19; Reese

À MON RÉVEIL, j'ai la surprise de constater que Callie n'est plus dans le lit. Je tapote la place à mes côtés pour réaliser qu'elle est froide et que la jolie brune est probablement réveillée depuis un bon moment déjà. Cette simple pensée me rend nerveux. Peut-être suis-je allé un peu trop vite ? Peut-être n'aurais-je pas dû dormir dans le même lit qu'elle ? J'aurais sûrement dû lui laisser un peu d'espace et me comporter comme le garçon modèle qui n'hésite pas à dormir sur le plancher, peut importe les protestations de la jolie fille avec qui il se trouve. Si Calliope avait insisté pour que je dorme au sol, je l'aurais fait, mais bon sang... Il n'y a rien de moins confortable qu'un plancher !

Des souvenirs de la veille me reviennent à l'esprit, alors que j'émerge des couvertures. Je me souviens surtout de moi qui crie, puis qui pleure et pour finir, de moi qui embrasse Calliope. Un sourire béât s'installe sur mes lèvres à cette pensée. D'accord, je suis vraiment un cas désespéré. Dans peu de temps je devrais me mettre à vomir des arcs-en-ciel et à chevaucher des poneys. Voyez-vous, mon coeur n'a pas oublié les sentiments que j'avais envers cette fille.

Je m'étire rapidement, puis quitte le lit. J'enfile mon jeans de la veille, ainsi que mes bottes au cas où le père de Callie serait de retour. Je n'ai pas vraiment envie qu'il me voit sortir de la chambre de sa fille vêtue uniquement d'un tee-shirt et d'un caleçon. Je signerais mon arrêt de mort. Cependant, lorsque je sors enfin de la chambre de Callie, le père de cette-dernière ne semble pas dans les parages. Étrangement, la maison est plongée dans le silence. Ça me surprend, moi qui croyais que les familles de quatre étaient du genre plutôt bruyante le matin. Je fronce les sourcils, sentant que quelque chose cloche. Inquiet, je descends rapidement les escaliers et m'introduis dans le salon. Pourquoi ai-je cette impression de déjà vue ? Ce silence, cette inquiétude qui me ronge, mon coeur qui bat à la chamade... Tout ça me semble familier. Un peu trop familier à mon goût. Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ?

Je pousse un soupir de soulagement en ne tombant que sur Callie qui sirote un café, assise en tailleur sur le canapé. Elle regarde la télévision, immobile comme une statue. En me voyant entrer dans la pièce, elle lève les yeux dans ma direction. C'est alors que je remarque les cernes qui entourent ses yeux. Je fais rapidement le lien avec le café et son côté du lit froid. Si ça se trouve, Callie n'a pas dormi de la nuit.

Après quelques secondes de réflexion, je décide qu'il vaut mieux que je ne l'interroge pas sur le sujet. Je sais qu'elle ne voudra rien me dire de toute manière. Inutile de me disputer avec elle maintenant. Je suis trop heureux de l'avoir à mes côtés pour dire quoi que ce soit. Pas question de gâcher le début de ce petit quelque chose qu'il y a entre nous. Pas maintenant. C'est peut-être la meilleure chose qui m'est arrivée depuis mon retour à Green Lake.

Je m'approche de Callie, un sourire en coin. Sans prévenir, je l'embrasse. Elle paraît surprise au début, comme si elle hésitait entre me retourner mon baiser et me repousser. Néanmoins, elle me donne sa réponse lorsque ses lèvres répondent aux miennes. Nous échangeons un baiser qui me semble durée un semblant d'éternité. Une petite éternité, certes, mais une éternité qui nous suffit à tous les deux. Finalement, c'est elle qui rompt le baiser lorsqu'elle s'écarte pour me regarder quelques secondes. Un petit sourire se glisse sur mes lèvres lorsqu'elle me serre dans ses bras. Elle s'agrippe à moi comme l'on s'agrippe à son dernier espoir, bien déterminé à ne pas lâcher prise.

« Bon matin à toi aussi, Calliope. » je murmure, d'humeur moqueuse.

Callie pose un baiser furtif contre ma joue sans pour autant quitter notre étreinte. Au contraire, elle reste là, immobile comme une statue. Il y a vraiment quelque chose qui cloche. Premièrement, elle n'a pas dormi de la nuit et deuxièmement, elle se cramponne à moi comme si... comme si je venais de lui être arraché et qu'elle me retrouvait enfin. Bon sang, que s'est-il passé cette nuit pour qu'elle soit dans cet état ?

