18; Callie

JE TENDS À REESE une boîte de pansements. Il me dévisage, se demandant probablement ce qu'il peut bien faire avec ça. Je désigne alors ses jointures couvertes de sang. Reese acquiesce et commence à éponger le sang. Ça me fait tout bizarre de le voir là, dans ma minuscule chambre, assis en tailleur sur mon lit. C'est comme si nous étions revenus à cette époque où Reese passait pratiquement tout son temps chez moi, dans ma chambre. Sauf que nous sommes loin de cette réalité à présent.

« - Tu n'étais pas obligée de faire ça, Callie, m'assure Reese.

- Je n'avais rien à perdre. Et puis... J'en avais envie. »

Reese sourit faiblement, mais je vois bien que ça lui en coûte. Il n'est pas dans son état normal. Il est tout chamboulé par ce qui vient de se passer.

Après la bagarre, c'est moi qui suis allée vers lui. Charles et Bethany prenaient déjà la fuite, quand je me suis dirigée vers mon ancien petit ami. Charles devait être extrêmement sous le choc, car il n'a pas cessé de lancer des petits coup d'oeil nerveux à Reese. Tout le monde semblait autant en état de choc. Personne ne bougeait. Tout ces idiots fixaient Reese comme une simple bête de cirque. C'est là que j'ai compris qu'il fallait que j'intervienne. Je me suis donc faufilée au travers de la foule pour atteindre Reese et lorsque j'ai été suffisamment près de lui, je l'ai attrapé par le bras. Il semblait surpris au début, encore un peu sous le choc. Ses yeux étaient écarquillés et ses mains tremblaient. Je lui ai demandé de me suivre et il s'est exécuté, une expression d'hébétude sur le visage. Je l'ai traîné jusque chez moi, sachant qu'il était hors de question qu'il retourne chez Annie et Moira McDonough dans cet état.

Je m'assois tranquillement sur le bord de mon lit aux côtés de Reese. Il lève nerveusement les yeux vers moi. Ses mains tremblent toujours.

« - J'ignore ce qui m'est passé par la tête, murmure Reese

- Tu as défendu ton ami, Reese. Tu as simplement été loyal envers lui.

- Il y avait d'autres moyens d'être loyal. J'aurais dû... J'aurais dû chercher à discuter avec ces deux salauds au lieu de me bagarrer. La violence n'aide en rien.

- Reese, tu es en colère. C'est normal ! je rétorque.

- Non ! Non ce n'est pas normal. C'est... C'est... » s'exclame mon ex-petit ami.

Je lui prends la main. Reese sursaute, mais ses épaules s'affaissent l'instant d'après. À mon contact, il arrête aussitôt de trembler. Quand j'étais plus petite et que je faisais des cauchemars, je me réveillais toujours en sursaut, le corps tremblant. C'était ma mère qui venait me réconforter. Elle s'assoyait sur mon lit et se mettait à me frotter le dos, tout en me disant des paroles réconfortantes. Ce simple souvenir fait monter une vague nostalgie en moi. Je secoue la tête pour chasser cette-dernière et me mets à frotter doucement le dos de Reese dans le seul et unique but de le réconforter. Ou plutôt, serait-ce moi que j'essaie de réconforter ? Après tout, cette fichue bagarre à réveiller en moi des souvenirs douloureux que j'adorerais oublier. Malheureusement, c'est impossible.

Est-ce égoïste de ma part de souhaiter oublier certaines choses ? Reese fait de son mieux pour retrouver la mémoire, alors que moi je ne souhaite que la perdre.

« Tu peux tout me dire, Reese. D'accord ? »

Il hoche frénétiquement la tête, se mordant la lèvre inférieure.

« - Tu penses toujours que je suis un mec bien ? me demande-t-il d'une petite voix.

- Reese, tu es humain.

- Ça ne répond pas à ma question.

- Bien sûr que tu es quelqu'un de bien, mais tu as des défauts comme n'importe quel autre être humain, je lui assure.

- Les gens semblent l'oublier, parfois. J'ai l'impression qu'il me voit comme un idéal de perfection et qu'en réalité, il n'apprécie que la personne qu'il croit que je suis, m'avoue Reese.

