Chapitre III
Chapitre III - L'anniversaire
Il neigeait à gros flocons quand ma mère arriva enfin. De la fenêtre de notre salon, au quatrième étage de notre bloc, elle semblait toute petite. La lumière des lampadaires teintait ses boucles noires d'un roux cuivré. La neige s'y emmêlait comme des pompons blancs, faisant ressortir le rouge de ses joues brûlées par le froid. Son long manteau battait au vent comme les branches des arbres qui bordaient la rue. Comme toujours à ma fête, à dix-sept heures, le soleil était couché depuis longtemps.
Je l'attendais sur le canapé. Mon sac était fait, mais, ça, elle n'avait pas à le savoir. Je m'étais entendue avec Néo pour qu'il m'efface de sa mémoire avant mon départ. Je ne voulais pas qu'elle souffre de mon absence ou, pire, qu'Héméra l'utilise pour essayer de me retrouver. Le plan était simple : j'allais passer une dernière soirée avec elle et disparaître de sa vie comme si je n'avais jamais existé.
Le simple fait d'y penser m'enlevait toute envie de fêter. Mais je devais me rappeler que c'était un mal nécessaire et, surtout, que c'était temporaire.
Héméra ne pourrait pas se permettre de rester indéfiniment sur Terre. C'était tout de même la Commandante des Armées et le bras droit de la « sei-quelque chose » du Lenna'Seitoën. Elle disait aussi qu'elle était une « renotsa », mais je ne savais pas ce qu'elle voulait dire par là, et encore moins pourquoi elle s'entêtait à m'appeler « steseira ». Je n'avais pas non plus envie de le demander à Néo. J'avais eu ma dose de révélations pour la journée.
Ça n'avait pas d'importance, de toute façon.
Le monde de mes rêves allait rester dans mes rêves.
En entendant le cliquetis de la serrure, Néo, qui somnolait sur mes genoux, se redressa subitement et s'envola en direction de ma chambre. Il tenait à ce que je vive un anniversaire normal. Je lui avais promis d'essayer.
— Stella?
Je me raidis en reconnaissant la voix de ma mère. J'étais tellement perdue dans mes pensées que je ne l'avais pas vue entrer dans le salon. Le couloir était chargé de sacs remplis de trouvailles toutes plus excitantes les unes que les autres; sacs de croustilles, bonbons et chocolats se mêlaient à un magnifique bouquet de fleurs jaunes.
— Maman!
Je courus la prendre dans mes bras. Ses cheveux sentaient le froid et la neige, avec une légère touche de son parfum préféré. Ceux qui nous voyaient ensemble soulignaient souvent à quel point nous étions différentes. Ma mère racontait alors que j'étais la copie conforme de mon père. Père qui, comme par hasard, n'était plus de ce monde et ne lui avait laissé aucune photo de lui.
Les signes étaient là. Ils avaient toujours été là. Mais je ne voulais pas y croire...
— Il est arrivé quelque chose, devina-t-elle en me fixant avec un air étrange ; celui qu'elle avait toujours lorsqu'elle semblait lire dans mes pensées. C'est pour ça que tu ne te réveillais pas ce matin?
Des larmes me piquèrent les yeux. Ma gorge se noua.
— Arrête de faire ça.
— De faire quoi?
— De tout deviner. C'est agaçant. À t'entendre, il n'y a personne de plus prévisible que moi...
Elle poussa un soupir désolé et essuya la larme qui perlait sur ma joue.
— Je te connais bien, c'est tout. Mais je n'insisterai pas. Si tu as besoin d'en parler, je suis là. Je serai toujours là.
Elle me serra dans ses bras avec une douceur qui me fendit le cœur. J'aurais tout donné pour qu'elle ait raison. J'avais presque envie de tout lui avouer, là, tout de suite, et de la convaincre de fuir avec moi. Mais Néo avait été très clair là-dessus : l'impliquer donnerait une raison suffisante à Héméra pour la tuer. Et je ne pouvais pas prendre ce risque.
