UA Punk Pocky (SumiBanba) (TokaHaru) (OtoShie) (HaruI)
(Les gens! Petite annonce avant de commencer le One-Shot! Je ne suis pas la créatrice de cet UA, il s'agit de l'UA d'une personne dont le pseudo est Silent-shanin (voici d'ailleurs le lien de son Tumblr: https://www.tumblr.com/blog/view/silent-shanin ) et qui dessine magnifiquement bien donc je vous conseille d'aller jeter un œil à ses magnifiques dessins. C'est d'ailleurs elle qui a fait les motifs au-dessus. Elle fait également des dessins de Kobayashi's Dragon Maid, des jeux Tales of, des Vocaloids et autres. Voilà, fin de la parenthèse et début de One-Shot)
- Et si on formait un groupe? avait demandé la jeune fille, les yeux brillants et un grand sourire aux lèvres.
C'est comme ça que tout a commencé.
Otoya Takechi avait toujours voulu former un groupe, et elle le faisait savoir à tout le monde. Elle est douée avec ses mains et sait jouer de plusieurs instruments à la perfection. Et manier des ciseaux à la perfection aussi (malheureusement). Ah, oui d'ailleurs, le narrateur a oublié de préciser quelque chose. Otoya est une Punk. Non mais vraiment. Non elle ne se balade pas avec une crête, elle a juste des beaux cheveux violets foncés ondulés sur les pointes attachés en queue de cheval haute ainsi que des yeux perçants d'une couleur turquoise qui effrayent facilement ceux qu'elle fixe pendant plus de dix secondes. Non, elle n'a pas l'air sauvage et brutale et ultra baraquée, elle est une charmante jeune fille joyeuse et polie aux yeux verts qui aime les trucs glauques et les ciseaux. Mais oui, c'est une fan de rock avec des piercings sur le sourcil droit et la lèvre inférieure et une anarchiste. Malgré ces mots qui peuvent sonner dur, Otoya est très amicale, n'hésite pas à parler aux autres et à aider. Elle a certes un courant politique assez surprenant, cependant elle est prête à en parler et à expliquer de quoi il s'agit en détail. Cependant, la plupart de ses amis peuvent facilement le dire: Otoya se montre parfois flippante. Oh, ce n'est généralement rien de bien méchant; elle menace parfois ses fans "en plaisantant", mais bon elle se fait immédiatement rabrouer par ses amies et ne passe jamais à l'acte. Elle-même avoue que la musique la distrait de certaines choses.
Haruki Sagae, l'amie d'Otoya du lycée et guitariste du groupe, peut également être qualifiée de punk, vu son look et ses tendances politiques. Bien qu'elle ait parfois l'air peu sociable voire presque patibulaire, elle a en fait un caractère joyeux et amical, voire doux par moments et surtout très docile et fidèle. Haruki est souvent comparée par ses amies à un chien de chasse menaçant mais affectueux. Cependant, malgré son caractère joyeux, Haruki peut se montrer froide, silencieuse et pensive quand elle est dans ses mauvais jours. En effet, devant s'occuper seule de gagner de l'argent pour nourrir ses dix petits frères et petites sœurs et pour payer les frais d'hôpital de sa mère, entre les répétitions et le travail de serveuse dans un café, Haruki a peu de temps pour elle-même et pour les loisirs et, bien qu'elle ne s'en plaigne pas, ses amies peuvent voir aisément que la pression l'écrase parfois. Dans ces moments, elle se renferme sur elle-même et parle à peine. Mais puisque ses frères et sœurs ont l'air de n'avoir rien remarqué, ses amies pensent qu'elle doit redevenir joyeuse dès qu'elle retourne avec eux. Ou alors elle joue très bien la comédie.
La jeune femme a une taille moyenne, des cheveux longs, roux, un peu en bataille, dont quelques mèches plus courtes sont attachées en une queue de cheval haute, et avec un dégagement sur le côté gauche de son crâne, ainsi que des yeux ambrés foncé brillant souvent d'une sympathie que peu de gens peuvent voir puisqu'ils s'arrêtent uniquement à son physique. Elle porte souvent un pantalon noir, une veste en cuir noire avec de grandes poches par-dessus un T-shirt blanc, toujours accompagnés d'un pendentif doré en forme de croissant de lune et une boucle d'oreille sur son oreille gauche. Evidemment, selon la période de l'année, elle change de style vestimentaire.
Tokaku Azuma, la bassiste du groupe, est à la fois la plus garçon manqué du groupe et la moins loquace. Elle est une fille au physique assez simple; avec ses cheveux bleus coupés courts avec des traces légères de teintures noires sur les mèches, ses yeux bleus perçants, sa peau assez claire sans être pâle non plus, ses vêtements simples composés de chemises, de pantalons et de vestes de couleurs soit sombres soit blanches. Son expression est constamment renfrognée et seule une personne au monde peut la faire sourire sans avoir à insister pendant plusieurs minutes: Haru Ichinose, la petite amie de Tokaku. La fille aux cheveux bleus peut être qualifiée de mur de glace; elle ne parle presque jamais, est beaucoup trop franche, peut se montrer intraitable avec ceux qu'elle n'apprécie pas pour une quelconque raison (que ce soit parce qu'ils sont joyeux ou parce qu'ils sont sournois) et pourtant elle a trouvé quelqu'un qui l'aime. Elle-même en est encore étonnée. Mais si on peut trouver une qualité à Tokaku c'est sans doute sa loyauté sans faille, plus solide même que celle de Haruki, et aussi sa capacité d'organisation qu'elle est absolument la seule à avoir dans le groupe, ce qui lui a valu la place de leader du groupe (et elle n'hésite pas à utiliser cette position d'autorité pour quasiment harceler ses amies pour qu'elles répètent et ne se reposent pas sur leurs lauriers).
Tokaku joue de la basse, son instrument étant aussi simple que son look; un modèle classique de couleur grise.
Et enfin Banba, la batteuse du groupe, qui est une fille énergique et un peu brutale avec des allures de bad girl avec ses yeux violets perçants qui semblent sonder l'âme de ceux qu'elle regarde, ses cheveux argentés, longs, attachés presque tout le temps en une queue de cheval haute, légèrement en désordre, sa peau pâle sensible aux rayons du soleil, son corps maigre mais pourtant fort, ses fausses cicatrices tatouées sur ses bras lui donnant un air de monstre de Frankenstein, et enfin sa vraie cicatrice qui barre la partie gauche de son visage souvent illuminé par un sourire carnassier. Elle ne fait d'ailleurs rien pour chasser ces rumeurs effrayés et effrayantes qui courent à son sujet, en fait, ça la fait marrer. Son corps et son attitude peuvent, comme Haruki, mettre plus d'un mal à l'aise près d'elle, tant elle a l'air forte et désagréable, voire presque mauvaise, et contrairement à son amie aux cheveux roux, Shinya met son air menaçant presque bestial en avant en portant des débardeurs noirs qui laissent sans problème voir ses muscles puissants et ses tatouages, des pantalons troués à l'air vieux et une chaîne argenté reliée à un pendentif représentant la pleine lune autour du cou.
Pourtant, malgré son apparence bestiale et son langage vulgaire, la fille aux cheveux argentés est en fait très sympathique, rieuse quoiqu'un peu bruyante, a un côté serviable et amical. Tout va bien, tant que personne ne manque de respect à elle ou ses amis.
Shinya est la batteuse du groupe et s'y est invitée elle-même quand son amie Haruki lui avait parlé du projet d'Otoya et elle-même de former un groupe.
Des quatre filles, Banba est sûrement celle que les fans connaissent le moins. Elle-même ne se connaît pas. Étant en partie amnésique, elle se souvient de sa petite enfance mais ensuite, elle a un trou et ses vagues souvenirs remontent à il y a à peine un an. Ses médecins lui ont globalement expliqué qu'elle a oublié une bonne partie de sa vie à cause d'une expérience traumatisante qui l'a longtemps poursuivie. Elle aurait tué un homme auparavant, mais comme elle ne s'en souvient pas, elle n'y prête pas importance. On lui a également expliqué qu'elle n'avait plus de famille, bien qu'elle ignore si ils lui ont menti ou non, et qu'elle présentait des troubles psychologiques comme: un trouble dissociatif de la personnalité, un important stress post-traumatique, une psychose épisodique et des traces d'anxiété, de paranoïa et de schizophrénie.
Aujourd'hui, grâce au soutien des médecins, Banba a pu retrouver une vie normale, bien que sa double personnalité, son anxiété, sa schizophrénie et un léger stress post-traumatique, responsable de ses changement de personnalité perdurent. À cause de ça, elle est Mahiru, une fille timide, anxieuse et effacée le jour, et elle devient Shinya, la batteuse pleine de confiance en elle, la nuit.
Ce style de vie singulier est gardé secret, bien que certaines personnes comme Haruki aient l'occasion de s'en apercevoir (en effet, Banba ayant été au même lycée que Haruki, celle-ci l'a rencontré le jour pendant un an avant de la recroiser par hasard la nuit où Banba a intégré le groupe) et cela lui convient tout à fait. Elle pense l'avouer à ses amies, mais réfléchit encore à comment le formuler.
Grâce à son changement de personnalité, lorsque Mahiru laisse place à Shinya, Banba peut faire des choses que sa personnalité originale (Mahiru) n'oserait pas faire seule: des tatouages (Banba a beau être fière de ses tatouages, Mahiru les cache généralement sous une veste à manches longues blanche), des concerts de rock, parfois aider les autres lors de bagarres de rues (car oui, Mahiru et Shinya partageant le même corps, elles partagent donc la même force physique hors du commun, mais Mahiru a trop peu de confiance en elle pour oser se lancer dans une bagarre), taguer des murs publics et beaucoup d'autres choses... Mahiru est en effet sage et douce, mais elle a un côté aventureux à la recherche d'adrénaline qu'elle cache la plupart du temps. Quand elle l'a avoué à son psychologue qu'elle voit régulièrement, celui-ci lui a dit qu'il trouvait cela étrange car, avant de commencer à se soigner, Mahiru n'a jamais eu cette envie d'adrénaline. Selon lui, ça serait un bon signe car les personnalités de Shinya et Mahiru commenceraient à fusionner pour disparaître toutes les deux et former une nouvelle personnalité; plus sûre d'elle que Mahiru mais plus douce et timide que Shinya. Banba ignore encore comment elle est sensée se sentir par rapport à ça, elle est encore un peu perdue. Tout ce qu'elle veut en fait c'est de simplement pouvoir continuer à jouer avec son groupe et continuer son style de vie étrange mais simple.
La jeune femme n'a pas encore de travail, mais elle y travaille comme elle peut et va bientôt commencer un petit travail tranquille dans une bibliothèque non loin de chez elle. Ce poste changera son rythme de vie, finies les grasses matinées, les après-midi entiers passés à flâner et à rêvasser comme elle aime le faire... Mais c'est pour le mieux, c'est elle-même qui a décidé de travailler et de prendre sa vie en mains, et puis être au contact des gens l'aidera à sortir de sa coquille. Enfin, elle l'espère...
En pensant à la grasse matinée, il commence à se faire tard là, non? Elle sent son estomac être vide et commencer à demander du carburant. Une paire d'yeux violets s'ouvrent pour voir directement une peluche à l'effigie d'un canard jaune. Les yeux se referme et Mahiru tente de forcer son corps à bouger, malgré le grognement de protestation que ce mouvement lui arrache. Elle se redresse pour s'asseoir sur son futon, repoussant ainsi la douce étreinte moelleuse de son lit, puis s'étire en poussant un doux bâillement.
Elle jette un œil a l'heure sur son téléphone pour voir l'heure et remarque un message de Haruki. La jeune fille aux cheveux argentés tape le code pour déverrouiller son portable et va voir de plus près le message de son amie.
"Hey Banba! Ça va? Pour le concert de ce soir Tokaku et moi on vient te chercher, ça te va? Comme ça tu n'auras pas à marcher pendant 10km"
Un petit sourire rassuré se peint sur le visage de Mahiru, rassurée de ne pas avoir à marcher pendant plusieurs heures. Elle tape rapidement une réponse sobre du style: "Bonjour, oui je vais bien merci et merci beaucoup de venir me chercher."
Elle pose le portable puis, commençant vraiment à avoir faim, se lève, parcours son petit studio mal rangé en entendant la voix grave et moqueuse de Shinya dire pour la énième fois "Faudrait vraiment qu'on range ça." pour finalement atteindre son frigo et l'ouvrir, espérant trouver de la nourriture dedans.
....
Vide.
"Ah non, y a toujours une plaquette de beurre tout en haut de la porte!" fait remarquer Shinya en ricanant. Mahiru ne peut s'empêcher de faire un petit sourire ironique avant de refermer le frigo. La jeune fille aux cheveux argentés se fait couler du café puis, en attendant, va regarder le rapport de ses médecins qu'elle a reçu hier. Par rapport à pendant la période de sa vie dont elle ne se souvient pas, les médecins notent une grande amélioration par rapport à sa psychose et à sa paranoïa qui ont presque disparu, un nette amélioration pour son stress post-traumatique, une petite amélioration pour son anxiété qui se déclenche dès qu'elle se retrouve devant des gens et encore ça dépend desquels, cependant sa schizophrénie n'a pas connu cette évolution positive, au contraire elle semble s'être empirée. Mais la voix de Shinya que Mahiru entend n'est pas méchante, donc elle suppose que ce n'est rien de grave.
Le bip bip de la cafetière, indiquant que le café est prêt, se fait entendre, la sortant de ses pensées. La jeune fille aux tatouages pose le rapport pour aller prendre sa tasse et commencer à boire ce qui va lui permettre de rester éveillée au moins le temps qu'elle avale son repas tant désiré. Le chaud liquide lui brûle les lèvres, la langue et la gorge mais elle ne s'en plaint pas, au contraire, la sensation la réveillant un peu plus à chaque gorgée.
Après ça, Mahiru pose sa tasse dans le lave-vaisselle avant d'aller dans la salle de bain pour se laver rapidement et se brosser les dents, prenant à peine le temps de démêler ses cheveux habituellement en bataille avant de les attacher en son habituelle queue de cheval haute. Ensuite, la jeune fille aux cheveux d'argent va fouiller dans son armoire pour en sortir des vêtements simples; des sous-vêtements, une jupe bleu marine, un T-shirt à manches courtes blanc ainsi qu'une veste à manches longues, blanche elle aussi avec des traces de rose pâle à l'intérieur de sa capuche décorée par un petit visage de lapin enfantin et deux oreilles. Veste qui lui servira plus à cacher ses tatouages qu'à la protéger du froid inexistant de l'extérieur. En effet, bien que ça soit de base sa volonté de se tatouer, elle ne se sent pas légitime de les arborer. Elle n'a pas la confiance en soi et l'aura nécessaire, selon elle, et bien que Shinya lui répète souvent le contraire. Mahiru enfile ses vêtements puis attrape son téléphone, un sac de courses et ses clefs à la volée avant de sortir de son petit studio et de descendre son immeuble pour de retrouver dans la rue bondée de monde. Immédiatement, sa respiration s'accélère et elle se recroqueville sur elle-même en jetant des regards effrayés aux gens non loin d'elle.
