Chapitre I

Chapitre I - Le rêve

Mes rendez-vous avec le docteur Meyer se déroulaient toujours de la même façon. Dès que je m'assoyais dans son horrible fauteuil vert, il fronçait ce qu'il lui restait de sourcils et me demandait, de sa petite voix condescendante :

— Racontez-moi votre rêve, Stella.

Je poussais un soupir, déjà complètement démotivée, et répétais ce que j'avais dit la semaine dernière. Et toutes celles d'avant, depuis trois ans.

— Je suis devant les portes d'un palais...

Comme toujours, il me demandait d'être plus précise. Je lui dessinais donc les portes en or massif en y représentant les cinq immenses chrysanthèmes qui y étaient gravés. Des fleurs funéraires, m'avait-il appris à notre première séance. Mon subconscient était franchement bizarre. Mais ça, je le savais déjà.

— Une femme se tient à ma droite. Elle porte une combinaison blanche tissée d'or. Son front est marqué d'un losange doré. Elle me sourit de ses lèvres rouges, et je reste choquée par le bleu de ses yeux. Mais, même si elle est étrange... je trouve qu'elle me ressemble.

— Vos cheveux, acquiesça le docteur en consultant un dessin que j'avais fait par le passé : le visage de la femme, exactement comme je le voyais dans mon rêve.

Je hochai la tête. Je n'avais jamais rencontré personne d'autre avec des cheveux comme les miens. Trop blonds, ils attiraient l'attention comme un panneau de signalisation. On pensait que je les décolorais tous les jours, que je portais une perruque ou que j'étais secrètement albinos. J'avais trouvé une solution à ce problème : me cacher sous un capuchon.

Je repoussai une mèche qui s'était glissée sur mon épaule, soudainement mal à l'aise, et décidai de ne pas m'attarder sur le sujet :

— Elle me dit : « Nimlen, steseira Stella Lenna»...

Ses petits yeux ridés, normalement d'un vert bouteille terne et sans vie, pétillaient toujours lorsque je parlais la langue de mon rêve. Il était convaincu que les réponses à toutes mes questions y étaient cachées. De la pure folie, car la traduire relevait de l'impossible.

— « Né sta sa lenna'renotsa Héméra Solia. Sél beosa stasa kaëla la sa creos ô, jéalan, né sta la sélm stal. Pa dio, né sélm aïrè ô sélm méanasè la Lenna'Seitoën — mar or sélm gaëna, sa seira Lenora Lenna...»

Il m'arrêta d'un geste de la main.

Len-na... marmonna-t-il en détachant chaque syllabe. Ce mot vous évoque-t-il quelque chose?

Je fis non de la tête. Ma réponse était une évidence, il s'y attendait. Mais ça ne l'empêchait pas d'insister encore et encore, en me bombardant de mots tous plus incompréhensibles les uns que les autres :

Ste-sei-ra? Re-not-sa? Sei-ra?

Son obstination à utiliser une technique qui ne fonctionnait pas me sidérait. J'avais déjà essayé de lui faire comprendre que c'était une perte de temps, mais il m'avait accusée de manquer de patience.

Ce vieux fou était convaincu que mon subconscient se manifesterait au moment voulu.

Nim-len? Ga-ë-na?

— Non.

Hé-mé-ra So-lia...

Le visage de la femme à la combinaison blanche m'apparut dans un flash : des yeux bleus ; des lèvres rouge vif ; des cheveux lisses, coupés au carré, d'un blond presque blanc...

Elle s'appelait Héméra Solia.

Soit mon subconscient se manifestait vraiment, soit j'étais en train de devenir aussi folle que lui. Et si cette femme, Héméra Solia, essayait de me transmettre un message?

Len-na'-Sei-to-

— Attendez! le coupai-je. Je sais!

Il sursauta si fort que ses lunettes tombèrent sur le tapis.

— V - Vous savez? répéta-t-il en se penchant pour les récupérer, tremblotant de fébrilité.

Je lui partageai ma théorie et sa bouche s'ouvrit jusqu'à former un grand « O ».

— Incroyable... Un message?

