UA Mignonne petite Sirène (Sumireko x Mahiru) (1)

Le bruit des vagues roulant sur le sable ponctué par le bruit des cris d'oiseaux marins plongent Sumireko dans une rêverie dont elle ne peut sortir. Elle est là, assise sur le sable épais de la plage en face de son manoir, habillée d'une robe vert pâle avec des manches courtes, tenant son ombrelle pour se protéger des rayons ardents du soleil, ses longs cheveux d'une couleur roux pâle tombant en cascade dans son dos, ses yeux bleu glacier brillant d'ennui, sa peau claire à peine à l'abri d'un coup de soleil, ses pieds nus jouant avec le sable pensivement. Elle vient d'une famille aisée, elle-même le reconnaît; et la dentelle blanche sur le col de sa robe en tissu de luxe le prouve, tout comme cette magnifique plage privée au pied de leur manoir qui leur sert de résidence secondaire. Son père reçoit actuellement les membres de l'autre famille la plus importante du Japon, sachant que la famille de Sumireko, la famille Hanabusa, est actuellement l'autre famille la plus riche et la plus importante du Japon.

Et pendant que les deux pères de ces familles parlent affaires dans le bureau du patriarche Hanabusa, le reste de la famille se détend à la plage. Et par "reste de la famille", je veux dire la femme du PDG, et ses trois fils, Mataso le plus âgé, Akiko celui qui colle le plus Sumireko, et Reiji, le petit dernier. Pour Sumireko, ils sont tous ennuyant. Entre la mère qui la traite comme une poupée de porcelaine déjà fissurée, et les trois garçons qui passent leur temps à essayer pathétiquement d'attirer son attention et même de la draguer, sans succès, la jeune Hanabusa est servie!

- Hey Sumi, tu viens pas te baigner? lui lance l'un des fils du PDG actuellement en visite, la tirant de sa rêverie ce qui l'irrite fortement.

- Laisse-la un peu donc! réplique la mère du garnement à sa place. Elle risque de tomber malade si elle vient.

Au moins, la mère, Hinata, a une fonction utile: elle épargne à Sumireko la peine de répondre aux gamineries et aux questions inutiles de ses fils. Mais elle énerve toujours Sumireko. Elle l'énerve d'autant plus que ce qu'elle dit est vrai: l'eau de la mer est trop froide pour que Sumireko puisse s'y baigner, même si c'est la mi printemps et que le soleil brille déjà fort. Du moins, selon son père.

Après quelques dizaines de minutes, ennuyée d'attendre une chose qu'elle ne connaît même pas, Sumireko se lève, enlève le sable restant sur sa robe, puis s'en va tranquillement se promener sur la plage en faisant tourner son ombrelle dans ses mains, observant le paysage devant elle et se perdant dans ses pensées au rythme doux du son des vagues. Elle dépasse la pointe rocheuse en marchant prudemment sur les rochers les moins glissants et les moins dangereux, les sourcils froncés plus par agacement que par l'effort. Elle déteste devoir faire attention à tout et n'importe quoi. Sa mère étant morte peu après sa naissance, son père en est presque mort de chagrin. Il aimait beaucoup la mère de Sumireko, et ils entretenaient une relation très fusionnelle, d'après les domestiques. Après la perte de sa femme, Kenji, le père de Sumireko, s'est raccroché à la chose qui lui rappelait le plus sa femme perdue: sa fille, Sumireko elle-même. Il l'a élevée dans un endroit plus doux que du coton, a été très strict avec les domestiques et les gardes du corps qui pourraient potentiellement la blesser, a ordonné à sa professeure particulière d'être très douce avec sa fille... Et tout ça a frustré Sumireko. Elle voyait des enfants s'amuser ensemble, grimper aux arbres, nager dans la mer, jouer dans les vagues, courir... Et elle ne pouvait rien faire de cela, son père le lui interdisant à cause de sa prétendue santé fragile. Aujourd'hui, elle sait qu'elle a la même santé fragile que sa mère et que ce n'était pas un mensonge pour l'emprisonner, mais elle reste tout de même frustrée de devoir faire attention à tout et que tout le monde fasse attention à elle, non pas pour ses capacités et sa force, mais pour sa santé. Elle a certes une santé fragile et un système immunitaire défectueux, mais elle peut tout de même survivre à un rhume!

Le regard plissé, la jeune Hanabusa arrive enfin à l'autre côté de la plage privée. Une étendue de sable plus fin, plus agréable sous ses pieds, quelques rochers et cailloux ici et là sur lesquels elle risque de trébucher pour se relever après, voire ne même pas tomber. Du moins, c'est ce qui attire son attention habituellement. Habituellement. Parce que là, maintenant, à cet instant précis, ce qui attire l'attention de Sumireko c'est la forme de la créature allongée au beau milieu du sable.

La créature a une taille humaine, disons 1m60, voire moins. Elle a une peau pâle qui ne doit pas voir la lumière du jour souvent, une cicatrice courant le long de la partie gauche de son visage, de longs cheveux argentés un peu en bataille, attachés en une queue de cheval haute par quelque chose, éparpillés autour de son corps couché sur le flan. Ses yeux sont fermés mais Sumireko peut facilement voir sa petite poitrine nue et son ventre maigre se soulever et s'abaisser au rythme d'une respiration lente et sifflante. Cependant, ce qui retient le plus l'attention de Sumireko c'est la queue de requin blanc située à la place de ses jambes, les branchies de requins sur ses flancs, et l'aileron sur son dos. Les mains de la jeune humaine s'agrippent au manche de son ombrelle alors qu'elle fixe la créature devant elle, à la fois surprise et effrayée.

Une... Sirène?! Non... Ce... ça ne peut pas être réel, n'est-ce pas? Je dois sûrement rêver. Oui, c'est ça, juste un rêve... se dit Sumireko en tentant d'ordonner mentalement à son corps de se réveiller. Sans effet. Elle regarde son bras et hésite. Elle n'a jamais accordé de crédit aux croyances populaires, mais elle tente quand même de se pincer le bras assez fort. Elle rouvre les yeux. La créature est toujours devant elle, mais contrairement à plus tôt, elle l'a remarquée.

Leurs regards se croisent. Les yeux bleus glacier de Sumireko plongent dans les yeux violets améthystes de la créature. La jeune humaine fixe ses orbes violets qui brillent de panique alors que la créature commence faiblement à s'agiter. Sumireko frissonne et se dirige vers elle presque mécaniquement, lâchant même son ombrelle sans s'en rendre vraiment compte. La Sirène devant elle semble paniquer et s'agiter de plus en plus à mesure que l'humaine s'approche, bien qu'elle reste faible. Sumireko s'agenouille auprès d'elle et lui offre son sourire le plus doux et le plus rassurant, ce qui semble calmer légèrement la créature, puis elle regarde attentivement sa peau sèche.

- Tu dois retourner dans l'eau pas vrai? Ne t'en fais pas, je vais t'aider. lui murmure Sumireko, sans être sûre que la Sirène puisse la comprendre.

Et en effet, la Sirène ne semble pas la comprendre puisqu'elle tente de s'éloigner en poussant un petit sifflement faible et craintif. Cependant, sans doute est-ce parce qu'elle n'a plus beaucoup de forces, cet effort se révèle infructueux. Sumireko hésite un peu, puis elle tend la main à la Sirène avec gentillesse en disant de sa voix douce, bien qu'elle sache que la Sirène ne la comprendra pas:

- Il est midi. Le soleil est brûlant, surtout pour toi. Fais moi confiance et ça ira mieux.