Mahiru inspire, expire, écoute les paroles rassurantes de Shinya puis se calme. Elle met la capuche de sa veste pour cacher sa tête sensible des rayons ardents du soleil, bien qu'elle ait l'impression que quand les gens vont voir une tête avec des oreilles de lapin dans la foule ils vont la fixer. Cette penser fait s'accélérer son cœur et insère une sensation désagréable dans sa poitrine Finalement, la jeune fille se décide à bouger, marchant en rasant les murs, à petits pas discrets et effrayés. Elle marche sous le chaud soleil du début d'après-midi. Elle marche jusqu'à arriver devant une supérette non loin de chez elle. La jeune fille s'arrête et regarde l'entrée du petit magasin sans faire mine de vouloir y pénétrer, sachant qu'elle devait paraître bizarre voire folle aux yeux des passants (ce qui n'est pas complètement faux).
"On devrait entrer là-dedans, comme ça on ne marchera pas trop." conseille Shinya. Mahiru peut presque sentir la main forte et si réconfortante de son autre personnalité sur son épaule. Pourtant...
- La nourriture de cette supérette est...
"Dégueulasse, ouais je sais. Et c'est pareil pour toutes celles du coin." coupe Shinya en produisant un son à mi-chemin entre le soupir et le grognement.
Mahiru soupire elle aussi puis reprend sa marche à travers la ville. Elle marche. Elle marche, elle marche, elle marche sous un soleil de plomb qui semble se réchauffer encore de minute en minute, de seconde en seconde. Elle a marché pendant longtemps jusqu'au magasin où elle souhaitait aller, mais maintenant qu'elle arrive devant la galerie marchande, elle est juste épuisée plus par la chaleur que par la marche. La jeune fille sensible au soleil se traîne jusqu'à un banc où elle s'affale en soupirant:
- D'accord... j'aurais dû... écouter Shinya...
La voix de son alter-ego ne se fait pas entendre en réponse, ce qui intrigue Mahiru, mais elle ne prend pas le temps d'y penser trop longtemps et se relève malgré ses forces absentes et le monde tournant autour d'elle. la fille encapuchonnée commence à marcher quelques pas assez mollement, ses bras entourant son sac de courses comme si sa vie en dépendait, et ne s'arrête pas, même quand elle voit des feux d'artifice de couleur devant ses yeux. Elle est sûrement la seule à les voir. Ça devient dangereux. Mais elle ne veut pas abandonner. Elle est presque au magasin où elle veut aller, il lui suffira d'aller acheter une glace et...
BIM!
Mahiru tombe en arrière avec un petit cri de surprise, lâchant son sac quand ses fesses heurtent le sol. À cause de sa vision obscurcie par les étoiles colorées qu'elle seule peut voir, ou peut-être de sa propre distraction, elle est entrée en collision avec quelqu'un, faisant tituber la personne et tombant en arrière. Mahiru tente de se relever en se confondant en excuses devant la personne devant elle qu'elle peut à peine voir. Ses paroles, ou plutôt ses marmonnements, sont si peu audibles, si rapides et si brouillons qu'ils forment un tout incohérent et pratiquement indiscernable.
- Ara~, ne vous en faites pas je vais bien, c'est le principal. répond la personne qu'elle a percuté d'une voix féminine, douce et chantante.
Mahiru ouvre la bouche pour tenter de s'excuser à nouveau mais ses jambes la lâchent alors que le monde autour d'elle tourne de plus en plus et s'assombrit devant ses yeux. Elle sent une personne (probablement celle qu'elle a percuté) la maintenir debout et l'entend dire d'un ton inquiet:
- Quelque chose ne va pas mademoiselle? Voulez-vous vous asseoir?
La fille à la cicatrice hoche à peine la tête et se sent conduire jusqu'à un banc de la galerie marchande et on la pousse pour l'y faire s'asseoir. Elle se laisse docilement faire, ne pouvant pas faire grand chose d'autre de toute façon, puis se laisse même tomber sur le banc, allongée sur le côté gauche et faisant face aux allées et venues sans fins des passants. La froideur du banc de métal lui retire progressivement le vertige qui avait commencé à apparaître dans son esprit, et elle voit plus clair. Elle jette un regard en coin pour voir que sa sauveuse est toujours là, la regardant avec un air calme et détendu en apparence. Mais les yeux perçants de la fille aux tatouages ont capté le soupçon d'inquiétude brillant dans les yeux de la jeune fille en face d'elle.
La sauveuse de Mahiru doit avoir le même âge qu'elle, quoiqu'un peu plus jeune peut-être. Elle a de magnifiques yeux bleus glacier qui semblent vide de toute émotion à part la sérénité, de longs cheveux d'un roux pâle magnifique et biens coiffés, une peau couleur claire sans être aussi pâle que celle de la fille encapuchonnée, ainsi qu'un corps de taille moyenne et fin sans non plus être maigre.
"Cette nana me dit quelque chose... Et regarde-moi c'est fringues! Elle doit avoir du pognon!" fait remarquer Shinya de sa voix habituellement moqueuse, quoique plus molle que d'habitude.
C'est bien vrai... pense Mahiru en regardant le chemisier blanc à manches roses et la jupe, rose elle aussi, que porte sa sauveuse. Ses habits semblent être des vêtements de luxe, le genre de chose que Mahiru ne pourrait probablement jamais se payer (pas que ça la dérange vraiment en fait). Depuis le temps que Mahiru fixe la jeune fille en face d'elle, celle-ci a eu largement le temps de la remarquer, de la détailler du regard en retour, puis de pencher très légèrement la tête sur le côté, un doux sourire poli sur les lèvres.
- Oui?
Ce simple mot suffit à tirer Mahiru de la rêverie dans laquelle elle était plongée. Ses joues se réchauffent vitesse grand V, elle se relève rapidement et bégaye une série d'excuses tremblantes.
- J-je suis désolée! S-s'il vous plaît ne vous vexez pas... je n'avais pas l'intention de... de paraître malpolie ou quoi que ce soit...! Je... enfin... M-merci... de m'avoir aidé...
Le comportement timide de Mahiru doit avoir amusé la jeune fille en face d'elle, puisqu'elle a un petit rire qui sonne comme le doux son d'une clochette avant d'assurer:
- Ara~ ce n'est rien, je vous pardonne. Au fait, mon garde du corps est allé vous chercher une boisson fraîche, il ne devrait plus tarder.
- T-très bien... je vous remercie... murmure Mahiru avant de tilter. Attendez... un garde du corps?!
"Blindée de tunes cette Ojou-sama!" ricane Shinya avec un ton amusé pour dieu sait quelle raison.
- En effet. Il est chargé de me protéger mais je pense qu'aucun assassin ne viendra essayer de me tuer devant autant de témoins. explique l'Ojou-sama, son doux sourire toujours sur ses lèvres.
À ce moment, un homme grand, musclé, chauve, aux petits yeux noirs sévères, habillé en civil avec des vêtements simples voire même plus pauvres que ceux de Banba, arrive, un petit sac en plastique à la main. Il pose le sac près de Mahiru avant de disparaître dans la foule. Mais, par un ancien instinct dont elle ignore l'origine, la jeune fille aux yeux couleur améthyste sent encore sa présence non loin d'elles. Elle entend un bruit de plastique froissé qui la fait tressaillir de surprise et se retourner vivement vers la jeune fille aux yeux bleus qui fouille un peu dans le sac.
- Ara~ je vous ai fait peur? J'en suis désolée. Tenez, c'est pour vous.
Elle lui tend gentiment le sac plastique que Mahiru attrape en murmurant un remerciement puis regarde le contenu. Une bouteille de jus de fruit glacé et des barres énergisantes. Pile ce qui lui faut. Mais quelque chose vient obscurcir sa gratitude...
- Avec quoi avez-vous... acheté ça...?
- Avec de l'argent bien sûr. Mon argent.
Mahiru se sent immédiatement rougir de gêne en entendant la jolie Ojou-sama dire ça avec un air parfaitement détaché. Elle a fait payé quelqu'un pour une idiotie qu'elle a elle-même fait. C'est une chose qu'elle déteste. Sans un mot, elle fouille dans ses poches puis lui tend un peu d'argent.
- T-tenez... Je suis désolée de vous... avoir fait payé...
Mais l'Ojou-sama refuse poliment d'un signe de main.
- Ça va, j'ai beaucoup d'argent alors ce ne sont pas trois barres chocolatés et un jus de fruit qui vont me ruiner.
- Mais...
- Ce n'est pas nécessaire. interrompt la jeune fille aux cheveux couleur pêche, un éclat de sévérité dans les yeux.
Mahiru se tait docilement puis range son argent avec hésitation avant de prendre la bouteille de jus de fruits encore glacée. Elle regarde la bouteille froide quelques secondes avant de retirer sa capuche aux oreilles de lapin, révélant ses longs cheveux argentés, écarte les mèches de son front et presse la bouteille glacée contre son crâne en soupirant d'aise.
Quelques secondes passent sans qu'un mot ne soit échangé, que ça soit entre Mahiru et Shinya ou entre Mahiru et la jeune fille auprès d'elle. Finalement, la voix de Shinya se fait entendre dans l'esprit de la fille timide.
"Eh, l'Ojou-sama nous regarde bizarre." fait remarquer la seconde personnalité. En effet, bien que la jeune fille aux yeux de glace soit resté dans le champ de vision de Mahiru, celle-ci n'avait pas remarqué qu'elle la regarde maintenant, et peut-être même depuis qu'elle a enlevé sa capuche, avec un mélange de curiosité, d'incrédulité et même de... respect? Mahiru rougit en sentant son regard la transpercer lentement puis retire la bouteille de son front pour se redresser et la regarder timidement.
- O-oui...?
Ce simple mot semble suffire à tirer l'Ojou-sama de la rêverie dans laquelle elle était plongée. Mahiru perçoit un rougissement léger et subtil s'étaler sur les joues de la jeune fille en face d'elle alors qu'elle détourne le regard pour fixer les passants devant elles. La jeune fille aux yeux argentés attend patiemment en ouvrant a bouteille de jus de fruit et en commençant à boire le liquide fruité et rafraîchissant, jetant de temps à autre de petits coups d'œils intrigués vers la jeune fille aux cheveux couleur pêche, sentant que celle-ci a quelque chose à lui demander.
"Dis-lui de cracher le moreau s'il te plaît Mahiru, parce que là ça devient chiant." grogne la voix de Shinya d'un ton agacé alors que Mahiru peut presque la voir croiser les bras et lever les yeux au ciel. La timide Mahiru hésite un peu, sent ses joues devenir de plus en plus chaudes, puis inspire profondément avant de se tourner vers sa voisine pour lui demander d'une petite voix:
- Euh... Excusez-moi...?
Son interlocutrice tressaille puis se retourne vers elle en souriant poliment. Un sourire de façade. Mais Banba ne se préoccupe pas de ça.
- Oui?
- Eh bien... J'ai remarqué que vous... Enfin... Sauf votre respect j'ai remarqué que vous semblez avoir... quelque chose à me demander... Mais ça peut être juste une impression hein! s'empresse d'ajouter la fille timide en voyant l'Ojou-sama écarquiller les yeux.
Quelques secondes passent. Secondes pendant lesquelles Mahiru garde les yeux baissés, mais sans pour autant se détourner de sa voisine qui se mord la lèvre, probablement en réfléchissant à quelque chose à dire. Finalement, la jeune fille aux cheveux couleur pêche laisse s'échapper un petit soupir et demande d'un ton presque brusque:
- Quel est votre nom?
Mahiru se fige un instant à cette question qui claquerait presque comme un coup de fouet si la jeune fille en face d'elle n'avait pas une voix aussi douce. Elle relève les yeux vers la fille aux yeux de glace pour voir qu'elle-même semble surprise par son propre ton. Après quelques instants d'hésitation, la fille à la cicatrice finit par murmurer:
- Banba... Banba Mahiru... C'est mon nom...
Elle voit les beaux yeux bleus de la fille en face d'elle s'écarquiller et briller de surprise. La jeune fille tatouée a du mal à comprendre pourquoi, mais tout devient clair lorsque, après avoir effacé la surprise de son visage, l'Ojou-sama demande:
- Connaissez-vous un groupe de hard rock nommé Black Class? Et leur batteur, Banba si je ne m'abuse...
"Ah ça y est je me rappelle maintenant! On l'avait vu à la séance d'autographes! Celle qui était passée deux fois pour toucher nos muscles." déclare Shinya entre deux de ses ricanements habituels, bien qu'elle aussi soit surprise de la révélation.
La jeune fille devant Banba la fixe avec insistance, ses yeux s'attardant sur la cicatrice coupant le visage pâle de la jeune fille. Mahiru hésite à répondre à la question sous-entendue de l'Ojou-sama, ne sachant pas comment celle-ci allait réagir.
Généralement, les gens haut placés dans la société traitent les gens du peuple avec mépris... Et puis, Shinya peut se montrer parfois rude... et malpolie... et sauvage...
"Ouais, mais elle a quand-même fait la queue deux fois pour venir toucher nos muscles et d'après le style vestimentaire qu'elle avait à ce moment-là elle devait être une fan." fait remarquer Shinya pour calmer Mahiru, avec succès.
Après finalement quelques minutes d'hésitation, sentant toujours le regard impérial de la jeune fille aux yeux de glace posé sur sa nuque, la jeune fille à la cicatrice finit par murmurer à mi-voix, tellement difficile à entendre que la fille en face d'elle doit se pencher pour pouvoir capter ses mots:
- Je... Je connais oui... E-et la batteuse... c'est bien moi...
La réponse semble étonner fortement son interlocutrice, bien qu'elle avait l'air de s'y attendre. Un long silence plane sur elles alors que Mahiru commence à s'agiter, mal à l'aise. Finalement, sous les encouragements de Shinya, la personnalité timide du jour de la fille aux cheveux argentés ose lever les yeux vers la fille en face d'elle, seulement pour remarquer que celle-ci a l'air... émue? choquée? sûrement un peu des deux, et dans ses yeux, Banba peut sans mal percevoir un respect qu'elle n'a jamais vu, du moins pas en dehors des concerts et des séances dédicaces. Prenant son courage à deux mains, et poussée par une audace dont elle ne connaît pas la provenance, Mahiru finit par demander d'une voix un peu plus forte, mais toujours tremblante et timide:
- Vous... vous êtes une fan... non...? Je... vous ai vue... à une séance dédicaces...
Les joues de la jeune fan se colorent rapidement d'un rouge profond alors qu'elle est visiblement prise au dépourvu. Après quelques secondes, elle répond avec un air gêné:
- Je... Oui on peut dire ça. Mais s'il vous plaît, évitez de trop en parler...
Devinant facilement pourquoi elle devrait ne pas en parler, la jeune batteuse hoche la tête en tentant de lui faire un sourire rassurant (alors que des deux elle est sûrement la plus stressée). Quelques minutes passent, puis, sous l'impulsion de Shinya, Mahiru finit par bégayer, ses joues brûlantes:
- Ah... Euh... Hum... E-en fait... Je... on aimerait savoir... c-comment vous vous appelez...