- Les habitants de Green Lake ont l'habitude d'aimer voir seulement ce qu'ils veulent voir. Ils aiment l'image qu'ils ont de toi, pas le vrai toi. Je ne crois pas que le fait que Charles aime les garçons soit le véritable problème pour les habitants de cette ville. Je crois plutôt que c'est parce qu'ils se sont toujours imaginés que Charles était hétéro. Maintenant qu'ils ont la vérité juste sous leur nez, il leur est impossible de ne voir que ce qu'ils veulent voir. C'est ça qui les choque par-dessus tout. »

Nos regards se croisent à nouveau. Ses yeux bleus pétillent. Est-il sur le point de pleurer ? Je lui presse la main en signe de compassion. Je déteste le voir dans cet état. Lorsque vous voyez la personne que vous aimez le plus au monde souffrir, croyez-moi : ça vous brise le coeur. Surtout que je ne peux pas faire grand chose pour lui remonter le moral.

« - Tu crois que Charles m'en veut ?

- Pourquoi t'en voudrait-il ? je le questionne, perplexe.

- Peut-être croit-il que je suis responsable de toute cette histoire. Je dois être l'une des rares personnes qui étaient au courant de son homosexualité.

- Charles ne penserait jamais une chose pareil. Tu es son meilleur ami et il te fait confiance. »

Reese ne semble pas convaincu pour autant. Au moment, où je m'apprête à ajouter quelque chose, on cogne à la porte. Je jette un coup d'oeil à Reese pour obtenir sa réaction, mais il fuit mon regard. Je crie à la personne d'entrer, priant pour qu'il ne s'agisse pas de mon abominable petite soeur. Je suis rassurée en voyant Riley se tenir dans l'embrasure de la porte. Il a l'air à la fois inquiet et intrigué.

« - Est-ce que tout va bien ? nous demande-t-il.

- Ouais, on ne faisait que discuter. »

Mon frère hoche la tête, légèrement distrait. Il est de retour à la maison depuis deux jours, et pourtant je peine encore à croire qu'il est là. Riley m'a tellement manqué ! Quand j'étais à Newcastle, toutes mes sois-disants amies trouvaient bizarres que je sois aussi proche de mon frère. La plupart d'entre elles n'avaient pas de grands frères, mais celles qui en avaient n'arrêtaient pas de me dire que leur frère leur faisait vivre un véritable enfer. Je pouvais comprendre d'une certaine manière : ma petite soeur était pour moi une créature venue tout droit de l'Enfer (et c'est encore le cas). Mais, mon grand frère ? Pas du tout ! C'était un véritable ange et ça, mes amies ne le comprenaient pas.

Reese dévisage mon frère, les sourcils froncés. Bien sûr, il n'a aucune idée de qui il s'agit. Je décide qu'il vaut mieux les présenter, avant que mon ancien petit ami ne se fasse de fausses idées.

« - Reese je te présente mon frère, Riley.

- Dans toute sa splendeur ! s'exclame le concerné.

- Enchanté, bredouille Reese.

- Cal m'a tout raconté pour cette histoire d'amnésie.

- Ah oui ? s'étonne mon ancien petit ami.

- Je suis vraiment désolé de ce qui t'arrive. Ça craint au max.

- Ça tu peux le dire ! »

Riley éclate d'un rire franc, probablement content de revoir le garçon avec qui je suis sortie pendant neuf mois. Il faut dire que mon frère a toujours grandement apprécié Reese. Tout laissait à croire que c'était bel et bien réciproque.

Je sens le regard de mon frère se poser sur ma main liée à celle de Reese. Mon frère lève les yeux dans ma direction et lorsque je rencontre son regard, je comprends qu'il est étonné de nous voir à nouveau aussi proche l'un de l'autre. Je dois avouer que je le suis aussi. Je m'étais promis de m'éloigner de Reese pour éviter de le tourmenter, mais maintenant il se trouve dans ma chambre, assis sur mon lit comme au bon vieux temps. Riley n'est pas la seul à être surpris.

« - Est-ce que tu restes à dormir, Reese ? lui demande mon frère.

- Euh, je...

- Oui, il va rester. » je réponds à la place de mon ancien petit ami.

