17; Reese
MA PSYCHOLOGUE EST une femme élancée, âgée d'une quarantaine d'années, aux fins traits asiatiques. Elle est assise dans le fauteuil face à moi, me scrutant derrière ses grosses lunettes. La séance se déroule dans le salon d'Annie, puisque Mme Adams n'a pas de bureau en Écosse. Au début de la séance, elle s'est présentée, me disant que son bureau principal est au coeur de Londres, mais qu'elle a régulièrement l'occasion de voyager et de faire le tour du monde. Les quinze premières minutes lui servent à m'expliquer qu'elle est canadienne, mais qu'elle a immigré il y a une vingtaine d'années pour être avec son mari. Aujourd'hui, elle a deux garçons et est en pleine procédure de divorce. Je lui ai demandé si elle comptait retourné au Canada après son divorce, mais elle a simplement éclaté de rire.
J'imagine qu'elle me raconte toutes ces choses simplement pour établir un lien de confiance. Je ne suis pas stupide au point de ne pas voir à quoi elle joue.
« - Sans vouloir vous blessez, Mme Adams, j'aimerais que nous passions aux choses sérieuses, je lui demande.
- Bien sûr, mon garçon. Mais appelle-moi Jessica, d'accord ?
- D'accord. »
Jessica jette un coup d'oeil à ce qui me semble être ses notes. J'imagine qu'elle a mon dossier médical ainsi que le rapport de police au sujet de ma disparition et de l'incendie qui a décimée ma famille. Au bout de quelques minutes de contemplation des nombreux dossiers qu'elle a entre les mains, elle lève les yeux dans ma direction. Elle croise ses jambes et scrute mon regard, un stylo à la main.
Je suis plutôt content que Jessica Adams n'ait aucun lien avec la petite ville de Green Lake. Si elle venait d'ici, j'aurais davantage de mal à m'ouvrir à elle.
« - Tu es un cas particulièrement intéressant, Reese, m'avoue-t-elle.
- Ah bon ?
- Cela fait quelques semaines que nous t'avons retrouvé en bordure d'une route isolée... La plupart de mes anciens clients auraient retrouvés des fragments de leurs souvenirs à ce stade. Reese, te souviens-tu de quelque chose ?
- Je...
- Tu peux me faire confiance, Reese. Tes secrets seront bien gardés. Je peux perdre le droit d'exercer si j'en venais à briser la loi fondamentale du secret professionnel. » m'explique Jessica, un sourire bienveillant sur les lèvres.
J'hésite un moment. J'ai promis à Charles que je ne dirais rien. Cela valait-il pour une séance avec une psychologue ? Je ne veux pas trahir mon meilleur ami, mais j'ai confiance en Jessica Adams pour ne rien dire. Elle a de bons arguments, après tout.
« - Oui, j'ai... Je me suis souvenu de quelque chose.
- De quoi s'agissait-il ?
- Rien de bien important. Je me suis simplement souvenu du moment où mon ami m'a appris qu'il était gay. » j'admets d'un ton détaché.
Jessica hoche la tête, puis elle se penche pour noter quelque chose. Elle ne semble pas vraiment surprise, ni choquée, ce qui me rassure. Sa réaction me donne chaud au coeur. C'est bon de savoir que le monde en dehors de Green Lake évolue pour accepter de plus en plus les différences. Je suis convaincu que si Charles quitte cette ville à la con, il pourrait être heureux sans avoir à cacher son orientation sexuelle. Il y aura toujours des gens pour désapprouver, mais au moins, il n'aura pas à se cacher.
Alors que je suis perdu dans mes pensées, ma psy se racle la gorge pour me ramener à la réalité. Je m'excuse vaguement, mais Jessica enchaîne aussitôt.
« - Te souviens-tu de la manière dont ce souvenir t'es revenu ?
- C'est-à-dire ? je demande, sceptique.
