FLASHBACK 1 : COURSE

La fin de la journée approchait doucement. Dans la cour de l'école, les enfants faisaient de l'athlétisme.

Mademoiselle Kaki – que les enfants appelaient par son prénom, Sarah – était une jeune institutrice aussi compétente qu'appréciée, par ses élèves comme par ses pairs ainsi que par les parents.

C'était une chaude journée de juillet. La fin de l'année approchant et les examens terminés, Sarah avait donc décider de satisfaire une demande récurrente de ses élèves, à savoir faire de l'athlétisme sur le nouveau terrain créé à cet effet. Sarah avait émis un certain nombres de doutes quant à la chaleur. Mais après un moment de réflexion, elle finit par accepter. Ce qui lui importait était de faire plaisir à ses élèves. Elle n'avait qu'à faire attention à ce qu'ils s'hydratent correctement.

L'école primaire de la Capitale était un lieu agréable. Le bâtiment était une enceinte avec en son sein un grand parc qui faisait office de cour de récréation.

L'école était en bois foncé et se caractérisait par son grand clocher et son horloge. La cour de récréation ressemblait plus à un jardin qu'à ce qu'elle devait être. Il y avait de l'herbe et des arbres partout à l'exception du terrain d'athlétisme.

- Qui veut faire un dernier tour de terrain ? Demanda mademoiselle Kaki à ses élèves.

Il était 16h39. La fin de la journée était marquée par la sonnerie de 16h45.

Sous l'ombre d'un pommier, Bélial, dix ans et Lucifer, sept ans, se reposaient. Quand tout à coup :

- Eh, le binoclard !

Satan, un camarade de classe de Bélial et Lucifer vint les apostropher.

- J'ai toujours pas pris ma revanche à la course, poursuivit le garçonnet désagréable. Amène ton cul, que je te foute une rouste.

Lucifer endormie et blottie contre lui, Bélial la montra simplement du doigt, faisant signe à son camarade de se taire.

- J'en ai rien à foutre, qu'elle dorme ! Amène-toi !

A ces mots, Satan saisit les longs cheveux roux de la fillette endormie et les tira violemment, la faisant se réveiller avec un cri de douleur.

- Quelle brute, commenta Bélial. On t'a jamais appris à être délicat ?

- La délicatesse, c'est pour les faibles, cracha Satan.

- Alors dans ce cas, j'ai pas le choix. Je vais devoir t'éduquer moi-même.

Sur ce, Bélial saisit ses lunettes qu'il avait posé à côté de lui, les mit sur son nez et se leva. Il était grand, élancé, le visage rond et les pommettes saillantes. Un petit vent passa et agita ses cheveux noirs et fins. Ses grands yeux noisette fixaient calmement Satan.

- J'avais oublié ton grain de beauté sous l'il gauche, se moqua se dernier.

- Pour un roux, je trouve que t'as une sacrée grande gueule, rétorqua Bélial, toujours aussi calme. Bon, on la fait cette course ?

Les deux garçons se regardèrent d'un air de défi mélangé à de l'agressivité et un profond mépris de l'un envers l'autre.

Ils se dirigèrent silencieusement vers la piste de course, Lucifer leur emboîtant le pas. En les voyant passer, une fille poussa un cri d'admiration, attirant toutes les filles de l'école :

- Whaaa ! C'est Bélial et Satan pour le dernier tour !

Le reste des filles se précipita alors. Bélial leur décocha un clin d'il au passage, ce qui ne laissa pas la gente féminine de l'école primaire de marbre. Un rire gêné et des rougissements gagnèrent l'assemblée et les premières disputes de jalousie se firent entendre.

- Encore vous, les garçons ? Demanda Sarah.

- Il faut croire que ce rouquin désagréable veut encore connaître le goût de la défaite, fit Bélial en pointant Satan du doigt.

Sa réplique fit sourire la jeune institutrice.

- Soit, alors, dit-elle simplement. En piste, je ferai le décompte.

Avant que le décompte ne commence, une petite fille à la peau mate et aux cheveux blancs s'approcha de Satan. Elle avait le même âge que Lucifer et se nommait Asmodée. Elle saisit la main du garçon roux et lui demanda :

- Tu vas encore courir contre Bélial ?

Il lui fit les yeux doux et lui caressa les cheveux.

