Mme Lupin
Inspiré du chapitre 8 de la Première Partie de Bel-Ami de Maupassant. Qui aurait pu croire qu'une lecture scolaire aurait pu me toucher à ce point (surtout ce chapitre en fait). Enfin bref, même si les histoires écrites par Maupassant ne sont pas du type à me plaire énormément, il faut reconnaître qu'il écrivait fichtrement bien ce monsieur.
ATTENTION : maladie, décès, tristesse, peur
Ainsi Sirius Black était arrivé. Il était descendu du train, le premier qu'il avait pu prendre après avoir reçu le courrier de Remus, et il était arrivé aux côtes bretonnes, là, où tout avait commencé.
Sirius prit sa malle et marcha jusqu'à l'agglomération de petites maisons de village en face de lui. Puis, avant d'y mettre un pied il prit finalement l'initiative de marcher par la plage. Il se permit, loin de la circulation parisienne où les citadins te jugeaient si un bouton de ton veston était ouvert ou si par malheur tes manches étaient retroussées par chaleur, d'ouvrir le col de sa chemise.
Sirius se perdit dans les dunes de sables. Ses chaussures cirées étaient faites, sans doutes, pour les parquet des bureaux de journaux, et pas pour le sable fin de Bretagne. Il n'était pas revenu depuis son départ. Il pensait que jamais il ne serait revenu, surtout pas ici. N'empêche, il constata à quel point il avait changé. Et si jadis, il marchait pied nu dans l'eau froide, parlait poésie à la lumière de chandelle ou attirait l'attention dans les bistrots parlant politique et philosophie tel l'érudit qu'il était, là il n'enlevait même plus ses chaussures.
C'était une journée calme. Le vent n'était pas trop fort et rafraîchissait sa tête rouge d'effort. Il avait grandit dans Paris, pris de l'importance. Il n'était plus trop habitué à se déplacer à pied.
Malgré son effort pour se montrer brave, pour changer, quelque chose en lui était contradictoire. Il se sentait chez lui ici, dans cette nature sauvage, ce vent qui n'écoutait personne et cette mer mystique. Et puis, les dunes à ses côtés lui faisait penser aux hanches de Remus. A un temps lointain, où personne ne les connaissaient encore pour qu'ils puissent vivre tel qu'ils le voulaient dans sa maison familiale. Mais l'illustre famille Black avait été décimée par un fléau. Et Sirius n'était même pas allé les rendre visite une fois.
Sirius arriva enfin devant la falaise finale. Il trouvait que les paysages avait changé tout en restant le même. La maison blanche, claire comme de l'eau de roche, se tenait toujours debout, fièrement, mais ne se tenait plus qu'à quelques mètres du bord.
Le jeune homme se traça une route dans les oyats envahissant. Ainsi, d'ici son arrivée devant la grande maison Belle-Vue, il avait perdu tout ce qui restait de parisiens en lui et était redevenu ce petit sauvageon breton. Ses cheveux ondulés par la pluie de la capitale était redevenu bouclés, dans leur splendeur. Tel que Remus les aim- les aimaient.
Il toqua trois fois et attendit bien 5 minutes avant qu'on ne vienne l'ouvrir. Remus l'avait garantit qu'ils seraient là tout le temps, lui et sa femme...malade.
La porte s'ouvrit enfin, et Sirius reconnu comme dans un lointain souvenir Jean. Pas une ride de plus, pas une ride de moins. Peut-être qu'il avait pris des cheveux blancs, mais c'était difficile à dire. Il lui avait toujours paru vieux.
- Monsieur...dit-il sans joie. Il ne devait pas garder une bonne image de lui. La dernière fois qu'il s'était vue s'était il y a presque 15 ans, quand il l'avait trouvé avec Remus, pratiquant quelque chose de pervertie, comme il le dirait. Monsieur attend monsieur avec impatience. Si monsieur veut bien me suivre vers Monsieur.
Sirius roula des yeux dès qu'il lui présenta son dos. S'il venait de se rendre compte de son hypocrisie. En tout cas, il pouvait dire qu'il était soulagé qu'il ne parlait pas de ce qui s'était passé.