- Parfois, mes clients retrouvent la mémoire en voyant ou en touchant un objet qui a un lien avec quelque chose de leur passé. Pour d'autres, il s'agit de visages ou de l'agissement de certaines personnes, m'explique ma psy.
- Par simple curiosité, combien avez-vous eu de patients amnésiques ?
- Un douzaine, je crois. J'ai même eu droit à un patient atteint d'hypermnésie pathologique. Tu imagines ? »
Elle glousse et je ne peux m'empêcher de la dévisager. Croit-elle vraiment que je sais ce qu'est de l'hypermnésie pathologique ? Bon sang, j'en suis encore au stade d'essayer de comprendre ma propre amnésie. Néanmoins, j'hoche la tête pour éviter de passer pour un débile. J'imagine qu'elle me raconte tout ça dans le but d'établir ce foutu lien de confiance, encore une fois. Ce qu'elle ne comprend pas c'est que ce n'est pas d'une amie que j'ai besoin, mais de quelqu'un qui pourra m'aider à retrouver la mémoire.
Alors que Jessica se lance dans une explication plus détaillée de ce qu'elle a appris avec son patient souffrant d'hypermnésie, je l'interromps.
- Pour répondre à votre question, j'ai vu mon ami embrasser un autre garçon et c'est là que je me suis souvenu qu'il m'avait déjà avoué être gay.
- C'est intéressant. Maintenant, laisse-moi essayer quelque chose, d'accord ? »
Ma psychologue ne me laisse pas le temps de lui répondre, qu'elle a son sac à main sur les genoux. J'ai l'impression qu'elle s'apprête à sortir sa trousse de maquillage pour se refaire une beauté, mais au lieu de quoi elle sort un briquet. Je la dévisage, incrédule. Que va-t-elle faire avec un briquet ? Mettre le feu à la maison d'Annie ? Non pas que cette idée ne me plaît pas, mais j'ai d'autres chats à fouetter. Premièrement, je veux retrouver la mémoire. Deuxièmement, je veux parler à Callie. Je n'ai rien de spécial à lui dire, mais j'aime bien être en sa compagnie. Je suis ridicule de penser comme ça, puisqu'il est évident que je ne fais que réveiller de mauvais souvenirs en elle. Une ex-petit ami, voilà ce que je suis pour elle. Si seulement, on pouvait retirer le mot « ex ». La signification me plairait davantage. Je suis attiré par Callie comme un aimant et ça m'effraie un peu. Nous sommes sortis ensemble pendant neuf mois, puis j'ai disparu pendant cinq mois pour réapparaitre comme un gars amnésique qui l'a oublié. C'est comme si mon subconscient avait oublié ces cinq derniers mois. Sans parler de mes hormones qui eux, ne sont clairement pas influencées par mon amnésie. Je n'entrerai pas dans les détails, mais vous comprenez.
Et puis, je revois Callie au beau milieu de la route qui me dévisage. Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Elle semblait choquée, déroutée. C'est comme si elle s'était faite à l'idée que je ne reviendrais pas. C'est comme si elle savait. Je n'arrive toujours pas à comprendre sa réaction. Normalement, une fille qui retrouve son petit ami après cinq mois de mystérieuse disparition, pleurerait de joie et ne le quitterait plus une seule seconde. Ce n'est pas le cas présentement. C'est tout juste si Callie ose me regarder droit dans les yeux. Qu'ai-je bien pu faire pour mériter cela ? L'aurais-je trompé ? Non. Je n'aurais jamais osé lui infliger un truc pareil. Je ne suis pas ce genre de gars. Enfin, comment puis-je en être certain ? C'est à peine si je sais qui je suis.
Je chasse cette pensée de ma tête, pour me concentrer sur ma psychologue. Elle a un briquet dans une main et une feuille de papier dans l'autre. Jessica se tourne alors vers moi, un sourire en coin.
« J'aimerais que tu observes ce qui va se passer, Reese. » m'indique l'asiatique.
