OS 4- Tribunal
- Ils l'ont eu ! Ils ont eu le coupable ! Le procès a lieu demain ! Ils veulent agir au plus vite !
Je me levai d'un seul coup, reposant ce que je tenais dans les mains pour me diriger vers ma mère.
- Quoi ?
Elle me prit dans ses bras et me serra contre elle, avant de se reculer et de passer ses mains sur mes épaules.
- Ils l'ont trouvé, il est au poste, James sera vengé, l'assassin va être puni. C'est fini, Glad'. C'est fini ...
- Je ... Il faut que j'aille prévenir Ashton.
- Oui, oui, bien sûr, je t'envoie le récapitulatif dès que Bénedict me l'a transféré.
Je n'en revenais pas. L'assassin de mon meilleur ami avait enfin été arrêté. Il allait être jugé. J'aurais du jubiler, intérieurement, depuis des semaines, nous le recherchions ... Mais le choc m'en empêchait, surtout quand je voyais ma mère danser à moitié dans le salon.
Je pris ma veste en cuir noire, mon casque ainsi que mes clés, puis montai sur ma moto pour rouler jusqu'à la maison de mon petit-ami. Il fallait que je lui dise ça, j'avais besoin de lui. C'était trop étrange, après des mois de recherches pour trouver l'assassin de James, d'enfin mettre un nom et un visage dessus, même s'ils m'étaient tous deux pour l'instant inconnus. Je me garai sur le chemin graillonneux et toquai à la porte, rafraîchie par le vent lors du trajet. Ashton ouvre la porte et s'appuie à son encadrement, coude au niveau de la tête, son tee-shirt dévoilant un morceau de peau nue que je fixai un instant.
- La vue est belle ? Je te laisse profiter alors, ricana-t-il. Parce que dans les moments où tu peux ne pas te gêner, généralement t'es à moitié inconsciente.
Je ris et lui assènai une tape sur le torse. Avec le temps, je m'étais habituée à ces allusions à nos ébats, même devant ma mère. Ashton et moi sortions ensemble depuis cinq ans, et nous ... côtoyions intimement depuis quatre ans. Je posai mon casque sur son meuble d'entrée, et il m'enlaça par derrière en m'embrassant délicatement le cou.
- Salut princesse.
- Hey beau gosse.
Ça, c'était notre bonjour. Le premier que l'on s'était adressé, en quatrième, à la fête d'anniversaire de ma meilleure amie. Elle était raide dingue d'Ash, à ce moment. Et moi ... Pas vraiment. J'étais plutôt la fille discrète, et banale, on en trouvait dix mille comme moi. Mais il est venu, en dragueur lourdaud, et je l'ai laissé faire parce que je m'ennuyais ferme à regarder tout le monde s'amuser. On avait quatorze ans. Pendant trois mois après la fête, il me disait bonjour, travaillait de temps en temps avec moi, mangeait à notre table avec ses amis, et se rapprochait. Mais je crois que c'est ça qui m'a fait tomber amoureuse. Ces petites attentions dissimulées un peu partout, ni invisibles, ni trop présentes. Comme lorsqu'il venait à ma table au CDI pendant que je travaillais, et qu'il jouait avec mes cheveux et me taquinait, avant de se taire et de glisser une sucette vanille-fraise dans ma trousse.
C'était une histoire d'adolescent, je le savais aussi bien que nos amis. Mais elle durait. Même aujourd'hui, à dix-neuf ans. James disait que nous resterions ensemble jusqu'à notre mort, parce que nous faisons partie de ces couples qui sont écrits dans les étoiles et que rien ni personne ne pourra stopper notre amour.
Il avait sans doute raison.
- Gladya ? Tu m'écoute ?
Je grimaçai. Je détestais mon prénom. Glad', ça suffit. Mais Gladya ... On devinait tout de suite la passion de ma mère pour l'Antiquité.
- Non, désolée. Tu disais ?
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu es bizarre.
- Ils ont trouvé l'assassin de James.
Ashton se raidit d'un seul coup, et j'eus soudain l'impression qu'il était à des kilomètres de moi.
- Et ?
- Il est au commissariat ... Je ne sais pas quoi en penser, Ash, je ... C'est comme si on avait échangé un poids par un autre.
- Il est au comissariat ?
