tu as été comme une étincelle qui a ravivé quelque chose. Et j'ai envie de savoir quoi. J'ai envie de voir jusqu'à quel point tu as le pouvoir de réchauffer ce quelque chose en moi.
Alors cette lettre est à toi et tu peux la prendre comme un aveux..."
Je relevais ma tête et mes yeux embrumés de larmes. Cette fois, sans réfléchir une seconde, je me précipitai contre son torse encore nu. Il m'enlaça immédiatement et me serra fort.
— Je voudrais que tu sois le seul destinataire de ces mots et de mes sentiments, Deku.... Est-ce qu'en échange tu accepterais de sortir avec une star de la musique avec tout ce que ça implique ?
Je relevais alors mon visage vers lui et approuvai de la tête.
— Je vois difficilement comment je pourrais dire non... dis-je, la gorge nouée, de part sa déclaration, sa lettre mais aussi la proximité de nos visages.
Il me sourit et glissa une main dans ma nuque avant de poser ses lèvres sur les miennes avec passion. C'est comme si nous n'attendions que ça... Comme si ce baiser enflammé représentait l'entièreté de l'attente jusqu'ici.
Lorsqu'il se recula pour reprendre son souffle, il glissa à nouveau ses lèvres près de mon oreille et susurra.
- Je t'avais dis que je me battais pour avoir ce que je convoitais. Et toi, je te convoite depuis les premiers mots...
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merci à la team pour me faire sortir de ma zone de confort
et merci à Mon Tamaki pour ce fabuleux FANTASTIQUE merveilleux dessin... <3
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