La Sirène la regarde avec incertitude, réfléchissant sûrement aux possibles conséquences si elle fait confiance à l'humaine. Quelques minutes passent, minutes pendant lesquels Sumireko patiente gentiment en plongeant son regard dans les yeux améthyste de la magnifique créature, observant ses différentes teintes de violet, sans pouvoir détacher ses yeux de ce bal coloré, se sentant fondre petit à petit pour sa Sirène.

Les légendes disent que les Sirènes peuvent ensorceler les humains en un clin d'œil. pense la jeune humaine en commençant à s'inquiéter de son état mental. Alors qu'elle envisage de s'éloigner le plus vite possible de la créature, celle-ci lui prend la main avec timidité et douceur. Le cœur de Sumireko s'arrête de battre quelques secondes, puis un magnifique sourire, probablement le plus heureux qu'elle n'ait jamais eu, apparaît sur son visage.
Après tout, si c'est pour me sentir aussi bien alors je vais sans problème me laisser envouter. se dit elle en passant lentement et avec douceur un bras autour des épaules de la jeune Sirène qui ne se débat pas, probablement trop faible pour ça. Sumireko la soulève sans mal et la porte dans la style de la mariée en se dirigeant vers la mer. Elle hésite un peu, sachant que son père et ses domestiques seront probablement surpris voire en colère qu'elle se soit baigné, mais en même temps ça sera aussi l'occasion de prouver qu'elle n'est pas aussi fragile que tout le monde le pense, et surtout elle va sauver sa belle Sirène. Elle s'enfonce alors dans la mer, ignorant l'étreinte des vagues réchauffées par le soleil, et porte la Sirène jusqu'à ce que l'eau lui atteigne le buste. La Sirène se sépare gentiment de Sumireko qui la laisse faire, bien qu'elle la regarde avec un air inquiet.

La Sirène parvient à rester à la verticale, face à Sumireko, le haut du corps maintenu hors de l'eau. Elle regarde l'humaine timidement, les joues rosées, tordant ses poignets nerveusement. Finalement, elle ose la regarder à nouveau dans les yeux et produit un doux son à mi chemin entre le grognement et le sifflement qui sonne comme une mélodie aux oreilles de l'humaine. Cependant, celle-ci est incapable de comprendre ce que signifie ce sifflement. Peut-être un remerciement? C'est le plus probable. Malheureusement, Sumireko n'a pas le temps du penser plus que ça car la Sirène se détourne et plonge dans l'eau salée pour ne plus reparaître. La jeune fille aux yeux de glace regarde pendant un long moment l'océan infini s'étendant devant elle, puis elle décide de sortir de l'eau. Mais, alors qu'elle arrive sur la plage, la jeune Hanabusa entend un cri perçant. Elle lève les yeux pour voir Hinata se précipiter vers elle, une serviette à la main et un air horrifié sur le visage.

Sumireko ignore si elle vient de passer la pire ou la meilleure fin de journée de sa vie. Elle a détesté les regards inquiets que tout le monde lui a lancé, les questions qui lui ont été posées et les airs graves de ses domestiques, comme si elle était une malade en phase terminale. Son père a même appelé le médecin qui, lui au moins, a compris Sumireko et a assuré qu'il n'y avait absolument rien à craindre, calmant ainsi le père Hanabusa. Mais d'un autre côté, Sumireko a rencontré sa belle Sirène, et ça, aucune mauvaise expérience ne pourra l'effacer. Rien que de penser à elle, la jeune Hanabusa peut sentir d'agréables papillonnements en elle.
Sumireko s'endort alors avec ce doux sentiment qui a commencé à naître en elle.

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La semaine a passé dans le plus complet des ennuis pour la pauvre Sumireko. Chaque jour, elle ne peut s'empêcher d'aller à la plage, espérant secrètement que sa belle Sirène serait là. Mais rien. Aucun aileron en vue, aucune chevelure argenté rappelant la neige, aucun œil améthyste dont les teintes varient en un bal coloré envoûtant... rien.

Aujourd'hui encore, Sumireko marche sans conviction vers la plage privée, ignorant royalement Akiko qui l'invite à se baigner avec lui. Cette fois, elle a mis son bikini violet avec des motifs dorés et compte bien aller nager, mais seule. Son père a bien vu qu'elle est en fait capable de nager dans la mer sans mourir. Alors qu'elle se dirige à nouveau vers l'endroit où elle a rencontré la Sirène, une impression étrange lui tord l'estomac. Cette impression étrange se transforme rapidement en mauvais pressentiment qui lui prend les tripes, lui retord les organes et crée une boule de négativité dans la gorge qui l'empêcherait presque de respirer.
Avec une certaine hésitation et ne sachant pas d'où provient ce pressentiment, Sumireko avance prudemment dans les rochers jusqu'à atteindre sa plage de sable fin. Rien d'anormal. La jeune fille aux cheveux couleur pêche secoue la tête de gauche à droite et se raisonne: ce n'est sûrement rien, un coup de fatigue peut-être. Néanmoins, elle ne peut s'empêcher de rester sur ses gardes.

Elle enlève sa robe et la pose sur le sable puis pose une pierre sur le tissus pour éviter qu'elle ne s'envole avant de se tourner vers la mer. Elle inspire et expire pour chasser la boule coincée en son être puis s'enfonce dans les vagues. Elle se pose un instant, le temps de s'habituer à la température, puis elle commence à nager vers le large avec une énergie que personne ne lui soupçonnerait.

Finalement, après quelques dizaines de minutes à nager vers le large, puis vers la plage, puis vers le large, puis vers la plage, Sumireko est interrompue par un cri de frayeur. Reconnaissant la voix de Mataso, Sumireko sort de l'eau salée pour aller voir ce qui se passe. Mataso et Akiko se serrent l'un l'autre en regardant d'un air effrayé un aileron de requin qui sort de l'eau. Le requin fait plusieurs tours dans l'eau en laissant une traînée de sang derrière lui, avant de plonger et de nager vers la partie de la plage où était Sumireko plus tôt. La jeune fille retient son souffle puis commence à aller vers la plage, lentement, en marchant sur les rochers, le plus éloignée possible de la mer.
Soudainement, un mouvement au coin de son œil attire son attention et elle se retourne vivement pour croiser un regard couleur améthyste.

Et à nouveau, elle tombe sous son charme.

Sa Sirène est là, devant elle, le haut de son corps sorti de l'eau alors qu'elle prend appui sur un rocher, regardant Sumireko avec un air... effrayé? suppliant? Peut-être un peu des deux. La jeune humaine ne peut résister et s'approche d'elle bien que son sentiment de malaise recommence à s'insinuer en elle. La Sirène se recroqueville sur elle-même, sûrement effrayée par Sumireko. Celle-ci s'arrête et s'accroupit devant elle, les sourcils froncés, remarquant une large entaille allant de l'épaule droite de la Sirène jusqu'à sa hanche gauche, courant le long de son dos et répandant le sang de la douce créature dans l'océan salé. La Sirène regarde Sumireko longuement en se calmant petit à petit puis, elle tend une main tremblante pour saisir le poignet de la jeune fille avec une force qui la ferait presque grimacer. Leurs regards se croisent à nouveau et la jeune Hanabusa lui offre un doux sourire qu'elle espère rassurant, avant de lui tendre la main.