Reese écarquille les yeux, surpris de ma réponse. Cependant, il ne me contredit pas pour autant. J'espère qu'il ne s'imagine pas de trucs. Je n'ai simplement pas envie de le laisser retourner chez Annie et Moira McDonough. Je ne doute aucunement que ces deux femmes sont une des causes de la colère de Reese. Reese n'est pas heureux. Il souffre, c'est évident. Comment est-ce possible que personne ne l'ait remarqué ? Comment est-ce possible qu'elles ne l'ait pas remarqué ? Derrière chaque remarque sarcastique, il y a de la souffrance. Suis-je la seule à l'avoir remarqué ? Si Reese se montre aussi cynique c'est bien parce qu'il en a marre de ne rien savoir. Je parie qu'il a cette impression que les autres le connaissent mieux qu'il se connait lui-même.

Je ne veux pas le voir exploser à nouveau. Je me dois d'empêcher ça. Qui sait ce qui pourrait arriver la prochaine fois ?

Je secoue la tête. Ce n'est pas le moment de penser à ça.

« - Papa ne devrait pas rentrer avant demain matin, m'informe mon frère aîné.

- Comment ça ?

- Il a un rendez-vous avec une certaine Ailein Duncan. Ça te dit quelque chose ? »

Je fais signe que non, mais le visage de la femme en question me revient à l'esprit. Ailein Duncan... Il s'agit du docteur qui était responsable de Reese, alors qu'il était à l'hôpital. Je me souviens même de Jordan qui pointait du doigt le Dr Duncan alors qu'elle discutait avec notre géniteur. Je croyais qu'il s'agissait d'un simple petit flirte. J'étais loin de me douter que mon père aurait un rendez-vous avec cette femme. En fait, j'étais loin de me douter que mon père aurait un rendez-vous, point final.

« - Alors, il n'y aucun problème à ce que vous dormiez dans le même lit. Si tu vois ce que je veux dire, me confie mon frère.

- Euh, non... Nous n'allons pas... Nous ne sommes pas...

- Je plaisantais, Cal ! »

Je le fixe, sceptique. Le rouge me monte aussitôt aux joues. Je refuse de rencontrer le visage de Reese. Mon frère éclate de nouveau de rire, puis il m'adresse un rapide clin d'oeil et tourne les talons, fermant la porte de ma chambre au passage.

« Ton frère est bizarre. » dit Reese.

Voyant que je ne réponds pas, il s'empresse d'ajouter :

« Dans le bon sens, je veux dire. »

Je me tourne vers lui et lui souris, sans pour autant lui répondre. Je décide de l'aider à mettre ses pansements. Ses jointures sont toujours aussi rouges, le sang étant présent, mais je suis certaine qu'il cicatrisera vite. Après tout, Reese n'a pas l'habitude de se battre.

Je m'avance doucement sur le matelas pour être plus près de lui. Il hausse un sourcil, mais ne relève pas. Je prends son poing entre mes mains et commence à le couvrir de pansements, concentrée uniquement sur ma tâche. Je sens le regard de Reese se posé sur moi, alors que je pose le second pansement.

« - C'est une jolie chambre, me dit Reese pour briser le silence.

- Merci. »

Ça me rappelle la première fois où il est venu dans ma chambre. Ça me stressait à mort. J'avais peur de sa réaction en voyant la taille de ma chambre. Reese avait l'habitude des grands espaces : sa famille vivait dans un manoir, après tout. Je savais de quoi avait l'air sa chambre : elle était grande, spacieuse et les fenêtres donnaient une vue incroyable sur la forêt. C'était le rêve d'avoir une chambre pareil. Alors quand il a posé le pied pour la première fois dans ma minuscule et très étroite chambre, j'ai eu peur de sa réaction. Évidement, je me suis inquiétée pour rien. Reese trouvait ma chambre adorable et beaucoup plus accueillante que la sienne. Peut-être n'a-t-il dit ça que pour éviter de me blesser, mais la remarque m'a fait plaisir sur le coup. Nous avons passé le reste de l'après-midi à nous embrasser et à discuter de films et de séries.

Je soupire en repassant à ça. Et dire qu'à cette époque, mon seul soucis était de savoir ce que Reese pensait de ma chambre. C'est ridicule quand on sait ce que je crains le plus en ce moment. Mes soucis actuels sont loin d'être semblables à ceux que j'avais autrefois. Je me sens tellement naïve et innocente quand je repense à cette époque.

Je lève les yeux vers Reese. Il me fixe, l'air inquiet. Il s'apprête à m'avouer quelque chose, c'est certain. Sans le quitter des yeux, je lui fais signe de s'expliquer.