- Oui, lui murmura-t-il. Et cette fois, je compte bien le battre.

Il lui sourit. Elle lui rendit son sourire.

- Qu'est-ce que tu m'as dit, déjà ? Interrompit Bélial sur un ton ironique. Que la délicatesse était pour les faibles, non ?

- La ferme ! Cracha Satan.

Un autre garçon aux cheveux noirs et aux yeux verts-dorés saisit Asmodée par le bras pour ne pas gêner les deux coureurs. Il répondait au nom de Python.

- Vous êtes prêts ? Demanda l'institutrice.

Les deux garçons se mirent en position. Le silence gagna le public. Sarah leva son bras qui tenait le revolver et pressa la détente. Au moment où la détonation retentit, les deux adversaires partirent en sprint. Il faisait trente-cinq degrés Celsius, mais un vent frais leur soufflait dans le dos. Le publique (majoritairement féminin) s'était scindé en deux groupes : un pour encourager Bélial, l'autre pour Satan.

En effet, il n'y avait pas que Bélial qui avait le droit à son poulailler d'admiratrices. Seulement, Satan était beaucoup moins attaché à l'idée de plaire – surtout au filles – que Bélial.

Les deux garçons étaient différents sur énormément de points, ne s'aimaient pas et ne se le cachaient pas.

Ce que les filles appréciaient chez Satan, c'était son côté impulsif et légèrement violent, car elles étaient persuadées pour la majorité qu'il pouvait être doux et affectueux. Bien sûr, elles aimaient aussi son physique.

Il différait légèrement de celui de Bélial. Pour commencer, il était roux et avait des yeux roses pâles et champagne. On aurait vraiment dit que ses iris pétillaient. Ses traits étaient aussi plus anguleux que ceux de Bélial. Bien que les deux garçons aient tous les deux les lèvres légèrement charnues et les pommettes relativement hautes, Bélial avait des petites joues que Satan n'avaient pas.

Le terrain faisait quatre cent mètres. Heureusement, car la course était serrée. Ou du moins, elle le resta jusqu'au deux tiers du terrain. Ce fut Bélial qui prit la tête et passa la ligne d'arrivée, laissant son adversaire trente mètres derrière lui.

Bien sûr, son troupeau d'admiratrices étaient là pour l'acclamer quand il arriva. Il termina son tour de terrain pile au moment où la cloche sonnait la fin de la journée, à savoir 16h45. Il salua les filles et se dirigea vers la sortie de l'école, tenant Lucifer par la main. Il ne prit même pas le temps de regarder Satan, Python et Asmodée qui le toisaient non sans un profond mépris.

Au moment où il sortit de l'école, Bélial reçut un violent coup de pied dans le bas du dos.

- T'as un peu de temps pour qu'on règle ça à l'amiable, du con ? Demanda Satan accompagné de sa bande.

Bélial se ne retourna pas. Il prit Lucifer et la tira.

- Tu sais, reprit le roux, en fait, c'est pas les gens délicats que je trouve faibles. C'est les pédés dans ton genre qui pètent plus haut que leur cul que je trouve minables.

Rire de l'assemblée de Satan. Bélial devait ramener Lucifer chez elle. Elle habitait loin et il devait être rentré chez lui à 17h00 au plus tard. Il n'avait ni l'envie, ni le temps de se battre avec Satan et sa clique.

- Pourquoi tu viens pas, connard ? T'as peur de la fureur de ton papounet chéri, c'est ça ? Insista le jeune insolent.

Là, Bélial se retourna d'un bon.

- Ah, j'ai quand même réussi à te faire te retourner, poursuivit le garçon au cheveux roux. Dis-moi, de quoi t'as peur pour te dépêcher comme ça ? Que ta salope de mère se fasse violer par ton père ?

- Lucifer, je vais pas pouvoir te raccompagner ce soir, désolé. Pars et fais attention à toi, articula Bélial avec difficulté à cause de la colère.

- Et toi tu vas faire quoi ? Demanda la petite fille un peu inquiète.

- Pars. Je vais juste leur botter le cul, puisque c'est ça qu'ils cherchent, conclu Bélial en s'approchant du trio.

Lucifer resta quelques secondes immobile puis quitta rapidement les lieux en direction de chez elle.


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