La créature aux cheveux argentés hésite quelques minutes. Sumireko ne la presse pas, attendant patiemment. Finalement, comme si elles scellaient toutes les deux un accord, la Sirène prend la main de Sumireko, la serrant avec douceur en tremblotant et en produisant un doux sifflement aigu, probablement une manière d'exprimer son inquiétude. Les yeux de glace de la jeune humaine doivent sûrement briller de joie à cet instant, mais elle ne s'attarde pas sur son cœur battant avec une insistance désagréable dans sa poitrine et passe un bras autour des épaules fines de sa Sirène alors que celle-ci se hisse sur le rocher pour s'y asseoir. Le second bras glisse sous sa queue de requin pour que Sumireko puisse la porter dans le style de la mariée. À la grande surprise de la jeune fille aux cheveux couleur pêche, la magnifique créature passe ses bras autour de son cou pour se blottir confortablement contre elle.

Le trajet jusqu'à la plage est long et difficile. Sumireko a un peu de mal à marcher sur les rochers en portant la Sirène, même si celle-ci est plutôt légère. Finalement, après plusieurs minutes, Sumireko arrive enfin sur le sable fin et chaud. Elle ne pose la Sirène que quelques secondes pour enfiler sa robe avant d'aller vérifier qu'il n'y a plus personne sur le chemin jusqu'au manoir. Elle revient rapidement porter la créature marine aux beaux yeux améthystes pour entrer dans la propriété par un chemin très peu utilisé. Sa Sirène n'aide pas vraiment en se tortillant et en regardant autour d'elle d'un air intrigué et effrayé à la fois. Finalement, comme par un miracle divin ou par la magie scénaristique, Sumireko parvient à entrer dans sa grande salle de bain privée sans croiser un seul garde ou domestique. Tant mieux, sa Sirène commence à s'agiter et à grimacer de douleur à cause de sa blessure dont le sang a taché une bonne partie de la robe de l'humaine déjà trempée par le corps mouillé de la créature. La salle de bain en question est une grande pièce avec du carrelage de couleur caramel sur le sol et une partie des murs. Près des murs il y a des étagères en bois avec quelques rares produits de beauté, des affaires de toilettes basiques et des médicaments et autres choses nécessaires pour le premiers soins. Non loin de ces étagères il y a un lavabo normal, qui contraste un peu avec tout ce décors presque somptueux. Mais ce qui attire le plus le regard c'est l'immense baignoire au centre de la pièce. Elle fait presque la taille une petite piscine et la profondeur varie: à certains endroits on peut s'asseoir sans crainte et à d'autres l'eau arrive jusqu'au menton.

L'humaine ferme la porte de la salle de bain et dépose doucement la Sirène aux yeux envoûtants au bord de son immense baignoire qui ressemblerait presque à une piscine avant d'aller fouiller dans les placards pour prendre le nécessaire pour soigner la blessure de sa Sirène. Soudainement, un bruit de choc se fait entendre, faisant rapidement tourner la tête à Sumireko. La fille aux cheveux couleur pêche se retourne vivement pour voir la Sirène aux cheveux argentés tenter se s'échapper de la baignoire en poussant des sifflements aigus, les yeux agrandis par la terreur. Ignorant la terrible sensation de panique qui commence à naître en elle, Sumireko attrape un désinfectant, des cotons et des bandages avant d'aller calmement voir sa Sirène. Celle-ci tremble et tente de s'éloigner de l'humaine avec des mouvements rapides et maladroits. La fille aux yeux de glace fronce légèrement les sourcils. Elle doit calmer la Sirène à la cicatrice, et rapidement de préférence, sinon la blessure risque de se rouvrir.

Réfléchissant à ce qui pourrait calmer sa Sirène, Sumireko pose ses affaires sur le bord de la baignoire et son regard parcours nerveusement les alentours. Voir l'humaine ne pas la regarder semble rassurer en partie la Sirène, mais pas assez pour qu'elle s'arrête d'essayer de fuir. Avec une agilité assez surprenante venant de la créature marine, celle-ci s'est hissée sur le bord de la baignoire et tente maintenant de se traîner vers la porte à l'aide de ses bras. Sumireko plisse les yeux. La seule chose qu'elle voit qui pourrait potentiellement calmer la Sirène à la cicatrice serait de l'eau. Sans hésitation, la riche demoiselle se dirige vers le grand robinet et l'ouvre avec tout de même quelques difficultés. L'eau chauffée se déverse à flots dans la baignoire, le bruit sourd surprenant la petite Sirène qui s'arrête immédiatement dans son élan pour contempler la baignoire se remplissant devant elle avec un air apeuré et une once de curiosité. Pendant que la baignoire se remplit, lentement et sans faire de geste brusque, Sumireko s'avance vers sa Sirène pour lui tendre gentiment la main, un sourire rassurant ornant son joli visage. Cependant, sûrement à cause de la panique qu'elle a ressenti plus tôt, la magnifique créature aux yeux améthyste la regarde avec une peur et une méfiance non dissimulées. De nature patiente, la fille aux cheveux couleur pêche ne fait pas un mouvement pour la forcer, mais ne recule pas non plus. Plusieurs minutes se passent ainsi, sans que l'une d'elles ne fasse quoi que ce soit. 

Finalement, c'est un petit bip bip d'alarme qui force Sumireko à s'éloigner de la Sirène. Elle soupire et va éteindre le robinet, faisant ainsi cesser l'alarme qui prévenait que le niveau d'eau raisonnable allait être dépassé. L'humaine se retourne ensuite vers la Sirène qui semble avoir eu peur de l'alarme, bien qu'elle ne soit en fait pas très forte. Cependant, la créature marine, bien qu'effrayée, regarde Sumireko en plissant les yeux, l'air de réfléchir à quelque chose. Ne pouvant savoir ce qui se passe dans la tête de la créature au regard envoûtant, Sumireko réfléchit et tente de la mettre en confiance pour la convaincre de rentrer dans l'eau. Elle se déshabille donc, sans grande pudeur (à quoi servirait la pudeur devant une Sirène qui vit sa vie en exposant sa poitrine?) et va placer ses vêtements près de ses serviettes pour ensuite revenir s'asseoir au bord de la baignoire, plonger ses jambes dans l'eau, puis se glisser lentement dans l'eau chaude, laissant son corps s'habituer à la température. La douce sensation de l'eau chaude lui arrache un petit soupir d'aise et elle se tourne pour regarder la Sirène aux cheveux argentés.

Celle-ci s'est approchée sans que Sumireko ne s'en rende compte, visiblement intriguée par ses actions, ou par le corps de l'humaine. La fille aux yeux de glace rigole légèrement, puis lui tend la main. Au lieu de la prendre, la créature marine s'intéresse visiblement plus à l'eau qu'elle touche du bout des doigts avant de retirer vivement sa main pour ensuite recommencer en plongeant ses doigts, sa main, une partie de son avant-bras... Bien qu'au début, ce manège surprenne Sumireko, voire la rende perplexe, l'humaine finit par raisonner:
Si elle a vécu toute sa vie dans la mer, elle n'a pas dû connaître une eau aussi chaude.
Finalement, la Sirène se décide à se glisser dans l'eau assez lentement et timidement, appréhendant sûrement les effets de la haute température de l'eau sur son corps. Sumireko attend patiemment en lui faisant un sourire encourageant, mais n'essayant pas de la pousser, sachant que ça ne ferait que la faire paniquer encore plus. Après quelques secondes d'adaptation, la Sirène plonge dans l'eau et se met à nager dans la baignoire, faisant le tour de tous les coins et recoins et centimètres cubes, le tout à une vitesse surprenante tandis que son aileron dépasse de la surface et trace une ligne dans l'eau.