La jeune fille en face d'elle écarquille les yeux, visiblement surprise par l'audace de Mahiru, et peut-être aussi un peu du "on", puis elle hoche la tête en cachant de légères rougeurs qui apparaissent sur son visage.
- Oui, il serait plus juste que je vous donne mon nom puisque vous m'avez donné le votre. Je me nomme Sumireko Hanabusa. dit-elle d'une voix complètement normale et sereine, malgré les rougeurs sur ses joues, qui la rend plutôt mignonne, selon Banba.
Mais elle ne peut pas se concentrer sur son visage puisque, à peine a-t-elle entendu le prénom de la fille que son esprit s'est déconnecté, tant le nom de famille a sonné aussi fort dans son esprit que si il avait été joué par la guitare de Haruki juste à côté de son oreille. Hanabusa? LA famille Hanabusa?!
"C'est pas l'une des familles les plus riches du Japon? Wow, qui aurait cru que leur fille serait une fan?" commente Shinya sans ricaner pour une fois, l'air aussi sonnée que Mahiru.
- Vous allez bien? demande la jeune fille riche en regardant la jeune malade mentale pauvre en face d'elle avec un air inquiet.
Oups, Banba a dû la fixer trop longtemps sans le vouloir, ou trop bizarrement.
- Wah! Euh... Je... suis... Enfin... Je ne... voulais pas... Je... D-désolée... Euh... marmonne Mahiru à toute vitesse, ne sachant pas quoi dire.
Est-ce que deux personnes avec autant d'écart social peuvent même se parler? Et aussi... pour la première fois depuis qu'elle est amnésique, Mahiru se soucie du fait qu'elle ait déjà tué un homme.
Et si je lui faisais du mal sans le vouloir? Je ne veux pas la tuer! Elle a été gentille avec moi, elle m'a aidé.
"Du calme, du calme! Tu ne te souviens même pas de qui tu as tué et de comment tu as fait, donc techniquement tu n'as pas tué!" intervient Shinya avec une certaine fermeté. Mahiru peut presque sentir une prise ferme et puissante sur ses épaules. En fait, elle la sent vraiment, puisque la jeune Hanabusa la tient fermement et la force à la regarder dans les yeux.
- Est-ce que vous allez bien? demande-t-elle avec un insistance non-dissimulée. Mahiru déglutit puis hoche la tête vivement.
L'enfant riche hoche la tête avec un air satisfait puis lâche les épaules de Banba.
Ses mains...
Sans réfléchir, Mahiru tend la main et attrape celle de Hanabusa qui tressaille et écarquille les yeux, visiblement surprise. La main de la jeune fille aux cheveux couleur pêche est glacée, froide, dure, métallique. Avec hésitation et appréhension, Mahiru tend la main vers l'autre main de la fille devant elle et la prend avec douceur. Ses deux mains sont pareilles; glaciale et dures. Seule une texture ressemblant à de la peau les sépare des mains de la jeune fille timide. Mahiru hésite, puis relève les yeux vers Hanabusa pour voir qu'elle est tendue, crispée, et qu'elle n'aime pas ce contact. Se doutant, encore par son étrange instinct magique, que la fille aux yeux de glace est probablement dégoûtée de ses propres prothèses et a peur que Mahiru soit elle aussi dégoûtée par ses mains froides et métalliques, la fille aux yeux améthystes prend les mains de Hanabusa dans ses deux mains et murmure:
- Ce n'est pas grave.
Ces simples mots semblent faire trembler la jeune fille en face d'elle. Mahiru prend son courage à deux mains et lui offre le plus beau sourire dont elle est capable. Les joues de la jolie fille aux cheveux couleur pêche se colorent d'un adorable rouge profond alors qu'elle fixe la fille à la cicatrice avec un air choqué, la bouche légèrement ouverte. Finalement, Sumireko se met à serrer les mains de Mahiru avec force. Mahiru sent cette force, mais elle n'a pas mal, ayant elle aussi une grande force (mais elle ne pourra probablement pas résister longtemps à cette puissante étreinte à cause de son endurance moindre). Les minutes passent sans que l'une des deux ne dise ou ne fasse quelque chose. Mais, Shinya rappelle malheureusement à Mahiru la raison pour laquelle elles sont en fait venues à la galerie marchande.
"Mahiru. J'aime beaucoup ce moment puisque je le vis moi aussi d'une certaine façon. Mais... J'AI FAIM!!!..................................... Et il est bientôt quinze heures, on doit répéter un peu avant le concert de ce soir."
En effet, Shinya a raison. C'est bien le seul moment où Mahiru déteste que Shinya ait raison d'ailleurs. Avec déception, elle lâche les mains de Sumireko pour prendre le petit sac plastique contenant la bouteille de jus de fruit et les barres chocolatées, avant de se lever et de s'incliner devant elle en murmurant:
- Je... Désolée mais... je dois y aller...
Si elle est déçue, Sumireko ne le montre pas et lui répond simplement par un sourire doux et aimable.
- Il n'y a pas de soucis, je vous vois ce soir alors?
- Hein??
- Oui, ce soir vous faites un concert non?
- Ah euh... Oui c'est vrai... A-à ce soir alors...
Mahiru lui fait un dernier petit sourire avant de s'en aller rapidement, le bruit de ses pas s'entendant à peine dans la galerie bondée de monde.
Ce n'est qu'après être sortie de la galerie marchande, les bras chargés de courses dont le poids ne lui pose aucun problème, que Mahiru entend la voix de Shinya lui demander, sans ricaner cette fois:
"Eh, on n'avait pas un sac de courses avec nous?"
Oups...
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Tokaku n'aime pas les jours de concerts. Les concerts sont bruyants, il y a beaucoup de gens et on l'acclame elle et ses camarades. Ce n'est pas ça qu'elle déteste, au contraire, même si ça peut paraître surprenant, elle aime bien ça en fait. Non, ce qu'elle déteste c'est le stress qu'elle ressent avant le concert. Même si il n'y a aucune raison de stresser, elle passe son temps à relire ses partitions et à répéter toute la journée et à serrer et desserrer sa basse contre elle. Elle déteste ce stress qui vient l'assaillir sans raison apparente. Et elle déteste devoir l'avouer devant des gens, surtout devant ceux qu'elle aime, et en particulier devant sa petite amie.
- Allez Tokaku, tout va bien se passer. Haru est sûre que tu vas être géniale, comme à chaque fois! Au pire, pour te donner du courage, imagine qu'il n'y a que Haru qui t'écoute?
Tokaku inspire et expire, sans répondre à sa petite amie. Elle aime beaucoup sa sollicitude, mais elle est incapable de suivre son conseil; elle est trop stressée pour ça. Haru le sait, Tokaku s'en doute. Mais sa petite amie est trop gentille pour cesser d'essayer de rassurer Tokaku. Haru a toujours été adorable, que ça soit physiquement ou moralement. Ses cheveux couleur saumon foncé en bataille, attachés en deux couettes ont toujours été doux et soyeux, ses yeux rouges-roses étincelants brillent toujours de sympathie pour tout le monde, surtout pour Tokaku, sa peau pâle et son corps petit et fin lui donnent un air inoffensif et mignon. Elle a aussi toujours été joyeuse et amicale (bien qu'au départ cela agaçait la fille aux cheveux bleus) très optimiste mais en même temps trop naïve.
Une petite amie en or que Tokaku ne mérite pas en somme. Et pourtant elle a l'incroyable chance de l'avoir. Le garçon-manqué pousse un long soupir et tente de se détendre en suivant les conseils de Haru, bien que ce soit inefficace. Elle rouvre les yeux pour croiser le doux regard de sa petite amie qui est assise sur ses genoux, face à elle, confortablement installées dans le canapé, installé dans le salon aux murs blancs d'hôpitaux de la petite maison simple de Tokaku.
- Ça ne fonctionne pas, n'est-ce pas? demande la jeune fille chaleureuse.
- Non. Mais ce n'est pas ta faute. chuchote Tokaku d'une voix presque inaudible à cause de l'appréhension qu'elle ressent vis-à-vis du concert.
Haru lui sourit avec la plus grande des douceurs puis se blottit contre elle en posant sa tête sur l'épaule de Tokaku. La bassiste peut sentir le souffle chaud de la jeune étudiante en biologie chatouiller son cou. C'est doux. Et agréable. La fille aux mèches teintes se détend peu à peu, apaisé par la simple présence de sa reine. Il n'y a pas besoin de mots, tout ce dont Tokaku a et a toujours eu besoin c'est des actions et pas des paroles. Elle a toujours été nulle pour mettre des mots sur ce qu'elle ressens, elle préfère réfléchir et agir en silence. Haru a été l'une des rares personne à comprendre ça. Même sa tante ne l'a pas compris, et ne parlons pas de sa grand-mère. Peut-être que si sa mère n'étais pas... partie... Tokaku aurait été mieux comprise.
Non, ce n'est pas le moment de penser à ça. pense Tokaku en chassant durement ces pensées tristes et inutiles. Elle doit se concentrer sur le moment présent; pas sur le passé et sa mère disparue, pas sur le futur et le stress du concert, juste sur le présent, sa maison calme, le confort du canapé et la présence de Haru contre elle. Plusieurs minutes passent pendant lesquelles, bercée par la respiration de sa petite amie, Tokaku finit par presque s'endormir paisiblement. Son esprit dérive et sa vision se brouille un instant avant qu'elle ne se recentre sur le moment présent. Cependant, tel un devin au pouvoir divin, la fille aux yeux rouges-roses l'a remarqué.
- Tokaku, tu sais si tu as besoin de dormir tu n'as pas à t'en empêcher tu sais.
Elle s'écarte du garçon-manqué pour la regarder dans les yeux avec un air doux, mais un éclat de sévérité brille au fond de son regard.
- N-non... je dois encore répéter pour ce soir. Et on devrait aller à la salle maintenant, il commence à se faire tard.
Un petit rire s'échappe des lèvres de Haru alors qu'elle enfonce Tokaku dans le canapé confortable.
- Il est quinze heures trente! Et votre concert commence à vingt-et-une heures!
- Il est quinze heures trante-deux, et on doit être présentes à vingts heures trente! Et je dois aller chercher Sagae et Banba avant d'y aller. interrompt Tokaku avec son habituel air strict sur le visage.
Haru rigole à nouveau puis se blottit à nouveau contre Tokaku en lui murmurant doucement:
- On a le temps ne t'en fais pas.
Poussant un soupir vaincu, la jeune fille aux cheveux bleus l'enlace en se forçant à se détendre en murmurant des excuses.
- Tu n'as pas à t'excuser, c'est comme ça que je t'aime après tout. lui répond la fille aux cheveux couleur saumon foncé.
La bassiste se laisse lentement envelopper par l'odeur de miel de sa petite amie en fermant les yeux pour se forcer à retrouver le sommeil qui la gagnait quelques instants plus tôt. Malheureusement, son corps étant aussi capricieux qu'il l'est, elle ne parvient pas à se détendre, ses pensées la ramenant toujours vers le stress de la scène. Finalement, lassée de devoir attendre pour une chose qui, décidément, ne vient pas, Tokaku se redresse légèrement, sans lâcher Haru.
- Tokaku? demande celle-ci en reculant un peu pour pouvoir la regarder, une lueur interrogative dans les yeux.
Tokaku prend une inspiration légèrement tremblante, elle-même surprise et gênée de ce qu'elle s'apprête à proposer.
- On dirait... que se détendre ne marche pas. Alors euh... Est-ce que ça te dirait que... 'fin, qu'on aille dehors? Sortir un peu, se promener...
Tokaku lève des yeux gênés et anxieux vers Haru qui la regarde, surprise et les joues rouges. Le garçon-manqué devine sans mal que les siennes doivent elles aussi avoir pris une teinte plus foncée. Après quelques secondes, la jeune fille aux yeux rouges-roses (la même teinte que ses joues) finit par demander, un sourire mi attendri mi malicieux aux lèvres:
- Est-ce que tu essayes d'inviter Haru à un rendez-vous?
- S-si tu ne veux pas... commence Tokaku avant de se faire couper par sa petite amie qui dit, rayonnante:
- Haru accepte avec joie!
La fille aux yeux bleus ne peut pas empêcher un doux sourire rassuré de se frayer un chemin sur ses lèvres. Elle se redresse légèrement pour que ses lèvres rencontrent celles douces et sucrées de Haru. Le goût de miel des lèvres de sa petite amie est l'une des choses que Tokaku aime le plus au monde, la première place étant évidemment entièrement dédiée à son amour. La jeune fille aux cheveux couleur saumon foncé répond avec douceur au baiser, mouvant ses lèvres en synchronisation avec celles de la fille plus âgée, fermant les yeux pour profiter pleinement de la sensation des lèvres de Tokaku sur les siennes. Après quelques minutes, elles se séparent à contrecœur pour pouvoir reprendre leur souffle. Leurs joues sont rouges (enfin, pour Tokaku se sont plus ses oreilles qui ont pris une teinte écarlate) et leur respiration est haletante, le temps qu'elles reprennent leur souffle. Elles se sourient et se lève pour se préparer à sortir. Aucun mot n'est échangé, il n'y en a pas besoin.
Les vingts minutes suivantes passent assez vite. Tokaku et Haru sont sorties et ont pris le fourgon de la jeune fille aux cheveux bleus, un fourgon blanc plus si blanc que ça qui est souvent utilisé pour déplacer les instruments du groupe, pour aller au centre-ville, avant de commencer à marcher dans les rues, l'air de flâner mais ayant tout de même un objectif en tête. Après quelques minutes de marche dans le parc naturel de la ville, la main dans la main, les deux petites amies arrivent enfin devant un stand de glace. Le vendeur, Ataru Mizorogi, est un homme joyeux et amical, grand, jeune, aux courts cheveux bruns et aux yeux de la même couleur. Il salue Tokaku et Haru avec un grand sourire.
- Ah! Ichinose-san et Azuma-san! Content de vous revoir! On ne s'est pas vu depuis quand? L'été dernier je crois? Quand-même, ça fait longtemps! Comment allez-vous?
- Bien, merci Mizorogi-san. Et vous, ça va? demande joyeusement Haru, son comportement et celui du vendeur correspondant presque parfaitement.
- Je vais bien, et mon commerce aussi. Je vous donne la même chose que d'habitude je présume?
Haru hoche joyeusement la tête et discute avec le vendeur pendant que Tokaku prépare silencieusement son argent pour payer les glaces. Si ce n'est pas avec Haru ou au moins avec son groupe, Tokaku ne parle pas et se montre plus froide que la glace, même avec quelqu'un d'aussi sympathique que Mizorogi. Celui-ci finit enfin les deux glaces du couple, après sa longue conversation avec Haru, et la fille aux mèches teintes le paye en silence. Les deux petites amies s'éloignent en mangeant chacune leur glace, Haru une à la fraise et Tokaku à la spiruline. Après une pause pendant laquelle aucun mot n'est échangé, Haru finit par demander:
- Tokaku, pourquoi tu ne parles jamais à Mizorogi?
