Aypierre était triste. Il était blessé. Dévasté. Il avait enfin eu le courage de tout avouer mais il avait eu trop peur de la réaction de son "ami". Il ne l'avait pas laissé répondre et s'était enfuit. Comme un lâche. Comme un faible. C'était ce qu'il pensait de lui-même. Il avait mis plus de deux ans avant de tout avouer et maintenant que c'était fait, il n'avait même pas le courage d'écouter ce que Bboy avait à dire. Aypierre se sentait nul, honteux. Il ne comprenait pas ses propres actes, il ne se comprenait pas lui-même. Il était assis dans sa voiture, la musique à fond pour essayer de se changer les idées mais rien n'y faisait, toutes ses pensées se dirigeaient vers Bboy. Il était persuadé que son ami allait le détester. Il ne savait pas pourquoi, mais il en était certain. Il conduisait, sans but précis, à travers les rues de la ville et s'arrêta devant un bar. Il s'arrêta et s'assit à la table la plus au fond et la moins visible qu'il put trouver. Il voulait oublier. Oublier son comportement stupide, oublier ses sentiments certainement à sens unique. Il commanda un, puis deux, puis trois verres. Il sentait l'alcool couler dans ses entrailles, lui brulant la gorge, lui n'avait pas l'habitude de boire. Il sentit une chaleur bizarre traverser son corps et s'emparer de lui. Il oublia peu à peu pourquoi il était en colère contre lui-même, pourquoi il se détestait. Il oublia tous ses problèmes. Du moins, le temps que l'alcool le possède.
Bboy, quand à lui, ne comprenait pas non plus son ami. Il ne comprenait pas pourquoi il était parti. Il n'avait même pas eu le temps de lui dire que ses sentiments étaient réciproques. Il voulait retrouver son ami mais il n'avait aucune idée d'où il pourrait être. Il traversa la ville, alla dans chaque ruelle, mais il ne trouva rien. Le pauvre Bboy, désespéré, se rendit donc dans un bar, pour essayer de se changer les idées pour repartir sur de bonnes bases avec la recherche. Il entra donc, d'un pas mal assuré dans le premier bar qu'il vit et s'assit à la première table libre qu'il vit. En attendant sa commande, il fit le tour de la pièce du regard. Personne de bien spécial à ses yeux sauf une personne, assise au fond de la salle dans l'ombre, qui, quelques instants plus tard, s'écroula au sol. Bboy et quelques autres personnes se levèrent pour aller voir.

-Pierre ! Qu'est-ce que t'as foutu !?

Bboy pris son ami dans ses bras, essayant de le remettre debout, mais sans succès. Il réussit tout de même à le caler sur son dos et sortit en vitesse, sous les regards intrigués, pesants des clients. Il se dirigea difficilement vers sa voiture et posa son ami sur le siège passager. Il se donna une ou deux minutes pour souffler et aperçu, à l'entrée du bar, la voiture de son ami. Comment avait-il pu la rater ! Au moins il avait retrouvé Aypierre, en mauvais état, certes, mais il l'avait trouvé.
Ce jour-là, Bboy avait pris une décision. Plus jamais il ne laisserait partir un ami avant de lui avoir dit ce qu'il avait à dire.