« - Mes parents... Il sont... Ils sont... commence-t-il.

- Ils sont quoi, Reese ? Ils sont quoi ?

- Tu savais qu'ils étaient morts avant l'incendie ? Ils ont été assassinés, Calliope.

- Je... »

Je n'arrive pas à formuler une phrase correctement. Je suis impuissante face à ce que Reese vient de me dire. Moi qui avais espéré qu'il ne l'apprenne jamais, me voilà complètement démunie. La chance n'est décidément pas de mon bord.

Reese me dévisage, mais il ne semble pas pour autant surpris. Toute la ville est au courant du meurtre de la famille McDonough, mais personne ne semble y avoir fait allusion jusqu'à ce jour. Si mes souvenirs sont exacts, l'enquête avait été abandonnée parce qu'il y avait un énorme manque de preuves.

« - Je ne sais plus quoi penser, Callie.

- Reese, je suis désolée. Sincèrement.

- Je sais que tu le savais et je sais que tu me caches encore quelque chose, mais... Je n'arrive pas à être en colère contre toi. Et je suis en colère contre tout le monde présentement. Tu peux m'expliquer ça ? »

Je ne réponds pas, les yeux rivés sur ceux de Reese. Nous connaissons tous les deux la réponse à cette question. Il a beau être amnésique, ce n'est pas pour autant qu'il ne ressent plus rien à mon égard. C'est pareil pour moi.

« - Je déteste ne rien savoir ! On dirait que tout le monde se fout de ma gueule. Ils sont tous là à me regarder et à me sourire comme de véritables hypocrites... Ça me fout en rogne, bon sang ! s'écrit Reese.

- Reese, si je ne te dis rien c'est pour ton bien, je murmure.

- Je sais ! Je sais, merde ! Mais tu ne crois pas qu'il serait préférable que j'en juge par moi-même ? Ce n'est pas à toi de prendre cette décision, Callie ! »

Il cri à présent.

« - Imagine-toi si j'étais revenue à Green Lake avec toute ma mémoire ! Imagine-toi si je n'étais pas amnésique. Tu n'aurais rien pu me cacher pour mon bien.

- Mais ce n'est pas le cas ! je m'exclame.

- Et si, Callie. Et si ça avait été le cas ?

- Tu n'étais pas supposé revenir de toute manière ! »

Aussitôt dit, je le regrette. Je me couvre la bouche à l'aide de ma main, les yeux écarquillés. Malheureusement, mes paroles ne passent pas inaperçues. Reese se tourne vers moi, les sourcils froncés.

« - Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

- Je... Je ne peux pas, je bredouille.

- Rien ne peut rester secret éternellement, Calliope. » murmure-t-il d'une voix douce.

Je ne réponds pas et fuis son regard. Mes yeux se posent sur le mur face à moi. J'essaie de ne pas trop penser à ces dernières paroles, mais j'échoue. Elles tournent en boucle dans mon esprit comme une chanson populaire au rythme accrocheur.

Voyant que je ne compte pas lui répondre de sitôt, Reese se lève. Il prend une oreiller sur mon lit, ainsi qu'une couverture et pose le tout au sol.

« - Je vais dormir sur le plancher, d'accord ? m'avoue-t-il en fuyant mon regard.

- Non. »

Il lève les yeux dans ma direction, surpris. Je me mordille l'intérieur de la joue, nerveusement.

« - Non ?

- Non. Tu peux dormir sur le lit.

- Avec toi ? demande-t-il d'une petite voix.

- Oui, Reese. Avec moi. »

Il fronce les sourcils, mais n'ajoute rien. Au lieu de quoi, il reprend son oreiller et sa couverture et les pose sur son lit. Je me lève à mon tour et me dirige vers ma commode. J'ouvre les tiroirs et prend le premier pyjama que je trouve. Je quitte la chambre et me dirige dans la salle de bains pour enfiler mon pyjama et brosser mes dents. Lorsque je reviens, je trouve Reese assis en tailleur sur le lit feuilletant quelques photos. Je m'approche à pas de loup et c'est là que je remarque qu'il s'agit de photographies de Reese et de moi prisent l'année dernière. Il lève les yeux dans ma direction lorsque je m'assois avec lui sur le lit.