La voir explorer ainsi sa baignoire arrache un petit rire à Sumireko, avant qu'elle ne se reconcentre sur la raison pour laquelle elle a amené sa Sirène ici. La fille aux yeux de glace se dirige vers le bord de la baignoire où elle a laissé ses outils de soin puis réfléchit à un moyen d'attirer l'attention de sa Sirène et de la faire venir ici. Cependant, sa réflexion se révèle inutile car son déplacement a déjà attiré l'attention de la créature marine. L'humaine finit par s'en rendre compte au bout de seulement quelques secondes, en sentant un souffle chaud sur sa nuque. Elle se retourne vivement, par habitude de se méfier de tout, et croise le regard de sa Sirène, ce qui la fait s'arrêter immédiatement. La Sirène aux cheveux d'argent a la tremblote et recule légèrement, les joues rougies par la chaleur (ou peut-être sa proximité vis-à-vis de Sumireko), ses grands yeux larmoyants, par la surprise ou par la peur. La fille aux cheveux couleur pêche ne fait aucun mouvement pendant de longues secondes, puis elle lui tend la main, lentement, pas de geste brusque, juste une invitation rassurante. La Sirène à la cicatrice regarde sa main, puis lève les yeux vers Sumireko. Dans ses yeux, le sublime bal de mauve et de violet lui pose une question: Puis-je te faire confiance?

A cette question, Sumireko répond par une légère inclinaison de la tête vers l'avant et son doux sourire caractéristique. Alors rassurée, la Sirène tend timidement la main pour prendre celle de l'humaine. L'action est lente, tremblante et maladroite, mais la fille aux yeux de glace attend patiemment que sa magnifique Sirène daigne de lui accorder sa confiance. Finalement, quand la créature marine lève les yeux vers Sumireko pour lui lancer un regard incertain qui se remplit pourtant de gratitude, avant de lui faire le plus beau des sourires, l'humaine sait qu'elle est déjà damnée pour elle. Elle résiste à l'envie persistante de simplement la prendre dans ses bras et ne plus jamais la lâcher. Elle ne doit pas l'effrayer maintenant. Pas après avoir gagné sa confiance. A-t-elle même gagné sa complète et entière confiance? Probablement pas. Mais qu'importe.

Son cœur cognant fort contre sa poitrine, Sumireko se résout à briser le lien visuel et lâcher la main de sa Sirène pour attraper une bouteille de désinfectant et un coton. Elle ouvre la bouteille, imbibe le coton de désinfectant, puis elle repose la bouteille et se mord la lèvre. Comment va réagir sa Sirène quand elle essayera de désinfecter la plaie? Le désinfectant va la piquer... Va-t-elle cesser de faire confiance à l'humaine? C'est la dernière chose que souhaite la fille aux yeux de glace. Elle réfléchit à la marche à suivre puis décide de se hisser sur le bord de la baignoire. En se retournant, elle voit à nouveau sa Sirène, toujours non loin de Sumireko, les trois quarts du corps immergés, la regardant avec curiosité. Toujours assez hésitante, l'humaine tapote le sol près d'elle, l'incitant à venir auprès d'elle. Bien qu'au début, elle ne faisait même pas mine de venir, la Sirène finit par comprendre et se hisser près de Sumireko sans grande difficulté, laissant tout de même une distance respectable entre elles. L'humaine hésite un peu puis tend lentement sa main pour toucher du bout des doits la plaie en partie couverte de croutes. La Sirène frissonne désagréablement et son visage se tord en une grimace de douleur alors que ses muscles se crispent. Mais elle ne recule pas, ou ne s'enfuie pas. A-t-elle compris les intentions de Sumireko? Peut-être. C'est ce qu'elle espère en tout cas.

La fille aux cheveux couleur pêche déglutit puis presse le coton contre la blessure. Cette fois, la créature marine recule avec un sifflement de douleur, tremblotant un peu en regardant Sumireko avec de grands yeux terrorisés. La riche demoiselle se mord la lèvre et fronce légèrement les sourcils. Soigner la Sirène aux beaux yeux améthystes sera plus difficile que prévu, et elle risque de ne plus faire confiance à Sumireko si elle tente de la forcer, l'humaine en a conscience. Elle pousse un long soupir puis tente de se rapprocher à nouveau de la Sirène, qui se laisse faire mais ne quitte pas des yeux le coton imbibé de désinfectant dans la main de Sumireko, le fixant avec un air apeuré et méfiant en tremblotant légèrement. La fille aux yeux de glace pose une main qu'elle veut rassurante sur l'épaule de la créature aux yeux envoûtants , puis lève lentement le bras pour presser le coton contre la blessure, arrachant un autre sifflement de douleur à sa Sirène. Cependant, cette fois, elle ne s'enfuit pas. Encouragée par cela, Sumireko continue de désinfecter la plaie lentement et méthodiquement, prenant soin de bien désinfecter chaque millimètre carré de la plaie en prêtant le moins d'attention possible aux sifflements de douleurs que lâche sa Sirène de temps à autre. Elle use plusieurs cotons maintenant tous imbibés de sang et, à cause de son inexpérience en la matière, arrache un peu de croute et fait saigner la plaie à nouveau par endroits, mais elle finit enfin.

Après avoir désinfecté la plaie, Sumireko sent sa Sirène s'agiter, tentant de retirer la main de l'humaine de son épaule. Cependant la fille aux cheveux couleur pêche garde une prise ferme sur l'épaule de sa Sirène qui panique de plus en plus en sentant cette prise.
Désolée, mais ce n'est pas fini...
La jeune héritière parvient à attraper le tube de pommade cicatrisante, à l'ouvrir et à verser un peu de pommade froide sur la blessure de sa Sirène. Elle passe ensuite un bras autour de ses hanches, touchant l'endroit où la peau humaine devient une peau de requin, et tire un peu plus sa Sirène vers elle, ce qui semble horrifier cette dernière. Sumireko tente de ne pas y faire attention et lâche son épaule pour étaler doucement la pommade en appuyant le moins possible, ne voulant pas lui faire de mal. Heureusement, ou malheureusement, la plus grande douleur de la créature marine semble être la peur, qui la fige sur place et l'empêche de faire le moindre mouvement, hormis les tremblements de son petit corps chétif.

Les soins méticuleux ayant été apportés, Sumireko pousse un soupir de soulagement et lâche sa Sirène qui se glisse immédiatement dans l'eau pour observer Sumireko depuis le fond de la baignoire. Bien qu'hésitante, quand elle voit l'heure, l'humaine pousse un nouveau long soupir et se lève pour ranger les affaires qui lui ont permis de soigner la Sirène et se sécher. Elle va vers la porte qui mène au couloir. Personne ne doit pouvoir trouver la Sirène, qui sait ce qu'ils lui feront après tout. Alors Sumireko tourne la clef qui est dans la serrure dé la porte menant au couloir, fermant ainsi la salle de bain de l'intérieur. Elle tourne les talons pour se diriger vers une autre porte, menant cette fois à sa chambre. Celle-là, elle la gardera ouverte.

Avant de sortir de la salle de bain, Sumireko se retourne à demi pour jeter un dernier coup d'œil en arrière. Elle croise le regard améthyste qu'elle aime tant, juste avant que la créature marine ne replonge sous la surface, voulant sûrement se cacher de celle qui lui a fait autant de mal en voulant la soigner. Finalement, la fille aux yeux de glace se retourne vers la porte et la franchis avant de la refermer, sans fermer à clef.

