★ Lettre à Judith

Je n'aime pas le temps qui passe.

On lui accorde tous les malheurs du monde. Et c'est injuste tu ne trouves pas ?

Parce qu'il détruit et qu'il ravage, qu'à cause de lui on oublie tout ce qu'il ne faut pas oublier, qu'il emporte les gens

(Et aussi les mistrals gagnants)
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C'était un trente et un tu te souviens

Le jour où tu as basculé

Ou peut-être que c'était nos vies finalement

Je ne sais plus

Judith rappelle toi à quel point on était naïves quand on s'est rencontrées
Des enfants persuadées d'être devenues adultes trop tôt c'est ce qu'on croyait être

En fait on n'était rien

On n'était pas encore quelque chose, ça s'est construit petit à petit comme la cire de la bougie qui coule

Satané temps qui passe

Rappelle toi c'était les temps légers d'été et si lourds d'orages pourtant

On jouait au badminton sur un terrain de volley, et on scénarisait le meilleur des best-seller

Tu sais c'était un de ces livres qui ne s'écriront jamais

Rappelle-toi Judith, le ciel comme il était beau près de la piscine à moitié chauffée le soir
Même qu'on débattait sur des sujets à demi philosophique jusqu'à pas d'heure, posées sur un fauteil qui se balance. On avait froid.

Je redoute le temps qui passe

Trente et un, cela faisait un an déjà et merde, pourquoi cette fois le monde était si noir

Judith merci d'avoir vu dans mon âme

Peut-être qu'on était pas faites pour se rencontrer ou qu'on était nocives quand on était à côté, je sais pas

Pourtant moi j'aimais croire que c'était quelque chose de fort et de fusionnel, tu sais ce truc que personne ne comprends et qu'on a pas envie d'expliquer. De toute manière on savait pas l'expliquer.

C'était un froid glacial d'hiver et on était un peu lamentable
Parce qu'on pleurait comme des connes tant on avait mal au cœur et mal et mal et merde personne savait pourquoi

Il a fait froid si longtemps.

Comme cette fois où on gelait des pieds, notre nez coulait mais nous on s'en foutait Judith, tu te souviens à quel point on était fascinées quand on a vu Andromède dans le télescope, à des années lumières

J'ai l'impression que c'était il y a des années lumières

J'aime pas le temps qui passe.

Trente et un et maintenant ça fait trois ans

Judith t'es devenue sublime.

Parfois on se croise mais je suis sûre que toi aussi tu le sens, c'est plus pareil
On se croise avec les yeux et plus avec le cœur
J'en sais rien, c'est peut-être le fait que tu sois devenue si belle qui m'induit en erreur.

Des jours j'ai envie de te voir, qu'on se pose sur le bord d'une piscine à moitié chauffée et qu'on essaie de se rappeler si effectivement lsabelle avait bien les yeux bleus

Le temps passe encore

Parfois je suis dans mon lit le soir et je fais jouer ma mémoire, en faisant remonter des souvenirs qui semblent avoir été rêvés. Est-ce qu'on a rêvé ?

Judith est-ce qu'on a rêvé ?

Je suis peut-être un peu jalouse
Peut-être juste que je ne comprends pas.

Parce que je voulais croire que c'était indissociable et qu'on était comme un miroir qui ne se brise pas. Mais aujourd'hui tu rayonnes tellement.

Je le hais ce temps qui passe.

Où est-ce que j'ai pas assuré ?
Merde Judith s'il te plaît dis le moi

Pourquoi on le savait, pourquoi depuis le début on le savait, est-ce que c'était écrit ? Est-ce que c'est mieux comme ça ?

Si on le répétait à ce point c'est que ce doit effectivement être mieux comme ça.

Le temps passe. J'ai mal à l'idée que tu puisses tout effacer pour aller de l'avant.

J'ai peur que tu oublies que le trente et un août prochain, ça fera quatre ans.

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