OS 7- Chaos

TW: violence, sang, attentat

***

Je perçois quelques sons étouffés, comme si j'étais plongée sous l'eau. Comme si je me noyais, percevant les dernières bribes de vie autour de moi. Pourtant, je ne suis pas immergée, et les sons ne sont pas ceux apaisants de l'océan, ni d'un lac. Ce sont plutôt des cris, des hurlements, des explosions. Peut-être que la télé est encore allumée, que je l'entends de loin, branchée sur la chaîne d'action. Chaque particule de ma peau nue frissonne, touchée par des brises froides, ou bien par le carrelage gelé.

Un liquide chaud coule et s'étale autour de moi. Je suis sur un sol, peut-être celui d'une piscine que l'on commence à remplir, avec des enfants jouant non loin à s'attaquer les uns les autres. Oui, c'est sans doute ça.

- Candy !

La voix transperce le flou dans lequel je baigne, et le visage de Near apparaît devant mes yeux.

- Oh non, non, non, Candy, je t'en prie reste avec moi. Viens, on doit s'enfuir, on va trouver des secours.

Une nouvelle explosion, et toujours, ces cris effrayés, épouvantés. Je porte la main à mon flanc, et tout me revient doucement. C'est du sang, qui coule de mes plaies. Une balle m'a effleurée, les autres m'ont transpercé la peau. Elles doivent toujours être logées dans mon corps, car quelque chose bouge à l'intérieur. Ma tête me semble blessée aussi, elle me fait mal. Les plaies et la douleur expliquent mon flottement.

- Candy, est-ce que tu m'entends ? Accroche-toi, on doit sortir.

Near.

Ce matin, je me suis levée, comme à mon habitude, et j'ai abattu mon poing sur mon réveil pour qu'il se taise, puis j'ai juré entre mes dents car je l'avais encore cassé. Je me suis assise en repoussant mes couvertures avant de glisser mon doudou sous l'oreiller, pour que personne ne le voit. Tout le monde pense que je l'ai abandonné à mes quinze ans, mais on ne change pas une équipe qui gagne, et je cauchemarde toujours sans Peanut. Et puis, comment résister, il est tellement mignon ! Légèrement rapiécé, sans doute ... Mais ce lapin en peluche reste tellement doux malgré les années que c'en est addictif.

- Vite Candice, ils vont revenir, on va mourir si on ne se dépêche pas.

Mourir ? Mais ... Je suis déjà sur le chemin de la Mort, Near. Tu ne le vois pas ? C'est pour ça que je flotte. Je m'envole.

Quelque chose passe dans mon dos, et me relève très vite. Trop vite pour moi. Je gémis, et ma vue s'obscurcit.

- Allez. On doit juste atteindre le couloir avant qu'ils ne reviennent, s'il te plaît.

Je sens mes jambes bouger, même si je n'ai pas conscience de les diriger. Je garde les yeux fermés, et me concentre pour respirer. Je trébuche, mais Near me retient. Puis je trébuche à nouveau. Et encore. Et encore. J'entrouvre les paupières mais je ne vois pas grand-chose, et pas plus net. La forme d'une porte se dessine, et les halètements de Near m'indiquent que nous sommes près du but.

- On y est presque, Candy. Tiens bon.

Nous nous arrêtons, et quelques murmures nous parviennent lorsque la porte grince, celle de l'issue de secours, si nous avons suivi le chemin que j'imagine.

- Eh, vous !

Ce matin, après avoir caché Peanut sous mon oreiller, je me suis levée, quittant définitivement mon lit douillet et la chaleur de la nuit. J'ai saisi la pile de linge propre que je devais ranger depuis des semaines ; et en ai tiré un jean noir assorti à un top manches longues, ainsi qu'un tee-shirt large blanc à enfiler par dessus. Je devais donner une conférence aujourd'hui, sur l'importance que l'entreprise Blizzard Designs trouve à utiliser le plus de matériaux recyclé que possible, en conservant pour autant un résultat luxueux et irréprochable.

- Oh merde. Candy, avance. Je te rejoins.

- Eh !

Des pas. Des pas résonnent, comme des centaines de coups de marteaux simultanés sur et dans mon crâne, partout où cela peut mettre mon cerveau hors d'état de nuire. Ou simplement hors d'état d'utilisation, parce que dans ma situation actuelle, je ne peux pas vraiment nuire à quelqu'un.

Sortant de la salle de bain, coiffée d'une tresse impeccable me tombant au milieu du dos, et maquillée simplement mais élégamment, je fourrai mes pochettes, papiers et stylos dans mon sac. Tout était prêt, et aujourd'hui, l'entreprise allait marquer les esprits en montrant que luxe et écologie sont cumulables.

