1 - Wave, wave and wave...
Un brouhaha constant.
Elle ne voulait plus l'entendre.
Elle en avait marre, de toutes ces complications.
Dehors, elle regardait, du haut de son bâtiment, à travers sa baie vitrée, assise sur son fauteuil, les passants marcher. Elle n'en fixait parfois qu'un seul, suivant le moindre de ses mouvements, avant de changer de cible. Tout ce qu'elle voulait, c'était de s'oublier.
Lorsque la nuit venait, elle restait immobile, ne s'en lassant pas. Mais elle avait parfois le ventre qui gargouillait ou les yeux qui lui pesait après une semaine immobile ainsi et se levait donc pour boire un peu d'eau de robinet, manger des nouilles instantanés, se doucher rapidement et allait dormir jusqu'à l'aube. Puis ça recommençait.
Observation. Divagation.
Mais le brouhaha restait.
Quand elle n'avait plus de nouilles instantanés, elle restait encore quelques jours sans manger, avant que son ventre ne se fasse insupportable. Elle descendait donc de son nuage pour aller en acheter. Elle était parfois surprise qu'il lui reste encore de la monnaie. Mais elle finit par ne plus faire gaffe à rien.
La seule chose qu'elle aimait quand elle allait rejoindre les foules en bas, c'était que là, elle avait du son. Du vrai son. Des conversations, des rires...
Elle aimait tendre l'oreille, s'imprégner de l'ambiance alentour. Mais la foule finissait toujours par l'oppresser. Tout le monde la regardait. La jugeait. Et elle fuyait donc, ses sacs de nouilles instantanés à la main.
Elle ne savait pas comment ça a commencé, depuis combien de temps c'est ainsi, et jusqu'à quand cela va durer, mais elle ne voulait pas y penser. Le brouhaha suffisait pour la déranger, pas la peine de l'alimenter.
Cependant, elle se surprenait parfois un crayon à la main, dessinant des gribouillis sur une feuille. Ou des mots.
Quand il pleuvait, elle avait les joues humides aussi, comme si la météo était synchro avec elle. Ou bien peut-être était-ce juste elle.
Quand il y avait du soleil, elle supportait mieux le brouhaha, même si il y avait trop de lumière. Elle entendait la climatisation s'allumer quand il faisait trop chaud, peut-être toute seul. Elle n'y faisait pas gaffe.
Parfois, elle avait l'impression de les retrouver. Elle entendait leurs voix lointaines, bavarder, rire, chanter. Et inconsciemment, elle chantait avec eux, sans y penser.
Parfois elle sentait leurs mains sur ses épaules. Ou sur sa tête.
Des fantômes du passé.
Un jour, alors qu'il pleuvait, elle avait vaguement senti quelque chose sur ses oreilles et sa tête. Et puis soudainement, une musique s'était enclenchée. Familière. Plaisante. Puis quand elle finissait, une autre.
Le brouhaha s'était calmé. Pendant ses quelques minutes. Et elle se sentait revivre.
Elle lâcha quelques paroles de sa voix enrouée. Une autre la suivait, ou pas. Un fantôme du passé.
Mais, alors que la voix devenait de moins en moins lointaine, le brouhaha reprenait. Lentement, mais sûrement. Et elle se tut. Avant de presque crier la mélodie.
Peut-être avait-elle lâché des larmes.
Peut-être avait-elle lâché des phrases étranges.
Peut-être s'était-elle roulée en boule.
Elle ne savait plus.
Elle ne revient à peu près à elle que beaucoup plus tard. La nuit était là. Elle fut apaisée. Les musiques avaient toujours tourné et elle se laissa aller. Le brouhaha se faisait bruyant, mais la musique couvrait la majeure partie. Les étoiles brillaient. Quelques nuages solitaires couvraient le ciel.
Elle s'était endormie. Ou pas. Tout était confus de toute façon.
Mais vient un jour où la musique s'était arrêtée. Le brouhaha revint de plus belle. Elle avait sûrement crier. Ou pleurer.
