10 - Parité
Commissaire : Il semble que la qualité des migrants que Legrand régularisait illégalement ne le satisfaisait pas suffisamment. Nous avons les preuves qu'au bout de quelques années, il a commencé à faire du trafic d'humains avec ses relations avec la mafia. Mais bien entendu, il va nous expliquer qu'il était en train de sauver le monde, c'est ça ?
Martin : J'avais un problème de femmes. Il n'y en avait pas assez. Je demandais à Foumi de m'envoyer des familles ou des femmes seules. Je vous dis la fin tout de suite : il y a 0 femmes seules parmi les migrants. Il fallait bien pourvoir les postes de la région, notamment dans mes propres entreprises de bâtiment, donc, on avait des hommes, beaucoup.
Ils se tenaient à carreau, hein. De toute façon, ils savaient que s'ils posaient le moindre problème, je les dénoncerai en premier à la police - police avec qui rappelez-vous, à l'époque, j'étais en très bons termes.
Mais la tension montait. Ces hommes, souvent jeunes, qui maintenant avaient un toit, un job, de l'argent, des perspectives, un avenir, dans leur temps libre commençaient à chercher des filles à fréquenter. Les lieux habituels festifs n'appréciaient pas l'arrivée de 20 types avec des gueules d'arabe dans leurs boîtes de nuit, bars. Et Tinder en Meuse, c'est le désert. Si je n'intervenais pas, ils allaient me filer entre les doigts ou il y allait avoir un accident.
J'ai toujours cette idée de rentabiliser mes investissements. J'hésitais entre une maison de passe et une agence matrimoniale. La 2e option me semblait la plus durable, outre le fait que le proxénétisme est illégal et peu moral : si j'arrivais à établir des familles sur place, je sécurisais toute la boucle de l'immigration et je les faisais payer à tous les étages. Problème de l'agence matrimoniale : il n'y avait pas tellement de femmes célibataires dans le coin, et internet aurait été toujours plus performant.
Donc, réfléchissons à la maison de passe. Je trouve un très beau manoir du XIXe un peu excentré. 10 pièces, 175 000 €...un deux pièces dans le 14e, quoi ! Une fois retapé, ce sera un lieu chaleureux, très chouette...je me dis même qu'on pourrait faire des concerts privés, de la location évènementielle...bref, je m'éloigne du sujet. Donc, toujours le même problème...où trouver les filles ? Je tourne et retourne l'idée, et je me souviens de mes anciens partenaires : les blindés. La mafia. Eux, ils pourraient me fournir.
Reproblème, je les avais baisés d'une grosse grosse somme, et si je leur passais un coup de fil j'étais bon pour finir les pieds dans le ciment par dessus un pont.
Bon, je les ai quand même recontactés. Appel anonyme, d'une autre ville. Je leur dis que je voulais rentrer en affaires avec eux, et que je serais prêt à payer ma dette. Fabio, mon contact d'avant, avait une voix grave, sérieuse. Il m'a donné rendez-vous à Paris.
La somme qu'ils avaient perdue était importante, mais pas tant que ça. Les cryptos avaient fini par se stabiliser et remonter tout doucement. Je commençais à avoir un bon gros tas de fric, tout en liquide, et j'avais cette somme. C'était un creve cœur de me séparer d'autant d'argent plutôt que de partir pour le restant des mes jours partouzer dans une villa de luxe en Grèce, mais c'était un investissement. Je me disais, le fuseau lorrain végétal, les faux papiers...on pourrait trouver des moyens de faire de la maille avec ces nouveaux partenaires, voyez ce que je veux dire ?
Je me pointe avec ma valise devant Fabio, mon contact chez les blindés, et Fabio me guide jusque dans un espèce de fumoir dans le 1er arrondissement de Paris, fauteuil en cuir et miroirs sur les murs, où je rencontre son oncle Pedro. Pedro est un gangster des seventies, chemise ouverte et veste, et il est flanqué de vieux gars à l'allure louche.
J'explique la situation. Il ouvre la valise, la montre à ses copains, tout le monde rigole. Il me dit, dis moi Martin, c'est vrai que tu nous l'a mis profond, mais c'est ton patron qui doit payer, pas toi ? Je lui dis que je m'en fous, et que j'aimerais rentrer en affaires avec eux, et que mettre la balance à 0 était le minimum.
Il se marre, il me dit qu'il était même pas au courant, que c'est cet abruti de Fabio qui avait fait la connerie et que de toute façon, ils avaient déjà récupéré la somme perdue auprès de la boite de crypto...il vient de doubler la mise, l'enfoiré.
J'ai la permission de m'asseoir, alors on papote, je lui parle de la Meuse, qu'on s'y fait grave chier et que je voudrais y ouvrir un bordel. Il explose de rire à chacune de mes phrases. Puis il me demande 20 000 € par fille. Je commence à calculer la rentabilité, mais c'est chaud, ça coûte combien une passe ou une pipe ? Disons qu'une fille fait 500 € par jour. Non, hypothèse basse 200 € / jour. Et que je lui prends 50%. Je lui donne deux jours de repos par semaine...Je suis au break even à 40 semaines, soit 10 mois. Et ensuite je suis pleine marge.
Je pourrais même baisser mon pourcentage à ce moment là pour qu'elle puisse souffler. On est pas des bêtes.
Je lui dis que je lui en prends 5 pour commencer. Il éclate de rire en me disant qu'il pourra me faire une remise la prochaine fois. Comme je l'ai baisé dans le passé, je me demande s'il ne va pas me faire un sale coup, genre me livrer des chèvres à la place pour rigoler. J'aurais perdu un tas de fric pour rien. Mais ce n'est que de l'argent, et je reviendrais encore vers lui et j'allongerai la monnaie, et bien, parce qu'il me faut ces filles.
On s'est serrés la main, et je me demandais comment j'en étais arrivé là...la volonté de bien faire j'imagine.
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