OS 13- Violence

TW: Violence conjugale, mention d'alcool

L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTE ! SI VOUS SOUFFREZ D'UNE ADDICTION, DES NUMEROS D'AIDE ET DES ASSOCIATIONS SONT A VOTRE DISPOSITION !

LA VIOLENCE N'EST PAS UN JEU. SI VOUS ÊTES VICTIME DE VIOLENCE INTRAFAMILIALES OU DE HARCELEMENT, PARLEZ-EN.

***

- Hey.

- Hey ...

Andrey m'embrasse le front, et je souris doucement.

Hier, nous étions vendredi. Journée longue, fatigante. Il a voulu passer au bar, se détendre un peu pour revenir agréable, et aimant. Je l'ai laissé faire, l'embrassant doucement, et préparent son plat préféré. Ce n'est pas simple pour lui, en ce moment, la pression, la fatigue, ses épaules se courbent et je le vois bien. Alors j'essaie d'être la source de relâchement. Qui ne donne pas de fil à retordre. Avec qui il apprécie d'être. Les lasagnes étaient une bonne solution. Enfin, de mon point de vue.

Son pouce effleure ma joue et il caresse ma peau avec tendresse.

- Je t'aime. Tu sais que je t'aime ?

- Bien sûr que oui, soufflé-je. Je t'aime aussi. Plus que tout.

Andrey se lève, enfilant un tee-shirt noir. Puis il se penche, et m'embrasse encore, doucement, m'invitant à le rejoindre. Alors je m'exécute.

Il lui arrive souvent d'avoir des sautes d'humeur. De hurler, de me menacer. De lever sa main, puis de la rabattre en un poing contre lui, soufflant très fort par les narines, mâchoires serrées. Comme un bœuf qui serait prêt à attaquer. Un animal sauvage et effrayant. Mais il ne me fait presque jamais de mal. Pas vraiment.

Hier, lorsqu'il est rentré, tard dans la soirée, son haleine suintait de tous ses verres de trop. Ses yeux n'étaient plus qu'un réseau de veines rougies et gonflées, et ses mouvements étaient lents, confus, tandis que les mots se bousculaient entre eux pour sortir de sa gorge.

- Tu m'embrasses pas ? a-t-il demandé d'une voix bourrue.

J'aurais voulu lui crier dessus, le secouer, lui montrer la pendule que nous avions achetée dans une brocante, un jour d'été, puis mon téléphone, le sien, tous les appels manqués, j'aurais voulu pleurer et lui dire combien je le détestais de m'avoir inquiétée de la sorte pendant des heures. Mais tout ce que j'ai fait, c'est me lever, et lui déposer un baiser sur les lèvres.

- Tu viens manger ... ?

- J'ai pas faim. Viens avec moi. On va se coucher.

- Mais ... J'ai faim, moi ... je mange un truc, et je te ...

Je n'ai pas terminé ma phrase, main posée sur ma joue brûlante, les yeux écarquillés, pleins de larmes. Il venait de me gifler.

L'étreinte de ses bras est comme un poison, ce matin, qui se répand lentement en moi.

- Je suis désolée, pour hier, j'aurais du venir me coucher.

Il me sourit amoureusement, prend mon visage en coupe et le parsème de baisers. C'est toujours comme ça. Je m'excuse pour ses actes, il pardonne, et la vie reprend son cours.

- Il faut que tu fasses plus attention, chérie. Tu sais combien je perds mon calme en ce moment. Je ne veux pas te faire plus de mal que nécessaire.

Je hoche la tête et lui rend son baiser.

- Retire cette main de ta joue, et cesse ta comédie. Je t'ai à peine touchée.

J'ai déglutis avec force, et hoché la tête en obéissant. C'est ce qu'il y avait de mieux à faire. Andrey a saisit ma main, l'a serrée.

- Viens te coucher.

J'ai ouvert la bouche pour accepter, effrayée, et mon ventre a émis un grondement.

- Putain, mais tu le fais exprès ?!

Sa main m'a lâchée, comme si je l'avais brûlée, et s'est abattue en poing dans mon estomac. Je suis tombée à genoux, le souffle coupé.

- Mon amour ... tu veux du café ?

Sa main ne me lâche pas, comme s'il craignait que je ne m'enfuie. Ce que je devrais sans doute faire. Mais je ne peux pas. C'est lui qui décide. Il a décidé que je reste. Décidé de nous lier, d'abord avec une bague, puis en répandant sa vie et son poison en moi, enfant que je porte et que je refuse de mêler à cette violence.

Andrey passe ses bras autour de moi, mains sur mon ventre, et visage dans mon cou. Il m'aime. Malgré tout ce qu'il peut dire ou faire, il ne le pense pas, il m'aime. Il m'aime, et je l'aime aussi.

J'ai poussé un cri de douleur, que j'ai regretté alors que les coups continuaient de pleuvoir, de même que ma tentative de fuite. La chaise en bois m'a éraflé le visage, puis s'est écrasée contre le mur derrière moi.

- Ne me fuis pas ! Tu sais, tu sais qu'il ne faut pas fuir ceux qu'on aime !

Je veux juste qu'il arrête. Qu'il cesse.

- Tu iras réparer ta joue, me dit-il durement. Je ne supporte pas de te voir t'exhiber.

Je devrais répondre. Dire que non, que je vais garder cette marque pour qu'il voit combien il me fait mal. Comme il me traite mal. Mais je ne dis rien, je me contente de hocher la tête, silencieuse. Comme je le suis toujours. Quand il me parle, quand il me frappe, quand je le laisse parcourir mon corps.

Je ne bouge pas, cesse de me débattre. C'est la seule solution. L'immobilité. Peut-être qu'il arrêtera. Comprendra. Ma tête frappe durement contre le carrelage, je sens ses poings marquer ma peau. Mais je ne fais rien. Ça va passer. Ça va passer.

Je devrais sans doute partir. Mais je crois en lui. Il peut changer.

Ses mains cessent de me frapper, mais pas de me malmener. Elles cherchent autre chose de ma part, par terre, dans le salon. Et je ne dis rien. Il fait ça par amour, parce qu'il a tellement besoin de moi qu'il ne sait pas comment l'exprimer. Je le vois quand il pleure la nuit, après m'avoir maltraitée. Ce n'est pas grave si ses mains me dévêtissent. Si elles me font mal d'une autre façon. Ce n'est pas grave si je ne veux pas. Je ne dois rien dire.

Ça va passer.

***

981 mots

Texte un peu dur, et pourtant il me semblait si important de le partager ...

Les personnes souffrant de violences ne sont parfois même pas conscientes de l'anormalité de leur situation, alors à nous de faire notre possible pour les aider. Partager ce texte, c'est ma façon de les soutenir, et bien d'autres causes encore. Si nous sommes ici, c'est que nous pouvons faire entendre notre voix. Ne nous contentons pas de chuchoter, hurlons. Si vous avez des écrits, même imparfaits, publiez-les, faites passer le message, et ceux qui aiment faire des pubs trouvez des messages à relayer, ils en valent la peine. Parce que se taire, c'est nier, ôtons les tabous et brisons la glace. Tendons une main.

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