« - Tu peux tout me dire, tu le sais ? je m'inquiète.

- Tu sais très bien que c'est faux, Reese.

- Je...

- N'en parlons pas, veux-tu ? Je n'ai pas envie de gâcher ce moment. » me coupe Callie en se redressant légèrement.

J'hoche la tête, mais si ça me coûte de lui donner cette réponse. Je déteste la voir souffrir et encore plus, lorsque je ne suis pas en mesure d'écouter tout ce qu'elle a à dire. Je sais que je devrais me la jouer cool et relax et juste profiter de cette sois-disant deuxième chance dont Callie ne cesse de me parler, mais je déteste avoir l'impression que tout menace de nous exploser à la figure à n'importe quel moment. Il y a beaucoup trop de secrets entre elle et moi.

Calliope s'écarte et son visage se retrouve alors face au mien. Sa main vient se poser sur ma joue et son pouce caresse ma pommette délicatement.

« - Nous n'avons pas vraiment parlé de ce qui s'est passé hier, je lui rappelle.

- Tu parles de Charles et de la bagarre ?

- Non. Je parle de mes parents. »

Le pouce de la brunette arrête de caresser ma pommette. Callie devient soudainement aussi immobile qu'une statue, comme si à la simple mention de mes parents, elle se refermait comme une huître. J'ai alors vraiment la sensation d'avoir tout gâché.

Callie s'écarte de moi et se lève, la distance entre elle et moi se faisant de plus en plus grande. Je me lève à mon tour et lui attrape le poignet pour la forcer à me regarder.

« - Tu devrais partir. Maintenant, me suggère-t-elle d'une voix ferme.

- Pourquoi ? Pourquoi réagis-tu comme ça ? Quel est le lien entre mes parents et toi, Callie ?

- Toi.

- Merci, j'avais compris. »

Je lève les yeux au ciel ce qui lui donne le temps de se débarrasser de mon emprise et de se réfugier dans la cuisine. Je la rattrape bien assez vite, aveuglé par la curiosité. Lorsque je déboule dans la cuisine, je l'aperçois qui s'y tient au beau milieu, immobile, le regard aussi froid que de la glace.

« Je m'excuse, d'accord ? Je vais arrêter de t'embêter avec cette histoire. »

Je tourne les talons, prêt à quitter la maison des Miller, lorsque Calliope prononce mon nom. Je me tourne dans sa direction immédiatement, le visage plein d'espoir.

« - J'ai un conseil pour toi, Reese.

- Je t'écoute.

- Lorsque tu auras dix-huit ans, prends quelques livres sterling avec toi et quitte la ville. » me recommande-t-elle.

J'hoche la tête, surpris par son conseil. J'ai l'impression d'avoir déjà entendu ça quelque part, comme s'il s'agissait d'un projet oublié auquel je n'avais pas repensé depuis un long moment. Une seule réponse me vient alors à l'esprit et je sais que c'est la seule chose à dire dans un moment pareil.

« Je ne partirai pas sans toi. Jamais. »

Le regard que me lance Callie s'attendrit aussitôt. Elle semble à la fois triste et désolée pour moi, comme si cette promesse que je venais de lui offrir allait me coûter plus tard. C'est peut-être le cas, mais il n'est pas question que j'abandonne Callie dans cette ville à nouveau. Parce que oui, je l'ai déjà fait une fois, même si je n'en ai aucun souvenir. Lorsque j'ai disparu, je l'ai laissé seule dans cette ville à la con. Je ne pourrai pas me le pardonner si ça venait à arriver à nouveau.

La jolie brunette fait quelques pas dans ma direction puis pose un rapide baiser sur ma joue. J'hausse les sourcils dans sa direction, surpris par son geste. Il y a quelques minutes à peine, elle était froide et distante. C'est fou comme quelques mots peuvent tout changer.

« Pars, maintenant. » murmure-t-elle.

Je m'exécute, sans dire un mot. J'enfile mon manteau et quitte la maison. Dès que je pose le pied à l'extérieur, le soleil du mois de décembre m'aveugle aussitôt. Si j'étais un garçon normal avec une vie normale, je dirais probablement que c'est une belle journée pour aller jouer dans la neige, ou pour aller patiner, sauf que je ne suis pas un mec normal. Je suis un gars amnésique qui n'a pas de temps à perdre avec les joies de l'hiver. Je dois connaître la vérité. Callie a beau me dire que je suis mieux dans l'ignorance, je vais devenir fou à force d'ignorer ces quelques détails de ma vie d'avant. C'est malsain cette histoire de rester dans l'ignorance, surtout lorsqu'on se doute que quelque chose cloche. Callie me cache quelque chose d'énorme et si ça se trouve, il pourrait tout changer. On dit que la curiosité est un mauvais défaut, mais l'ignorance n'est pas une meilleure chose.