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Ce n'est pas bon. Pas bon du tout.
Sumireko est allongée dans son lit. Après avoir laissé la créature dans sa salle de bain, elle a mis sa robe à laver, a enfilé un habit plus convenable et est allé dîner avec son père et les invités. Toutes les conversations ne tournaient qu'autour du requin que Mataso et Akiko ont aperçu, ce qui ennuya profondément Sumireko. Quoique, elle était simplement aussi ennuyée que d'habitude. Puis, après le dîner, elle est allée immédiatement s'enfermer dans sa chambre, prétextant une grosse fatigue. Elle a pu faire abstraction de la présence de la Sirène derrière la porte de la salle de bain et de son envie d'aller la voir, puis s'est simplement changée et couchée. Une fois à tête reposée, elle a pu réfléchir convenablement à sa situation: celle d'une jeune fille riche, promise à un grand avenir et qui se mariera de préférence avec un homme riche, mais qui est tombée complètement sous le charme d'une créature marine qui n'est même pas supposée exister et qui s'amuse à noyer les marins dans les légendes. Certes, cette situation est très déstabilisante, mais en plus, compte tenu de sa fierté naturelle, la jeune Hanabusa déteste plus que tout être devenue une servante bien obéissante pour cette... chose! Elle est entièrement sous son contrôle, elle qui a toujours tout eu sous son contrôle. Elle ne peut que lui obéir, sans avoir d'autre choix. Et c'est précisément ce qu'il y a de pire pour l'humaine.

Reste à voir comment le lendemain se passera.

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Elle ne s'attendait pas vraiment à ça. Certes, c'est supposé être une créature magique, mais tout de même, se soigner en une nuit... c'est un peu gros. Et pourtant, devant elle, dans l'eau du bain maintenant devenue froide, la Sirène nage, sa blessure au dos s'étant refermée. Il n'y a plus qu'une immense trace rouge-marron-violette à la place, attestant que la blessure a bel et bien existé. Sumireko pousse un soupir de soulagement; au moins la Sirène aux cheveux argentés ne souffrira plus et elle pourra retourner à la mer. Cependant, l'idée de risquer de ne plus la revoir pique. Mais ce qui pique encore plus, c'est que Sumireko est consciente qu'elle retombe sous son joug, qu'elle se laisse aller, qu'elle redevient un pantin au service de la magnifique créature. Elle soupire à nouveau, mais cette fois de déception envers elle-même. Soudainement, un bruit d'éclaboussure attire son attention. La Sirène se tient là, devant elle, dans l'eau, et la regarde avec un air à la fois craintif mais heureux. Se sentant à nouveau tomber sous son charme, Sumireko soupire puis lui tend doucement les deux mains avec son doux sourire habituel. Les yeux de la Sirène brillent légèrement et elle se hisse docilement sur le bord de la baignoire pour prendre ses mains dans les siennes. Petites mains pâles froides et humides.

Avec difficulté, car tentant de ne pas trop se mouiller, la fille aux cheveux couleur pêche porte la créature marine à la cicatrice jusqu'à un petit tapis de serviettes que Sumireko a installé. Elle l'y pose et la Sirène commence déjà à se tortiller et se redresser sur ses coudes pour voir ce qui se passe. L'humaine prend une serviette et la pose simplement sur le dos de la créature marine, pour la mettre en confiance. La Sirène se tortille d'autant plus pour voir de quoi il s'agit et s'enroule dedans puis commence même à jouer avec, gagnant un sourire et un regard attendris de la part de la riche demoiselle. Finalement, Sumireko s'agenouille auprès de la Sirène et commence doucement, lentement à sécher son corps humide avec la serviette, avec des mouvements apaisants et répétitifs. Appréciant visiblement ce traitement, la Sirène se laisse entièrement faire en évitant de trop bouger. Pour pouvoir mieux sécher ses cheveux, Sumireko glisse lentement sa main entre les mèches humides jusqu'à toucher une sorte d'élastique mou et gluant. Elle le retire, détachant ainsi les longs cheveux argentés de la créature, pour voir qu'il s'agit en effet d'un élastique fait avec des algues. La Sirène aux yeux améthystes jette un regard interrogateur à Sumireko puis prend timidement son accessoire qu'elle lui tend. Alors que la créature écailleuse allait se refaire une queue de cheval, l'humaine pose une seconde serviette sur ses cheveux et commence à les sécher. Bien qu'elle semble ne pas comprendre et être méfiante, la Sirène se laisse faire jusqu'au bout.

Après l'avoir séchée, Sumireko la laisse là quelques secondes, le temps d'aller vider la baignoire puis d'enfiler une simple chemise blanche et une mini-jupe rose par dessus son bikini, pour ensuite revenir vers la Sirène alors qu'elle finit de faire sa queue de cheval. La riche demoiselle s'assoit près de la créature pour réfléchir à un moyen de sortir sans se faire repérer. En effet, si hier elles ont pu entrer dans le manoir sans problème, Sumireko ne crois pas aux miracles. Ça ne se reproduira pas. Mais, assez rapidement, une solution lui apparaît et un sourire confiant et presque sinistre s'étale sur son visage. Elle a trouvé. Mais soudainement, interrompant le fil de ses pensées, elle sent un poids sur ses jambes. Elle écarquille les yeux en regardant ce qui a bien pu s'installer là, craignant presque une idiotie de la part de la Sirène aux cheveux argentés. Mais au final, la fille aux cheveux couleur pêche ne fait que plonger son regard de glace dans celui améthyste de la magnifique créature qui entre temps s'est installée sur ses genoux et a commencé à caresser la peau de ses cuisses du bout des doigts, bien qu'elle reste prudente malgré sa curiosité visible. Le toucher doux comme une plume fait frissonner Sumireko, surtout quand elle ne peut s'empêcher de fixer le bal de couleurs dans les yeux de la magnifique créature.

Bloquant immédiatement la sensation agréable, Sumireko offre un doux sourire de façade à la Sirène puis la prend dans ses bras pour pouvoir la porter dans le style de la mariée. Comme sachant ce qu'il lui faut faire, la créature marine passe ses bras autour de la nuque de Sumireko pour pouvoir se blottir confortablement contre elle. L'héritière la porte sans mal dans sa chambre où elle la dépose sur son lit pour la laisser là et aller fouiller dans son immense garde robe. Du coin de l'œil, elle peut voir la Sirène regarder partout autour d'elle, sûrement impressionnée par la grande pièce aux murs recouverts d'une tapisserie bleue ciel et aux meubles tous plus imposants les uns que les autres. Mais ce qui semble le plus intéresser la Sirène c'est le grand lit baldaquin aux draps rouges sur lequel elle est et dans lequel dort Sumireko chaque nuit. Elle se tortille dessus joyeusement avec des sifflements graves et amusés. Finalement, Sumireko trouve ce qu'elle cherchait. Elle tire sur la poignée et ouvre ainsi la trappe avec un petit sourire fier. La maison est pleine de passages secrets et de cachettes en cas d'attaque, et c'est précisément ce qui va leur servir à elle et sa Sirène pour s'échapper. Elle retourne auprès de la créature à la cicatrice et la porte à nouveau. Automatiquement, comme obéissant à un instinct, celle-ci passe à nouveau ses bras autour de la nuque de l'humaine.

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Ce fut long et laborieux mais ça y est; les voici enfin arrivées sur le côté caché de la plage, et sans que personne ne les repère! Elles ont bien failli échouer plus d'une fois, mais finalement elles y sont tout de même parvenues. Essoufflée par tous les passages et les détours qu'elles ont dû prendre et aussi par l'effort physique de devoir porter sans cesse la Sirène en descendant ou montant des échelles, en rampant dans des passages exigus, Sumireko pousse un long soupir et s'autorise à s'asseoir sur la plage pour quelques minutes. Sa Sirène lève les yeux vers elle avec un expression étonnée puis inquiète quand elle voit le visage de l'humaine devenu rouge par l'exercice et quand elle entend son souffle haletant et épuisé.