Tokaku avale une bouchée de son cornet puis réplique:
- Il m'ennuie, je ne l'aime pas tout simplement.
- Ah bon? Mais il est super gentil pourtant!
- Il parle trop.
Haru gonfle les joues et fait une moue que Tokaku ne peut pas s'empêcher de trouver mignonne.
- Tokaku, tu es plutôt rude pour juger les gens aussi négativement. Tu devrais te sociabiliser un peu plus! Commence par sourire à d'autres gens qu'à moi!
- Je suis déjà dans un groupe punk à jouer du hard rock parce que tu as insisté et j'ai déjà souri pour des fans. J'en fais déjà assez.
- Ah oui ça, Haru a vu les vidéos sur les réseaux sociaux. C'était trop drôle! Mais bon, tu ne peux pas dire que tu n'aimes pas tout ça.
- Ah oui? Et pourquoi je ne pourrais pas dire que je n'aime pas tout ça? réplique Tokaku en haussant les sourcils.
Haru lui offre alors son magnifique sourire, illuminant la journée comme le Soleil brille et illumine la Lune.
- Tout simplement parce que tu prends tout ça à cœur. Tu répètes souvent, tu dis aux autres de répéter elles aussi, tu es stressée avant chaque concert... Si ça n'avait pas d'importance pour toi, tu ne ferais pas tout ça.
Tokaku pousse un long soupir en s'autorisant à sourire. Haru est bien la seule personne à la comprendre parfaitement. Pas que ça ne la dérange, au contraire même. La fille aux cheveux bleus sent soudainement la petite main douce et chaleureuse de sa petite amie contre la sienne. La fille plus âgée prend la main de celle aux yeux rouges-roses avec nonchalance en finissant sa glace rapidement. Elles continuent de marcher paisiblement et en silence dans le parc, silence parfois coupé par quelques petites conversations sans importances, lancées par Haru et terminées par Tokaku. Celle-ci ne peut pas nier qu'elle n'apprécie pas ce moment, ou du moins, après plusieurs mois qu'elles sortent ensemble, la jeune fille aux yeux bleus a arrêté d'essayer de se convaincre qu'elle n'aimait pas être seule avec Haru et le silence. Grâce à sa présence auprès d'elle, Tokaku se sent complète, tout ce dont elle a besoin maintenant pour être heureuse c'est de vivre avec Haru, à leur rythme, quelles soient riches ou pauvres, peu importe leur métier ou leur situation financière ou même leur écart de classe sociale. La fille aux mèches teintes ne laissera jamais rien se mettre entre elle et sa petite amie.
Comme d'un commun accord, alors qu'aucune parole amie ce propos n'a été échangée, elles font lentement demi-tour pour faire le même trajet mais dans l'autre sens, prenant toujours leur temps, dans un doux silence calme. Jusqu'à ce que, comme si l'Univers était obligé d'interrompre ce moment de paix, Tokaku et Haru aperçoivent en même temps une touffe de cheveux blonds pâles dans la petite foule de promeneurs du parc. Si Tokaku en est fortement irritée rien qu'à apercevoir son visage, Haru, elle, semble au contraire, ravie de la voir.
- Eh Tokaku, regarde c'est Nio!
Haru presse le pas pour aller voir la jeune fille assise sur un banc, mangeant un pain au melon en regardant les allées et venues autour d'elle avec un air calme, presque paisible même. Mais Tokaku sait que ce n'est qu'une façade.
Nio Kuzunoha est une jeune fille du même âge que Haru, de petite taille, aux cheveux courts d'un blond paille, et aux grands yeux rouges-oranges qui brillent de malice, que ça soit positif ou négatif, et qui semble aisément pouvoir lire dans l'âme des gens. La jeune fille, en apparence fragile, porte l'uniforme de l'académie où elle étudie, c'est-à dire un blazer noir à manches courtes avec doublure jaune, une chemise boutonnée à manches longues blanche en dessous, accompagné d'une jupe courte rouge et d'un gros nœud rouge autour du cou, ainsi que d'une paire de chaussures noires et d'une paire de chaussettes hautes noires, et ce alors qu'elles sont au beau milieu d'un samedi après-midi. Elle semble souvent joyeuse et amicale et amusante... mais en fait elle est tordue, n'a pas de morale et peut même se moquer de la douleur des autres. C'est d'ailleurs quand elle voit les autres souffrir, que ça soit par sa faute ou pas, qu'elle montre son vrai sourire, découvrant des rangées de dents qui pourraient sans mal faire passer des dents de requin pour des petites quenottes d'hamster.
Tokaku déteste Nio. Et elle déteste d'autant plus qu'une fille aussi dangereuse ait pu approcher de Haru jusqu'à gagner sa confiance (ce qui, entre nous, n'est pas trop difficile en fait). Elle déteste également que Nio et Haru fréquente la même académie, mais heureusement elles ne sont pas dans la même spécialité, car si Haru fait des études spécialisées sur les insectes et particulièrement les abeilles, Nio, elle, étudie le comportement des humains, la psychologie et la criminologie. Au moins, elles ne se croisent pas souvent. Car, oui, Nio est dangereuse. Tokaku ne saurait dire pourquoi, mais elle a toujours ce sentiment de danger quand elle est proche de la fille aux cheveux blonds. Elle ignore d'où sa provient, mais elle le sent, plus que quand Banba ou Takechi sont près d'elle. Beaucoup plus.
- Oh, Haru-chi et Tokaku-chi! Comment ça va? Vous faites quoi ici? questionne Nio en arborant un faux sourire joyeux, comme elle sait les faire.
- Je t'ai déjà dit des centaines de fois de m'appeler Azuma. réplique sèchement Tokaku en restant presque collée à Haru avec un geste protecteur.
Nio voit son mouvement protecteur et, l'espace d'un instant, son sourire devient un sourire malsain, moqueur, et presque menaçant. Mais ça ne dure qu'un instant, et Haru répond rapidement à la question de Nio:
- On va bien, merci. Quoique, Tokaku est un peu stressée pour son concert de ce soir.
- Oh? Un concert? demande Nio avec un air intéressé qui fait frissonner Tokaku, avant de taper dans ses mains en sautillant "joyeusement". Ah oui c'est vrai! J'ai vu les images sur internet! Tokaku, comment tu as fait pour entrer dans ce groupe? Moi qui te voyais comme asociale et silencieuse. Tu me cache des choses?
- Je ne te dis tout simplement rien de ma vie personnelle. réplique à nouveau la fille aux cheveux bleus du tac au tac.
- Ah, en fait c'est Haru qui a insisté pour y qu'elle y aille. Je voulais qu'elle se fasse des amis, et je crois que ça a marché.
- Vraiment? Wow, tu as une sorte de super pouvoir qui te permet de te faire obéir de tout le monde ou quoi Haru? Quand-même, réussir à convaincre Tokaku de faire partie d'un groupe de hard rock, avec des gens, avec d'autres êtres humains, c'est vraiment un tour de force!
- Azuma. Et arrête de te moquer de moi parce que je n'aime pas les gens, on est plus à la cours de récréation. Et puis, tu es mal placée pour me faire des remarques, rappelle-moi combien tu as d'amis déjà?
Le sourire de Nio disparaît un instant pour laisser place à une expression désagréablement surprise, voire haineuse, avant de réapparaître tout aussi vite.
- Oh non, c'est trop méchant! pleurniche faussement Nio. Haru-chi, tu as vu comment ta petite amie est méchante avec moi?
Nio se cache derrière Haru qui prend un air gêné.
- Tokaku, essaye peut-être d'être un peu moins dure avec Nio, elle est sensible tu sais-
- Mais non, c'était une blague! rigole Nio en sortant de sa cachette. Ce genre de choses ne m'atteint pas tu sais Haru-chi, ce n'est pas la peine de gronder Tokaku pour ça.
- Ah bon? Oh euh... Désolée alors... murmure Haru avec un air coupable sous le regard moqueur et sadique de Nio.
- Ce n'est rien, ne t'en fais pas. répond Tokaku en lui sourit légèrement, faisant immédiatement perdre à Nio son air satisfait.
Si Haru ne l'a pas remarqué, Tokaku l'a fait depuis longtemps. La petite passion de Nio, son péché mignon, c'est de briser les couples. Et, depuis longtemps, la jeune fille aux yeux rouges-oranges tourne autour de Haru et Tokaku et essaye de les séparer pour les voir malheureuses. C'est horrible. C'est Nio. Le jour où Tokaku l'a prise à part pour lui en parler, elle a simplement haussé les épaules avec un large sourire sadique en disant: "Au moins, je n'essaye pas de tuer des gens.". Et en effet, même si elle n'a, probablement, jamais tué personne, Tokaku trouve simplement Nio dégoûtante de faire ça aux gens. Et encore, si ce n'était que ça, l'ardoise de Nio serait plutôt courte. Mais Tokaku surveille Nio dès qu'elle le peut, et elle a appris il y a quelques temps que la fille en uniforme a probablement des liens avec la pègre. Elle ignore en quoi exactement, elle ignore pourquoi, et elle ignore ce qu'elle fait avec eux, mais elle le sait. Et, bien que cette information ne soit pas sûre, Tokaku reste tout de même sur ses gardes quand Nio est dans les parages.
- Bon, désolée mais je dois y aller, j'ai un rendez-vous! s'exclame joyeusement Nio. Je dois aller dévaliser le stand de glaces de Mizorogi.
La fille à la morale tordue les salue joyeusement puis s'en va, disparaissant sinistrement dans la foule du parc. Haru rigole un peu.
- Je n'arrive jamais à la suivre du regard quand elle s'en va! Nio est vraiment une fille bizarre... mais sympa!
- Tout dépend pour qui. grogne légèrement Tokaku avant de soupirer.
- Tokaku, tu ne serais pas jalouse de Nio par hasard?
- Hein?? Moi, jalouse de Nio? Sûrement pas! Pourquoi je serais jalouse d'elle?
- Eh bien... Haru a remarqué que tu n'as pas l'air de trop l'aimer... Et vu que tu es très protectrice avec Haru, Haru a pensé que tu étais jalouse parce que moi et Nio sommes à la même académie, même si c'est dans des spécialités différentes, et qu'on aurait pu se rapprocher...
Tokaku pousse un long soupir. Haru est décidément trop naïve, surtout si elle n'a pas encore perçu la seconde nature de Nio. Et la fille aux yeux bleus ne veut surtout pas gâcher cette innocence.
- Comme Mizorogi. Je ne l'aime pas. C'est tout. réplique Tokaku de son air aussi expressif qu'une feuille de papier blanche habituel.
- Moh, Tokaku, tu es vraiment rude hein?
Haru rigole légèrement puis se met sur la pointe des pieds pour presser ses lèvres sur la joue de sa petite amie. Le garçon-manqué sent un rougissement s'étaler sur son visage, ainsi que ses oreilles se réchauffer rapidement. Puis, la fille aux cheveux couleur saumon foncé se sépare d'elle avec un sourire avant de regarder l'heure sur son portable.
- Oulà... Il est dix-sept heures quarante-sept, on ferait bien de rentrer si tu veux répéter une dernière fois avant d'aller chercher Banba et Haruki.
- Répéter? Pour quoi faire? Et pourquoi on irait chercher Banba et Sagae?
Il se passe quelques secondes pendant lesquelles Haru regarde Tokaku, l'air surprise, puis éclate de rire.
- Ben quoi? Qu'est-ce que j'ai encore fait? demande Tokaku, incrédule et un peu irritée, mais vraiment très légèrement.
- Désolée Tokaku, c'est juste que Haru ne s'attendait pas à ce que tu oublies complètement le concert de ce soir!
- Le concert de.... Oh mince! Vite, on doit rentrer!
- Du calme, ne crée pas un accident sur la route s'il te plaît! réplique Haru entre deux éclats de rires pendant que Tokaku l'entraîne vers l'endroit où elle a garé son fourgon.
Bon, au moins, Tokaku saura quoi faire la prochaine fois qu'elle aura un concert... à condition que Haru garde un œil sur l'heure évidemment.
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Shinya n'a jamais été du genre à trop réfléchir. C'est la même chose pendant les concerts, elle se laisse simplement porter par le rythme qu'elle connaît tellement bien qu'elle pourrait jouer les yeux fermés. Mais elle ne le fait pas, elle préfère largement observer le public hurlant sa joie à plein poumons en les regardant comme si elles étaient des déesses. Tout ça plaisait à Shinya, et l'excitation anxieuse qu'elle ressent avant chaque concert lui plaît tout autant.
Elle n'a jamais été du genre à réfléchir ou hésiter. Elle n'a pas hésité ou réfléchit une seule seconde quand elle a tué son oncle. Pas non plus quand elle a tué tous ces gens pour offrir les reliques à Mahiru. Et encore moins quand, peu après que Mahiru ait commencé à être prise en charge par les psys, Shinya a décidé de garder le secret. Pour guérir d'un traumatisme, il vaut mieux oublier, tout simplement,et c'est ce que Mahiru a fait. Mais pas Shinya. Shinya a gardé tout en mémoire, mais bon, elle s'en fiche. Tout ce qu'elle l'a fait, elle l'a fait pour Mahiru, et elle ne regrette absolument rien. Que ça soit la mort de son enfoiré d'oncle, ou celle de tous les autres, ou le fait de devoir se trimbaler ce secret comme un boulet qu'elle traîne aisément. Shinya n'hésite pas à continuer à garder le secret pour Mahiru, et elle n'hésitera pas à disparaître pour Mahiru quand le moment sera venu.
Pourtant, cette fois, elle est face à un dilemme. La fille qu'elle a croisé en début d'après-midi, alors qu'elle était à la limite de l'agonie sur un banc parce qu'elle en a fait qu'à sa tête, a été plutôt sympathique avec Mahiru. Autrefois, la solution était toute trouvée: un coup de marteau bien placé et une relique en plus. Mais maintenant que Banba est en voie de guérison, ça a changé.
Que ferait une personne normale dans notre situation? Lui demander son numéro? Ouais mais bon en même temps je vois pas pourquoi on traînerait ensemble, et puis elle a sans doute autre chose à foutre que de parler avec nous.
"Shinya... Tu n'es... pas obligée tu sais..." murmure Mahiru dans son esprit.
Oui, elle n'est pas obligée, mais elle sait à quel point avoir des amis ferait plaisir à Mahiru.
Soudainement, un bruit de klaxon la tire de sa rêverie. Elle tourne la tête pour voir le fourgon de Tokaku non loin du trottoir et un sourire se dessine sur son visage, découvrant ses dents de façon presque menaçante. Elle se dirige silencieusement vers le fourgon, sa silhouette se fondant presque parfaitement dans le noir malgré ses couleurs pâles. La portière du coffre est ouverte, sûrement par Haruki qui y est sans doute déjà installée. Shinya fait un sourire narquois puis saute dans le coffre en ricanant d'une voix forte:
- Banba est dans la place!!!