J'hoche la tête, silencieux. Maintenant certaine que je la regarde, Jessica allume le briquet et l'approche lentement de la feuille. Je l'observe mettre le feu au bout de papier, puis jeter le tout dans un bol en vitre pour éviter de se brûler. Je regarde la flamme dévorer le papier. C'est fou comme le feu peut nous fasciner. Les flammes dansent sur le morceau de papier qui se noircit à son contact, puis tombe en cendres. Je sens le regard de ma psy peser sur moi, mais je n'arrive pas à détourner le regard. Le feu me captive et me domine par sa puissance.
C'est alors que ma vision se brouille. Je vois des flammes, puis le visage de Callie. Son visage est tâché de suie et l'inquiétude hante ses traits. Puis, je vois un verre en vitre éclater en mille morceaux, alors qu'il se fracasse contre le mûr. Ensuite, il y a de nouveaux des flammes. Ce ne sont que de simples flashs et pourtant ils sont... effrayants.
Je reviens à la réalité et me précipite brusquement vers la flamme qui a presque fini de dévorer le bout de papier. C'est plus fort que moi : j'agrippe un autre contenant en vitre et le dépose sur la flamme. N'ayant plus d'air, elle s'éteint. Je surprend alors ma psychologue à me regarder étrangement. Elle se racle la gorge, alors que je la fixe les sourcils froncés. Je dois avouer que je suis en colère. Je suis en colère contre tout.
« - C'EST QUOI VOTRE PROBLÈME, BON SANG ? je hurle, les poings serrés.
- As-tu vu quelque chose ? Des fragments de ta mémoire te sont-ils revenus ? m'interroge-t-elle, d'une voix posée.
- Vous êtes au courant que ma famille est morte dans un incendie, non ? Qu'est-ce qui vous est passé par la tête ?
- Calme-toi, Reese. Je t'en prie. »
Elle désigne le canapé face à elle, m'implorant de m'y asseoir. Je pousse un soupir d'exaspération, mais je m'assois tout de même sur le canapé. Je sais que c'est stupide de lui en vouloir pour un simple petit feu. Jessica essaie de m'aider après tout. Je suis simplement effrayé par les quelques fragments de souvenirs que je viens d'avoir. Qu'est-ce que ça signifie ? Je serre la mâchoire, toujours un peu sur les nerfs.
« - Reese, j'ai besoin que tu sois honnête avec moi. C'est la seule manière de faire avancer les choses. Alors, dis-moi, qu'as-tu vu ?
- Je n'ai rien vu. Je vous le jure ! » je mens.
Ma psychologue plisse les yeux. Décidément, elle ne me croit pas une seule seconde. Je n'ai pas envie de me confier à elle sur ce que je viens de voir. C'est trop perturbant. Je veux démêler tout ça avant de me confier à quelqu'un. La seule personne à qui j'accepterais de me confier maintenant, ce serait Calliope. Malheureusement, elle doit être en cours à l'heure qu'il est.
« - Reese, il va falloir que tu coopères si tu veux que les choses avancent. Je ne veux que ton bien, me rassure Jessica.
- Je sais. Seulement, je n'ai rien vu. Je vous le jure.
- Si tu te souviens de quoi que ce soit d'autre, préviens-moi.
- C'est noté, je dis.
- Maintenant, je dois aller aux toilettes. Si tu veux bien m'excuser, m'informe-t-elle.
- D'accord. C'est juste en haut, à gauche. »
Elle me remercie, puis quitte la pièce. Mon regard se pose aussitôt sur les documents qu'elle contemplait au début de la séance. Il s'agit probablement du rapport de police sur ma disparition et sur la mort de mes parents, ainsi que mon dossier médical. Je sais que je ne devrais pas, et pourtant je ne peux m'empêcher de me lever pour prendre les dossiers. En m'assurant que ma psychologue est bien à l'étage, j'ouvre le premier dossier. Il doit y avoir une trentaine de pages. C'est mon dossier médical. J'y jette un rapide coup d'oeil, mais rien ne semble anormal. Les résultats des prises de sang m'informe que j'ai une légère carence en fer. Note à moi-même : manger des aliments riches en fer pour les prochains jours. Je ne m'attarde pas sur le dossier et passe au suivant. Il est beaucoup plus lourd. Il doit bien y avoir une cinquantaine de pages, sinon plus. Je l'ouvre précautionneusement et tombe sur ce qui me semble être un rapport de police. Il me suffit de lire quelques mots pour comprendre que ce rapport est au sujet de la mort de mes parents et de ma soeur aînée. Sans attendre, je commence ma lecture.