Après quelques minutes de repos, Sumireko dépose la créature à la cicatrice près d'elle et retire sa chemise avant d'être interrompue par la  Sirène qui est remontée sur ses genoux pour regarder son visage avec un air inquiet. Poussant un soupir, la fille aux cheveux couleur pêche repousse la créature aux cheveux d'argent pour pouvoir retirer sa jupe, se retrouvant ainsi en bikini. Après ça, Sumireko parvient à approcher à nouveau la Sirène pour l'enlacer et réussir à marcher vers l'étendue d'eau en la portant sans que ses jambes ne tremblent. Elles atteignent la mer rapidement et s'enfoncent toutes les deux dans l'eau jusqu'à un profondeur respectable où Sumireko peut enfin lâcher la créature aux yeux envoûtants qui ne fait que se séparer légèrement d'elle et la regarder, sans mettre de distance, sans s'en aller, sans plonger.

Son attitude surprend Sumireko, d'autant plus que la dernière fois, elle l'avait certes remercié, mais elle était partie sans demander son reste. Et là, elle reste auprès de l'humaine aux yeux de glace. Quelques minutes passent et la créature écailleuse ne produit toujours pas le son qui ressemble à un remerciement. Finalement, lassée, Sumireko prend une grande inspiration puis se force à lui tourner le dos pour commencer à aller vers la plage. Certes, elle voulait nager aujourd'hui, mais si cette créature est ici, c'est non. Elle doit couper les ponts avec elle. Cependant, elle s'arrête immédiatement dans son mouvement quand elle sent la main de la petite Sirène attraper son poignet pour la retenir. L'héritière se retourne, irrité, mais cette irritation disparaît dès l'instant où son regard plonge dans les grands yeux larmoyants de la Sirène qui semble la supplier muettement de rester. Voyant que l'humaine ne bouge pas, la créature marine aux yeux améthystes prend son courage à deux mains et la tire un peu vers elle, sans se montrer trop insistante ou sans avoir même l'air d'ordonner et de profiter de son pouvoir d'envoûtement pour forcer Sumireko à venir vers elle. Cette attitude surprend un peu l'héritière, mais finalement elle décide de se concentrer sur le moment présent et d'y réfléchir plus tard quand elle sent la demande de la Sirène devenir plus pressante, plus désespérée.

La fille aux cheveux couleur pêche se retourne complètement vers la Sirène et fait un pas hésitant vers elle. Cette action semble rassurer la créature marine qui continue de tirer avec douceur l'humaine vers elle, nageant lentement vers le large. Voyant la direction qu'elles prennent, Sumireko dégage son poignet de l'emprise de la Sirène qui regarde l'humaine, surprise, puis s'avance lentement vers elle en poussant un série de sifflements bas, tristes, et suppliants. Hésitant un peu, la fille aux yeux de glaces finit par soupirer et nager un peu vers le large, faisant tout de même attention à bien regarder où est la Sirène.
Même si je suis sous son charme, je ne dois pas oublier ce que disent les légendes à son sujet.

La Sirène regarde Sumireko nager pendant quelques instants puis se décide très rapidement à la suivre en nageant. Du coin de l'œil, l'humaine peut facilement voir l'aileron de la créature aux yeux envoûtants filer vers elle à une vitesse impressionnante, voire presque effrayante. Après avoir rattrapé l'humaine sans aucune difficulté, la créature marine lui tourne autour, reste auprès d'elle sans pour autant la toucher ou rentrer en contact direct avec elle. Finalement, après plusieurs minutes de nage tranquille pendant laquelle la Sirène s'amuse à tourner autour d'elle tout en faisant de temps en temps des petites pirouettes, Sumireko va s'asseoir sur la pointe de rochers pour se reposer. Elle sent un regard améthyste la fixer de sous la surface, et rapidement, la créature à la cicatrice émerge pour se hisser sans grande difficultés sur le rocher, aux cotés de la fille aux cheveux couleur pêche. Hésitant quelques instants, la jeune fille tend la main pour ébouriffer les cheveux argentés de la créature qui se laisse docilement faire en fermant les yeux dans un premier temps.

Elles restent là pendant plusieurs minutes en silence, Sumireko reposant ses muscles fatigués et la Sirène l'attendant probablement pour nager à nouveau avec elle. Se laissant aller à ses pensées, l'humaine se rend compte d'une chose, au final peu importante, mais qui nous gêne depuis le début de l'histoire.
Elle n'a pas de nom.
Réfléchissant un peu, elle se dit qu'elle doit avoir un nom dans sa langue, mais compte tenu du fait que Sumireko ne connaît pas sa langue et qu'elle ne peut pas lui demander à cause de la barrière du langage différent, il lui faudrait un moyen de la nommer. Plissant les yeux et fronçant les sourcils, la fille aux yeux de glace fixe la surface ondulante de l'eau en cherchant un prénom qui pourrait lui convenir. Mais aucun ne lui plaît réellement. Finalement, à force de réfléchir sans trouver, elle finit par chercher parmi les choses les plus stupides, jusqu'à prendre en référence la période de la journée.
Voyons... Il était midi... Midi... Le milieu du jour... En Kanji ça donnerait... Mahiru?
Elle se répète le nom plusieurs fois, même à voix haute, puis un sourire se dessine sur ses lèvres. Eh bien voilà, elle lui a trouvé un nom!

Soudainement, Sumireko sursaute légèrement en sentant le souffle chaud de Mahiru caresser son épaule. En effet, probablement intriguée de l'entendre dire et répéter un mot, la Sirène à la cicatrice s'est penchée vers elle. Peut-être pour tenter de comprendre ce mot, qui sait? Quoiqu'il en soit, dès que Sumireko se retourne vers elle, Mahiru recule rapidement en détournant le regard, ses joues pâles se colorant d'une nuance profonde de rouge. La fille aux cheveux couleur pêche ne peut s'empêcher de laisser s'échapper un petit rire, amusée par le comportement si mignon de Mahiru. Elle tend à nouveau le bras pour ébouriffer avec douceur les cheveux de la Sirène en un geste affectueux qui lui pardonne tout. Suite à ce geste visiblement amical, la créature aux yeux améthystes ose regarder à nouveau la fille aux yeux de glace qui lui offre un doux sourire en réponse.

Prenant peu à peu confiance, Sumireko passe doucement un bras autour des hanches de Mahiru. Surprise par ce nouveau contact, et se souvenant probablement de la fois où Sumireko l'a maintenue contre elle pour désinfecter la plaie maintenant devenue une simple trace rouge, la Sirène aux cheveux argentés se crispe et regarde l'humaine, mal à l'aise. Cependant, sans faire de geste pour retirer son bras, la fille aux cheveux couleur pêche ne l'attire pas contre elle et ne tente pas de la retenir au cas où elle fuirait. Alors, peu à peu, Mahiru se détend lentement et s'habitue à ce toucher pourtant assez intrusif de la part de la jeune fille. Elle se détend même tellement qu'elle finit par se pencher un peu vers Sumireko, laissant leurs épaules se presser l'une contre l'autre. Cette fois, c'est au tour de la jeune fille aux yeux de glace d'être surprise par l'audace soudaine de cette petite créature timide. Mais, elle, elle se détend rapidement et la laisse faire.