Haruki, qui a visiblement été surprise de l'arrivée bruyante de Shinya, sursaute puis rigole un peu et lui donne un petit coup sur son épaule.
- Mais jamais t'arrêteras d'essayer de me faire avoir un arrêt cardiaque! T'as été payée pour me buter ou quoi?
Shinya ricane simplement et ferme la porte du coffre du fourgon. L'intérieur est simple, la plupart de la place est prise par les instruments et il reste une place pour que Haruki et Shinya, parfois même Otoya, puissent s'asseoir sur des coussins, près des sièges conducteur et passager où siège Tokaku et qui n'est pas séparé du coffre pour faciliter la communication.
- Si j'essayais d'te buter, j'aurais plutôt essayé d'te broyer le crâne. C'est plus rapide et efficace. Oh, salut Haru, tu fous quoi ici? dit elle en remarquant la petite amie de Tokaku assise sur le siège passager.
- Eh bien pour une fois je peux enfin venir assister au concert de Tokaku donc je ne vais pas rater ça! pépie joyeusement Haru, visiblement surexcitée à l'idée de voir Tokaku jouer en live.
Tokaku, contrairement à Haru ou Shinya est excitée... de la mauvaise façon, elle serre et desserre le volant en tentant visiblement de se calmer. Shinya est assez douée pour deviner qu'elle est stressée. Après avoir vu des dizaines d'expressions effrayées à l'idée de mourir, et s'être entraînée à lire les émotions des gens pour savoir si elle a une chance de les tuer ou non. Mahiru doit probablement avoir de vagues réflexes et un instinct pour ça, mais Shinya est définitivement la plus douée des deux pour ça. Mais bon, il y a sûrement des tas de pros dans le monde, plus doués qu'elle.
- Au fait meuf, t'as pas froid comme ça? demande Haruki en regardant la fille à la cicatrice qui se balade tranquillement en débardeur alors que tout le monde dans la voiture porte une veste.
- Bah non. J'suis pas comme le commun des mortels tu sais.
- Ouais ouais, t'es une sorte de vampire non? C'est pour ça que tu veux qu'on fasse des concerts et qu'on répète uniquement la nuit?
- Tu s'rais surprise. murmure Shinya entre deux ricanements.
Sans plus de cérémonie, Tokaku commence à les conduire jusqu'à la salle de concert. Le trajet est aussi sympathique qu'il l'est toujours, agrémenté par les blagues nulles de Haruki, auxquelles Shinya répond pas des blagues nulles et glauques sous les rires joyeux de Haru. Finalement, alors qu'elles approchent de la salle du concert, Shinya finit par lâcher:
- Eh les filles. Tout à l'heure j'ai rencontré une meuf qu'est plutôt sympa, et on peut s'revoir ce soir. J'fais quoi?
Un silence long de quelques minutes lui répond, avant que des éclats de voix lui répondent joyeusement.
- Meuf, t'as trouvé une petite amie?! fait Haruki en riant aux éclats et en ébouriffant les cheveux de Shinya, déjà en bataille.
- Super! Tu nous la présentera?? dit Haru en sautillant sur son siège, malgré la ceinture de sécurité, et en se tortillant pour tenter de jeter un regard joyeux à Shinya.
- Manquerait plus que ça. T'as intérêt à bosser sérieusement et à ne pas te relâcher, contrairement à Sagae. réplique Tokaku en soupirant avec un air presque exaspéré, si Shinya n'avait pas vu le demi-sourire qui est apparu pendant quelques secondes sur ses lèvres.
- Wow wow wow, du calme les poulettes! interrompt Shinya en ricanant. J'vais pas sortir avec elle, c'est juste purement amical.
- Haruki aussi disait ça! fait remarquer Haru en parvenant à se retourner.
- Ouais, mais elle elle avait les joues rouges quand elle disait ça. rétorque Shinya en ricanant.
- Y en a qui ne rougissent pas, Tokaku par exemple! réplique Haruki en rougissant, avant de se faire rire au nez par Shinya.
- Meuf! Tokaku c'est ses oreilles qui rougissent! T'avais pas remarqué?
- Ben... Nope. fait Haruki en riant d'un air gêné et en se grattant la joue.
- Donc, pour en revenir à ta question, Banba. dit Haru en souriant doucement. Je pense que tu pourrais lui demander son numéro pour pouvoir genre euh... organiser des rendez-vous ou lui parler. Amicalement du coup.
- Okay, merci Haru t'es super sympa!
- Au fait, tu connais son nom au moins? demande Tokaku en haussant les sourcils, jetant des coups d'œils à Shinya dans le rétroviseur.
- Yep, c'est Sumireko Hanabusa!
Tokaku manque de griller un feu rouge, Haruki s'étouffe avec de l'air et Haru veut se lever mais sa ceinture de sécurité la retient alors qu'un grand silence se fait dans la voiture. Tous les regards, sauf celui de Tokaku qui a visiblement du mal à se concentrer sur la route depuis la révélation, sont tournés vers la fille tatouée qui ricane, amusée de leurs airs ahuri.
- Ouais je sais, surprenant hein? D'ailleurs, j'crois bien qu'c'est la meuf qu'a fait deux fois la queue pour toucher mes muscles à la séance dédicaces.
Un autre silence se fait dans la voiture jusqu'à ce que Haruki éclate soudainement d'un fou rire pendant plusieurs minutes, une fois qu'elle s'est calmée, les joues rouges, le souffle court et des larmes de rire aux yeux, elle s'exclame:
- Meuf! Elle n'a pas fait deux fois la queue, elle l'a fait cinq putains de fois!!
- Ah bon? est la seule réaction de Banba, ce qui fait rire d'autant plus Haru et Haruki.
Finalement, Tokaku gare le fourgon derrière la salle de concert et les quatre filles commencent à installer leurs affaires. Shinya retrouve avec joie sa batterie qu'elle utilise pour les concerts qui reste ordinairement dans le garage de Tokaku, Banba ne pouvant pas la déplacer car elle n'a pas de véhicule adapté. La fille aux cheveux argentés s'entraîne seulement avec une autre batterie du même modèle. Mais il n'y a pas de petits canards peints dessus.
- Je ne comprendrai jamais ton obsession pour les canards en plastique. commente Tokaku en sortant son instrument classique et gris du coffre avec l'aide de Haruki.
- Bah c'est mignon. réplique Shinya en ricanant légèrement et en installant sa batterie sur la scène devant la salle encore vide.
- C'est marrant, je ne te vois plus trop du genre à aimer les trucs mignons. rigole joyeusement une voix derrière elles.
Shinya se retourne vivement pour voir Otoya debout sur la scène, un grand sourire aux lèvres, habillée de son habituel T-shirt noir avec un col en V et un léger décolleté, en-dessous d'une veste rouge à manches courtes, comme si elles avaient été déchirées (ce qui n'est pas le cas, c'est juste un effet de style).
- Otoya! Bordel mais tu m'as foutu la trouille! grogne légèrement Shinya en relâchant ses muscles et son souffle.
- Désolée, désolée. déclare la fille aux piercings en avançant sur la scène pour saluer ses camarades sans avoir l'air réellement désolée. Alors, vous êtes prête pour ce soir?
- Tu parles que je le suis! répond Haruki en saluant joyeusement sa meilleure amie.
- Moi ça va. fait Shinya en ricanant légèrement et en finissant d'installer son instrument.
- Hm. réplique juste Tokaku en relisant silencieusement ses partitions.
- Allez Tokaku, ne t'en fait pas ça va aller. murmure Haru auprès de Tokaku en tentant visiblement de la calmer.
La tentative semble être vaine, mais Shinya peut remarquer les muscles de Tokaku se détendre comme ils peuvent. Le silence se fait dans la salle, silence pendant lequel chacun lit ses partitions, de plus en plus nerveux. La tension monte, l'adrénaline aussi, et Shinya ne peut plus empêcher ses mains de trembler, un immense sourire carnassier de décorer son visage et ses yeux de briller à la façon d'un prédateur qui s'apprête à chasser. Du coin de l'œil, elle voit Haru enlacer Tokaku qui prend de grandes inspirations pour se calmer, Otoya faire impatiemment les cents pas, un sourire presque effrayant sur le visage et les yeux brillant de la lueur qu'un retrouve sans mal dans les yeux d'un prédateur amusé à l'idée de tuer (ou de jouer de son instrument dans ces cas-là), et Haruki assise à même le sol, en position de méditation et lisant ses partitions posées devant elle. De temps en temps, Otoya joue quelques notes de son violon, l'instrument qu'elle a choisi de jouer ce soir-là.
Derrière le rideau, une rumeur qui devient rapidement un brouhaha s'élève. Le stress et l'excitation montent d'un cran. Elles savent que ce n'est plus qu'une question de minutes avant le lever de rideau. Haru et Tokaku partagent un dernier baiser avant que Haru ne quitte la scène pour aller se fondre dans le public. Haruki se lève et bouge un peu pour échauffer ses muscles, n'aimant pas rester sans rien faire. Otoya sautille et se retient comme elle peut de commencer à jouer seule avant même que le rideau se lève, son excitation quasiment palpable. Shinya, elle, semble parfaitement sereine, assise à sa place, son sourire aux lèvres, ses mains tremblent mais ce n'est pas un problème, elle ne peut s'empêcher de penser à la jeune fille de cet après-midi. Est-ce qu'elle est dans le public? Le rideau commence soudainement à se lever. Le cœur de Banba accélère brutalement alors qu'elle exhale un souffle tremblant.
"C'est parti..."
Désolée, Sumireko, mais je ne vais pas pouvoir attendre plus longtemps pour jouer! T'as intérêt à être là parce que j'vais mettre le feu!
La musique commence en quelques secondes, une mélodie sauvage et brutale mais travaillée, accompagnée des hurlements de la foule, emplit les oreilles de Shinya alors qu'elle joue avec énergie. Son corps vibre à la force de la musique, son cœur vibre à la force de l'adrénaline. Elle donne tout et joue comme si sa vie en dépendait. Rapidement, le morceau s'arrête et laisse place à un autre, puis un autre et encore un autre. Une bonne partie de la nuit file comme ça, dans le bruit et les lumière qui ne dérangent plus Banba. Elle se sent plus libre que jamais.
Après le concert, vers environ une heure du matin, les quatre filles sont derrière la scène en train de se calmer après la montée d'adrénaline du spectacle. Leurs instruments ont été rangés et elles sont maintenant en train de simplement discuter en buvant des sodas qu'Otoya a amené avec elle. Shinya profite tranquillement des derniers morceaux d'adrénaline qui quittent son corps, comme si il s'agissait de sa drogue. Haru finit par les rejoindre rapidement et elles se préparent lentement à partir en bavardant. Mais à ce moment, une magnifique jeune femme fait irruption. Shinya la reconnait assez facilement, il faut dire qu'elle n'est pas du genre que l'on oublie facilement. Et puis, il n'y a qu'une femme au monde capable de faire déglutir Haruki comme elle l'a fait. La femme en question est grande, a de magnifiques cheveux roses qui lui descendent jusqu'aux fesses, raides sauf les deux mèches encadrant son visage fin et magnifique qui sont ondulés, des yeux dorés perçants que Shinya n'a jamais vu briller que de froideur et des formes alléchantes sur un corps fin. Elle est habillée richement, avec une robe noire et moulante et des bottes à talons hauts qui ne la rendent que plus grande.
- Oh salut Isuke-sama! salue joyeusement Haruki en allant vers la jeune femme. Désolée d'avoir retardé notre rendez-vous, mais bon comme tu as vu j'avais un concert et-
Avant même qu'elle ne puisse finir sa phrase, Haruki se fait brusquement embarquer par la magnifique "Isuke-sama".
- Hein?? Mais.... A-attends! Laisses-moi au moins prendre ma guitare! Et dire au revoir! tente de protester la fille aux cheveux flamboyants.
- Ferme-la. Et tes amies peuvent la prendre pour toi ta guitare. On va chez moi. interrompt la femme aux cheveux rosés d'une voix tranchante, sans cesser d'entraîner la guitariste avec elle.
Les éclats de rire moqueurs de Shinya et Otoya doivent les suivre longtemps. Finalement, après quelques dernières salutations échangées, le groupe se sépare pour de bon, certaines étant plus ou moins inquiètes pour la vie d'une certaine rouquine qui vient de subir un kidnapping. Shinya a laissé son instrument de scène aux bons soins de Tokaku en lui précisant que: "Si je le retrouve avec une seule rayure je viendrais t'éclater le crâne pendant ton sommeil." puis a commencé à marcher dans la rue tranquillement. Malgré les inquiétudes de Haru et sa proposition de la reconduire chez elle, la fille à la cicatrice a refusé, voulant passer un moment agréable, seule avec ses pensées et ses souvenirs encore vifs du spectacle. Elle n'a pas anticipé qu'elle ne serait pas totalement seule ce soir.
- Oh, j'm'attendais pas à t'voir maint'nant. dit-elle avec un large sourire découvrant ses dents, quand elle voit la jeune fille devant elle.
C'est bien la jeune fille de cet après-midi; une fille fine et de taille moyenne, à la peau claire, aux cheveux longs couleur pêche et aux yeux bleu glacier. Cependant, elle a troqué son chemisier banc à manches roses contre un pull noir avec des motifs blancs sur les bras ressemblant aux tatouages de la batteuse, ainsi que sa jupe rose qu'elle a remplacé par un mini-short en jean, le tout avec des baskets noires, une casquette elle aussi noire, mise à l'envers, avec les mots "Black Class" marqués dessus, avec un croissant de lune en tant que "C" de couleur jaune doré et ses cheveux attachés en une queue de cheval basse, elle avait presque perdu tout son air de jeune Ojou-sama. D'ailleurs, la sérénité qu'elle montrait plus tôt à la galerie marchande avait été remplacée par une sorte de respect timide que Shinya est surprise de voir.
- Ah... Oui. En fait je voulais vous demander quelques choses... Alors je vous ai attendue. dit Sumireko d'une voix pas plus forte qu'un murmure.
- Oh? Surprenant. Mais y a pas d'soucis! Euh par contre, tu vas rentrer où? Genre, je vais rentrer chez moi là, dans la banlieue au Nord d'la ville. Mais toi tu vas où?
- Oh eh bien... dans le quartier riche du Nord-Ouest.
- Ça va me faire un p'tit détour... Mais tant pis, allez j'te raccompagne!
- Hein??
Shinya hausse les sourcils. Elle ne comprend pas l'étonnement de la fille aux cheveux couleur pêche. Et elle n'a pas envie de réfléchir pour le comprendre.
- Bah quoi? On est habituées aux nuits blanches tu sais. Enfin, c'est si tu veux bien que j'te raccompagne.
Un moment de silence, pendant lequel la jeune Hanabusa semble se remettre de sa surprise, passe. Finalement, l'enfant riche bafouille:
- Mais... Enfin je... Je veux dire que... vous semblez habiter loin et... et puis si vous faites un détour rien que pour moi... vous risquez de ne pas rentrer avant...
