FLASHBACK 3 : LE PÈRE ET LE FILS
Bélial monta au deuxième étage de la maison. Cette dernière avait beau être vétuste, elle n'en était pas moins grande.
Après avoir monté toutes les marches, il se retrouva dans un grand couloir où toutes les portes étaient fermées. Dans la troisième à droite, le bureau de son père. Ou plutôt, le salon de son père. La pièce était supposée être un bureau mais avait été aménagée comme un petit salon. Pour une personne, par contre. Avec une table et un fauteuil. Et une immense fenêtre. Chronos appelait cet endroit « son sanctuaire ». Bélial et sa mère l'appelait « son salon de beuverie ».
Le jeune homme s'y dirigea, frappa à la porte, mais ne reçut aucune autorisation d'entrer.
Il doit sûrement être en train de cuver, pensa Bélial.
Alors il poussa la porte. Chronos, affalé sur son fauteuil, une bouteille de whisky de mauvaise qualité à la main, dormait à poing fermé. Il ronflait légèrement avec la bouche ouverte. Un filet de bave en pendait.
Bélial s'approcha doucement. Il tendit sa main pour saisir l'épaule de son père qu'il secoua. Ce dernier bougea un peu, mais ne se réveilla pas. Le garçon retenta sa chance. Il se posta face à son père, lui saisit les deux épaule et le secoua plus fort.
Chronos se réveilla en sursaut. Il lâcha sa bouteille qui roula à terre en rejoignant ses semblables. Le père grogna, se frotta le front, rota et se replaça droit dans son fauteuil. Il posa ses mains sur les accoudoirs et regarda son fils droit dans les yeux. Bélial se tenait devant lui, droit comme un I.
- Alors, qu'as-tu fais aujourd'hui ? Demanda Chronos à son fils avant de roter une seconde fois.
- On a fait de l'athlétisme, répondit se dernier pas tout à fait serein.
- Aaaah, de l'athlétisme ! C'est tout c'que t'apprends c'te salope de blonde ? Se plaignit le père d'une voix cassée et chevrotante à cause de la boisson.
- Je suis doué, poursuivit Bélial. Et les examen sont passés depuis une semaine déjà.
- Les exameennns...
- Oui.
- Tu les as réussis ?
- Bien sûr.
- Quelle est ta note ?
- Je n'en sais rien. On recevra les résultats dans une semaine ou dix jours.
- Tu m'as dis que tu les avais réussis...
- Oui.
- Mais tu n'as pas reçu ta note...
- Effectivement.
- Alors comment peux-tu être au courant que tu as réussi, sale fils de pute ?! Hurla Chronos en giflant violemment son fils, qui s'effondra sous la puissance du coup.
Ses lunettes volèrent mais (par miracle) ne se cassèrent pas. Bélial les saisit et les remit tout en essuyant le sang qui coulait de son nez à cause de la gifle.
- Comment as-tu osé me mentir ?! Continua furieusement le père.
Il commença à donner puissants coups de pied dans le ventre de son fils, toujours à terre. Bélial se replia sous l'impact du premier coup et cracha un peu de sang mélangé avec de la bile et de la salive.
Tout d'un coup, Chronos s'arrêta. Il demanda :
- A quelle heure est tu passé me voir ?
- A... dix-huit heures... articula avec difficulté Bélial, crachant encore un peu sang.
- A dix-huit heures, tu dis ?
- C'est maman qui m'a retenu...
- Foutaises ! Cria à nouveau le père. Relève-toi !
Bélial essaya de se lever avec difficulté.
- Relève-toi ! Répéta Chronos.
Son fils qui parvenait difficilement à la position quatre pattes se vit saisir par un bras et relever avec force par son père. A peine debout, Bélial reçu un uppercut dans la mâchoire. Ses lunettes restèrent (par miracle encore une fois) sur son nez.
- Tu devrais avoir honte de désobéir à ton père ! Lança Chronos, tenant toujours son fils par un bras. Comment ils font, les autres enfants, hein ?
- Les autres enfants, comme tu dis, siffla Bélial dans un sourire ironique avec la bouche couverte de sang, ils ont pas de couvre-feu aussi stricte que moi. Les autres enfants, ils ont pas un père fauché, alcoolique et inutile comme toi.
- Petit con ! Cracha le père en donnant une gifle plus puissant que la première à son fils.
- Pauvre type, souffla Bélial quand son père eut fini de le battre.
Il lui cracha même à la figure un énième filet de sang.
Au moment où tout se terminait, Rhéa passa pour apporter une dizaine de bouteilles à Chronos. Elle récupéra également son fils pas mal amoché. En sortant, le père dit à sa femme :
- Il faudrait que tu penses à l'éduquer, ton fils.
Rhéa sortit alors du salon de beuverie sans dire un mot en portant Bélial qui s'appuyait sur son épaule.
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