Malheureusement, l'heure du repas approchant, Sumireko soupire et se lève, face à l'eau mouvante. La créature marine, toute contente, pense qu'il est à nouveau l'heure de jouer, cependant, sa joie s'évanouit comme neige au soleil quand l'humaine se détourne pour la regarder avec une expression triste. Le visage de Mahiru change presque immédiatement pour devenir inquiet, voire triste elle aussi. Voyant à quel point son expression inquiète sa Sirène, Sumireko force un sourire et murmure:

- Au revoir Mahiru.

Puis elle se détourne et avance entre les rochers pour aller vers la plage. Cependant, et surprenamment, la créature aux cheveux argentés ne l'entend pas de cette oreille et plonge dans la mer pour nager près de Sumireko, ses yeux améthyste la suivant avec une expression d'incompréhension. Où vas-tu? Ce n'est plus l'heure des jeux? Malheureusement non. Les minutes passent et l'humaine est proche de la plage maintenant. L'eau ne sera bientôt plus assez profonde pour que la Sirène continue à la suivre comme ça. Mais, une voix forte et masculine arrête Sumireko et Mahiru dans leur mouvement. En l'entendant, Mahiru va immédiatement se réfugier derrière un rocher, sous la surface.

- Hey Sumi! 

Sumireko soupire longuement et jette un regard froid à Akiko en disant, tout aussi froidement:

- Mon nom est Sumireko. Et je te prierais de m'appeler par mon nom de famille.

- Ah ouais désolé Hanabusa. Bref, c'était pour te prévenir qu'on allait bientôt manger mais visiblement tu le savais déjà toi-même. Ça te dit de venir avec moi et Reiji au centre équestre cet après-midi?

Bien que surprise par l'audace du jeune homme, Sumireko ne change absolument pas de ton ou d'expression.

- J'avais mes propres plans pour cet après-midi. Mais rien ne t'empêche d'y aller avec ton jeune frère.

Visiblement déçu et déstabilisé par une attitude aussi glaciale, Akiko hésite puis hoche lentement la tête en disant maladroitement:

- B-bien... euh... à tout de suite alors...

Puis il tourne les talons et s'enfuit d'un pas raide et rapide vers le manoir tandis que Sumireko ne peut s'empêcher de faire un léger sourire de victoire. Cependant, une petite voix, aiguë et tremblante, la fait sursauter brusquement.

- Su... Sumi...?

Elle se retourne vivement, sous le choc de ce qu'elle a entendu pour croiser le regard améthyste de la Sirène qui la regarde d'un air à la fois intrigué, sans doute par la conversation avec Akiko, et effrayé, sûrement à cause de la brusquerie de Sumireko lorsqu'elle s'est retournée vers elle. Quelques secondes passent à nouveau pendant lesquelles Mahiru s'agite sur place, puis la créature finit par demander à nouveau:

- Sumi...?

Sortant alors de sa stupeur, Sumireko lui sourit d'un air attendri, puis s'agenouille près d'elle avant de poser sa main sur son torse, pour montrer qu'elle se présente.

- Sumireko. Hanabusa Sumireko.  rectifie-t-elle sans perdre son sourire.

Mahiru la regarde, puis tente de répéter son nom, mais il finit simplement dans une sorte de sifflement étrange. La fille aux cheveux couleur pêche sourit légèrement et tend la main pour pointer du doigt la créature.

- Et toi, c'est Mahiru.

La Sirène la regarde, étonne, puis regarde tour à tour son doigt, puis la jeune fille, avant de pencher la tête sur le côté, ne comprenant visiblement pas. La jeune fille aux yeux de glace sourit et remonte sa main vers le visage de Mahiru pour lui caresser avec douceur sa joue barrée par la cicatrice, mais finit par se retirer pour se relever et lui tourner le dos à regrets, arrivant enfin sur la plage.

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Finalement, elle y est allée. Elle avait beau ne pas vouloir, elle a décidé d'aller avec Akiko et Reiji faire de l'équitation. Du moins, elle a regardé les deux frères faire de l'équitation distraitement en réfléchissant à sa relation avec la Sirène. Elle était attirée et envoûtée, c'était indéniable. Et pourtant, la Sirène ne tentait pas d'insister, sauf quand elle sent que Sumireko est sur le point de la laisser pour de bon. Mais l'idée même d'être envoûtée, dépendante, enchaînée à quelqu'un est insupportable pour l'ego de la jeune héritière, même si la créature n'utilise pas cet avantage contre elle, ou du moins elle n'en a pas l'air plus consciente que ça. Les pensées sombres ont continué de circuler dans la tête de Sumireko jusqu'à ce qu'ils soient rentrés au manoir, la jeune fille ayant complètement ignoré comment Akiko montrait fièrement à quel point il était à l'aise sur un cheval. Finalement, la jeune fille s'est calmée un peu avant le dîner, et a poliment accepté la proposition de Akiko, Hinata et Mataso d'aller se baigner au clair de lune. Son père étant encore enfermé avec le père de l'autre famille, il ne pouvait pas faire de remarque ou empêcher la fille aux yeux de glace d'y aller.

Alors, après le dîner, elle est allé mettre un bikini sous sa robe, prendre une serviette, puis a rejoint la famille pour une baignade nocturne. L'eau n'est pas vraiment froide, mais pas non plus très chaude, cependant Sumireko s'y enfonce courageusement, aux côtés de Akiko. Il doit sûrement vouloir rester près d'elle pour la surveiller au cas où elle ait le moindre frisson de froid. Du moins, c'est ce que pensait Sumireko avant qu'il ne lui demande:

- Hey Sumireko, tu veux faire la course avec moi? On nage jusqu'au large et celui qui va le plus loin gagne, ok?

Plus intéressée par le défi qu'elle ne voudrait l'admettre, la riche héritière décide d'accepter avec un air calme. Ils trouvent un point de départ et commencent tout les deux à nager vers le large, le jeune homme allant clairement plus vite que la fille aux yeux de glace. Cependant, celle-ci n'est pas stupide. Elle gagnera cette course. Comme l'a dit Akiko: celui qui va le plus loin gagne; ce n'est donc pas une course de vitesse. Il lui suffit de dépasser l'endroit où Akiko s'est arrêté pour gagner. Elle prend alors son temps pour ne pas épuiser toute son endurance d'un coup et pour suivre le parcours du jeune homme. Il arrive près d'un immense rocher dont la pointe dépasse au large, mais s'arrête avant de l'atteindre et fait demi-tour en nageant plus lentement qu'à l'aller, sur le dos, probablement épuisé. Lorsqu'ils se croisent, il lui sourit amicalement en lui disant entre deux respirations fortes:

- J'abandonne! Mais il faut encore que tu ailles plus loin que moi pour gagner.

- En effet. Vous avez arrêté avant le rocher, c'est bien cela?

Dès qu'il acquiesce, Sumireko commence à nager plus vite, en faisant tout de même attention à ne pas perdre toute son endurance d'un coup. Elle prend son temps, mais après quelques minutes, elles parvient enfin au rocher et pose sa main dessus avec un sourire victorieux, bien qu'elle soit épuisée.  Elle reprend son souffle en contournant lentement le rocher, remarquant qu'il lui serait facile, même à elle, de grimper dessus et de s'y asseoir pour s'y reposer. Alors qu'elle réfléchissait sérieusement à cette idée, elle sent soudainement quelque chose de visqueux et musculeux s'enrouler vivement autour de sa jambe et la tirer sous la surface. Elle n'a que le temps de prendre une dernière bouffée d'air avant de se faire entraîner avec force sous la surface. Elle lutte maladroitement et faiblement contre la force qui la tire dans les profondeurs en tentant de dérouler la chose qui est enroulée autour de sa jambe, sans succès. Elle écarquille les yeux quand, dans le tourbillon trouble de la mer, des iris turquoises la fixent avec folie.