- Pas avant le lever du soleil. interrompt Shinya, légèrement agacée de devoir se répéter. Mais on est habituées à l'exercice et aux nuits blanches. Pourquoi tu insiste autant pour refuser quelque chose qui aurait l'air de t'faire plaisir?
Et puis, soudainement, la réponse à sa question apparaît à Shinya aussi clairement que si sa fan la lui avait dit. La fille à la cicatrice ne peut alors s'empêcher d'éclater de rire. Son rire fort, bruyant, sauvage, presque fou, résonne dans la rue vide alors qu'elle s'appuie à un lampadaire pour éviter de trop tituber. Après quelques minutes de fou rire, elle finit par se calmer et essuyer les larmes de rire perlant au coin de ses yeux en croisant le regard surpris, déstabilisé et même vexé de Sumireko. La fille tatouée ricane un peu puis passe soudainement son bras autour de ses épaules pour la rapprocher d'elle comme elle l'aurait fait pour une amie de longue date.
- Ok j't'explique pass-que comme t'es une Ojou-sama t'as pas dû avoir beaucoup de contact avec les autres. En gros, j'te propose de t'raccompagner chez toi pass-que j't'aime bien. T'es plutôt sympa avec Mahiru et puis en plus j'ai un bon feeling avec toi. Alors en gros, c'est pas pour une question d'esthétique ou de politesse, mais parce que je le veux. C'est comme ça que j'fonctionne, et comme ça que tout le monde devrait fonctionner: en suivant simplement ses envies. Si tu n'veux pas que j'te raccompagne chez toi, dis-le clairement, et si tu veux bien, dis-le clairement aussi.
Shinya regarde le visage devenu écarlate de Sumireko. Quelques secondes passent, secondes pendant lesquelles la Ojou-sama doit probablement digérer son discours, puis finalement, la fan accepte que la batteuse la raccompagne.
- Je... Je veux bien alors... S'il vous plaît.
Un large sourire orne les lèvres de la fille aux yeux améthystes alors qu'elle se sépare de Sumireko, la laissant respirer. Shinya met ses mains dans ses poches tranquillement puis commence à marcher. Il ne lui faut pas longtemps pour entendre les pas légers de la jeune fille derrière elle la rattraper. Elle attend un peu pour qu'elles puissent marcher côte à côte, en silence, pendant plusieurs minutes. Finalement, bien qu'appréciant le doux silence entre elles, Shinya demande:
- Alors? Tu voulais m'demander quoi?
La question semble surprendre la jeune fille qui s'arrête environ une demi-seconde avant de soupirer et de garder le silence pendant quelques minutes. Alors que Shinya allait se retourner vers elle, agacée, pour lui dire d'y aller franco, Sumireko laisse s'échapper un murmure à peine audible:
- C'est assez... délicat à formuler...
- .... T'en fais pas, pose-la ta question.
Quelques minutes passent encore dans un silence agaçant pour la fille aux cheveux argentés avant que sa compagne aux cheveux couleur pêche ne se décide enfin à demander:
-... Tu n'es pas exactement la même personne que j'ai rencontré ce matin... n'est-ce pas?
Shinya s'arrête brusquement, suivie par Sumireko, et un moment de silence plane entre elles trois.
"E-en effet... ce genre de choses est plutôt... délicat à demander..." marmonne Mahiru d'une voix presque inaudible.
Ouaip. J'avais pas pensé à ça... On lui dit la vérité?
"On ne l'a pas encore dit à... Haruki, Takechi et Tokaku... ça serait... une forme de manque de respect... non...?"
Ouaip, mais elles ne nous l'ont jamais d'mandé! Enfin, si elles l'ont fait soit on n'a pas compris, soit on n'a pas entendu.
"Oui... C'est vrai..."
- Ouais, c'était pas exactement moi. D'solée d'pas m'être présentée plus tôt. Moi j'suis Banba Shinya, et le jour, comme tu dois déjà l'savoir, c'est Mahiru.
- Donc... Si je suis bien, tu as deux personnalités. résume Sumireko avec un air assez... embarrassé? inquiet? les deux, c'est sûrement les deux.
- Yep! Mais t'inquiète, j'suis en voie de guérison maint'nant, j'te f'rai pas d'mal. assure Shinya en souriant amicalement, ne voulant pas non plus lui faire peur.
- Oh... Je vois... murmure la fan en plissant les yeux, n'ayant pas non plus l'air si rassurée que ça.
Bof, elle sera un peu mal à l'aise quand elle sera autour de Banba, mais bon ce malaise devrait peut-être disparaître rapidement. Elles reprennent le chemin tranquillement, Sumireko marchant auprès de Shinya assez timidement, bien qu'elle prenne de l'assurance au fil des minutes.
- Oh au fait, moi aussi j'ai une question! C'est vrai que tu as fait la queue cinq fois rien que pour toucher mes muscles à la séance dédicaces?
- ....... Qui vous a dit cela?
- Haruki. La guitariste.
- Ah. Eh bien...
Soudainement, Sumireko tourne à droite dans une ruelle assez peu fréquentée. Shinya doit s'arrêter et se retourner pour pouvoir la suivre en marchant un peu plus vite pour la rattraper.
- Eh attends! T'as pas répondu à ma question! un silence lui répond et elle finit par prendre Sumireko par l'épaule pour la faire ralentir le pas en continuant. Très bien! Si c'est comme ça... Je me doute que tu viens au plus de concerts possible! Attends-toi à ce que je te harcèle pour avoir cette foutue réponse!
- Oh vraiment? demande Sumireko en se retournant pour regarder Shinya dans les yeux, une étrange lueur que Shinya ne pourrait définir au fond de ses beaux yeux bleu glacier.
- Ouais! dit pourtant Banba d'une voix ferme et sûre d'elle.
- Très bien, dans ce cas je suppose que je vais emporter ce secret dans la tombe. rigole Sumireko en se détournant pour reprendre son chemin, sa timidité semblant avoir disparu comme par magie.
- Hein? Eh attends-moi! C'était sensé vouloir dire quoi ça? Eh oh, Tu m'écoutes? Youhou?
Shinya essaye de suivre la fille aux cheveux couleur pêche, déstabilisée par les événements qui viennent de se produire.
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Tout le monde a eu le temps de partie maintenant. Tout le monde sauf Otoya. Elle regarde tranquillement les alentours en marchant discrètement et à pas furtifs. La plupart des spectateurs du concert sont partis, certes, mais certains restent encore dans les bars ou les restaurants alentours pour commander un verre à boire et un truc à avaler avant de rentrer. Otoya ne fait pas exception, en fait elle était même tellement impatiente de jouer qu'elle a passé la soirée à jouer différents instruments et elle en a même oublié de manger son repas du soir. Après s'être dépensée sur la scène, elle a maintenant très faim. Mais ce n'est pas vraiment la raison principale pour laquelle elle est restée.
Elle marche le plus vite possible en faisant le moins de bruit possible. Où est-ce qu'elle est déjà? Elle avait tourné dans cette rue non? En arrivant dans une rue non loin de la salle du concert, Otoya la voit entrer dans un de ces petit restaurant ouvert 24h/24 qui lui sauvent souvent la vie après ses concerts. La jeune musicienne n'hésite pas, ne regarde même pas le nom du petit restaurant ou même le menu, elle entre simplement et va s'asseoir juste en face de la fille qu'elle suivait et qui vient visiblement de s'asseoir elle aussi. Leurs regards se croisent et Otoya plisse les yeux en souriant largement. Un sourire qui n'a rien de joyeux, mais qui aurait tout de menaçant. Aussi vite, la jeune fille en face d'elle se redresse et siffle:
- Qu'est-ce que tu fous ici?!
Sans perdre son calme, et jetant un rapide coup d'œil au menu quand elle entend son estomac crier famine, Otoya répond simplement:
- Je pourrais te poser la même question. Qu'est-ce que tu faisais à notre concert? Tu es une membre des Sinner Nuns, pas vrai? Laisses-moi me souvenir de ton nom...
Devant Otoya, la jeune fille est stupéfaite. La fille aux cheveux violets s'en doute, personne ne s'attendrait à être reconnu, caché dans une foule de fans. Cependant, au grand étonnement de la fille aux piercings, la fille en face d'elle se laisse à nouveau tomber sur sa chaise en poussant un long soupir et lâche:
- Shiena Kenmochi. C'est mon nom.
Un long silence plane, silence pendant lequel les deux membres de groupes de hard rock rivaux se contemplent de haut en bas. Shiena est une fille a l'air assez fragile, à la peau pâle et à l'air intelligent et cultivé qu'ont tout ceux que l'on nomme "intello" ainsi que des lunettes rectangulaires à monture rouge pour parfaire le cliché. Elle a des cheveux mi-longs, châtains clairs, assez en bataille au niveau de sa frange et attachés en une tresse lâche. Ses yeux sont eux aussi marrons mais elle a noirci ses paupières avec du maquillage, pas trop agressif contrairement à certains, mais tout de même assez voyant. Elle porte une veste kaki avec de la fausse fourrure sur le bout des manches et sur la capuche, un jean noir avec des bretelles blanches qui tombent sur ses cuisses, des basket simples qui devaient autrefois être blanches mais qui ont maintenant plus une teinte grise boueuse, et le dernier petit accessoire qu'Otoya a remarqué, un bracelet en cuir avec des pointes.
Après que les deux rivales se soient longuement observées, Shiena pousse un long soupir et se prend la tête entre ses mains alors qu'Otoya demande à nouveau, son sourire redevenant le sourire joyeux qu'elle a l'habitude de montrer:
- Bon tu faisais quoi ici? Nous espionner ou un truc dans le genre?
Un silence accueille sa question, chose qui commence sérieusement à agacer Otoya. Cependant son sourire ne s'efface pas le moins du monde et elle dit:
- Ok, je prends deux hamburgers et des boissons. Quand je serai revenue, j'espère entendre ta réponse.
La fille à la queue de cheval s'assure que la dernière phrase fasse plus penser à un ordre qu'à une demande joyeuse. Elle fait un sourire charmeur à sa rivale puis se lève pour aller attirer l'attention de l'homme au comptoir qui prend les commandes. Elle passe commande et jette un coup d'œil en biais à la jeune fille aux cheveux châtains clairs, vérifiant qu'elle ne s'enfuie pas. Après quelques minutes, un plateau sur lequel est posée la commande en question est posé sur le comptoir, ainsi que la note. Otoya remercie poliment l'homme qui semble être le patron du restaurant puis prend le plateau et l'apporte sur la table pour deux qu'elle partage avec sa rivale. Celle-ci lève les yeux vers la fille aux piercings avec l'air menaçant que tente de prendre la proie quand elle est coincée. C'est bien. Otoya lui inspire de la peur. Et elle aime inspirer de la peur. Sans qu'elle puisse s'en empêcher, un sourire sadique apparaît sur son visage alors qu'elle se lèche les lèvres d'un air cruel. Cependant, elle se force à se calmer et s'assoit en face de Shiena en posant le plateau au milieu de la table, l'incitant silencieusement à manger elle aussi.
- Et donc? Tu as la réponse à ma question?
Otoya plisse les yeux en s'assurant que son regard perçant et menaçant traverse Shiena de part en part. Voir son visage pâlir est pour Otoya une petite victoire qu'elle savoure cruellement. Finalement, la jeune fille aux cheveu châtains soupire et lâche:
- Ouais, je suis venue vous espionner. Enfin, surtout toi.
La dernière partie fait hausser les sourcils à Otoya. Elle s'attendait à ce que Shiena lui avoue pourquoi elle était présente au concert (après tout, Otoya sait bien faire pression sur les gens et Shiena a l'air mentalement fragile et peu sûre d'elle), à ce qu'elle lui dise qu'elle était là pour les espionner, mais elle n'était pas prête à entendre que la fille à la tresse venait l'espionner elle. Cependant, la fille aux cheveux violets se remet rapidement de sa surprise pour demander; tout en prenant une frite qu'elle mastique tranquillement:
- Et pourquoi moi? voyant le manque de réponse de la part de son interlocutrice, elle enchaîne, sur le ton de la plaisanterie. Ok ok je sais que je suis plutôt une beauté mais bon je ne couche pas avec tout le monde tu sais!
Cet ajout semble avoir perturbé Shiena, qui met quelques secondes à sembler réaliser ce qu'Otoya vient de lui dire avant de rougir furieusement.
- M-mais ça va pas?! Comme si j'allais t'espionner pour ça!!
La réaction de la fille à lunettes amuse Otoya qui ne peut s'empêcher de ricaner. Puis, sa rivale se calme et prend elle aussi une frite qu'elle commence à manger lentement, sans pour autant répondre à la question posée plus tôt. Alors, Otoya décide de s'amuser en proposant les théories les plus farfelues, ridicules voire même gênantes qu'elle peut trouver jusqu'à ce que Shiena lui avoue. Ce n'est pas de la torture mentale. C'est de la persuasion.
- Alors... Tu es une No-life enfermée la plupart du temps sur internet qui fait partie d'un groupe de discussion sur un réseau social et parmi les membres de ce groupe de discussion, il y aurait une fille qui a couché avec moi et que je n'ai plus jamais recontacté et qui m'en veux et du coup comme elle t'a déjà protéger tu veux lui rendre la pareille en me menaçant ou un truc dans le genre pour que je la recontacte?
A la grande surprise de la fille aux cheveux violets, elle voit le moindre muscle de Shiena se crisper, comme si elle avait deviné juste. Un long silence passe. Finalement, après de longues minutes passées à fixer Shiena qui fixe ses pieds, Otoya finit par réussir à parler.
- Nan? C'est vraiment ça?!
La fille à lunettes lève la tête vers la fille aux piercings avant de simplement hocher la tête en se mordant la lèvre. Otoya ne peut s'empêcher de rire. A quoi s'attendait-elle? Vu l'habitude qu'elle a pris de ne jamais recontacter les gens avec qui elle a eu des relations, même si ils sont sympa ou fragiles, il fallait bien s'attendre à ce qu'un jour quelqu'un veuille se venger. Evidemment, elle ne pensait pas que ce quelqu'un allait réellement demander à ce que l'une de ses amies la menace ou lui fasse du chantage pour qu'elle recontacte le quelqu'un, mais elle se disait qu'une vengeance allait sûrement arriver. Et elle se sentait un peu amusée par sa stupidité d'y avoir pensé uniquement comme un plaisanterie. Mais bon, la personne en question aurait pu envoyer un ami plus... comment dire? intimidant, costaud, sûr de lui, et bien d'autres adjectifs qu'Otoya ne prendra pas la peine d'énumérer.