Je lui répondis d'un hochement de tête. J'en étais convaincue, sans comprendre pourquoi. Et ça me faisait peur.

Je faisais ce rêve depuis toujours, mais je n'avais jamais été capable d'y trouver un sens. Pas le moindre indice, la moindre intuition, même minime. Mais cette journée-là, à la veille de mon seizième anniversaire, une première pièce du puzzle s'était mise en place.

Héméra Solia essayait de me transmettre un message depuis ma naissance et j'allais bientôt être en mesure de le comprendre. Je le savais. Je le sentais.

* * *

Ce soir-là, ma mère me reprocha de ne pas être aussi bavarde qu'à l'habitude. Elle s'interrogea aussi sur mon empressement à me mettre au lit, mais je me contentai de répondre que j'étais fatiguée.

— Tu es certaine que tu n'es pas malade?

Je fis «oui» de la tête.

— Je veux juste être en forme pour demain. N'annule rien, d'accord?

Elle sourit, amusée, et répondit :

— Je ne vois pas de quoi tu parles...

— Est-ce que je vais avoir un gâteau au chocolat?

— Tu n'étais pas fatiguée, il y a une minute?

Je me raclai la gorge en comprenant mon erreur.

— Oui, très. Bonne nuit, maman!

Je filai dans ma chambre en maudissant mon incapacité à mentir. Je finissais toujours par me mettre les pieds dans les plats.

Heureusement, le sommeil ne tarda pas à me délivrer de la honte.

Et les portes dorées m'apparurent.

Scintillantes sous les rayons brûlants des deux soleils qui les surplombaient, elles étaient d'une beauté à couper le souffle. Et le palais qu'elles gardaient, d'un blanc immaculé et à la toiture en or étincelante, semblait tiré d'un conte de fées. Ses interminables tours fendaient le ciel d'azur.

L'air était humide, et je poussai un soupir d'air en sentant son parfum salin. Au-delà des jardins à la végétation tropicale, l'océan s'étendait à perte de vue. Son eau était turquoise et ses vagues s'échouaient sur le sable à un rythme régulier.

— Bonjour, steseira Stella Lenna.

Je sursautai en reconnaissant la voix d'Héméra. Ses mains reposaient sur l'écorce d'un arbre où poussaient des fruits qui n'existaient pas; de petites oranges bleues couvertes de pics jaune citron.

— Bonjour... ?

Elle écarquilla les yeux. Moi aussi.

— V- Vous... Vous parlez français? bredouillai-je.

Elle fit non de la tête.

— La langue originelle ; votre langue maternelle, même si vous n'en gardez aucun souvenir. Si vous êtes capable de me comprendre, c'est parce que nos esprits sont enfin entrés en contact.

— Quoi? Attendez... Je ne comprends pas. La langue originelle, c'est la langue de mon rêve? Mais... elle n'existe pas vraiment. J'y ai déjà cru, mais le docteur Meyer a prouvé le contraire. Il dit que c'est une manifestation de mon subconscient.

— Il a raison sur un point : elle n'existe pas... sur Terre. Mais elle existe sur Origine, votre planète natale ; celle que vous voyez chaque nuit, dans la dimension astrale.

J'écarquillai les yeux, ahurie.

— Ma planète natale... ? Vous voulez dire que je serais une extraterrestre? C'est encore plus ridicule que cette histoire de langue originelle!

— Que vous ayez été enlevée à la naissance pour finalement vivre une existence paisible d'humaine me semble tout aussi ridicule. Pourtant, c'est ainsi que je vous ai retrouvée ; vous, l'héritière légitime du Lenna'Seitoën, la steseira Stella Lenna... persuadée d'être destinée à une existence insignifiante. Un vrai comble, vraiment. Et un problème, car vos croyances humaines vous empêchent de concevoir qu'un rêve puisse être réel.

C'était ça, le message existentiel qui m'avait toujours obsédée? Un délire mêlant extraterrestres, destinée pas-si-insignifiante-que-ça et rêves qui n'en étaient pas vraiment? Je savais que j'avais une imagination débordante, mais ça, c'était à un autre niveau.

Qu'est-ce que ça disait sur moi?