« Reese McDonough manque toujours à l'appel. D'après ce que nous savons, il aurait disparu la nuit de l'incendie. Cette disparition subite pourrait placer McDonough comme potentiel suspect et cela reste une piste ouverte, même si nous n'avons rien trouver qui puisse l'accuser. De plus les proches de la famille semblent convaincus que le jeune McDonough n'aurait pu faire une chose pareil. Selon le voisinage, Reese McDonough était un garçon aimable et serviable. Leur théorie est qu'il aurait simplement échappé aux flammes de l'incendie. N'ayant aucune preuve suffisante, nous avons laissé tomber cette piste. »
Je m'arrête dans ma lecture. Ils m'ont soupçonner du meurtre de ma propre famille ! Je dois admettre que le fait que je disparaisse la nuit de l'incendie peut paraître suspecte, mais je suis certain de ne pas être un pyromane. Comment aurais-je pu faire une telle chose ? Tuer ma propre famille. C'est tout simplement dégueulasse.
Je feuillette les pages jusqu'à tomber sur le rapport du coroner.
« Le décès de M. Alexander McDonough, de Mme Aubrey McDonough et de leur fille, Mlle Charlotte McDonough a été constaté dans la nuit du neuf au dix juin. Les corps ont été retrouvés dans la demeure familiale, plus exactement dans le salon situé au deuxième étage. Les corps pratiquement calcinés, il a été difficile de trouver les moindres lésions. Cependant, des analyses ont permis de découvrir que les victimes étaient mortes bien avant l'incendie. »
Mon coeur se met à battre rapidement. Nerveusement, je passe une main dans mes cheveux. C'est impossible ! Pourquoi personne ne m'a rien dit à ce sujet. ? Pendant tout ce temps, on m'a fait croire que mes parents étaient morts dans un incendie. Maintenant, j'apprends qu'ils étaient morts bien avant cela. C'est quoi ce foutu bordel ?
« Mme et Mlle McDonough présente des lésions au niveau des côtes ce qui pourrait être expliqué par des blessures à l'arme blanche. Les deux femmes sont probablement décédées suite à ces blessures. Quant à M. McDonough, aucune lésion présente au niveau de l'abdomen. La victime présente seulement des fractures au niveau du crâne et ailleurs sur le corps. Aucune arme du crime n'a été retrouvé. Les circonstances du décès sont inexplicables pour le moment. Les corps sont trop calcinés pour avoir une piste vraisemblable. »
J'ai de la difficulté à respirer. Ma respiration se fait haletante. Si ça trouve, mes parents et ma soeur ont été assassinés. Ont-ils des suspects ? Ont-ils arrêtés quelqu'un ? Je feuillette rapidement toutes les pages du rapport, mais rien. Au lieu de quoi, je tombe sur cette simple phrase : « N'ayant pas assez d'éléments d'enquête, l'enquête a été abandonnée ». J'en ai mal au coeur. Comment peut-on avoir abandonnée l'enquête ? C'est de la lâcheté ! Il est évident qu'il s'agit d'un meurtre. Tout le monde m'a fait croire un incendie, mais il s'agit d'un meurtre.
Les mains tremblantes, je repose le dossier sur la petite table. La psychologue ne va pas tarder à revenir. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de jeter un rapide coup d'oeil à ses notes.
