FLASHBACK 2 : VIOLENCE

           

Au moment où Bélial fut en face de Satan, Asmodée partit en courant en direction de Lucifer. Elle la rattrapa très vite et une fois arrivée à sa hauteur, lui fit un croche-pied. L'effet ne manqua pas, la fillette rousse s'effondra à terre, s'ouvrit le genoux et pleura sous le coup de la douleur. 

Bélial se retourna une seconde fois et se rua vers son amie. Il poussa l'autre peste, saisit Lucifer dans ses bras et courut jusqu'à chez elle. 

La famille de Bélial était proche de celle de Lucifer. Les parents se connaissaient et connaissaient les enfants les uns des autres.

La maison de Lucifer était gigantesque. Elle se situait dans l'un des nombreux quartiers résidentiels de la Capitale. C'était une famille très aisée. 

Quand Bélial arriva face à la maison, il prit le heurtoir et frappa à la porte. Ce fut la grande sœur de Lucifer, Claudia, qui vint leur ouvrir. 

Claudia avait un ans de plus que sa sœur. Elle avait de longs cheveux blonds et les yeux bleu nuit.  Elle avait également la santé fragile, c'est pourquoi elle n'allait pas à l'école. Elle suivait les cours par correspondance ou alors grâce à Bélial. 

En voyant sa sœur, Claudia demanda, inquiète :

- Que s'est-il passé ?

- Asmodée lui a fait un croche-pied et elle est tombée, répondit le garçon au cheveux noirs.

- Oh, la pauvre ! Et toi, ça va ?

- Oui, ne t'inquiètes pas. Est-ce que tu pourrais me donner l'heure, s'il te plaît ? Demanda-t-il en affichant un sourire sublime.

- C'est vrai que tu as un couvre-feu stricte, toi, dit-elle en se retournant pour regarder l'heure sur la pendule du hall d'entrée. Il est 17h02.

Le visage de Bélial perdit alors son allure détendue. Il lança presque Lucifer à sa sœur et ne prit le temps d'en saluer aucune des deux. Il repartit au pas de course. De l'école, il mettait pile un quart d'heure pour rentrer chez lui. D'ici, il lui en fallait un de plus.

Comme prévu, Bélial arriva chez lui aux alentours de dix-sept heures trente. 

Sa maison était elle aussi située dans un quartier résidentiel. La seule différence avec Lucifer était que sa famille à lui était totalement fauchée. Étant issue d'anciens nobles, la famille de Bélial avait perdue d'énormes sommes d'argent pour des procès accusant son père, Chronos, de blanchiment de fonds et de trafique de drogue, de femmes et d'armes, bien que la moitié de ces accusations soient factices. Mais il fut effectivement un temps où, grâce au blanchiment de fond, Chronos était la  personne la plus riche de la Capitale. Maintenant, à cause des multitudes de procès et des faits dont ses frères l'avaient inculpé, il ne possédait plus qu'une maison à moitié branlante se situant dans  le quartier des commerces, l'un des plus pauvres de la ville. Devant son échec cinglant, Chronos sombra progressivement dans l'alcool. 

Comme à son habitude lorsqu'il arrivait chez lui, Bélial alla saluer sa mère, Rhéa, dans la cuisine au rez-de-chaussée. C'était une femme qui à l'âge d'or de son époux faisait trembler les hommes. Désormais, elle pesait cent-trente kilos pour un mètre soixante-quinze, était constamment vêtue d'une robe de gouvernante au bas et au tablier déchiquetés (elle n'avait pas assez d'argent pour la recoudre et encore moins pour s'en acheter une autre) et qui laissait largement à découvert une bonne partie de sa poitrine très opulente. Son fils unique avait hérité d'elle ses yeux noisette et son grain de beauté. La seule différence  était qu'elle l'avait sur la pommette alors que Bélial l'avait sous l'œil gauche. 

Quant ce dernier entra dans la cuisine, sa mère l'y attendait avec un bon goûter : des crêpes et une tisane. 

- Tu rentre tard, ce soir, remarqua Rhéa.

- Oui, j'ai eu quelques problèmes à la sortie de l'école avec Satan et sa bande. Et puis j'ai du ramener Lucifer parce qu'elle s'était fait mal au genoux, expliqua Bélial.

- La pauvre !

- Oui.

Le jeune garçon engloutit une crêpe et sa mère reprit, indignée :

- Quand même, c'est pas possible !

- De quoi ?

- Que fait mademoiselle Kaki ?! Elle pourrait essayer de vous protéger, tous les deux, toi et Lucifer ! Elle ne voit pas ce qui se passe ?

- Maman, elle m'a déjà parlé par rapport à ça et j'ai refusé son aide.

- Comment ça ? Tu as refusé ? Mais tu te rends compte à quel point c'est grave, Bélial ?!

Là, elle hurlait. Bélial était la raison de vivre de sa mère. Et aussi de son père, mais beaucoup moins maintenant que ce dernier était alcoolique. Bélial était pourri gâté. Tout le peu d'argent que ces parents avaient était pour la maison, l'alcool de Chronos et lui. Mais il restait cependant très humble à ce sujet. 

Rhéa s'énervait rarement. Bélial lui avait également emprunté ce trait de caractère. Ils étaient tous les deux très pragmatiques. D'ailleurs, sa mère commençait à descendre des grands chevaux sur lesquels elle était montée.

- Excuse-moi, dit-elle. Je ne devrais pas m'emporter comme ça. Ce n'est pas de ta faute, de toute façon. C'est moi qui suis bête de me mettre en colère pour des choses pareilles.

Bélial la regardait fixement. Il avait attendu que l'orage passe en écoutant sa mère d'une oreille et en mangeant. 

La mère et le fils restèrent alors un moment silencieux, lorsque Rhéa remarqua :

- Il est dix-huit heures, tu ferais mieux d'aller voir ton père.

- De toute façon, que j'y aille maintenant où dans une heure, le résultat sera le même, lança Bélial.

- Vas-y quand même. Je passerais un peu pendant que tu y seras pour lui apporter son whisky. Comme ça, je dirais que tu étais avec moi à dix-sept heures et que je t'ai retenu.

Il lui sourit. Elle lui sourit. Il dit :

- Je ne pense pas que ça servira à grand-chose. Mais c'est gentil.

Sur ce, il quitta la cuisine.

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