« - Je suis désolé d'avoir crier tout à l'heure, s'excuse-t-il.

- Ça va, ce n'est pas si grave.

- Moi, je trouve que ça l'est. Je ne devrais pas hausser la voix, spécialement avec toi. Je ne peux pas me comporter en crétin à chaque fois que je suis en colère.

- Si tu le dis. »

Il pose les photos sur la table de chevet et me regarde. C'est le genre de regard auquel j'avais toujours droit autrefois. D'une certaine manière il me réchauffe le coeur, mais d'autre part il me fait ressentir une profonde nostalgie.

« Tu comptes dormir comme ça ? » je demande, en désignant sa tenue.

Il porte un tee-shirt, ainsi qu'un jeans et une paire de bottes.

« - Euh, ouais... Je ne voulais pas te déranger.

- Me déranger ? Tu sais, tu risques seulement de me déranger si tu restes habiller comme ça. » je lui fais remarquer.

Il sourit, puis se lève du lit. Reese retire ses bottes, puis il s'attaque à son jeans. Je détourne les yeux à ce moment. Je ravale un sourire. Bon sang, on dirait presque que c'est la première fois que je le vois comme ça !

« Je crois que je vais m'arrêter là. » dit Reese, se moquant clairement de moi.

Je lève les yeux au ciel, mais lui fait signe de venir sur le lit avec moi. Il s'exécute, jouant avec l'ourlet de son tee-shirt. Je m'allonge et remonte les couvertures jusqu'à ma poitrine. Reese prend les photos qu'il avait dans les mains un peu plus tôt.

« Celle-ci est ma préférée. »

Il me tend une photographie prise il y a environ un an. C'est un photo toute simple de Reese et de moi nous embrassant sous un gui. C'était le jour de Noël, soit le lendemain de l'anniversaire de Reese. Ce fameux anniversaire là, je m'en souviendrais toujours.

Un sourire béat s'installe alors sur mes lèvres.

« - Quoi ? me demande Reese.

- C'est toi qui avait insisté pour prendre cette photo. Moi, je trouvais ça ringard de s'embrasser sous le gui.

- Je suis ce genre de petit ami à la fois romantique et ringard ? plaisante-t-il.

- Oui, c'est tout à fait toi. »

Il me montre chacune des photos et à chacune d'entre elles, je lui explique l'histoire derrière la photographie. Reese rigole à chaque photos et un sourire reste gravée sur mes lèvres. Ça me réchauffe le coeur de le voir de la sorte. Malheureusement, ça ne dure pas éternellement. Au bout d'une demi-heure, Reese arrête de sourire et de me montrer des photos.

« - Qu'y-a-t-il ? je lui demande, soucieuse.

- Je... Je... »

Il n'arrive pas à finir sa phrase, puisqu'il éclate en sanglots. Je n'ai pas vu Reese pleurer très souvent, mais à chaque fois que c'est arrivé, ça m'a brisé le coeur.

Sans réfléchir, je m'approche le plus près possible de Reese et le serre dans mes bras. Il s'agrippe à moi un peu comme on s'agrippe à une bouée de sauvetage après des jours de naufrage. Je passe mes mains dans ses cheveux, dans le but de l'aider à se calmer, mais rien n'y fait. Reese pleure, pleure et pleure encore. Je le serre de plus en plus fort en lui chuchotant que tout va bien, qu'il n'a pas de raison de pleurer. Je sais qu'au fond il avait besoin de ça. Il avait vraiment besoin de laisser aller ses émotions.

« - Je suis... Je suis désolé, arrive-t-il à dire entre deux sanglots.

- Pourquoi, Reese ? Pourquoi es-tu désolé ?

- J'arrive pas à croire que j'ai oublié toutes ces choses. Je me sens tellement con !

- Reese, ce n'est pas de ta faute, je murmure d'une voix douce.

- Comment ai-je pu t'oublier ? »

Je ne réponds pas et pose mes lèvres contre les siennes. Il répond désespérément à mon baiser, ses mains se promenant dans mes cheveux. Ça me fait tout drôle de l'embrasser, alors qu'il pleure encore. Ça a dû lui faire cet effet quand il m'a embrassé sur le patio de la maison de Charles.

Reese finit par s'écarter doucement, ses yeux rivés sur les miens. Il renifle, les joues baignées de larmes.