- Oui. Le procès a lieu demain. Ma mère dit qu'il ne peut pas s'en sortir. Je voudrais que tu viennes, Ash, je ...
- C'est pas lui.
- Pardon ?
- L'assassin. Peu importe qui ils ont incarcéré, ce n'est pas lui.
- Pourquoi ? Ash, est-ce que tu sais quelque chose que ...
Il me fit taire d'un geste, et m'assis sur le canapé gris. Puis il s'agenouilla devant moi, mains sur mes cuisses, et plongea son regard dans le mien.
- Ce n'est pas lui, Glad', parce que ... c'est moi.
Un rire incontrôlable et hystérique s'échappa de ma gorge, et Ashton me regarda comme si j'étais devenue folle, ce qui était sans doute le cas.
- Toi ? Non ... T'es pas un assassin, Ash.
- C'était un accident, je te le jure, Glad', je suis désolé, je te le promets ... gémit-il en enfouissant son visage dans mes genoux serrés.
C'est à cet instant que je compris que mon petit-ami était sérieux, et je me paralysai d'un seul coup.
- Non ... Ce n'est pas toi. Ce n'est pas toi.
- On ... On voulait juste s'amuser, il ... Il voulait faire des feux d'artifice pour toi, et il y en avait deux qui ne servaient pas ... il en a allumé un ... Et moi l'autre, mais ...
- Tais-toi ! Tais-toi, suppliai-je. Il est mort de brûlures dues à de l'acide.
- Glad' ... Je suis désolé.
Je me levai lentement, sur le point de m'effondrer. James n'avait pas seulement été assassiner, il a fallu qu'il le soit par Ash. Son presque-frère. Ça ne pouvait être qu'un accident.
- Je me dénoncerai demain, je te le promets, continua-t-il.
- Non ! Non je t'en prie Ash. Non.
- Tu veux laisser cet innocent aller en prison pour mon crime ?
- Non ... Mais je ne veux pas que tu y ailles. On trouvera une solution. Ne me laisse pas avec elles.
Nos mères. Elles n'auraient pas compris. Elles se seraient déchirées, et je n'aurais pas eu les épaules pour ça. Ash devait rester. Il ne pouvait pas en être autrement.
- Ash par pitié. Ne te dénonce pas.
Les larmes roulaient à grands flots sur mes joues, et Ashton les essuya en acquiesçant.
- Je te le jure. Je t'aime, Glad', je suis désolé. On trouvera une solution.
Il me serra fort contre lui, et caressa mes cheveux.
- Je suis désolé, j'aurais du te le dire, mais ... je savais que tu n'aurais jamais voulu me dénoncer, et pendant les interrogatoires, tu aurais été prise comme l'assassin, et je refuse que tu ailles en prison pour moi.
Des sanglots me parcouraient, et me secouaient toute entière. Je ne savais absolument pas quoi faire. Quoi penser.
- Reste avec moi cette nuit, m'implora-t-il. Ma mère rentrera tard. Nous avons la maison pour nous.
Je hochai la tête. Il effectua une dernière pression sur mon corps, puis me relâcha et se dirigea vers la cuisine, d'où il revint les mains chargées de deux tasses de café qu'il posa sur la table basse en voyant que je n'avais pas bougé.
- Glad' ... S'il te plaît, profitons de cette dernière soirée.
- Non !
La peur m'emplit tout entière. Il m'avait promis.
- Non, tu as promis !
- Glad'. Je retourne mon cerveau dans tous les sens depuis ... Longtemps pour savoir comment m'échapper, j'ai donc déjà écarter bon nombre de solutions. Mais laisser un innocent en prison, ce n'était même pas à prendre en compte. Et là ... je réfléchis, mon amour, je te le jure. Mais il n'y a pas d'autre solution.
- Ne me laisse pas ...
- Juste ... Pas pour toujours. Je sortirai. Et tu m'attendras, non ?
- Oui, déclaré-je avec ferveur. Oui, je t'attendrai.
- Viens là.
Il m'attira de nouveau à lui, et je laissai mon calme reprendre le dessus à mesure que les dernières larmes s'écoulaient. Ce serait donc ma dernière lui en sa compagnie. Avant longtemps.
***
Le réveil sonna alors que nous n'avions pas fermé l'œil de la nuit.
- C'est pas grave, souffla Ash dans mon oreille. On se lèvera après.