Que je ne m'étais jamais vraiment sentie normale? Que j'aimais fuir mon quotidien en m'imaginant à la place des héroïnes de roman? Que j'avais toujours espéré, sans jamais oser l'avouer, que le monde de mes rêves puisse être réel? Touché, touché et encore touché.

J'éclatai de rire en imaginant la tête du docteur Meyer lorsqu'il apprendrait que la « grande révélation » de mon subconscient se limitait à ce que je savais déjà. J'étais décidément bien prévisible...

Héméra poussa un soupir exaspéré.

— Oui, vous êtes prévisible, admit-elle d'un ton cassant. Mais aussi naïve, stupide et horriblement têtue. Maintenant, pouvez-vous m'écouter deux minutes sans glousser comme une décervelée?

Je me raidis. Ça, c'était inattendu. Et à peu près aussi agréable qu'un jet d'eau glacée en plein visage.

— Je... Je ne suis pas...

— Oh, assez! Je ne vous ai pas cherchée pendant seize ans pour endurer votre crise existentielle. Je ne suis pas la manifestation de votre subconscient, et encore moins la messagère d'une révélation qui rendrait votre vie d'humaine un peu moins pitoyable. Je suis la renotsa Héméra Solia, commandante en chef de l'armée du Lenna'Seitoën et bras droit de la seira Lenora Lenna. Et elle m'a ordonné de vous ramener à ses côtés, alors même si j'aurais préféré vous achever pour vous laisser pourrir avec ces humains que vous aimez tant, mon devoir est de lui obéir.

Mon sang se glaça. Soudainement, les battements de mon cœur me semblaient beaucoup trop réels. Et si elle avait raison? Et si ce rêve n'était pas qu'un simple rêve?

— Vous voulez m'emmener sur Origine?

Un sourire cruel se dessina sur ses lèvres.

— C'est bien, vous commencez à comprendre.

Je déglutis nerveusement.

— Mais... c'est où, Origine?

— Les humains n'ont pas encore de mots pour décrire cet endroit. Mais les élémentaux l'appellent la Galaxie de Tellaïa ; c'est le cœur de l'Univers, là où tout a commencé. J'estimerais la distance à... cinq milliards d'années-lumière.

Je me sentis pâlir. Imaginer tout le vide qui me séparait de cet endroit me donnait le vertige.

— Ce n'est pas un peu loin?

— Pas assez pour m'empêcher de venir vous chercher.

Je détournai les yeux en sentant la terreur m'envahir. Je n'arrivais plus à me convaincre que ce n'était qu'un rêve. Ce n'étaient plus seulement les battements de mon cœur qui me semblaient réels ; désormais, chaque détail me frappait avec une précision glaçante. Les deux soleils qui me surplombaient. Les fruits étranges qui n'existaient pas sur Terre. Le palais d'or et de marbre qui éclipsait les sept merveilles, et mériterait même d'être classé à part, car sa perfection n'avait tout simplement rien d'humain. Tous les signes étaient là. Ils avaient toujours été là.

Ma gorge se noua.

— Mais... je ne veux pas...

— Prévisible, naïve, stupide, têtue, et maintenant... ingrate. La liste s'allonge et ma patience touche à sa fin. Dois-je vraiment vous rappeler que vous avez été enlevée?

— Non! C'est impossible! Je suis née ici. Je le sais. J'ai des photos qui le prouvent! Et ma mère me l'aurait dit, si je n'étais pas vraiment sa fille!

Héméra poussa un soupir exaspéré.

— Même la technologie humaine peut modifier des photos. Quant à cette humaine que vous pensez être votre mère, elle a sans doute été manipulée pour croire qu'elle vous avait donné naissance. Mais les signes du contrôle par l'éther ne trompent jamais. Questionnez-la, et vous verrez des failles dans ses souvenirs. Il pourrait s'agir de trous de mémoire. Ou alors, de réponses confuses. Dans tous les cas... vous verrez que j'ai raison, et vous accepterez de me suivre sans faire d'histoires.

— Non!

Elle leva les yeux au ciel.

— Non? Encore?

