FLASHBACK 13 : PROBLÈMES

Huit jours plus tard...

Bélial eut du mal à ouvrir les yeux. Ils étaient collants et il voyait flou. Il toisa le plafond blanc décoré d'un néon puis plaça sa main devant ses yeux pour éviter d'être ébloui.

Une fois ses yeux habitués à la lumière, il tourna la tête pour visiter l'endroit depuis le lit dans lequel il était allongé. Sa myopie l'empêchait de voir exactement tout ce qui l'entourait mais il reconnut quand même être dans un hôpital.

C'est alors que des cris retentirent. Il reconnu la voix de son père. Au début, il ne fut pas sûr de ce qu'il entendait. Puis les cris se rapprochèrent et il put saisir des bribes de l'altercation que son père avait avec une infirmière. Elle disait :

- Monsieur, votre fils a besoin de repos. Il vient se remet d'une grave hémorragie qui lui a fait perdre une grande partie de son sang !

- J'en ai rien à foutre ! C'est mon fils ! J'ai quand même le droit de le voir, non ? vociféra le père.

- Non. Il a été plongé dans un coma artificiel. A son réveil, il aura besoin de calme !

- J'en ai rien à battre, salope !

Il gifla violemment l'infirmière qui tituba un peu et se rattrapa contre le mur. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits et appeler la sécurité.

Chronos ouvrit la porte de la chambre d'hôpital avec tant de force que les murs en tremblèrent.

Décidément, il ne sait pas ouvrir une porte, ce con, pensa Bélial en mettant ses lunettes.

- T'étais où pendant tout ce temps ?! cracha le père.

- Pas avec toi, en tout cas, répondit Bélial la voix pâteuse.

- Fais pas le con avec moi. T'étais où ? Et qu'est-ce que t'as foutu pour arriver à l'hôpital ?

- Ça te regarde pas.

- Dis-moi ce que t'as foutu hier, petit con. Et aussi ce que tu fais ici. Tu te rends compte de ce que je risque si les toubibs te voient ? fit Chronos, plus bas, s'appuyant sur le lit.

- Ah merde. J'avais oublier ça, souffla le fils.

- Tu te fous de ma gueule ?

- Non. Pas du tout. C'est vrai que tu risque gros si on voit mes bleus et mes cicatrices.

- Et tu veux pas le dire plus fort, aussi ?

C'est à ce moment là que quelqu'un entra. C'était un médecin. Jeune et musclé. Il avait la mâchoire carrée, le teint doré, de petits yeux noirs et une coupe en brosse. Il potassait des dossiers puis leva la tête en sentant les regards du père et du fils sur lui.

- Bonjour ! salua le médecin tout sourire.

Les deux autres lui rendirent sa salutation sur un ton froid, puis le médecin prit un tabouret et s'assit à côté du lit de Bélial et à l'opposé de Chronos.

- Pouvez-vous nous laisser, monsieur ? demanda le médecin Rémi, dont le nom était indiqué sur son badge.

- Et pourquoi ? demanda le père d'un ton froid.

- J'ai quelques questions à lui poser et la présence de quelqu'un pourrait influencer ses réponses. Auriez-vous alors l'obligeance de quitter cette pièce ? Ce ne sera pas long. Vous pourrez attendre en salle d'attente.

- Et si je refuse ?

- Je serais obligé de vous mettre moi-même dehors.

Rémi lança un regard perçant et insistant à Chronos qui quitta la pièce d'un pas lourd. Il ferma la porte avec douceur.

Puis le jeune médecin reporta son attention sur Bélial tout en retrouvant son sourire. Il dit :

- Je m'appelle Rémi. Je suis médecin à la clinique privée du Centre. C'est moi qui me suis occupé de synthétiser ton sang pour la transfusion. Je t'ai aussi plongé dans un coma artificiel pour accélérer le processus et économiser de l'énergie à ton corps.

Bélial ne releva pas. Il tourna la tête.

Un silence s'installa entre lui et Rémi. Ce dernier repris :

- J'ai quelques questions à te poser. Est-ce que tu peux y répondre ?

Là, Bélial fit carrément dos au médecin.

- Ce sont de bien jolis effets personnels que tu as là, fit Rémi en saisissant la faux contractée. C'est ton père qui t'as offert ça ?

- Ça vous regarde pas, répondit le jeune homme toujours de dos.

- Pourquoi ?

- En fait je vous réponds pas parce que je pense que vous connaissez la réponse. Ou du moins une partie.

Bélial se retourna. Il fit face au médecin et planta ses yeux noisette dans les siens. Rémi vacilla un peu sous la puissance du regard. Il reporta bien vite les yeux sur ses dossiers.

- Et lâchez ça, c'est à moi, dit Bélial en arrachant la faux rangée des mains du médecin.

- Quelle relation as-tu avec ton père ? demanda ce dernier.

- Ça vous regarde encore moins.

- Tu as des hématomes et des cicatrices. Tu es arrivé ici à cause d'une tentative de suicide. Je n'ai pas vu ta mère. C'est un vieux qui t'a amené ici. Qu'est ce qui se passe à la fin ?

- Vous ne pouvez pas m'aider, cracha Bélial. Moi, tout ce que je veux, c'est comprendre ce que je fou dans un hôpital privé et pourquoi Nino est pas là.

- Qui est Nino ?

- La personne qui m'a amené ici, probablement. Un vieil homme. J'étais chez lui quand je me suis fais « ça ».

Le médecin hocha la tête. Il affichait un air contrit qui inquiéta Bélial.

- Qu'est ce qui s'est passé ? demanda le garçon.

- Le vieux qui t'a amené ici a été inculpé de kidnapping après la plainte de ton père. Il a payé ta pension en cash auprès du directeur. Quand on t'as trouvé une chambre et qu'on a commencé à t'opérer, on a appelé tes parents. C'est ton père qui a répondu et qui est venu le soir même. Il avait l'air fou d'inquiétude. Le vieux était encore là quand ton père est arrivé. Puis il lui a reproché de t'avoir kidnappé. Il a appelé la police et maintenant son procès est dans quelques jours.

- Et là il est où, Nino ?

- En prison en attendant d'être jugé. Le verdict final sera prononcé à la fin de son procès. Ah, et tu devras témoigner. Tiens ta convocation, fit le médecin en tendant la fiche en question à Bélial. Mais tu n'as pas répondu à ma question. Est-ce que tout va bien avec ton père ?

- Et moi je vous dis que ça na vous regarde pas.

Puis le médecin quitta les lieux. Bélial lui demanda s'il pouvait se reposer et couper les visites. Rémi accepta et renvoya Chronos.

Bélial s'était mis dans une impasse. Son témoignage était précieux pour délivrer Nino. Mais s'il voulait tuer son père, il allait devoir donner une version des faits qui allaient disculper le vieillard sans inculper son père.

Le procès était dans trois jours. Il allait devoir réfléchir pendant ce temps.

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