Sirius tenait sa malle à deux mains et regarda le plafond. Le lustre était encore enveloppé dans de doux draps. Les fenêtres étaient fermées par des morceaux de bois, comme pour se protéger d'une tempête imminente. Ils montèrent en silence, les pas même atténués par le tissu feutré rouge de l'escalier. Le jeune homme regardait les portraits affichés dans le couloir, il remarqua une petite fuite à travers les pierres, et de l'eau s'écoulait sur le portrait, d'une façon qui donnait l'impression qu'il pleurait.
- C'est ici. M. Lupin est avec Mme. Lupin. Je vous préviens...son état-
- Il ne pourrait pas m'effrayer. dit M. Black, confiant.
- Vous a-t-il parlé de la guerre ?
Sirius fronça des sourcils, et ouvrit la bouche mais ne pu poser la question que la porte s'ouvrit. Remus les avait entendu parler devant la porte.
Sans même que Sirius ne pu le voir, il sentit une fasse corporelle tremblante se jeter sur lui.
- Tu es venu. entendit-il au creux de son oreille. Sirius passa ses bras autour de son ami également et la gêne de tout à l'heure partie. Pendant un instant, il oublia ces quinze années passées, il se sentait comme si toute avait recommencer comme au début. Cette étreinte était bien anormalement longue. Et lorsqu'ils se séparèrent enfin, Jean les dénigrèrent du regard avant de repartir préparer le dîner.
Sirius vit enfin ce que Jean avait essayé de lui prévenir. Son sourire de leur retrouvaille se volatilisa mais aussitôt, il en remit un autre, et agit comme si de rien n'était. Remus...voilà pourquoi il avait disparu de la circulation de Paris... Le pauvre, la guerre l'avait rendu balafré, défiguré. De partout il avait des cicatrices, plus ou moins profonde. Cela le terrifiait, pas par mocheté ou quoi que ce soit, mais il ressentait énormément de peur pour son ami, et de douleur. La vie ne l'avait pas gâté.
- Comment va Mme. Lupin. finit par demandé Black, la gorge sèche.
- Mal, les médecin m'ont conseillé d'appeler un prêtre.
Les deux se regardèrent en hochant la tête.
- Je- je suis content que tu sois venu, mon bon ami. Je ne pouvais plus continuer seul.
- Tout ce que tu veux, je te suis infiniment redevable.
Le silence se réinstalla et une quinte de toux effroyable se fit entendre de la chambre. Remus passa une main sur son front et courut dans la salle. Sirius resta au pan de la porte. Il se souvenait de Mme. Lupin comme cette femme jeune pleine de vie et avec un intellectuel qui égalait sa beauté. Il se souvenait cette peau rosée, ce sourire énigmatique et gracieux à ses lèvres, toujours parsemé de cet éclat rougeâtre, tentant, comme un fruit mûr. Et maintenant, elle était là, avec des teintes de macchabée, misérable, les yeux plissés de douleur et le corps tremblant de tout son être, les cheveux en sueur. La grâce avait disparu. Et Sirius reçu la mort en plein dans son corps.
Tout cela lui semblait si distant. Mourir... Cette action l'avait toujours paru appartenir au autre et pas à lui, comme si coincé dans sa routine parisienne qui ne lui permettait pas de réfléchir le permettrait de survivre à l'invivable.
- Chéri... j'ai froid. Si froid...
Lupin s'assit sur la chaise et passa une main inquiète sur son front. Inévitablement, il était brûlant. Il ne pouvait pas la couvrir.
- Je vais fermer la fenêtre, hein ? dit-il doucement. Il se leva et on entendit plus le vent frais entrer dans la pièce.
- Remus... dit d'une voix muette Mme. Lupin, je voulais tellement te donner des enfants.
- Ne dit rien de sot, on aura le temps, après, quand tout cela sera terminé.
Soudain, la petite tête jadis emplie de vie de Mme Lupin bascula sur le côté. Les deux se précipitèrent sur le corps et Remus mis son doigts sous son nez avant de soupirer longuement : elle était vivante. Ce dernier se laissa tomber dans la chaise au chevet du lit de la malade.