Alors que je marche dans les rues de Green Lake, mon regard se pose sur quelques flocons de neige s'écrasant au sol. Cette seule vision fait flancher mes genoux. Ma vision se brouille et mon corps tremble, me laissant deviner de ce qui s'apprête à se passer.

C'est la nostalgie qui prend le dessus.

• •
AUPARAVANT

Ce qu'il y a de bien à Green Lake, c'est bien le temps des fêtes. À l'approche de Noël, les gens  de cette ville me semblent tous un peu moins cons. Ils oublient un peu leurs commérages et s'affairent plutôt à illuminer proprement leurs maisons. Certes, il y a toujours les éternels « ma maison est mieux décorée que la tienne », mais la magie de Noël me fait facilement oublier l'hypocrisie de certains habitants de Green Lake. J'ai toujours aimé cette saison de l'année. Les gens se font plus gentils, les enfants plus sages et la joie, plus présente. Le seul hic, c'est que mon anniversaire tombe pile la veille de la célèbre fête de Noël et de ce fait, je dois me taper un souper familial où mon père se voit obligé d'être présent et où il me regarde comme si j'étais la pire erreur de toute sa vie. Fallait y penser avant, mon vieux.

« Que vas-tu faire pour ton anniversaire ? » me demande Callie, sa main dans la mienne.

Nous marchons tous les deux dans le centre-ville de Green Lake, depuis un moment déjà. Je l'avais convaincu un peu plus tôt de venir se promener avec moi, malgré ses réticences à faire face aux jugements des citoyens de la ville. J'étais heureux de l'avoir à mes côtés en cette belle journée, main dans la main comme un de ces couples un peu trop heureux qui vous tapent rapidement sur les nerfs.

Je sais que Callie est curieuse au sujet de mon anniversaire, mais je n'ai pas réfléchi à la manière dont je me lancerais dans le sujet. Je n'ai pas envie d'amener Calliope à ce souper familial. N'allez pas croire que j'ai honte d'elle, bien au contraire, mais je n'ai pas envie qu'elle rencontre mon père. Ce n'est pas une personne dans mon entourage dont je suis spécialement fier, surtout lorsqu'il se met à picoler. Mon géniteur arrive à boire une bouteille de vin à lui tout seul, le jour de mon anniversaire. J'imagine que ça lui permet d'oublier ma naissance et de ce fait, mon existence. En effet, mon père est un con.

« - Je n'ai rien prévu de spécial, mais j'aimerais bien passer du temps en compagnie de mon adorable petite amie, je dis.

- Ah ouais ?

- Tout ce que je souhaite c'est de passer mon dix-septième anniversaire avec toi, Calliope. Seulement, il va falloir que je trouve un moyen d'échapper au traditionnel souper familial.

- Eh bien, tu peux toujours y aller. On fera quelque chose après, suggère-t-elle.

- En fait, j'espérais secrètement que tu me trouves une bonne excuse pour m'empêcher d'y aller, je plaisante.

- Désolée. »

Elle me sourit et m'attire contre elle. Quelques secondes plus tard, j'ai mes lèvres sur les siennes et nous nous embrassons au grand mécontentement des passants qui trouve ce genre d'affection en publique, déplacée. Mais je n'en ai rien à foutre. Ce baiser me réchauffe le coeur. J'aime être près de Callie, j'aime l'embrasser, j'aime lui parler, j'aime la regarder... Ouais, en gros, je l'aime.

« Je dois admettre que je suis surpris, Reese. » fait une voix derrière moi.