Je hochai le menton avec difficulté, et je ne pus bouger pendant plusieurs minutes après ça, parce qu'un tas de sensations incroyables eurent raison de moi. Le nom d'Ashton résonna dans la pièce, puis le mien, et la dure réalité nous rattrapa durement.
Il s'étendit à mes côtés, et caressa mon visage, puis mes cheveux.
- Je t'aime ...
- Je t'aime, répondis-je avec un sourire fébrile.
Je l'observai se lever et prendre ses affaires pour se diriger vers la salle de bains, puis je l'imitai très vite, ne voulant pas passer un instant sans lui. Nous prenons donc notre douche, nous préparons, et descendons prendre le petit-déjeuner, sous l'œil bienveillant de sa mère, déjà attablée avec sa tasse de café, et ses petits pains chauds que j'affectionne tant.
- Bonjour, Gladya.
C'est réellement la seule personne au monde que je laisse délibérément m'appeler ainsi, parce que mon prénom sonne bien dans sa bouche.
- Bien dormi ?
Elle nous jette un regard malicieux, et je me mords la lèvre en enfouissant mon visage dans l'épaule d'Ash, qui rit doucement. De la part d'Ash, je m'y suis faite, mais sa mère ... c'est autre chose.
- Pas tellement, répond-il.
- J'ai cru entendre. Bon, prenez quelque chose à grignoter, et allez-y, vous allez être en retard.
Je saisis un pain, et mordis dedans, retenant mes larmes alors qu'Ash enlaçait sa mère avec force.
- Je ne pense pas rentrer ce soir, lui dit-il.
- D'accord, mon chou, mais soit prudent sur la route.
- Promis. A plus tard, maman. Je t'aime.
- Je t'aime aussi, Ash, répondit-elle, troublée, mais sincère.
Je récupérai mes affaires sur le meuble d'entrée, et suivit Ash dehors. L'heure était venue.
Arrivés au tribunal, tout le monde nous salua, et je m'accrochai au bras de mon petit-ami, qui faisait tout comme moi mine d'être heureux. Nous ne devions absolument pas laisser quelqu'un se douter de quelque chose. Nous nous sommes ensuite assis sur les places nous étant réservées par la mère de James, et à présent, Ashton me serrait la cuisse avec force, me faisant regretter d'avoir accepté qu'il prenne ses responsabilités.
Le juge prit la parole, et je broyais les mains d'Ashton, jusqu'au moment où il se leva, lorsque la sentence devait être prononcée.
- Ashton ? soufflai-je.
- Votre honneur ! Je plaide coupable.
Mon monde s'arrêta. Je savais que cela devrait arriver, mais j'avais espéré un dernier au revoir. Je me levai, et lui agrippai le bras, mais il me repoussa, et ma mère me retint.
- Je suis coupable de l'homicide involontaire de James Hoock.
- Non ...
Je n'étais pas prête. Définitivement pas prête. Je pensais l'être. Mais ce n'était pas le cas. Je n'étais pas prête à son arrestation, pas prête à le voir disparaître devant mes yeux. Pas prête à le laisser partir.
Je n'étais pas prête, mais encore moins à la gifle que la mère de James m'offrit généreusement.
- Tu étais de mèche ! Tu as tué James !
- Non, je vous jure ...
- Sortez. Je ne veux plus te voir. Ni toi, ni ta mère.
- Viens, Gladya, on s'en va.
Vidée de mes forces, je suivis ma mère, lui promettant que je ne parlerai plus ni à la famille de James, ni celle d'Ash.
***
1870 mots ^^
Cet OS n'était pas forcément prévu comme ça au départ, et je vous l'accorde, il n'aura pas été l'un de mes plus beaux écrits, mais je l'aime bien comme ça, j'aime ce message qu'il porte, de toujours assumer ses actes tôt ou tard, de ne pas laisser des innocents payer pour nous, et surtout, penser à nos proches lorsque l'on fait quelque chose.
Parce qu'ils ne seront pas toujours là, et parce qu'ils sont trop importants pour être blessés. Encore moins par nous.
Je ne sais pas vraiment quel était mon défi, peut-être celui de faire passer un message fort, en plus de comme toujours, vous faire ressentir.
Mais ... Défi réussi ?
N'hésitez surtout pas à voter, commenter ou passer commande, je ne mange personne à travers mon écran ... pour l'instant ;)
Kiss,
Nessie
<444
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