FLASHBACK 15 : ASCENSION SOCIALE
« Déshabille-toi et met-toi à quatre pattes, tu veux ?
- Non... J'ai pas envie...
- Tu ne vas quand même pas me forcer à le faire moi-même ?
- V-vous êtes méchant ! Ça fais déjà deux fois cette semaine !
- Et alors ? Tu es à mon service, Sam. Et en plus ce que je fais est tout à fait légal. Aller, déshabille-toi. Ce serai bête d'être puni pour ne pas m'avoir fait plaisir, non ? »
Bélial embarqua dans le carrosse de De Succubus, en compagnie de Nino et du mécène. Le jeune homme ne comprenait pas ce qu'il faisait ici. Il demanda alors des explications :
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi je ne suis pas avec mon père ?
- Tu veux retourner avec lui ? demanda Richard au jeune homme.
- Non, pas du tout. Je suis même content de ne pas retourner avec lui. Mais je veux savoir comment vous avez réussi à le convaincre de me laisser partir avec vous. Et aussi pourquoi vous, Monsieur, vous n'avez rien dit par rapport à ce que mon père me faisait ? termina Bélial à l'intention de Nino.
- Premièrement, commença le noble, j'ai fait primé une loi. J'ai menti à ton père en stipulant vouloir te faire entrer dans mon harem de pédophile. Mais rassure-toi je n'en ai point. C'est juste que légalement, si une personne est attirée par un enfant d'un sexe opposé à celui de son enfant, elle peut construire un harem de dix enfants maximum à condition qu'elle puisse à tous leur offrir une condition de vie supérieure où égale à celle que l'enfant menait avec ses parents. Et pour ça il faut obligatoirement que le sexe d'attirance soit opposé à celui de son propre enfants.
La Capitale était extrêmement tatillonne au sujet des enfants. Cette loi avait mis énormément de temps à être votée car elle avait, on s'en doute, engendrée énormément de débats. Au final, la pédophilie finit par être considérée comme quelque chose de légal et même encouragé.
On faisait grand cas de la cellule familiale à la Capitale. Aussi, l'adultère et la prostitution d'adulte étaient interdits. Les couples mariés coupaient le contact avec leurs parents après le mariage. Mariage qui était d'ailleurs d'amour, les arrangements entre deux familles n'étaient pas sanctionnés par la loi mais engendraient des familles éhontées et mal vues.
- Ensuite, poursuivit Nino, je n'ai pas parlé de ton père violent par respect pour ta vengeance. Si j'avais précisé que ton père te battait et avait assassiné sa femme, ta mère, il aurait été emprisonné et probablement mis à mort. Et tu n'aurais pas pu venger ta mère de tes propres mains. J'espère simplement avoir bien fait.
- Oui, aucun problème là-dessus, approuva Bélial.
- Et j'espère que tu ne m'en voudras pas pour en avoir parlé à monsieur le Grand-Duc De Succubus, renchérit le vieillard.
Bélial regarda le noble sans trop oser le faire. Richard sourit au jeune homme et le rassura :
- Ne t'inquiète pas. Cela restera entre Nino, toi et moi. Il fallait juste qu'il m'explique pour que je comprenne la situation. En plus, j'ai du grandement insisté pour obtenir quelque chose de lui.
Un silence s'installa dans la voiture jusqu'à la fin du trajet. Trajet qui était particulièrement long puisque le Grand-Duc habitait dans le quartier le plus huppé, à l'autre bout de la Capitale. C'était là que toutes les grandes familles s'entassaient.
Il n'y en avait que cinq. Cinq qui prétendaient au titre de Grand-Duc. C'étaient aussi les familles les plus puissantes de la Capitales puisque c'était elles qui la dirigeaient - en oligarchie.
Les cinq résidences avaient leur propre quartier résidentiel. Mais chaque titre de noblesse avait un quartier qui lui était propre.
D'un quartier à l'autre, la superficie ne changeait pas vraiment. Par contre, plus le titre était bas, plus le nombre de personnes qui en bénéficiait était grand. Et par conséquent, plus les quartiers abritaient de « petits » nobles, plus ils étaient peuplés.
A la Capitale, on devait noble assez facilement. En fait, il n'y avait pas de classe moyenne à proprement parler : on était pauvre ou noble. On atteignait un titre de noblesse à partir d'une certaine fortune. Les banques contrôlaient ça et s'occupaient d'envoyer des lettres de remerciement officielles qui anoblissaient et permettaient alors aux familles d'intégrer le quartier résidentiel approprié à leur rang. Une fois installé dans ce genre de lieu huppé, on devenait non plus seulement officiellement noble, on le devenait aux yeux de tous.
C'est alors que la course à la meilleure famille commençait. Tout le monde essayait de plaire à tout le monde, tout en essayant de monter en grade jusqu'au titre de Grand-Duc pour pouvoir mettre le nez dans les décisions politiques.
En attendant d'atteindre ce titre suprême, les petits nobles essayaient d'être à la botte des plus influents, pour être protégés en cas de pépin ou encore pouvoir conseiller les plus grandes familles dans leur choix politique. Mais il arrivait aussi que tous, grands comme petits, prennent sous leur aile des petits artisans, comme ce fut la cas ici avec Nino et Bélial, désormais les protégés de la famille De Succubus.
Le trajet se termina enfin. Le carrosse tourna autour d'un belle fontaine décorée de deux femmes dénudées, une adulte et une enfant, toutes deux magnifiques. L'une était la mère, l'autre la fille. Des cygnes crachaient de l'eau à leurs côtés et sur l'un d'eux, une plaque en or dédiait la fontaine à « mes deux amours ». Bélial déduisit que ce petit monument avait été créé en hommage à la femme et à la fille de Richard.