« - Je ne te mérites pas, murmure-t-il.

- Tu as tort. »

Je l'embrasse à nouveau. Le baiser dure moins longtemps que le précédent, puisque Reese s'écarte à nouveau. Cette fois, il ne pleure plus. Un drôle de sourire flotte sur ses lèvres.

« - Tu sais ce qui serait bien ?

- Quoi donc ? je demande, les sourcils froncés.

- Ce serait bien si on s'embrassait pas seulement lorsque l'autre pleure, chuchote-t-il.

- Tu as raison. »

Reese sourit et je l'imite aussitôt. Il dépose un baiser furtif dans mon cou puis pose ses lèvres sur les miennes. Je répond à son baiser et il m'attire encore plus près de lui. Nous nous embrassons encore et encore, sans nous arrêter. Lorsque nous arrêtons finalement, Reese et moi avons le souffle coupé. Épuisés, Reese s'endort quelques minutes plus tard, sa tête posée sur le même oreiller que moi. Je m'endors à mon tour quelques minutes plus tard, les bras de Reese m'entourant.

• •

Je me réveille en sursaut et le corps tremblant. Je jette un coup d'oeil à ma droite. Reese est toujours là et il dort d'un profond sommeil. J'aperçois le cadrant posé sur ma table de chevet. Il est seulement minuit. Je joue avec l'ourlet de mon haut de pyjama, les paroles de Reese tournant toujours en boucle dans ma tête.

Rien ne peut rester secret éternellement, Calliope.

Je secoue la tête de nombreuses fois, mais rien n'y fait. Des souvenirs de la nuit où Reese a disparu hantent mon esprit. Les mains tremblantes, je soulève délicatement le bras de Reese pour me libérer de son emprise et quitte le lit.

Il est hors de question que je me rende au cimetière. Il n'est que minuit. Certaines personnes doivent encore traîner au centre-ville et aux alentours du cimetière.

Je jette un dernier coup d'oeil à Reese qui dort profondément dans mon lit et quitte la pièce. Je sillonne le corridor, le coeur battant à tout rompre. Je marche à pas de loup jusqu'à la chambre de mon frère aîné. De la lumière s'en échappe. Je cogne à la porte, mais je l'ouvre sans attendre de réponse.

« Cal ? » s'étonne mon frère.

Je fais un pas à l'intérieur de sa chambre et referme la porte derrière moi.

« Est-ce que tout va bien ? »

Je fais signe que oui, mais n'ajoute rien alors que je m'assois sur le coin de son lit. Riley se redresse sur son lit, puis pose son bouquin sur sa table de chevet.

« - Je dois te dire quelque chose d'important.

- Est-ce que c'est grave ? Callie, réponds-moi ! »

Mes yeux se remplissent de larmes. Je ramène mes genoux contre ma poitrine, me donnant l'air d'être vulnérable. Je n'arrive pas à croire ce que je m'apprête à faire. Une fois que cela sera fait, je ne pourrai plus revenir en arrière. Je devrai vivre avec le jugement de mon frère.

Mais j'en ai besoin. Je dois tout lui dire.

Riley se rapproche de moi, l'inquiétude se lisant dans ses traits.

« Je t'écoute, Callie. Dis-moi tout. »

J'ouvre la bouche et commence à tout lui raconter de A à Z. Cette fois, il n'est pas question d'omettre la nuit de la veille de la disparition de Reese. Il n'est pas question de laisser filer un seul détail.

Et de ce fait, je ne pourrai plus jamais revenir en arrière.

✖️

Saluuuuut !
Cet énorme chapitre est très probablement le dernier que j'écris avant de partir en vacances, soit dimanche à 3h du mat (heure québécoise). Par contre, je me tape 12h de route et ça, c'est sans compter le trafic, les accidents, l'attente aux douanes et la mauvaise conduite routière des américains (mais naaan, je blague: ils conduisent pas si mal). Alors, si l'envie me prend je vais peut-être avancer l'écriture des prochains chapitres.

Je suis lâche aujourd'hui, alors je laisse tomber les habituelles questions de fin de chapitre pour cette fois (MUHAHA). Mais, j'aimerais bien avoir votre avis sur ce chapitre ! :)

Prenez soin de vous !

χ Μαrιαnnε χ

p.s.- le shippe gagnant sera annoncé au prochain chapitre :p

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