Sumireko se tortille et se débat avec force jusqu'à sentir quelque chose de pointu lui rentrer dans l'épaule avec force. La jeune fille laisse s'échapper un cri de douleur, inaudible dans l'eau, et tente faiblement de retirer ce qui est planté dans son épaule. Elle voit son propre sang se mélanger à l'eau salée et douloureuse de l'océan alors qu'elle sent ses force disparaître.

Cependant, et soudainement, les yeux turquoises devant elle semblent s'écarquiller et s'éloigner de leur proie tandis que ce qui la retient se tend brusquement avant de se relâcher tout aussi rapidement. Deux bras maigres et pourtant forts entourent le torse de l'humaine et la remontent rapidement, jusqu'à ce que Sumireko sente soudainement l'air lui fouetter le visage et qu'elle prenne une grande inspiration en toussant, crachant et vomissant l'eau qu'elle a pu avaler. Ses yeux sont rouges et piquent à cause de l'eau salée, sa vision est trouble et la douleur lui martèle l'épaule au rythme de ses battements de cœur effrénés. Elle panique; ce qui l'a blessée et a peut-être même tenté de la tuer est encore dans l'eau, non loin. Habituée à se faire prendre pour cible à cause des multiples tentatives d'assassinat qu'elle a pu subir - son existence même étant gênante pour certains rivaux de son père - la jeune fille aux cheveux couleur pêche se calme, ne cherchant pas plus que ça à débattre de la normalité de la situation, et tente de grimper sur le rocher, bien que sa vue soit encore diminuée. La douleur sans ses mains lui signale qu'elle doit se les avoir écorchées, mais elle ne les retire pas du rocher et se hisse dessus alors que la force qui l'a tirée hors de l'eau la pousse maintenant sur le rocher. Incapable de voir de qui ou de quoi il s'agit, Sumireko observe juste la forme humanoïde fine retourner sous la surface alors qu'elle tente de calmer sa douleur.

Ne sachant pas quoi faire d'autre à part attendre que le danger soit écarté, Sumireko tente d'au moins calmer son hémorragie à l'épaule en appuyant dessus, bien que les restes d'eau de mer sur ses mains font piquer d'avantage la blessure déjà douloureuse. Sa vue redevient normale peu à peu alors que son corps se sèche, et elle peut apercevoir un détail curieux sur sa jambe. En effet, à l'endroit où la chose s'est enroulée autour d'elle, sa peau présente des marques de succion. Frissonnant à la fois à cause du froid ambiant et de sa découverte, son regard se dirige vers l'eau, immense masse noire et agitée. Elle attend, une minute ou deux, puis se donne l'autorisation de réfléchir.

La chose qui l'a attaquée était probablement soit un poulpe, soit une pieuvre. Cependant, ses iris turquoises étaient bien ceux d'un humain. Cela pourrait paraître surprenant, voir fou pour certains, mais Sumireko a déjà rencontré une Sirène requin, alors pourquoi pas une Sirène poulpe ou pieuvre? La jeune héritière finit par opter pour cette hypothèse, n'ayant aucune piste plus logique. Mais pourquoi l'a-t-elle attaquée? Y a-t-il une sorte de rivalité entre les Sirènes? Des Sirènes hostiles aux humains tandis que d'autres sont plutôt amicales? Ou peut-être n'est-ce rien de tout cela, seulement une Sirène à la personnalité un peu trop folle qui aime faire du mal?

Les minutes passent et rien ne se passe. L'attente en deviendrait presque insupportable pour la jeune fille aux yeux de glace, qui se doute que la Sirène folle attend simplement et patiemment qu'elle replonge dans l'eau pour la rattraper facilement. Si la jeune fille avait eu des yeux capables de voir dans l'obscurité, peut-être aurait elle remarqué l'océan prendre une teinte rouge bleuâtre aux nuances violettes. Soudainement, une ombre émerge enfin avec un sifflement/grognement grave. Dans l'obscurité, et avec la distance, Sumireko ne peut que la voir approximativement et en déduit simplement qu'elle a des cheveux clairs attachés en queue de cheval haute. La créature regarde sous la surface, puis lève lentement les yeux vers a jeune humaine assise sur un rocher. Le cœur de Sumireko rate un battement, ou même deux ou trois, quand elle reconnait la paire d'orbes améthystes qui la fixent. Elle hoquète alors qu'elle se rend progressivement compte de qui elle a en face d'elle. Mais Mahiru, la petite Sirène aux cheveux argentés, semble à cet instant très différente. Ses yeux reflètent non pas la crainte qu'elle a l'habitude de voir, mais une brutalité presque surprenante sur un visage qu'elle avait l'habitude de considérer comme presque innocent. Son visage reste d'apparence doux, mais il est fendu par un grand sourire cruel et carnassier, montrant les crocs encore pleins d'un mélange de bleu et de rouge qui finit par former du violet foncé. Ses cheveux argentés restent les mêmes pourtant, quoiqu'ils ont l'air un peu plus ébouriffés que d'habitude. Sa cicatrice, par contre, n'a pas changé d'un poil. On pourrait croire qu'elle aurait paru plus effrayante ainsi, mais non, elle n'a pas changé. Sumireko a toujours pu deviner la démence de la Sirène grâce à cette cicatrice, il n'y avait donc pas de raison pour qu'elle change ainsi.

La Sirène - qui n'était donc pas exactement Mahiru mais plutôt une sorte d'autre personnalité - se hisse sans difficulté sur le rocher auprès de Sumireko. La place étant assez étroite, les deux doivent se serrer l'une à l'autre, mais il semble que cela ne dérange pas la Sirène plus que ça. La peau de requin rugueuse de sa hanche irrite celle douce et fragile de Sumireko, mais la jeune fille aux yeux de glace ne s'en plaint pas, ce n'est pas réellement désagréable. Elles se regardent un instant puis le regard de la jeune humaine dérive vers la hanche de la Sirène dans laquelle quelque chose de pointu semble être enfoncé. Prudemment et lentement, ne voulant pas risquer d'attirer les foudres de la Sirène à la cicatrice, elle dirige sa main vers l'objet et hésite quelques secondes avant de tirer dessus d'un coup sec. L'objet est facilement retiré au prix d'un fort sifflement de douleur de la part de la créature marine qui n'a cependant pas reculé. Observant l'arme, Sumireko se rend compte avec étonnement qu'il s'agit d'une paire de ciseaux, probablement les mêmes qui ont transpercé son épaule plus tôt. La jeune fille les dépose sur le rocher puis pousse un long soupir qu'elle ne se serait pas autorisé à pousser dans d'autres circonstances. Elle se retourne pour regarder la Sirène près d'elle qui semble s'installer tant bien que mal. Leurs regards se croisent et les yeux de la créature s'adoucissent et elle lui fait un grand sourire, montrant ses crocs mais ayant une attitude amicale. Sumireko ne peut probablement pas s'empêcher de rougir, mais lui rend son sourire en luttant tout de même peu à peu contre le sommeil qui l'assaille. Elle a besoin de ses dix heures de sommeil quotidiennes, même si elle doit les passer sur un rocher. Hésitant durant de longues secondes, l'héritière d'une riche fortune se décide alors à passer la nuit la plus rustique de sa vie, sur un rocher en compagnie d'une créature marine, les deux blessées et la créature en question avec la bouche encore pleine de sang. Avant de s'endormir pour de bon, Sumireko est surprise de sentir sa Sirène l'enlacer mais ne peut s'empêcher de sourire.

Peut-être que cette nuit-là ne sera pas la pire après tout.

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