17 - Confrontation
Commissaire : Avec les deux drames du festival French German Love, nous avions de quoi boucler Martin. Ce festival...entre les normes de sécurité, les règlements en liquide, et la gestion de la population...rien que ce festival pouvait mettre Martin en prison.
Alors quand on connaît tout le reste...
On a bouclé Ornain. Il y a 5 routes principales qui sortent de la ville. Elle est entourée de part et d'autre de rivières, ce qui facilite la tâche. Nous ne voulions pas qu'il nous file entre les doigts.
J'avais déjà un petit gars...Alexis. C'était un tout jeune qui venait d'intégrer la police à Ornain. Il était très proche de Martin...ça m'avait un peu chagriné et j'ai fait une enquête interne sur lui. Il se trouve que sa famille était des sans papiers venus de Syrie et régularisés avec des faux papiers par Martin. Le père était le docteur de la ville.
Je suis allé les voir en personne il y a quelques mois. Je leur ai dit que je n'avais pas l'intention de les renvoyer en Syrie - même si j'en avais le droit et quelque sorte, le devoir - par contre, j'avais besoin qu'Alexis se rapproche de Martin et m'envoie des rapports de son activité.
Il a fait son boulot. Il a fait le bon choix. Je me mets souvent à sa place...je me dis...est-ce que j'aurais trahi Martin ? Mais voilà ce que je leur ai dit. Martin n'est pas un ange : il profitait de ces gens : il prenait une marge sur leur activité, leur loyer, même leurs foutues ordonnances. C'était un marchand de sommeil, un passeur mafieux qui se la jouait un peu plus réglo que les autres.
Je leur ai dit, maintenant, vous êtes perdus, vous savez pas trop où vous en êtes, pas vrai ? Vous avez peur d'avoir mauvaise conscience si vous trahissez celui qui vous a sauvé. Moi, quand je suis perdu, je regarde la Loi. La loi est notre guide. Elle permet à notre société de ne pas partir en couilles. La loi est un phare dans la nuit. Vous savez, en France, on est pas des nazis. Si vous voyez la lumière de la Loi au loin et qu'au lieu d'aller tout droit vers le phare, vous allez en gros dans la bonne direction, la police vous enfoncera pas. Mais Martin, lui, il tourne le dos à cette lumière. Systématiquement. On peut plus l'aider. Il est trop loin.
J'avais un autre gars, Maxime. Il s'est infiltré dans Ornain et a pris un appart en face de chez lui. On a pu voir son activité, les 3 femmes avec qui il vivait, il avait même un laboratoire pour la drogue juste en dessous de chez lui.
Alexis et Maxime ont pu confirmer de visu tout le bordel du dossier. Pour les dernières étapes, Maxime me confirmait minute par minute la présence de Martin chez lui. Il ne fallait pas qu'il parte. Il ne fallait pas qu'il se suicide.
Mes observateurs ont commencé à me faire flipper. Il y avait des mouvements dans la ville. Des hommes passaient d'une maison à l'autre. Certains frappaient aux portes, discutaient à voix basse, puis partaient. Certains avaient des fusils de chasse. D'autres couraient.
J'ai compris que même s'il avait l'air d'un petit mec sans couilles, Martin avait son armée. Et le mec, il était fou. C'était un chef de secte, vous voyez ? L'affaire du siècle allait devenir une insurrection locale. Il y allait avoir des citoyens, ou même pire, des non citoyens, qui allaient tirer, blesser, peut-être tuer des policiers. Une situation qui n'était pas arrivé en Meuse depuis 100 ans. Quelque chose qui allait me coûter mon poste et bien pire.
Avant que la situation dégénère, je suis allé toquer à la porte de Martin. Traverser la ville a été un des moments les plus tendus de ma vie. Je voyais les yeux à travers les volets. Tout avait un silence de mort, c'était une scène de western - juste la rivière qui coule, qui brise le silence.
Martin m'ouvre la porte. Il me reçoit. Il me propose à boire. Je prends un jus d'ananas. Je suis avec Alexis, qui reste sur le palier de l'appartement.
On reste un peu silencieux. Derrière lui, ses trois femmes attendent, un peu farouches, prêtes à me sauter dessus. C'est marrant...elles ne sont pas très jolies. Je crois qu'il y a une handicapée dans les trois. Les chefs mafieux sont habituellement entourées de jolies nanas...
Un petit silence malaisant passe, et je lui demande qu'est ce qu'il compte faire.
Il me dit, très sincère : « Vous savez, tout se passe bien ici...pourquoi vous venez me chercher des noises ? Tout le monde est heureux ici ! »
Je le regarde, je dis rien. Il fait longuement l'explication de tout ce qu'il a fait. Il est fou, parce que sans le savoir, il est en train de me dire à moi, officier assermenté, toutes les façons dont il a enfreint la loi. Je découvre des choses, comme la fraude à la construction avec l'architecte des bâtiments de France et sa foutue Mosquée.
Je ne dis rien. Il me dit : « on ne se laissera pas faire. Mes gars, c'est des durs, ils ont connu la guerre. Et ils ont des armes. On ne se laissera pas faire ! »
J'attends qu'il se calme, et je lui dis, très calmement, très doucement : « Je sais que vous avez votre petite armée. Nous avons la nôtre. Par contre Martin, dites-vous bien une chose : une fois que vous aurez déclaré la guerre, il n'y aura pas de retour en arrière. Vous n'êtes pas le genre de gars qui tue des gens pour montrer qu'il est le plus fort. Vous n'arrêtez pas de dire que vous avez changé la vie de tous ces gens...que vous les avez sauvés. Allez jusqu'au bout. Baissez les armes. Rendez-vous. Ces gens là, je les laisserai en paix. Moi, je ne veux que vous. »
Il a regardé autour de lui. Moi, ses femmes. Et puis Alexis.
Et il s'est rendu.
L'affaire Ornain s'était terminée sans aucune violence.
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