La musique avait repris, mais pas celle qu'elle préférait.
Elle n'arrivait pas à savoir pourquoi (savait-elle encore quelque chose ?), mais la musique lui inspirait un sentiment négatif.
Elle était par terre, ses mains au sol, la tête penchée en avant. Elle écoutait.
Elle voyait ses mains. Elle les observa.
Brouhaha.
Elle ferma les yeux, si fort qu'elle en eu mal.
Elle voulait pleurer. Elle voulait crier.
Elle se frappa la tête le plus fort possible sur le sol. Le brouhaha, comme sonné, se tut, avant de reprendre de plus belle.
Elle recommença. Encore et encore.
Elle en avait marre. Elle avait craqué.
Au bout d'un moment, elle sut que ça ne suffirait pas. D'instinct.
Elle se leva alors, en manquant de tomber. Sa tête lui faisait mal, le brouhaha ne s'arrêtait pas, sa vue était brouillée par quelque chose de rouge.
Peu importe.
Elle avança alors, en titubant. Elle se cognait partout, mais elle n'en avait rien à faire.
"Là-haut."
"Monter."
Le brouhaha protestait.
Elle n'en avait que faire.
Avant qu'elle ne s'en rende compte, elle était dans les escaliers. Elle monta. Une marche après l'autre.
Cela lui sembla durer des siècles, comme enfermée dans une boucle. Le temps, à présent, était confus. Elle avait trop vécu pour différencier une heure et un jour.
Elle montait. Montait.
Étage après étage.
Les murs grises et blanches étaient les mêmes. Les marches ternes aussi.
Même imperfection. Même trace. Même chose.
Ou bien elle délirait.
Quand elle arriva enfin, elle poussa la porte. Fermée.
La fureur. Cela faisait longtemps.
Elle ne contrôlait rien, plus rien. D'une force surhumaine oubliée, elle fit voler l'obstacle.
Un courant d'air lui caressa le visage. Elle inspira un grand coup, comme si elle n'en avait pas respirer depuis un siècle.
Le brouhaha était calmé, mais ne s'était cependant pas tut. Alors elle continua.
Elle s'avança.
Elle était proche des nuages, si proche qu'elle s'y crut déjà.
Une barrière. Longeant les bords. En métal, grise.
Elle monta inconsciemment dessus. Le brouhaha s'amplifiât, paniqué.
Panique. Panique. Panique.
Mais elle n'en montra rien.
Elle marcha le longe de la barrière, en équilibre, la foule si loin en bas qu'elle n'y voyait qu'une masse sombre.
Elle dansa. Sautilla.
Elle faillit tomber et le brouhaha avait été assourdissant, si assourdissant qu'elle avait été tenté de se laisser tomber.
"Pas encore"
"Pas encore."
"Pas encore..."
Le soleil commençait à se coucher. Lentement, il descendit.
Le ciel orangé l'émerveilla et elle s'arrêta pour regarder. En bas, elle sentait que quelque chose avait changé, mais qu'elle ce qu'elle en avait à faire ?
Le brouhaha était assourdissant.
Elle se rappela. En regardant le soleil descendre, elle décida.
"Maintenant ?"
Peut-être.
Son pied glissa alors.
Vacarme. Vacarme.
Trop de bruits.
Elle les ignora. Pour la première fois, elle était réellement apaisée.
Elle pleura. Elle ne savait pas pourquoi.
Lancement dans l'estomac. Maux de tête. Mais joie intense.
Elle sentait une félicité intense, la même que l'on ressent un vendredi soir avant les vacances.
Elle ferma les yeux.
Elle tomba, tomba. C'était infini, comme si l'impact ne viendrait jamais.
Mais elle était sereine.
Quand soudain, comme toujours avant que l'on ne s'apprête à se reposer, elle se souvient d'une chose.
D'une chose importante.
Elle paniqua.
Elle cria, pour qu'on l'aide.
Mais le brouhaha se tut soudainement.
Comme tout le reste.
Sa dernière pensée fut Ivy.
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