« Le patient semble souffrir d'une amnésie traumatique lacunaire. En effet, l'hypothèse qu'il aurait pu perdre la mémoire suite à un stress extrême ou un survoltage émotionnel. Cette hypothèse concorde avec le fait qu'il ait disparu la nuit de l'incendie. Si ça se trouve, il aurait assisté à la mort de sa famille et/ou échappé de justesse aux flammes. Hypothèse à vérifier. »
Si ça se trouve, Jessica Adams a raison. J'ignore ce qu'est exactement une « amnésie traumatique lacunaire », mais son hypothèse se tient. Et si j'avais été témoin de la mort de mes parents et que mon cerveau n'avait pas pu supporter ? Suite à ce choc, peut-être aurais-je perdu la mémoire et c'est ce qui me vaut d'être dans cet état actuellement.
Soudain, mon téléphone se met à vibrer. Espérant que ce soit Callie qui m'envoie un message, je m'empresse de déverrouiller mon cellulaire. Ce n'est pas un message de Callie. C'est un message anonyme adressé à toute l'école.
Anonyme ; 15h12
Vous devriez jeter un coup d'oeil à cette photo ! ;)
Le message est accompagné d'une photo. Je plisse les yeux pour mieux voir la photo. Lorsque je l'aperçois enfin, mon coeur manque d'arrêter de battre.
« Merde ! » est tout ce que je trouve à dire.
Sur la photo, on aperçoit clairement Charles au-dessus d'un type qui doit être Xavier, tous les deux s'embrassant fougueusement. Si Xavier se trouve dans l'ombre et qu'il est difficile à reconnaître, Charles se trouve néanmoins à la vue de tous. C'est comme si le détenteur de la photo avait fait exprès de mettre Charles en avant-plan.
Mes poings se serrent. Je dois trouver le crétin qui a fait ça, et par-dessus tout, je dois trouver Charles. Il doit être anéanti en ce moment même. J'espère qu'il ne me croit pas responsable de cette merde. Il ne faudrait surtout pas !
Sans attendre le retour de ma psychologue, j'enfile mon manteau et sors de la maison, claquant la porte au passage. Je suis en colère. Je n'arrive pas à croire que quelqu'un ait osé faire un truc pareil. Charles est mon meilleur ami. Même si j'ai très peu de souvenirs de notre amitié, je me suis vite attaché à ce type. C'est une personne en or. Pas question qu'on lui fasse du mal. Et surtout pas de cette manière.
J'arrive à l'école de Green Lake. Les poings serrés et la mâchoire contractée, je pénètre dans l'établissement. Tous les élèves sont au point de rencontre. Cette fois, les élèves ne sont pas rassemblés en petits îlots, mais bien en un seul et énorme îlot. Je repère mon meilleur ami. Celui-ci se trouve au centre de l'îlot devant deux types qui ont le profil de parfaits connards. Je vois bien que Charles leur tient tête, mais il est carrément sur le point de craquer. En me frayant un chemin dans la foule, je rencontre le regard de Bethany. Elle tire Charles par le bras pour le forcer à quitter les lieux, mais mon ami persiste à rester sur les lieux. Bethany m'adresse un regard implorant. Quant à Nathan, il m'a l'air introuvable.
« - Tu me dégoutes, Charles ! s'exclame l'un des deux connards.
- T'es qu'une tapette.
- Je ne savais pas que tu préférais sucer les... »
Connard numéro un n'a pas le temps de finir sa phrase puisque je bondis au centre de l'îlot, me plaçant aux côtés de mon meilleur ami. Celui m'adresse un sourire reconnaissant, mais ses yeux refusent de rencontrer les miens.
Les deux cons qui nous font face me dévisagent. Les deux ont changée d'expression. Serait-ce de l'admiration que je perçois dans leur regard ? Pourquoi ? Je ne veux pas être admirer par des crétins comme eux.
« - Reese, tu savais que ton pote était une tapette ?
- C'est qu'un sale pédé. » ajoute son ami.