— Merci, maman...
Elle sourit, enleva son foulard, son manteau et ses bottes et m'entraîna dans la cuisine en portant ses sacs. Je l'aidai à les défaire et craquai pour une grosse tablette de chocolat. Le chocolat, c'était ma dépendance. Le bonheur à l'état pur.
— Retiens-toi, sinon, on va en manquer pour ton gâteau, me taquina-t-elle en sortant de gros bols. Bon, par où commencer...?
Une heure de travail acharné plus tard, la cuisine était sens dessus dessous et le gâteau de mes rêves gonflait lentement dans le four. Deux bols, un de glaçage, un de ganache, étaient sur le comptoir. Ma mère mit la ganache dans le réfrigérateur et poussa un soupir satisfait. Malheureusement, le reste du chocolat y était passé. J'en étais réduite à mon deuxième choix : le sac de chips.
— Qu'est-ce que tu veux regarder ce soir? me demanda ma mère en m'entraînant vers le salon. Il y a une nouvelle série dont tout le monde parle en ce moment... Je pense qu'elle pourrait te plaire! C'est sur une autre planète, avec une princesse, de la magie et...
— Non!
Ma réponse était sortie toute seule, d'une voix beaucoup trop aigüe pour être convaincante. Ma mère me lança un regard perplexe. Je me repris, en me souvenant d'une discussion enflammée que j'avais entendue entre deux cours :
— Je veux dire... On m'a dit que c'était vraiment très mauvais. La princesse tombe amoureuse de tous les beaux garçons qui croisent son chemin et doit toujours se faire sauver, même si elle a des pouvoirs super puissants... En plus, les extraterrestres parlent français! Tu trouves ça crédible, toi, que des gens n'ayant jamais mis les pieds sur Terre parlent notre langue? Moi, non!
Ma mère lâcha un petit rire et hocha la tête.
— D'accord. On va essayer de trouver quelque chose de plus crédible.
Notre choix s'arrêta finalement sur une série très banale, sans petits hommes verts, baguettes magiques ou autres bizarreries, et le livreur de pizza annonça son arrivée en sonnant à la porte. Ma mère se précipita pour lui ouvrir et revint avec deux boîtes de carton fumantes ; une pepperoni et une toute garnie. Elles vinrent rejoindre le soda, les chips et les bonbons sur la table basse, puis le marathon tant attendu débuta.
* * *
Il était vingt-deux heures lorsque je repris conscience de la réalité. Le gâteau était sorti du four depuis longtemps. Ma mère l'avait laissé refroidir sur le comptoir, puis, entre deux épisodes particulièrement croustillants, l'avait généreusement garni de ganache et de glaçage. Le résultat final était le bonheur à l'état pur : du chocolat, du chocolat et encore du chocolat. Bon, il penchait un peu sur le côté, mais c'était un détail. Je salivais déjà rien qu'à m'imaginer en prendre une bouchée.
Elle piqua des bougies — seize, exactement — en son centre. Puis, elle ferma les lumières, et alors que la flamme de son briquet était sur le point d'embraser la première mèche...
La sonnette retentit dans un « bzzzzzzt » glaçant.
Je me raidis, le cœur battant à tout rompre. Ma mère me lança un regard intrigué.
— Est-ce que tu as invité une amie?
— Non...
— C'est bizarre. À vingt-deux heures... C'est peut-être une urgence. Un pneu crevé, ou un blessé. Je vais aller vérifier.
Je la retins par le bras en criant :
— Non!
Elle fronça les sourcils et me força à la lâcher.
— Stella, sois raisonnable! Je reviens tout de suite.
Elle tourna les talons et disparut dans le couloir. Je restai immobile, envahie par un horrible pressentiment. Ça ne pouvait pas être une coïncidence. La théorie de l'accident était plausible, mais notre appartement n'en était qu'un parmi vingt autres — le quatorzième, très exactement. Quelles étaient les chances?