— Vous êtes complètement folle! Même si vous aviez raison — ce qui est impossible, parce qu'un rêve ne peut pas être réel —... je ne vous suivrais pas!

Elle éclata de rire ; c'était un rire froid, cruel.

— Oh? Parce que vous pensez vraiment que vous avez le choix?

Je l'affrontai du regard sans ciller.

— Oui! C'est mon rêve. Vous n'avez aucun pouvoir sur moi. Je n'ai qu'à me réveiller, et...

Je me pinçai de toutes mes forces. Puis, encore et encore, sans le moindre effet. Les marques rouges se multiplièrent sur mes bras. Héméra se contenta de sourire comme si je l'amusais.

— Vous n'êtes vraiment pas brillante... lâcha-t-elle finalement. Nous ne sommes pas dans votre rêve, mais dans la dimension astrale. Et oui, vous êtes sous mon emprise. J'entends chacune de vos pensées. Je ressens vos émotions comme si elles étaient les miennes. Je sais tout de votre passé, de votre présent, et de vos aspirations futures. Je sais que je ne peux plus rien faire pour vous faire entendre la raison. Alors, il ne me reste qu'une seule option : vous garder endormie jusqu'à ce que ma mission soit complétée.

Un cri étranglé m'échappa :

— Quoi? Mais... non!

Je me pinçai encore plus fort en sentant les larmes me monter aux yeux. Mais le paysage me semblait toujours aussi réel, et ce qu'elle s'apprêtait à faire, encore plus cruel. Je me laissai tomber à genoux en sanglotant.

— Vous ne verrez même pas le temps passer. À votre réveil, vous serez de retour sur Origine, et vous aurez tout ce dont vous avez toujours rêvé. Je vais compter jusqu'à trois. Un...

Un étrange sentiment de sécurité m'enveloppa. Ma respiration se calma brusquement. Puis, toute envie de pleurer me quitta. Je me couchai sur l'herbe, les paupières soudainement très lourdes, et fixai les nuages qui défilaient à l'horizon. Le ciel était d'un bleu à couper le souffle. L'air était chaud et humide, avec un parfum d'océan, et le son des vagues s'échouant sur la plage me berçait doucement. Oui...

— ... deux...

Je n'avais plus rien à craindre.

Héméra allait me sauver.

J'allais retrouver ma vraie mère ; vivre dans un palais ; découvrir un monde paradisiaque...

— ... tr-

Mais une voix enfantine s'écria :

— Non!

Le ciel se zébra de lumière blanche et violette. Il se fissura comme un miroir qu'on éclate, et je repris soudainement conscience de ce qui allait m'arriver.

Je me redressai juste à temps pour voir une boule lumineuse percuter Héméra de plein fouet. Le choc, terriblement puissant, la projeta contre les portes du palais. L'impact provoqua un grondement semblable à un coup de tonnerre. N'importe quel humain serait mort sur le coup ; le métal était complètement déformé. Mais Héméra était indemne. Retenue contre les portes par une force invisible, elle fixait, avec une rage terrifiante, ce qui venait d'apparaître à ses pieds.

La boule de lumière s'était transformée en boule de poils. Ou plutôt..., en chaton. Son poil blanc, long et soyeux, lui donnait l'allure d'une peluche. Ses grands yeux violets étincelaient comme s'ils étaient chargés de poussière d'étoiles. Mais le plus étonnant, c'étaient les ailes duveteuses qui étaient repliées sur son dos.

J'écarquillai les yeux, envahie par un étrange sentiment de familiarité, de confiance. Sa présence me rassurait sans que je ne comprenne pourquoi.

— Bonjour, Stella! me salua-t-il gaiement.

— B- Bonjour...

— Je suis désolé de ne pas avoir pu empêcher ça. Mais ne t'inquiète pas ; elle ne peut plus te faire de mal. Pas à cinq milliards d'années-lumière, avec une connexion psychique qui date d'il y a seize ans. Même les renotsas ont leurs limites. Enfin... il reste encore un petit problème...

Il prit son envol et s'arrêta devant son visage. Toujours aussi enragée, elle semblait maintenant paralysée. Ses lèvres tremblaient comme si elle essayait désespérément de les bouger.