Je recule instinctivement en entendant cette voix. Callie fronce les sourcils, déboussolée que j'aie mis fin au baiser. Quant à moi, je suis trop sous le choc pour m'excuser. Je me retourne pour faire face à un homme de ma taille, à la barbe minutieusement taillé et aux yeux d'un gris monotone. L'homme me fixe, un drôle de sourire sur le visage qui me rappelle celui que ma soeur affiche lorsqu'elle s'apprête à faire un mauvais coup. Je ne peux m'empêcher de reculer en reconnaissant mon géniteur. Les gens passent devant lui, le regard plein d'admiration et de respect pour cet homme que j'appelle mon père. La dernière fois que je l'ai vu, il était ivre et se disputait avec ma mère. Mais les gens ne voient pas mon père comme un vieil ivrogne, il le voit comme un héros qui fait marcher l'économie de la région. Il cache bien sa vraie nature. Ça doit être de famille, puisque ma soeur est très douée pour se la jouer enfant modèle, alors qu'on sait tous parfaitement bien qu'elle se ramène des garçons différents à tous les soirs.

Je dévisage mon père, attendant qu'il parle. Je n'ai pas envie que Callie le rencontre, mais je vois bien que c'est fichu dorénavant.

« - Qu'est-ce que tu fais ici, Papa ?

- C'est une belle journée, tu ne trouves pas ? J'ai simplement eu envie de faire un petite balade. » répond-t-il.

J'hoche la tête, mais si je peine à le croire. Je connais suffisamment cet homme pour savoir que ce n'est pas son genre de faire une « petite balade », même lorsque c'est une « belle journée ». J'ai envie d'être en colère contre lui, simplement parce qu'il est là, au même endroit que moi. J'ai envie de lui en vouloir pour m'obliger implicitement à lui présenter ma petite amie. Je n'avais pas l'intention de la mêler à nos histoires de famille complexes.

« Alors, Reese, comptes-tu me la présenter ? » se moque mon géniteur en désignant Callie.

Je me racle la gorge, peu sûr de moi.

« - Euh, je te présente Calliope, ma... petite amie, je dis.

- Oh ! Comme la Muse.

- Je vous demande pardon ? s'étonne Callie.

- Votre nom est le même que celui de la Muse de la poésie épique et de l'éloquence dans la mythologie grecque. Il s'agit également de la mère d'Orphée. Peut-être vous a-t-on nommé en hommage à celle-ci ? Vos parents sont-ils passionnées de mythologie ?

- Non, pas vraiment. Et puis, je dois vous avouer que la poésie et moi, ça fait deux. Je préfère qu'on m'appelle Callie.

- Si vous le dites. » rétorque mon géniteur.

Il me suffit d'un coup d'oeil à Calliope pour comprendre qu'elle est franchement mal à l'aise. Quant à mon père, il se la joue. Il donne l'impression d'être un homme charmant qui s'intéresse à autrui, alors que ce n'est pas du tout le cas. À mon plus grand soulagement, je devine que ma petite amie n'est pas dupe. Ce n'est pas comme si je ne lui avais pas dit à quel point la relation entre mon géniteur et moi était compliqué. Elle doit se douter qu'il y a anguille sous roche.

Instinctivement, je prends la main de Callie. Ce contact semble la surprendre dans un moment pareil, mais à moi, il me donne du courage.

« - On doit aller rejoindre des amis, maintenant, je mens.

- Oh, eh bien ce fût un plaisir de rencontrer Callie. J'espère vous revoir.

- Ouais, c'est ça. »

Sans laisser le temps à mon père de répondre, j'entraîne Callie dans ma fuite. Elle me suit, sans poser de questions, mais je vois bien qu'elle meurt d'envie de savoir ce qui se passe. Voilà ce qui se passe : je n'ai pas envie de mêler Callie à mes trucs compliqués de famille. Je veux la tenir loin de tout ça, parce que je tiens à elle et qu'elle est ma raison de sourire le matin.

Lorsque nous sommes suffisamment loin de mon géniteur, je m'arrête et lance un regard nerveux à ma petite amie. Au lieu de paraître en colère ou désorientée, elle me scrute, l'air inquiète. Elle est inquiète pour moi, bon sang ! Il n'y a que Callie pour être comme ça dans un moment pareil.

« - Est-ce que ça va, Reese ? me demande-t-elle.

- Ouais, je... En fait, non ça ne va pas. Je n'avais pas envie que tu rencontres mon père.

- Est-ce que je te gêne ?

- Non ! Ce n'est pas ça. Mon père est un vrai hypocrite ! Je... Il ne mérite pas de te rencontrer. Je ne veux pas mêler la plus belle chose qui me soit arrivée à la pire. » j'admets.

Et avoir un père comme lui est la pire chose qui me soit arrivé, ai-je envie d'ajouter.