Finalement, se calmant enfin, Otoya prend son hamburger et le déballe comme si de rien était. Shiena prend une frite pour la grignoter en regardant la fille aux piercings qui peut voir la main tremblante de la fille aux cheveux tressés. C'est de la confiance en soi dont semble manquer cette fille. Bref, la fille aux cheveux violets finit enfin de se battre avec l'emballage en plastique qui enveloppait inutilement son hamburger. Une fois cela fait, elle froisse le plastique et le jette négligemment sur le plateau avant de poser sa nourriture tant désirée devant elle. Elle la fixe longuement, sous le regard intrigué et un peu effrayé de Shiena qui, elle, a déjà eu le temps de déballer et d'entamer son hamburger. Otoya fixe son hamburger avec une intensité à faire peur. Son regard sympathique se déforme pour devenir fou, impitoyable. Et puis, rapidement, brusquement, sans prévenir, la fille aux yeux turquoises sort une paire de ciseaux tranchants de la poche intérieure de sa veste et commence à poignarder à plusieurs reprise son hamburger. Elle le poignarde, elle le poignarde encore et encore avec de plus en plus de force. Elle continue encore et encore, déchargeant son énergie à travers ses coups. Pendant de longue minute, les seuls bruits emplissant ses oreilles sont celui de ses ciseaux se plantant dans le hamburger, le transperçant pour abîmer le plateau en dessous, et celui de la pauvre nourriture souffrant. Ce n'est qu'après que le tout soit réduit à l'état d'une bouillie telle que tous les ingrédients sont mélangés et indétectables, qu'Otoya se calme enfin. Elle poignarde une dernière fois le cadavre de son hamburger puis lèche ses ciseaux pour les nettoyer, en prenant garde à ne pas se couper.
Un hoquet de surprise et de peur se fait entendre devant elle. La fille aux yeux turquoises, maintenant apaisée, lève les yeux vers Shiena pour voir qu'elle a reculé sur sa chaise, regardant tour à tour la bouillie et la fille aux ciseaux devant elle. Otoya ne lui répond qu'avec un sourire joyeux et amical puis elle se lève pour aller chercher des couverts pour pouvoir manger la bouillie. Elle revient quelques minutes après pour voir que Shiena n'a pas bougé. Elle a sûrement peur. Ok, qu'elle fasse ce qu'elle veut de toute façon, ce ne sont pas les affaires de la musicienne aux cheveux violets. Ouais, elle aime inspirer la peur, mais généralement après avoir massacrer un hamburger elle se sent apaisée pendant quelques minutes. Un peut comme quand elle joue de la musique, sauf que la musique fait durer l'apaisement plus longtemps.
Otoya s'assoit et commence à manger sa bouillie tranquillement sans regarder la fille à la tresse. Celle-ci, voyant que la fille aux yeux turquoises ne semble pas s'intéresser à elle, se détend lentement mais ne baisse pas entièrement sa garde, et recommence à prendre des bouchées hésitantes de son propre hamburger. Le reste du repas se passe assez silencieusement, et Shiena ne s'enfuit pas. Otoya ne sait pas trop quoi penser de cette fille. Elles se connaissent en temps que rivales et maintenant celle-ci vient presque lui annoncer qu'elle doit la menacer pour qu'Otoya recontacte quelqu'un avec qui la fille aux cheveux violets a voulu couper les ponts. Est-ce que Shiena a même assez de confiance en elle pour menacer qui que ce soit? La fille aux piercings ne sait pas trop; et ça l'intrigue. D'un côté, la fille à la tresse a l'air d'avoir peu de confiance en elle, cependant elle semble être déterminée à prouver sa valeur. Trop déterminée?
- Dis Shiena-chan, tu comptes me faire quoi si jamais je refuse de reprendre contact avec ton amie?
Shiena plisse les yeux en avalant sa frite qu'elle mâchonnait depuis presque deux minutes. Finalement, elle dit avec un air très sérieux:
- Tu connais un peu le Dark Web?
- Ouais, même si j'ai jamais essayé d'y aller.
- Tu sais qu'on peut facilement engager des tueurs, ou acheter des armes facilement dessus?
Otoya se fige et ses yeux se plissent. Elle fixe la fille devant elle, qui soutient son regard sans ciller. Ouais, trop déterminée.
- Et les virus? T'as pas peur que des gens te suivent? Tu sais j'ai entendu pas mal d'histoires glauques sur ce genre de trucs.
- J'ai confiance en mes capacités d'informatique. réplique froidement la fille à la tresse.
Un long silence passe. Les deux filles se fixent, se jaugent, se détaille. Finalement, une idée germe dans l'esprit d'Otoya. Elle y réfléchit, pèse le pour et le contre, puis finit par soupirer en se penchant plus contre sa chaise:
- Ok ok, t'as gagné. Je te donnerai ce que tu veux.
Le regard de Shiena brille d'incrédulité et de joie alors qu'Otoya prononce ces mots. Elle fouille alors dans les grandes poches de sa veste pour en sortir un bout de papier et le tendre à Otoya.
- Tiens, c'est son numéro. Je me doute que tu l'as effacé de ton téléphone alors réenregistres-le.
- Je ne vais pas la recontacter. coupe Otoya en croisant les bras sur sa poitrine, sûre de son plan.
Shiena fronce les sourcils et se renfrogne immédiatement.
- Tu avais dit que tu ferais ce que je voulais. grogne-t-elle froidement.
- Erreur. Je t'ai dit que je te donnerai ce que tu veux.
- Ah oui? Je serais curieuse de voir ça.
Otoya sourit et se penche sur la table. Cette manipulation est délicate. Elle la connait à peine, mais l'araignée sait ce que veulent les insectes dans son genre. Elle n'a qu'à utiliser ce qu'elle veut comme appât pour l'attirer dans sa toile, et le petit insecte ne pourra plus s'échapper. Alors, utilisant un appât pour faire entrer Shiena dans sa toile, Otoya lui souffle:
- Je te donnerai de la compagnie. Ma compagnie. Et aussi mon attention, et mon écoute quand tu auras des problèmes, des conseils s'il le faut.
Les yeux de la fille à lunettes s'écarquillent brusquement alors qu'elle rougit en regardant Otoya, incrédule. Cependant, elle se reprend rapidement et croise les bras avec un air décidé.
- Je n'en ai pas besoin, j'ai déjà mes amis dans le groupe.
- Oui, mais un soutient physique aide tout autant qu'un soutient moral. Je suis sûre que tu n'as jamais pu leur faire de câlin quand tu allais mal. appuie Otoya en lui faisant un sourire trop innocent pour sonner vrai.
Et pourtant, la fille à la tresse tombe dans le panneau.
- Ce... C'est vrai...
Le sourire d'Otoya s'élargit alors qu'elle lui tend la main.
- Marché conclu? Je vais te donner mon numéro comme ça tu pourras m'appeler en cas de problème. Je te donnerai aussi mes horaires, vu que j'étudie dans une école de musique, comme ça tu pourras venir me voir à la pause de midi ou même venir me chercher après les cours pour qu'on discute si tu veux.
Shiena hésite, plisse les yeux, scrute le visage de la fille en face d'elle, fixe sa main pendant quelques secondes puis finit par lui serrer la main en soupirant:
- Marché... conclu... Mais que devrais-je faire à propos du groupe?
- Eh bien... tu peux faire durer la chose? Ou alors simplement leur avouer que tu abandonnes? C'est ce que j'aurais fais, mais je ne suis pas à ta place. dit Otoya en prenant un bout de papier et en écrivant son numéro de téléphone dessus avant de le tendre à Shiena en ajoutant: Tiens, mon numéro.
La fille à lunettes hésite puis prend le bout de papier et enregistre immédiatement le numéro de la fille aux yeux turquoises. Finalement, plus beaucoup de mots sont échangés. Elles se lèvent juste, débarrassent leur plateau et vont payer chacune leur part égale du repas. En sortant du restaurant, Otoya propose à Shiena de la ramener chez elle, mais celle-ci refuse poliment. Elles se séparent donc.
Une fois seule, Otoya marche en soupirant, repensant à ce repas tendu. Et puis, maintenant elle va devoir s'occuper de Shiena. Elle ne sait pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Pour le moment en tout cas, la fille aux piercings est plutôt contente de ce marché. Elle n'a qu'à jouer l'amitié envers la fille aux cheveux châtains, et peut-être même qu'elle commencera même à devenir amie avec elle. Elle l'avoue: elle apprécie quand même taquiner la petite nerd. A voir si leur relation s'approfondit, qui sait? Pour une fois, Otoya gardera peut-être contact avec Shiena, même si elle finit dans son lit.
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La journée a été... longue. Très longue. Haruki est complètement épuisée maintenant.
D'abord, elle a dû se lever tôt pour aller travailler au café, son patron a encore fait un remarque sur sa coiffure et, même si habituellement Haruki n'y prête pas plus attention que ça, cette fois ça a vraiment piqué, elle a travaillé dur toute la matinée et une partie de l'après-midi, elle est ensuite rentrée, a à peine mangé puis elle a dû aller chez Otoya, le seul endroit où elle peut répéter sans déranger personne. Une fois arrivée elle s'est rendue compte que son amie n'était pas là, ce qui l'a un peu chagriné car elle espérait qu'elles pourraient parler tranquillement et répéter ensemble, mais heureusement Otoya laisse toujours un double des clefs caché sous un vieux pot. Haruki a donc pu aller répéter dans le garage (elle ne squatterait jamais la maison de quelqu'un d'autre, même s'il s'agit de son amie et même si cette amie lui a déjà assuré de nombreuses fois qu'il n'y aurait aucun problème). Puis est venue l'heure où Tokaku est venue la chercher. La présence de Haru a été une excellente surprise, la jeune étudiante n'étant encore jamais venue à aucun des concerts du groupe à cause des tonnes monstrueuses de travail que lui donne son académie. Alors, forcément, Haruki était heureuse pour Tokaku de savoir que sa petite amie va l'encourager depuis le public. Quoique, ça avait en fait l'air de stresser la fille aux mèches teintes encore plus, donc au final Haruki ignore encore si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Ensuite, les trois amies sont allées chercher Banba, qui a encore surgi par surprise en hurlant dans le camion. Malgré que ça fait maintenant quelques temps qu'elle fait ça, Haruki est toujours prise par surprise, c'est à se demander si la fille tatouée ne fait pas exprès. Le trajet a duré plusieurs minutes pendant lesquelles Haruki, Tokaku et Haru ont appris l'information choquante que la fan hardcore numéro une de Banba est en fait la fille unique et héritière de la famille Hanabusa, puis elles sont arrivées au lieu du concert. Le concert s'est passé comme tous les autres; le feu de l'excitation a tellement enflammé ses veines qu'elle a à peine vu le temps passer. Elles ont enchaîné les morceaux jusqu'après minuit. Mais, enfin, après le concert, elle avait une chance de se détendre. Enfin, c'est ce qu'elle croyait. Quand elle a aperçu Isuke-sama, elle a voulu s'excuser. En effet, elle a dû reporter un rendez-vous que Isuke-sama lui avait donné à cause du concert, et la magnifique jeune femme aux cheveux roses n'avait visiblement pas apprécié.
- Isuke-sama? Tu dors? demande Haruki en regardant la jeune femme blottie contre elle.
- Non, toujours pas~. marmonne Isuke-sama en ouvrant ses yeux dorés.
Haruki frissonne en sentant le souffle chaud de la femme aux cheveux roses glisser sur sa peau nue. En effet, les deux jeunes femmes sont nues, l'une contre l'autre, allongées dans le lit chaud et confortable de Isuke-sama. Le narrateur vous laisse poliment deviner qu'elle genre d'activités elles ont fait avant ça.
Haruki se souvient parfaitement de comment elle a rencontré Isuke-sama: par hasard. Elle l'a bousculé sans le vouloir dans la rue, brisant accidentellement ses lunettes de soleil qui coûtent plus cher que dix ans du salaire de la rouquine. Haruki ne pouvant évidemment pas rembourser les lunettes, Isuke-sama a simplement pris son numéro pour pouvoir appeler Haruki pour qu'elle lui rende plusieurs services et la rembourser petit à petit. La rouquine ne peut pas s'empêcher de penser à ce qui se serait passé si ça n'était pas arrivé. Serait-elle aussi heureuse qu'elle l'est maintenant? Probablement pas.
Actuellement, la fille pauvre ne sait pas trop quel genre de relation elles entretiennent. Quoique, elle sait ce qu'elle-même ressent à propos d'Isuke-sama; elle veut rester auprès d'elle, elle veut se rapprocher d'elle, elle veut juste Isuke-sama pour elle seule. Haruki n'a jamais vraiment voulu quelque chose pour elle seule, au contraire, dès qu'elle avait quelque chose, elle le partageait avec ses frères et sœurs avec grand plaisir. Cette envie est nouvelle pour elle. Ce n'est pas une envie sexuelle, juste une envie affective. Ne comprenant pas tout, Haruki est allée demander l'avis d'Otoya, sa meilleure amie. Après presque dix minutes pendant lesquelles Haruki buvait son café alors qu'Otoya tentait de calmer le fou rire qui l'avait pris quand Haruki lui a expliqué les fait, la rouquine a appris qu'elle était tombée amoureuse. Elle l'aime. Elle aime son assurance, sa franchise, sa façon de ne jamais se laisser faire, sa timidité et son petit côté Tsundere, et elle mentirait si elle disait qu'elle n'aime pas son corps. Toutes ces raisons sont celles pourquoi Isuke-sama est la femme parfaite pour elle.
Mais, qu'en est il d'Isuke-sama? Haruki l'ignore. La relation qu'elles semble entretenir pour le moment est celle de simples sex friends. Et, bien qu'elles se soient embrassées et aient fait l'amour à de nombreuses reprises, aucun sentiment romantique n'a semblé apparaître du côté de la femme riche. Ou alors Haruki est trop aveugle pour le voir; elle-même se rend de plus en plus compte de son aveuglement et compte bien y remédier.
Isuke-sama lève les yeux dorés vers ceux ambrés de Haruki et soupire:
- Tu as quelque chose à me demander~?
- Hein? Euh...
- Si tu n'as rien à me dire, alors évite d'appeler Isuke alors qu'elle est sur le point de s'endormir~. coupe Isuke-sama avec une voix sensuelle mais glaciale.
- ... En fait si, je veux te demander quelque chose.
La femme aux yeux dorés hausse les sourcils, faisant signe à Haruki de continuer, ce qu'elle fait.
- Je me demandais, je représente quoi pour toi?
Isuke-sama semble se figer puis elle ferme les yeux et repose sa tête contre la poitrine de Haruki en silence, sans répondre à la question de la rouquine. Celle-ci hésite un peu, ne sachant si elle devait garder le silence ou insister. Pourtant, après plusieurs minutes, Haruki finit par dire:
- Isuke-sama? Tu as entendu ma-
- Oui, j'ai entendu~. coupe la femme aux cheveux roses en rouvrant les yeux avec un air irrité qui fait déglutir Haruki.
Cependant, la guitariste n'abandonne pas pour autant et demande avec une expression sérieuse:
- Alors pourquoi ne réponds-tu pas?
Un nouveau silence répond à Haruki, qui attend patiemment que la femme riche parle. Son regard ambré fixe la femme plus âgée devant elle qui semble mal à l'aise et, malgré l'obscurité ambiante, la rouquine peut remarquer quelques rougeurs sur le doux visage d'Isuke-sama. Finalement, celle-ci pousse un long soupir et finit par lâcher:
- Isuke ne veut pas que tu te moques d'elle si elle est honnête~.