- Stop ! Arrêtez vous !

Near me pousse vers l'avant, et une nouvelle explosion retentit dans mon esprit. Plus rien ne me retient, et je touche le sol, le rencontre avec violence. Quelqu'un m'attire vers lui, et je me retrouve serrée contre un torse.

- Je vous en prie, laissez-la. Tuez moi, mais pas elle.

- Tu es fou ? Tu devrais supplier pour ta vie, et non pas pour celle d'une mourante.

- Moi, je ne suis pas égoïste au point de regarder des gens mourir. Encore moins de provoquer leur mort.

Oh Near. Tu es fou.

J'ai pris ma voiture, l'Audi que ma famille m'a offert pour me féliciter d'avoir gravi si vite les échelons de la mode. J'adore cette voiture, c'est un cadeau inestimable à mes yeux, le message qu'elle fait passer est fort, mais pour autant, je préfère le petit porte-clé pendant du rétroviseur, devant le pare-brise. C'est Aza qui me l'a offert. Azalea Millet, anciennement à Brown Luxury, et qui a monté cette merveilleuse entreprise, qui surpasse toutes les autres en France et même en Europe. J'ai eu tellement de chance de m'avoir rencontrée. C'est grâce à elle que je suis là aujourd'hui, heureuse et gagnant tout l'argent dont j'ai besoin et même plus.

Je ne sais même pas si j'entends l'explosion, le coup de feu. Mais je sais qu'il vient, car les bras de Near relâchent leur étreinte autour de moi.

- On l'achève ? demande un homme.

- Non. Il n'est pas encore mort, et torturer les esprits c'est vraiment bien. Tire lui dessus. A ces trois endroits précis. Elle mourra, et ils verront l'autre souffrir. Puisqu'ils sont trop bêtes pour se sauver l'un l'autre alors qu'ils se trahissent perpétuellement.

Je me suis garée sur le parking, à la place portant mon nom. C'est fou, je pourrais avoir fait dix ans d'études et travailler dans un hôpital que j'aurais eu ce même privilège, celui de la place réservée. Tant mieux, après tout. Mais je me disais tout de même que chacun devrait pouvoir accéder à sa place réservée.

Il y a beaucoup de monde aujourd'hui, les parkings sont pleins. Sans doute à cause de la conférence. Beaucoup d'hommes, assez musclés. Peut-être y a-t-il un évènement ? Je n'en sais rien. Deborah m'a appelée, et j'ai détourné mon attention de ce monde inhabituel. Après tout, les grosses journées ne sont pas si rares. J'y fait juste attention maintenant.

Je ne sens plus rien d'autre que la douleur qui irradie de mes plaies. Je ne sais même pas si Near me parle, s'il est encore vivant, je sens juste mes gémissements me brûler la gorge, et quelque chose d'invisible s'écouler de moi. Je ferme les yeux.

En entrant dans le bâtiment, la foule n'avait pas diminué, mais je ne m'en suis pas inquiétée, au contraire. Tout le monde se réjouissait de la grosse journée que nous aurions, des clients que nous recruterions, de tout. C'était tellement contagieux, je ne me suis pas méfiée. J'aurais peut-être du.

- Near ...

- Tais-toi. Tais-toi, fais la morte. Fais la morte. Comme moi. On parlera plus tard. OK ?

- OK.

Ils sont arrivés si vite ... Je montais vers la salle de conférence, j'étais sereine, révisais mon discours. La petite musique de l'ascenseur me relaxait, et j'ai roulé mes épaules, prête à sortir. Les portes se sont ouvertes, et d'un seul coup, il n'y a eu que le chaos.

Tout le monde courait, criait, saignait. Un gros bruit a retentit, une mitraillette, sans doute, et je me suis effondrée.

Il n'y a eu que le chaos.

***

1324 mots ^^

Je ne comptais pas publier ça un jour, j'avais même oublié cet OS ... Mais je l'ai relu, et ça m'a fait penser à Daf ... Et je le publie.

Je voulais montrer surtout ce phénomène de la vie qui nous quitte ...

Bien sûr personne ou presque ne peut nous décrire ça mais bon ...

Défi réussi ?

N'hésitez pas à voter, commenter, passer commande, ça fait toujours plaisir et je ne mange personne à travers mon écran ... pour l'instant ;)

Plus sérieusement, j'aimerais bien avoir quelques commandes si vous avez de l'inspiration à me prêter ... (Pensée à Luke)

Kiss,

Nessie

<444

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top