La voix de Néo me tira de ma torpeur :
— Stella!
Il entra dans la cuisine dans un coup de vent et se mit à voler nerveusement autour de ma tête.
— J'ai un mauvais pressentiment... Tu dois te cacher, vite!
Mon cœur se mit à cogner dans mes tempes. Je courus me cacher dans le placard où j'avais caché mon sac et Néo se nicha dans mes bras. J'avais tellement peur que je ne m'entendais plus penser. Ma mère avait peut-être raison ; ça pouvait être un pneu crevé ou un blessé. Mais il y avait aussi une autre possibilité : celle qu'une élémentale d'éther psychopathe soit arrivée à destination...
Je fixai, entre les lattes du placard, le chemin qui menait à l'entrée. Si Héméra apparaissait, mon cœur ne le supporterait pas.
Il ne me resterait plus qu'une option : prendre mon sac et fuir par la sortie de secours.
Les minutes s'écoulèrent.
Puis, la silhouette de ma mère apparut.
Elle était seule.
— Stella?
Elle me chercha du regard. Je voulus ouvrir la porte, mais Néo, qui ne semblait toujours pas convaincu, me fit signe d'attendre.
Alors, elle poursuivit ses recherches dans la cuisine, dans le salon et dans la salle de bain, m'appelant, à chaque fois, d'une voix un peu plus paniquée. Me retenir de sortir du placard pour aller la rassurer me demandait toutes mes forces. Je ne comprenais même pas pourquoi Néo tenait à lui faire subir cette torture...
— Qu'est-ce qu'on attend?
— Un signe. Une preuve. N'importe quelle façon de s'assurer qu'elle est encore elle-même...
— Encore elle-même?
— Pas sous l'emprise de l'éther. Elle pourrait paraître confuse. Avoir des comportements étranges. Je sais que c'est difficile, mais tu dois me faire confiance. Le moindre signe pourrait te sauver la vie.
Ma mère sortit du salon et prit la direction de ma chambre. Ses pas étaient rapides et nerveux. Elle m'appela encore, d'une voix un peu plus aigüe :
— Stella! Si c'est une blague...
Quand elle entra dans ma chambre, elle lâcha un petit cri étranglé. Je compris qu'elle venait de voir mes murs vides et ma poubelle remplie de tout ce qui m'avait déjà fascinée. Puis, mes armoires un peu moins pleines et la disparition de mon plus gros sac. Tout portait à croire que j'étais partie.
J'entendis un bruit sourd, comme si elle venait de se laisser tomber à genoux. Mon cœur se serra douloureusement. Et lorsqu'elle éclata en sanglots, criant mon nom comme s'il suffirait à me ramener à elle, il se brisa en mille morceaux. C'était tout simplement insupportable.
— Néo... Je ne peux pas...
— Non, Stella, c'est encore trop-
— Arrête! J'ai attendu, mais il n'y a ni signe ni preuve. Alors, ça suffit!
Je poussai la porte du placard et courus dans ma chambre. En me voyant, ma mère se figea. Son visage était rouge et humide. Ça ne ressemblait pas à de la confusion. Ça n'avait rien d'étrange. C'était ma mère, et elle venait de vivre un cauchemar. Néo s'était trompé.
— J- Je suis désolée, maman...
Je la pris dans mes bras et elle me serra de toutes ses forces. Elle tremblait. Je n'arrivais pas à croire que je venais de lui faire une peur pareille. Tout ça parce que j'avais laissé la paranoïa me convaincre qu'Héméra aurait pu, en moins de vingt-quatre heures, avoir traversé les cinq milliards d'années-lumière qui nous séparaient. Mais c'était impossible. Je le savais.
Même avec la meilleure technologie de l'univers, les lois de la physique continuaient à s'appliquer. Elles devaient forcément continuer à s'appliquer.
Sinon, les élémentaux ne seraient pas seulement des monstres, mais des dieux.