- Mon ami... Moi qui ai toujours de quoi dire, je me vois pour la première fois démunis. Je suis désolé, terriblement désolé.
- Je pense qu'il faudrait mieux d'aller chercher le prêtre maintenant. On ne sait pas combien de temps il lui reste. Dit Remus, en caressant la main de sa femme d'une manière distante.
Pendant que Mme Lupin se confessait, on avait rouvert la fenêtre. Les deux jeunes hommes étaient descendu dans le jardin à l'arrière de la maison. Le soleil avait disparu mais on y voyait encore. C'était une lumière foncée, le vent calme avait reprit sa violence.
- Comment va Paris. lui demanda Remus et sentant une fleur qui poussait par là. Il y avait même du sable dans son jardin.
- Hé bien, comme-ci comme-ça, elle n'a pas trop changé. Mais c'est vrai que ce n'est pas la même sans toi.
Remus se redressa avec une lenteur horrible et il se retourna.
- Sirius-
Mais ce dernier lui coupa la parole.
- Je suis venu quand j'ai reçu ta lettre. Je t'ai toujours répondu. Je me disais juste que, que si il y a bien une fin ce soir... Reviens à Paris. Avec moi, il y a bien des hommes qui vivent ensemble dans le haut monde.
- Sirius-
Mais ce dernier fut coupé, cette fois-ci, par Jean qui courrait en leur direction.
- Monsieur, madame va mal ! Très mal !!
Les deux hommes s'échangèrent un regard et coururent jusqu'à l'étage. En effet, quand ils entrèrent, madame était en train de gigoter de droite à gauche, et de se cambrer, comme si elle ne pouvait plus respirer. Ses mains tremblaient, dans un dernière effort et ses pupilles disparaissaient derrière ses paupières.
- Re-mus... Remus...
Elle tenta de lever une main, comme pour l'attraper. Son mari lui prit la main, les yeux pleurant.
- Oui, oui.
Mais dans un dernier effort, Madame Lupin ne fut plus et elle tomba, raide.
Remus plongea sa tête dans ses habits, lui tenant toujours la main et les couleurs peu à peu quittèrent son visage. Quant à Sirius, il avait les yeux écarquillé de choque, c'était toujours plus dur quand c'était les jeunes qui disparaissaient. Black ressentit ce besoin de lever, de se battre contre le monde, de se sentir vivant. Il se vit dans une glace et trouve sa pâleur cadavérique, comme si la mort venait le chercher aussi. Et sans qu'il ne le sente, des larmes jaillirent sur ses joues. C'était terrible, terrible. Il avait peur, peur que cela lui arrive un jour.
Remus sortit de la chambre enfin. La bougie qu'il tenait n'éclairait que ses rides, alors il semblait avoir pris 10 ans de plus. Il glissa un peu contre le mur et fut traverser de sanglots sans larmes. C'était comme s'il ne pouvait plus pleurer. Incapable de sentir quelque chose, la vie l'avait vraiment malmenée.
Au bout d'un moment, Sirius parla. Il ne savait pas s'il le devait ou pas, mais rester à rien dire n'arrangerait rien.
- Que vas-tu faire maintenant mon pauvre ami ? Demanda Sirius, doucement.
- Je vais rester, probablement, le temps des funérailles. Et je reviendrais à Paris.
Sirius sentit un feu bouillonner en lui. Revenir à Paris ? A lui ? Le jeune homme s'assit à côté de lui et en soupirant, ils rentrèrent à nouveau dans la pièce où résidait presque paisiblement l'épave de Mme Lupin. Ils restèrent toutes la nuit, s'endormant et se réveillant. Ils parlèrent peu. Le lendemain, ils durent quitter la pièce car une odeur insoutenable commençait à se rependre. Et dans la semaine, les funérailles se firent. Juste après cela, Sirius acheta un ticket pour Paris.
Remus l'accompagna jusqu'à la gare. Ils eurent du mal à se séparer et quand Sirius monta, la fenêtre étant ouverte, il se pencha et vola un baiser au front de Remus. Leur mains se tinrent, et quand le véhicule commença à rouler, il sentit la peau rugueuse de ce dernier sur la sienne, et son contact lui manqua déjà.
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