Cependant, il n'en faut pas plus pour convaincre Callie. Elle se met sur la pointe des pieds et dépose un rapide baiser sur mes lèvres. Puis, elle vient me serrer dans ses bras. J'arrive presque à oublier cette désastreuse rencontre, tant son geste est réconfortant. Je me sens tellement bien avec elle. Ces derniers temps, Charles et Bethany s'amusent à me faire remarquer que je suis comme ces types à la télé qui dégoulinent d'amour et de romantisme. Eh bien, sachez que je n'en ai rien à foutre !

« Je te fais confiance, Reese. » murmure Callie.

Puis, elle m'embrasse à nouveau.

• •

Je titube maintenant dans les rues de Green Lake, peinant à comprendre ce dont je viens de me souvenir. Ma petite amie rencontrant mon père... Est-ce supposer être important ? Et pourquoi ai-je fait référence à mon père en parlant de la pire chose qui me soit arrivée ? Qu'est-ce supposer vouloir dire ? Il y a forcément quelque chose que mon subconscient essaie de me faire comprendre. Comme lorsque je me suis souvenu du moment où Charles m'a embrassé et m'a avoué de ce fait son attirance pour les gens du même sexe. C'est comme si on voulait me faire comprendre que je lui avais fait une promesse concernant le fait de garder le secret de son homosexualité, comme si on voulait me montrer quel genre d'ami j'étais autrefois...

Charles.

Bon sang, j'avais presque oublié ! Je ne lui ai pas parlé depuis la bagarre, depuis que tout le monde a découvert son orientation sexuelle. J'étais trop occupé à pleurer et à me disputer avec Callie... Quel idiot, suis-je ! C'est mon meilleur pote « de la mort qui tue ». Comment ai-je pu oublié que je lui dois des explications ? Je suis pratiquement convaincu qu'il me croit coupable d'avoir révélé son secret. Après tout, je suis la seule personne a qui il s'est confié, pas vrai ?

Sans trop réfléchir, je sors mon téléphone portable de ma poche de pantalon et commence à écrire un message à Charles. Je le relie quelques fois pour m'assurer, manie que j'ai acquise ces derniers temps, puis je pèse sur envoyer. J'ai la confirmation que Charles a reçu le message quelques secondes plus tard.

Moi ; 09h45
Ça craint vraiment, Charles. Je suis sincèrement désolé. Mais tu peux toujours compter sur moi, tu le sais, pas vrai ?

Quelques minutes plus tard, je reçois une réponse.

Charles ; 09h47
Je le sais. Ne t'inquiète pas pour moi, Reese.

Moi ; 09h47
Est-ce que je peux venir chez toi ? Je crois vraiment qu'il faut qu'on parle.

Charles ; 09h48
Ce n'est pas un bon moment. Une autre fois, peut-être ?

Je ne peux m'empêcher de ressentir un pincement au coeur en lisant le dernier message de Charles. Est-ce c'est comme ça que les choses vont se passer dorénavant ? Parce qu'il est clair que mon meilleur ami essaie de m'éviter. Peut-être me croit-il vraiment responsable de ce qui s'est passé la veille ou bien peut-être a-t-il eu peur de mon comportement de la veille. J'ai agi de manière violente, ce qui a sûrement surpris les gens de mon entourage. D'après ce qu'on dit du moi d'autrefois, je suis quelqu'un « de bien, d'aimable et de serviable ». Et je viens probablement de foutre tout ce truc en l'air.

C'est avec le coeur meurtri que je pars en direction de la maison d'Annie McDonough. À mon plus grand bonheur, je ne croise aucun citoyen de Green Lake qui risquerait d'avoir eu vent de mon comportement violent. Lorsque j'entre dans la maison de ma tutrice, je suis peu surpris de constater que celle-ci est plongée dans le quasi silence. Seul le bourdonnement du réfrigérateur donne vie à la pièce. Annie doit être partie travailler ou je ne sais quoi. À vrai dire, je n'ai aucune idée de ce que la cousine de mon père fait dans la vie, mais ce n'est pas pour autant que je me sens coupable de ne pas connaître ce détail majeur de sa vie.

« Où étais-tu passé ? » me questionne Moira lorsque je pose le pied dans la cuisine.

La jeune fille est appuyée sur le comptoir, ses cheveux blonds rassemblés en une parfaite tresse française. Depuis quelques temps, la blondinette a pris plaisir à me lancer des regards noirs en permanence. Je crois bien qu'elle me regarde ainsi depuis la fois où je l'ai surpris à moitié nue à califourchon sur un mec que je ne connais pas. J'en garde encore des séquelles. Sa manière d'embrasser ce gars, de s'exposer comme ça à lui... C'est loin de ce que j'aurais pu imaginer de la part de Moira.