Les secondes s'enchaînèrent et devinrent des minutes. Ma mère tremblait toujours autant. Mais alors que j'étais convaincue qu'elle se fâcherait ou, au moins, qu'elle me demanderait des explications, elle restait plus silencieuse qu'une statue.
— Maman?
Encore une fois, le silence persista. La peur me noua la gorge. Je n'aimais pas du tout la tournure que prenait cette situation...
— Maman, qui était à la porte?
Plutôt que de répondre, elle me serra encore plus fort.
— Arrête, tu me fais mal!
Elle fit non de la tête et lâcha, dans un murmure désolé :
— C'est trop tard.
— Quoi?
— Il n'y a plus rien à faire. Seulement attendre.
Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine.
— Mais qu'est-ce que tu racontes?
— Tu ne l'entends pas?
Elle marqua une pause et, au même instant, un horrible grondement fit trembler le sol. Mon sang se glaça. On aurait dit qu'un ours venait de défoncer l'un des murs de l'appartement. Mais je savais que ce n'était pas un ours. Ça pouvait seulement être bien pire que ça.
Mon pire cauchemar était en train de devenir réalité.
Je me mis à me débattre de toutes mes forces, mais ma mère refusa de céder. Elle était étrangement forte. Plus que dans mes souvenirs.
— C'est pour ton bien, Stella. Tu seras heureuse.
— Non!
Un grondement encore plus terrifiant retentit. Puis, dans un flash, le corridor s'illumina d'une lueur violette. J'aurais reconnu cette couleur entre mille ; c'était celle des éclairs de Néo. Il était en train de se battre pour me protéger.
Mais il m'avait mise en garde.
Héméra était trop forte. Ma seule de chance de m'en sortir était de fuir.
Je devais trouver une façon de déstabiliser ma mère. Sauf qu'il n'y avait pas mille façons de le faire, et qu'elles risquaient toutes de la blesser. Enfin, l'une peut-être moins que les autres...
J'attrapai une grosse poignée des cheveux qui me frôlaient les mains et tirai brusquement. Elle bascula vers l'arrière en poussant un cri, et je profitai de l'ouverture pour fuir dans le couloir. Elle se lança presque aussitôt à ma poursuite.
— Stella, non! s'écria-t-elle. C'est dangereux!
Le sol trembla de nouveau. La lumière provenait du salon, à deux pas de la porte d'entrée. Mes bagages étaient dans la même pièce. Je les avais glissés sous le canapé. Mais maintenant, il n'y avait peut-être même plus de canapé...
Je pouvais me débrouiller sans, mais traverser la section du couloir qui donnait sur le salon revenait à entrer en plein champ de bataille. Les murs noircis et les restes de meubles qui avaient été projetés jusque là ne laissaient aucune place au doute ; même si elle n'était pas vraiment elle-même, ma mère n'exagérait pas lorsqu'elle disait que c'était dangereux.
Mais entre prendre un risque qui pourrait me sauver la vie et abandonner toute chance de survie, le choix était facile.
Je piquai un sprint.
La lumière s'intensifia.
Le sol se mit à trembler encore plus fort.
Puis, alors que j'entrais à peine sur le champ de bataille...
Un éclair violet aveuglant fondit sur moi. Je sentis qu'on me tirait vers l'arrière, et une masse de cheveux noirs bouclés me bloqua la vue. Je sentis le parfum préféré de ma mère. Mon cœur s'arrêta. La lumière se dissipa et ma mère s'écroula, la peau couverte d'horribles marques noires. C'étaient des zébrures profondes, terrifiantes, qui semblaient tirées d'un cauchemar.
Mais, heureusement, ma crainte fut de courte durée ; en voyant qu'il avait manqué sa cible, Néo transforma ses éclairs violets en une lumière blanche régénératrice. L'expression de ma mère s'adoucit et elle s'endormit paisiblement dans mes bras.