Haruki, surprise par la franchise de cette déclaration, écarquille les yeux et regarde Isuke-sama pendant de longues secondes. Isuke-sama a toujours été très franche, mais généralement quand on parle de ses sentiments, soit elle détourne la conversation, soit elle dispute la personne qui a osé en parler. La dernière solution arrive souvent. D'ailleurs, Isuke-sama a remarqué qu'elle l'a fixait.
- Pourquoi tu me regardes comme ça~?! Isuke essaye juste d'être honnête et toi tu me fixes comme si j'avais soudainement des oreilles et une queue d'animaux blanches~!
- D-désolée, je ne voulais pas te vexer Isuke-sama. Je te jure! C'est juste que... avoues que tu n'as pas vraiment l'habitude de parler honnêtement de tes propres sentiments. argumente Haruki en tentant de parer le coup d'oreiller que lui donne Isuke-sama, sans grand succès.
Finalement, Isuke-sama se calme et tourne le dos à Haruki, visiblement vexée. La rouquine fait un sourire coupable puis enlace doucement la femme aux yeux dorés par derrière et dépose un baiser d'excuse sur sa clavicule, au milieu de nombreuses petites marques qu'elle lui a laissé pendant leur nuit.
- Désolée Isuke-sama, c'est vrai que ce n'était pas très délicat de ma part.
- Tu peux le dire~. grogne Isuke-sama, en se détendant pourtant dans l'étreinte de Haruki.
- Alors, tu veux bien me confier ce que tu voulais me dire? Je te promets que je ne me moquerai pas.
La femme aux cheveux roses se retourne à demi pour regarder la rouquine avec un air incertain, mais la guitariste la rassure avec un sourire chaleureux comme elle sait les faire. Finalement, Isuke-sama se retourne complètement pour lui faire face et se blottir contre elle. Après quelques minutes pendant lesquelles la femme riche semble rassembler ses pensées, elle finit par soupirer et dire:
- Je... je crois que... Isuke t'apprécie... beaucoup plus que je ne voudrais me l'admettre~... murmure lentement la magnifique femme d'une voix à peine audible, les joues rougissant peu à peu au fil des mots.
Haruki rougit en entendant ses mots. Donc, Isuke-sama l'aime? Mais elle l'aime comment? En amitié? En amour? La rouquine est perdue. La déclaration de la femme lui fait chaud au cœur, certes, mais elle ne comprend pas trop ce qu'elle veut dire.
- Isuke-sama, je ne comprends pas. essaye-t-elle de dire, seulement pour gagner un grognement irrité de la femme riche.
- Urgh, tu es sérieuse~? Et après tu t'étonnes quand je dis que tu es stupide.
Haruki ouvre la bouche pour se défendre, mais la referme sans un mot, ne voulant pas se disputer avec Isuke-sama. Celle-ci la regarde un moment puis pousse un long soupir exaspéré avant de se rapprocher peu à peu de la rouquine en face d'elle. La fille aux yeux ambrés déglutit et entrouvre la bouche.
- I-Isuke-sama...
Elle n'a pas le temps d'en dire plus avant que leurs lèvres ne se rencontrent et qu'elles partagent un baiser tendre et doux. Elle sent les lèvres chaudes et douces de Isuke-sama avec un léger goût de framboise bouger lentement contre les siennes, l'invitant à suivre son rythme lent et doux. Haruki est surprise: elle et Isuke-sama n'avaient jamais partagé un baiser aussi doux, et aussi... impossible d'expliquer ce qui a tant changé. Ce baiser est juste... différent de tout ce que Haruki a connu chez Isuke-sama, mais il n'est pas moins agréable que les baisers torrides et affamés qu'elles partagent habituellement. Sans vraiment réfléchir, la rouquine tente de bouger ses lèvres en suivant le rythme de la rosée, lui rendant le baiser doux avec une tendresse et un amour non dissimulés. A quoi ça servirait de se cacher maintenant? Elles ont déjà couché ensemble plusieurs fois, dès que Isuke-sama l'appelle, lui envoie un message ou claque des doigts, Haruki accourt toujours comme un chien fidèle, quand leurs corps sont trop proches, Haruki rougit irrémédiablement, tout ça et sûrement encore une infinité de petites choses que la femme riche a dû remarquer sans que la guitariste elle-même ne le remarque.
Finalement, elles se séparent et se regardent dans les yeux, les joues écarlates. Isuke-sama baisse timidement le regard et se blottit contre Haruki, posant sa tête sur sa poitrine nue.
- Si après ça tu n'as pas compris, alors tu es encore plus stupide que ce que je pensais~. marmonne la rosée en rougissant d'une nuance de rouge profond.
La guitariste regarde la femme riche devant elle, la bouche ouverte tant elle est surprise. Isuke-sama l'aime? Elle l'aime vraiment? Genre, elle l'aime de la même manière que Haruki l'aime? Vraiment? Pour de vrai? Haruki ne peut s'empêcher de rougir en sentant des milliers de papillons dans son ventre remonter vers sa poitrine alors qu'une douce chaleur se répand en elle. Après un long silence, la rouquine étreint Isuke-sama avec douceur contre elle et lui murmure à l'oreille:
- Hey, Isuke-sama?
- Hm? murmure Isuke-sama sans oser croiser le regard de la fille aux yeux ambrés.
- Moi aussi je t'aime.
Un silence lui répond, jusqu'à ce que la femme aux yeux dorés se détache lentement de la rouquine pour la regarder dans les yeux avec un air choqué, ses joues se colorant d'une nuance écarlate qu'Haruki a sûrement elle aussi. Un sourire se forme sur les lèvres de la rosée et elle passe doucement sa main à l'arrière du crâne de la rouquine, entremêlant ses doigts fins dans les mèches enflammées, et se redresse pour l'embrasser amoureusement. Leurs lèvres dansent ensemble, puis Isuke-sama lèche les lèvres de Haruki pour demander l'accès à sa bouche. L'accès est accepté avec plaisir et les deux filles explorent la bouche l'une de l'autre, leurs langues s'enroulant et dansant ensemble. Ce n'est pas affamé, ce n'est pas plein de désir, ce n'est pas sensuel. C'est lent, c'est plein d'amour, c'est doux. C'est nouveau pour elles deux.
Après quelques minutes, elles se séparent et se regardent dans les yeux, le souffle légèrement haletant. Après quelques secondes, elles éclatent de rire. Un rire joyeux, et presque soulagé. Elles se calment après quelques minutes et se serrant dans les bras l'une de l'autre. Haruki a la tête qui tourne, elle ne peut s'empêcher de penser au futur; un futur où elle et Isuke-sama vivront ensemble, heureuses, sans aucun problème. Ouais ça serait génial. Malheureusement, le monde n'est pas comme ça, mais elles pourront se débrouiller, pas vrai? Ouais, sûrement. Elles y arriveront.
Enivrée par la douce sensation de l'amour, Haruki se penche pour déposer des dizaines de baisers sur son visage. Son front, ses paupières, ses joues, son nez, ses lèvres, elle n'épargne rien. Amusée par les marques d'affection chatouilleuses de son amante, Isuke-sama rigole légèrement en resserrant son étreinte autour du corps de la rouquine. Haruki sourit et continue son petit manège. Elle veut son Isuke-sama. Elle veut pouvoir continuer à l'embrasser, à la caresser et à la marquer jusqu'à ce qu'elle mémorise chaque centimètre carré de son corps divin. Mais elle ne le fera pas. Pas ce soir. Elles ont tout leur temps ensemble après tout. A moins qu'un jour, Isuke-sama ne se lasse et ne s'en aille. Si ce jour arrive, Haruki la laissera partir sans regret en lui souhaitant qu'elle trouvera le bonheur ailleurs. Mais, heureusement, ce jour n'est pas encore là. Et, même si elle la laissera partir, la rouquine espère secrètement que la rosée ne la quittera jamais. Une fois qu'elle est enfin satisfaite, Haruki serre Isuke-sama contre elle en poussant un soupir d'aise.
- Tu es vraiment avide, n'est-ce pas~? glousse la magnifique femme en se laissant enlacer sans difficulté. Ah, non, tu es plus possessive en fait~. se reprend-t-elle en gloussant à nouveau.
- Ah? Et... c'est grave? demande Haruki avec un air incertain.
- Tant que tu ne viens pas casser les bras de tous les mecs qui me regardent pendant plus de deux secondes, Isuke suppose que c'est bon~. dit-elle sur le ton de la plaisanterie en gloussant à nouveau.
- Bon, je suppose que ça va aller alors. Mais toi, Isuke-sama, tu es plus joyeuse que d'habitude maintenant~. taquine Haruki, en riant quand elle voit les joues de son amante se colorer de rouge.
- I-idiote~! C'est normal que je sois heureuse~! Tu n'es pas heureuse toi~?
La dernière question est posée avec une sorte de tristesse et de désespoir. Haruki sent son cœur se fendre rien qu'à l'expression de son amante. Elle la serre contre elle avec plus de force, sans non plus essayer de lui faire de mal.
- Si, je le suis. Désolée, je ne voulais pas te faire croire que je ne l'étais pas, je ne voulais pas te blesser.
Soudainement, elle sent quelque chose entrer en collision avec sa tête. Par un réflexe, elle recule avec un léger grognement de douleur avant de voir le grand sourire malicieux d'Isuke-sama. Tout était feint.
- Isuke le sait, idiote~. Tu es trop gentille pour blesser qui que ce soit intentionnellement~. Mais tu es toujours affreusement maladroite avec tes paroles~. Pour quelqu'un qui écrit des chansons c'est dommage~.
Isuke-sama glousse, amusée, puis elle lâche l'oreiller qui lui a servi à frapper gentiment Haruki pour aller se blottir contre celle-ci avec un air satisfait.
- Isuke-sama, c'est horrible de me taquiner comme ça tu sais. marmonne Haruki en prenant pourtant la femme riche dans ses bras et en posant sa tête sur l'arme du crime.
- Isuke est dominante, c'est tout~.
- Hey! Je suis dominante aussi, non?
- Parce que je te laisse l'être~.
- En attendant c'est moi la grande cuillère là.
- Parce que j'aime bien ta chaleur~. Isuke a fait de toi sa petite bouillotte humaine personnelle~.
Haruki sourit mais ne surenchère pas. Elles ont toutes les deux un côté dominant, ce qui cause parfois de petits conflits stupides pour savoir laquelle serait au sommet pour la nuit. Finalement, elles ont trouvé la solution miracle incontestée du pierre-feuille-ciseaux pour décider qui serait en haut et qui serait en bas. Mais par une sorte de hasard étrange, Isuke-sama est plus souvent au sommet, ce qui frustre tout de même Haruki de temps en temps (jusqu'à ce que la nuit commence). Pourtant, malgré ces petits conflits occasionnels, les deux femmes s'entendent à merveille: elles pardonnent rapidement les taquineries de leur partenaire, sont assez différentes et en même temps ont des points communs qui leur permettent de se reconnaître l'une en l'autre, de se sentir comprise.
- Hey Haruki, il est quelle heure~? finit par demander Isuke-sama en étouffant un bâillement.
Haruki jette un coup d'œil au réveil sur la table de nuit derrière la femme aux cheveux rosés puis écarquille les yeux.
- Il est six heures et demi du matin Isuke-sama. On a même pas vraiment dormi de la nuit. complète-t-elle en riant légèrement, bien qu'elle semble se faire rattraper par le sommeil.
- Hmhm~. répond simplement Isuke-sama en hochant légèrement la tête.
Plusieurs minutes passent. Haruki se laisse à nouveau plonger dans ses pensées d'un futur qu'elle partagerait avec son Isuke-sama. Finalement, la rouquine demande d'une voix douce:
- Isuke-sama, qu'est-ce qu'on va faire maintenant? Je veux dire, on s'aime donc on est en couple maintenant, non?
Isuke-sama reste silencieuse un moment, puis elle retourne Haruki pour la mettre sur le dos et se met à quatre pattes au-dessus d'elle, un sourire angélique aux lèvres.
- Pourquoi ne pas simplement vivre notre idylle sans trop nous soucier d'autre chose que du moment présent~?
La rouquine sourit et se redresse pour coller ses lèvres à celles de son amante, initiant un bal passionné. Après quelques minutes, elles se séparent, le souffle court et un mince filet de salive reliant leurs lèvres, et la fille aux yeux ambrés sourit chaleureusement.
- Ça sonne bien. murmure-t-elle à mi-voix mais assez fort pour qu'Isuke-sama l'entende.
La rosée ronronne de satisfaction en s'allongeant sur Haruki, prenant soin de coller ses formes plantureuses à celles de la guitariste. Ce qui ne passe pas inaperçu pour celle-ci. Elle baisse le regard pour rencontrer les yeux d'Isuke-sama, assombris pour une raison qu'Haruki connaît bien.
- I-Isuke-sama? Tu euh... Tu es allumée? demande-t-elle d'une voix incertaine, qui tremble légèrement quand elle voit la rosée se lécher les lèvres et la regarder comme un prédateur regarderait un morceau de viande bien juteux.
Pour toute réponse, la femme riche se penche sur Haruki pour lécher son cou avec une sensualité non dissimulée, ce qui arrache un halètement de la part de la rouquine.
- Isuke-sama, du-du calme! Je commence à travailler dans deux heures et demi, j'ai besoin de repos moi! Allez s'il te plaît, je n'ai pas ton endurance.
Isuke-sama descend lentement ses baisers vers la poitrine de la guitariste en prenant soin de laisser des marques, sans sembler entendre les supplications de Haruki. Finalement, elle se relève et lui fait un sourire angélique. Trop angélique pour ce qu'elle compte faire à son amante.
- Tu dis toi-même que tu n'es pas fragile, alors tu peux survivre à une nuit blanche~.
- Mais toi tu vas pouvoir te reposer, moi je vais enchaîner sept heures de travail sans avoir dormi. proteste Haruki en faisant la moue.
- Isuke a du travail aussi tu sais~. réplique Isuke-sama en penchant la tête sur le côté, faisant mine de ne pas comprendre.
- Des paperasses que tu peux faire cet après-midi chez toi. Même si c'est chiant tu pourras quand même dormir avant.
La rosée se recroqueville sur elle-même à la manière d'une lycéenne timide, prenant soin de mettre sa poitrine en avance, et prend un air enfantin et déçu auquel Haruki ne peut pas résister en murmurant d'un ton doux et suppliant:
- Tu ne veux pas toucher Isuke~?
Haruki déglutit, sentant sa gorge s'assécher, des papillons voleter dans son ventre et son corps se réchauffer, surtout entre les jambes. Sa résolution de se reposer avant le travail s'effondrant sous les yeux de son amante qui fait un sourire malicieux et triomphant. Finalement, elle pousse un soupir et se redresse pour enlacer Isuke-sama en signe de reddition, à la grande satisfaction de la rosée qui presse sans aucune gêne le visage d'Haruki contre ses seins.
- Faisons ça rapidement pour que tu puisses te reposer alors~.
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