Les autres élèves se mettent à pointer Charles du doigt et à le traiter de tous les noms. Je sens mon ami se tendre, alors que je foudroie du regard les deux imbéciles qui doivent être les auteurs de la photographie.
Mes oreilles bourdonnent. J'arrive à peine à entendre la voix de mes camarades de classe. Je perçois quelques bourdonnements qui doivent se traduire par des insultes à l'égard de mon meilleur ami. Ma tête me fait un mal de chien, mais l'adrénaline se répand dans mes veines.
« Sale pédé ! » s'écrit une voix.
C'est là que j'explose.
Sans vraiment trop savoir ce qui me passe par la tête, je bondis sur Connard numéro deux et commence à le frapper. Il tombe à la renverse, probablement surpris par mes agissements. Le type se retrouve plaquer au sol, dans une position qui lui empêche de se défendre. Au lieu de quoi, il encaisse les coups. Je n'arrive pas à arrêter. À chaque coup de poing, je me sens plus puissant, plus confiant.
Qu'est-ce qu'ils ont tous à me prendre pour le gentil petit Reese McDonough ? Et si ce n'était tout simplement pas moi ?
Je sens que mon tire par le tee-shirt, mais rien n'y fait. Je continue de frapper le type. Et puis, son ami décide d'intervenir. Il se jette sur moi, mais je le frappe au visage. Il tombe à la renverse. Il titube dans ma direction, la main posée sur sa mâchoire. C'est alors que je prends réellement conscience de ce que je suis en train de faire. J'arrête tout mouvement et je me recule. Mes jointures sont rouge écarlate. Tout le monde me dévisage.
Que vient-il de se passer ? Je n'en ai aucune idée. J'ai seulement la sensation que l'adrénaline circule dans mes veines et que la rage a pris le dessus.
Je recule en titubant, les mains tremblantes et les yeux écarquillés. Bethany et Charles me dévisagent. Tout le monde me dévisage, silencieusement. Ce n'est plus de l'admiration que je lis sur leur regard, mais bien de la crainte.
C'est alors que Connard numéro un décide de me faire face. Les sourcils froncés, il me demande :
« Mais qui es-tu ? Le Reese McDonough que je connais n'aurais jamais fait un truc pareil. »
Une fille éclate en sanglots. Des chuchotements se font entendre. Je suis figé sur place. Mon regard se promène dans la foule et je rencontre finalement celui de Callie. C'est la seule qui n'a pas l'air surprise. Non, elle a l'air... triste.
« Qui es-tu, bon sang ?! » s'exclame à nouveau le Connard numéro un en aidant son ami à se relever.
Mes camarades de classe me regardent tous comme si j'étais un étranger. C'est maintenant ce dont j'ai l'air à leurs yeux.
Mais, peut-être qu'au fond, ils font simplement face au véritable moi.
✖️
Salut !
J'espère que ce loooong chapitre vous a plu. Je fais présentement de mon mieux pour vous pondre quelques chapitres puisque je pars bientôt en vacances. J'espère publier quelques chapitres d'ici mon départ, soit le 7 août. :)
➰ Que pensez-vous de la psy ?
➰ Que pensez-vous des découvertes de Reese au sujet de la mort de ses parents ?
➰ Selon vous, qui aurait envoyé cette photo de Charles et Xavier ?
➰ Qu'avez-vous pensé des agissements de Reese à la fin du chapitre ? Êtes-vous d'accord ? Pourquoi a-t-il agit ainsi ?
➰ Vos prédictions ?
Également, comme me l'a rappelé TrueWordOfLove j'ai oublié les ships. Alors, je vais vous mettre ceux qui sont ressortis et vous n'aurez qu'à voter pour votre préféré. :)
1. Reeslie
2. Caleese
3. Reelie
4. Autres ?
Merci @Jesuistonhum smilegirl333 et TrueWordOfLove pour les superbes suggestions !
Δ Mαrιαηηε Δ
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