Le château qui se présentait face à eux était fait d'une pierre granuleuse peinte d'un blanc cassé. Une partie de la façade gauche était ombragée par un grand épicéa. L'une de ses branches pointaient vers une fenêtre ouverte, par laquelle on entendait la mélodie d'une harpe, interrompue par quelques réprimandes données par une femme. Puis la mélodie recommençait. Bélial pensa que quelqu'un donnait des cours d'instruments dans cette salle, probablement à la fille de De Succubus, celle représentée sur la statue et qui était fort belle (tout le monde dans la Capitale parlait de son exceptionnelle beauté).
Bélial entra alors dans le hall du château. Le plafond en coupole de verre feuilleté illuminait toute la pièce, l'embellissant davantage. Les murs et le sol étaient de marbre blanc, de rubis et d'ambre. Sur certains étaient accrochés divers tableaux de paysages, des portraits de famille ou alors parfois seulement ceux de la fille et de la mère. Bélial se surprit à remarquer que la fille de De Succubus ressemblait à Rhéa.
Tout au fond, l'escalier principal en bois foncé était taillé de forme tortueuse et semblait s'enfoncer dans les entrailles du château. Dans la rambarde avait été sculpté différents animaux et fleurs.
Les trois hommes l'empruntèrent et montèrent au premier étage. Ils bifurquèrent à gauche et entrèrent à la porte ouverte tout au fond.
C'était le grand salon. Assise sur l'un des canapés en coton rayés blanc et rose, une très belle femme fermait des enveloppes tout en sirotant un cognac dans un verre de cristal. Elle était grande et élancée et avait des formes généreuses qui étaient parfaitement mises en valeur dans sa robe d'intérieur d'été. Elle avait de longs cheveux violets épais et raides qui lui cachaient le visage. Sa robe blanche était faite de lin et de dentelle, avait une coupe dégradée : longue à droite et courte à gauche, laissant à nu une jambe si pâle et si parfaite qu'on aurait dit qu'elle était irréelle. Ses petits pieds fins étaient chaussés d'escarpins délicats qui étaient retenus à la cheville par une ribambelle de perle.
A l'entente de son prénom, Symphonie releva le visage vers son mari. Ses longs cheveux qui jusque là cachaient ses traits délicats. Ses lèvres rosée, le teint pâle malgré la chaleur et de grands yeux l'un rose, l'autre jaune encadrés par une myriade de longs cils d'un noir de geai se retournèrent face aux hommes tous ébahis par la beauté et la délicatesse de cette vision.
Lorsqu'elle ouvrit la bouche pour inviter les hommes à s'asseoir, le son produit par ses cordes vocale fut encore plus doux que la mélodie d'une harpe et encore plus agréable qu'une cuillerée de confiture.
Lorsque tous furent installés, ils commandèrent à boire à la servante. Celle-ci emporta également les lettre de la Grande-Duchesse avait déjà timbrées et fermées, laissant les hommes seuls avec l'incarnation même de la beauté.
Après un moment, Symphonie décocha un sourire à Bélial et lui dit :
- On dirait que tu n'as jamais vu de femmes de ta vie.
- S-si, répondit le jeune homme en baissant les yeux. Mais jamais comme vous.
- Ah, ça c'est sûr qu'elle est belle, ma femme ! s'exclama Richard tout en serrant son épouse contre lui.
- Mais tu n'et pas mal non plus, repris la Grande-Duchesse à l'intention de Bélial. Enfin, pour ne pas dire que tu dois faire fureur auprès des femmes, non ?
- Il est rentré avec un douzaine de numéro ligne privée de jeunes filles, l'autre jour, répondit Nino à la place de Bélial. Et en plus, il est le chouchou des filles de son école ! Enfin, était...
- Pourquoi cela ? interrogea Symphonie.
Nino regarda Bélial, l'interrogeant par ce biais. Le jeune homme fit un signe de tête au vieillard et commença son récit d'explication. Symphonie l'écouta avec intérêt et sans l'interrompre. A la fin, après un moment de silence, elle lui tendit une petite boîte, une un peu plus grosse et une dernière qui était franchement grande. Il ouvrit les trois.
La première contenait des lentilles de contact, pour remplacer ses lunettes. La deuxième était l'étui de cuir qui Nino avait promit à Bélial, dans lequel il allait pouvoir ranger sa faux. Le dernier cadeau était un costume fait par une grande maison de couture. Le jeune homme allait devoir le porter dans une semaine pour la fête organisée par les De Succubus pour honorer le contrat entre Nino et sa famille de mécène.
Enfin, Bélial reçut un dernier cadeau (probablement celui qu'il attendait le plus). Il n'était pas emballé. Il avait même quelques nœuds, mais le voilà : c'était le collier que Nino avait fait à Bélial avec les dates de sa mère et son nom complet au dos du médaillon ovale et devant, coincé dans de la résine traitée et parfaitement lisse quelques centimètres de ses cheveux. Bélial enfila directement le collier qu'il cacha sous son tee-shirt. Il remercia Nino, Symphonie et Richard pour les cadeaux et se fit accompagné dans sa suite.
Le jeune homme allait désormais habiter dans la maison de l'une des familles les plus influentes de la Capitale. Il allait pouvoir peaufiner sa vengeance dans un cadre plus qu'agréable et surtout loin de son père.
Mais n'est-ce pas lui donner tout ce dont il avait envie en entrant ici ? pensa Bélial tout en s'installant sur le lit de sa nouvelle chambre. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir qu'il s'endormit d'un sommeil lourd et sans rêve, assommé par la chaleur.
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