— Je vais compter jusqu'à trois, reprit-il sur le ton qu'elle avait employé un peu plus tôt. Un...

Son poil se hérissa et une électricité violette l'enveloppa comme une aura.

— ... deux...

L'électricité s'intensifia. Je retins mon souffle.

— ... trois!

Une décharge surpuissante la transperça en plein cœur. Aussitôt, ses lèvres rouges se figèrent et son corps se gorgea de lumière. Puis, tout doucement, il se désagrégea en une nuée d'étincelles dorées. Le souffle de l'océan les emporta, et ils virevoltèrent comme des flocons de neige jusqu'à se dissoudre dans l'eau.

Je me tournai pour questionner celui qui m'avait sauvée, mais il n'était déjà plus là.

Le bleu du ciel vira au noir. Puis, bien vite, le paysage laissa place au vide. Le sol se déroba sous mes pieds et je plongeai dans l'obscurité. Mais je n'avais plus peur.

Un décompte se lança dans ma tête :

Un...

... deux...

... trois.

* * *

Je me redressai brusquement. Mon cœur menaçait d'exploser dans ma poitrine. Mais quand je reconnus mon vieux couvre-lit à motif d'étoiles, mes murs couverts de croquis du monde de mes rêves et le manuel de mathématiques que j'essayais d'ignorer depuis une semaine, le soulagement m'envahit.

Les rêves ne pouvaient pas être réels. Alors, Héméra n'existait pas. Et le chaton ailé non plus.

Mais... il faisait étrangement clair.

Normalement, lorsque je partais pour l'école, il faisait encore sombre. Et c'était encore pire ces derniers temps, puisqu'il ne restait que quelques jours au mois de novembre. Pourtant, la lumière du soleil se déversait dans ma chambre comme s'il était passé midi...

Je jetai un coup d'œil nerveux en direction de mon réveil-matin.

Il affichait treize heures et demie.

Oh non, non, non... !

Ça, ce n'était définitivement pas normal.

Ma mère me réveillait toujours lorsqu'elle voyait que je risquais d'arriver en retard pour l'école. Elle ne serait jamais partie travailler en me laissant faire la grasse matinée. À moins que...

Une voix enfantine s'écria, dans mon dos :

— Je suis vraiment désolé! J'ai compris que quelque chose clochait quand j'ai vu qu'elle n'arrivait pas à te réveiller. Mais comme le temps s'écoule beaucoup plus vite dans la dimension astrale...

Mon cœur s'emballa encore plus. Cette voix...

Je me retournai brusquement et mon cœur s'arrêta.

— Non...

Ça n'aurait pas dû être possible. Les rêves ne pouvaient pas être réels. Tout le monde le savait, et pourtant...

Le chaton ailé qui me faisait face se propulsa dans les airs d'un battement d'ailes. Son poil blanc était long et soyeux. Ses grands yeux violets étincelaient comme s'ils étaient chargés de poussière d'étoiles. Il était minuscule, à peine plus grand que ma main, mais dégageait une puissance terrifiante. J'avais l'impression que la gravité venait d'augmenter, que l'air s'était chargé d'électricité.

— Oh! s'écria-t-il. Je suis vraiment, vraiment désolé! J'essaie de t'aider, mais je fais tout de travers... J'ai oublié de me présenter! Je m'appelle Néo. Je suis ton esprit céleste ; ton ange gardien, comme diraient les humains. Je ne sais pas ce qu'Héméra a eu le temps de te dire, mais j'imagine que tu as beaucoup de questions. À commencer par...

Il se posa dans mes mains et plongea son regard dans le mien.

— ... « est-ce que je suis encore en train de rêver? ».

Je fis un timide hochement de tête.

— La réponse est non, malheureusement. Je suis aussi réel que les vieilles chaussettes qui traînent sous ton lit depuis l'année dernière.

Je fis un sourire crispé en sentant mes joues s'empourprer.

— Quoi, elles étaient cachées là?

— En plus, tu essaies de t'en tirer en me mentant, à moi, ton esprit céleste! Je sais tout sur toi, Stella. Absolument tout! 

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