« - Ça ne te regarde pas, je rétorque.

- Tu étais avec elle, pas vrai ?

- Peut-être bien. »

Sans lui lancer un regard, j'ouvre le réfrigérateur à la recherche de quelque chose qui pourrait soulager mon appétit. Après quelques secondes de réflexion, j'opte pour une pomme verte dans laquelle je croque à pleine dents. Toujours en ignorant Moira, je la contourne et vient me poser près de la fenêtre qui donne vue sur le quartier.

« - Je crois qu'il faut qu'on parle, insiste Moira.

- Pardon ? De quoi veux-tu parler, Moira ? De tes ébats nocturnes ? Ne t'inquiète pas, je ne risque pas de le dire à Annie. Enfin, je ne lui dirai rien si tu arrêtes de m'embêter.

- Ce n'est pas de ça dont je veux te parler.

- Ah bon ? Tu en es vraiment certaine ? je demande, les yeux brillants de colère.

- Ce n'est pas non plus à propos de la bagarre d'hier, m'informe la blondinette.

- Tant mieux ! Parce que je n'ai pas envie de parler de ça avec toi.

- Tu veux bien arrêter de jouer au con, Reese ? Je n'y suis pour rien si tu es frustré ! » proteste Moira.

Je jette un regard à la blonde pour voir si elle est bien sérieuse. Non, cette fille est une partie de la cause de ma frustration. Elle m'énerve tellement avec ses airs supérieurs et sa manière de parler de Callie comme de la peste.

« Je dois te parler de ton père. » lâche Moira au bout d'un moment.

Je lève les yeux dans sa direction et fronce les sourcils. Voilà qui devient intéressant. Peut-être est-ce un piège, mais je ne peux m'empêcher de me jeter dedans sans prendre en considération les risques possibles. La curiosité prend le dessus, mélangé par le désir d'en savoir un peu plus sur moi et sur mon passé. Je croyais impossible de parvenir à soutirer des informations à cette drôle de fille, mais voilà qu'elle s'ouvre à moi, alors que je n'ai rien demander. Encore une fois, la curiosité prend le dessus sur le doute.

Je pose ma pomme à moitié mangé sur le comptoir de la cuisine et lance un regard d'avertissement à Moira. Elle a maintenant la certitude d'avoir capté mon attention. Elle est mieux de me dire la vérité, au lieu de me rouler dans la farine comme elle le fait si bien depuis que je suis de retour dans cette ville de merde.

« Tu veux parler d'Alexander McDonough ? » je questionne, curieux.

Moira se pince les lèvres, le visage plein de compassion. Waouh, de la compassion. Je n'aurais jamais cru que cette fille pourrait ressentir ce genre d'émotions.

La jeune fille prend une profonde inspiration, avant de larguer la bombe :

« Reese, ce n'est pas ton vrai père. »

✖️

Salut, salut !
Je crois que je vous dois des excuses puisque je n'ai pas publié de chapitre depuis un bon moment (un mois, vous dites? euh, nan hehe). Mais bon, j'ai été occupée ces derniers temps surtout parce que... Je suis en secondaire 4. Et ça, les amis, c'est l'année de la mort qui tue. C'est mon avant-dernière année au secondaire (snif, snif) et c'est la grosse année. Tout (ou presque) compte pour le Cégep, ce qui est assez important d'ailleurs. Je ne vous ferai pas un cours sur le système scolaire québécois, mais bon tout ça pour dire que j'ai une grosse année devant moi. Si toi aussi tu as trois examens du MELS qui t'attendent à la fin de l'année, high five ! ✋

En résumé, les publications risquent d'être un peu moins fréquentes... Cependant l'histoire commence à tirer à sa fin, alors vous n'allez pas trop souffrir muhaha.

➰ Qu'avez-vous pensé de la réaction de Callie vis à vis des parents de Reese ?
➰ Que pensez-vous du "père" de Reese ?
➰ Que pensez-vous de la fin ?
➰ Vos prédictions ?

J'espère que vous avez passé un très bel été et que vous vous remettez lentement (mais sûrement) de la rentrée !

Marianne ;

p.s.- 11.09.01 ❤️

p.p.s- si j'ai bien compté, le ship gagnant est Caleese :)

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