J'entendis un cri exaspéré. Puis, ce qui ressemblait à des injures dans un dialecte que j'espérais ne plus jamais entendre, d'une voix qui n'aurait jamais dû retentir dans le monde réel :
— Fispia! Nan mitsa!
J'aurais dû profiter de la confusion pour me relever. J'aurais dû courir vers la porte et fuir dans la tempête sans regarder en arrière. Mais j'étais trop choquée, trop horrifiée, pour même seulement respirer.
Elle était là, à quelques pas de moi.
Héméra.
C'était la première fois que je voyais quelqu'un avec les mêmes cheveux blonds que moi. Et à en croire mes récentes découvertes, c'était aussi la première fois que je rencontrais quelqu'un de mon... espèce.
Comme moi, elle aurait facilement pu passer pour une humaine. Et, comme moi, elle aurait attiré tous les regards en entrant dans une pièce. Mais pas seulement à cause de ses cheveux étrangement blonds ; elle était aussi plus belle que n'importe quelle humaine. Le losange doré qui marquait son front faisait ressortir ses yeux d'un bleu incroyablement vif. Puis, sa combinaison blanche moulante, qui aurait trahi les défauts de n'importe quelle femme, soulignait plutôt ses courbes parfaites. Et il n'y avait même pas un cheveu de travers dans son carré platine...
Néo se précipita devant moi pour me protéger. Son aura électrique l'enveloppa de nouveau et son poil se hérissa. Il gronda quelque chose en langue originelle, sûrement un avertissement. Héméra leva les yeux au ciel et répondit ce qui ressemblait à un refus. Puis, elle enchaîna, dans un français parfaitement fluide :
— Inutile de poursuivre en langue originelle. J'ai profité du voyage pour assimiler la langue de la steseira héritière. Elle a le droit de savoir ce qui la concerne, après tout...
Hein?
— Alors, pour la millième fois : trouvez-vous une autre steseira héritière! s'emporta Néo, qui ne semblait pas plus choqué que ça. Elle doit bien avoir un cousin ou une cousine quelque part!
— C'est impossible. Le Cristal d'Éther l'a choisie.
— Elle va mourir!
— Je n'ai jamais rien entendu d'aussi ridicule.
— Vous devez me croire! Je l'ai emmenée ici parce que-
— Ça suffit! C'est à cause de votre délire qu'elle vient de risquer sa vie! Avouez-le : vous l'avez enlevée pour vous approprier l'énergie du Cristal d'Éther! J'imagine qu'une forme de vie aussi répugnante que la vôtre ne peut s'empêcher d'envier notre grandeur...
— Non! Non, vous vous trom-
Crac!
J'eus à peine le temps de voir le petit corps de Néo défoncer le mur du salon qu'il retombait mollement sur le sol, le pelage imbibé de sang et l'aile droite complètement déformée. Il poussa un long cri plaintif qui me brisa le cœur. Héméra avait le bras tendu comme si elle venait de le projeter ; mais je ne l'avais même pas vue bouger. Mon souffle resta bloqué dans ma gorge.
— N- Néo! Non!
Je me levai d'un bond pour venir à son secours et Héméra m'arrêta en m'attrapant fermement par le bras.
— Vous êtes un monstre! m'écriai-je en me débattant sans même réussir à la faire bouger d'un millimètre. Vous n'aviez pas à faire ça!
Héméra, imperturbable, me fixa froidement.
— Vous êtes peut-être la steseira héritière, mais vous n'avez pas plus de dignité que ces insectes d'humains. L'éonamira Teoda aura beaucoup de travail. Heureusement, le mien est terminé. Bon voyage, steseira.
Mon bras s'engourdit au contact de sa paume et mes paupières devinrent excessivement lourdes.
— J- Je... vous hais... m... mons... tr...
Puis, plus rien. Qu'un noir terrifiant, abyssal. Et la voix de Néo, de plus en plus lointaine, criant mon nom.
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