Chapitre treize
Rien n'a changé dans la routine de la jeune femme, à quelques détails près.
Ses cernes étaient plus sombres que coutume, elle buvait à une plus grande quantité et dormait plus que d'habitude.
Elle nourrissait toujours ses chats, mangeait toujours de la glace à même le pot et réchauffait toujours le café de la veille.
Elle dormait toujours aussi profondément, elle n'arrivait toujours pas à calmer les épis de ses cheveux et elle arrosait toujours son cactus avant de sortir de son appartement.
Indifférence volontaire face à son mal-être.
Elle faisait en sorte de rendre son quotidien identique avant l'apparition de Kurohana dans sa vie, elle procédait à une auto-hypnose pour oublier son existance, et de faire accepter à son cerveau que cet homme n'existe pas et qu'il n'a jamais existé.
Vaine conviction faussée par des rêves illusoires. Rêves vicieux et narquois la nargant en ressassant ce jour ou elle l'embrassa. Même touché, même sensation doucâtre, même sensation d'appartenance factrice.
À son réveil, elle décidait d'oublier et oublia.
Un autre détail changea son quotidien: les fréquentes visites du tueur.
La première nuit, ils parlèrent de tout et de rien, que tout est apparu à partir du rien.
La deuxième nuit, ils parlèrent de la double personnalité de Kagekao, souffrant de troubles de personnalités et d'humeurs.
La troisième nuit consécutive, ils parlèrent du passé misérable d'Eliah, celle ci étant très alcoolisée.
La quatrième nuit, ils parlèrent comme deux vieilles connaissances, l'un délaissant sa nature d'assassin et l'autre sa destructive dépression.
Elle était justement en sa compagnie, et ils en était en leur cinquième nuit, le comptoir séparant les deux protagonistes.
_Aujourd'hui, exceptionnellement, je vais me payer ce verre et t'en payer un, lui dit Kagekao d'une humeur extraordinairement agréable. Remercie ma générosité.
_Eh bien, eh bien, que me vaut cette incommensurable bonté de Monseigneur?
_Gnihihi, les affaires étaient appréciables en cette nuit~.
_Les affaire louches de Monseigneur se sont bien passés? Mais quelle agréable nouvelle.
Il ricana, amusé par l'humour de la brune.
_Donne moi donc ton verre, que je le remplisse de ce liquide exquis.
_Non merci, mon palais n'est pas adapté pour ce genre de goût raffiné pour bourge. Une fois que j'y gouterais j'en voudrais plus, alors que je n'en ai pas les moyens. Mes papilles se sont tellement anesthésiées d'alcool fort qu'elles ne pourront déceler aucun étourdissement dans ce liquide. Seulement un goût appréciable.
Il ricana et prit une gorgée à travers son masque et souleva celui de sorte à ce que seulement ses lèvres apparaissent, ces dernières étirées en un sourire amusé.
Eliah sentit son coeur se resserrer douloureusement, et elle resta fixer son sourire avec lassitude.
Tout se passa avec un extrême lenteur, seulement, elle ne pouvait juste pas se mouvoir.
Posant sa main gantée sur sa nuque tout en ayant son pouce sur sa mâchoire, il se rapprocha avec ce même sourire insolent et s'empara abruptement des lèvres de la jeune femme, qui resta de marbre.
Elle sentit un liquide sucré et doux lui parcourir de la bouche et lui picoter la gorge, Kagekao la forçant à boire.
Il voyait son expression, son expression froide, sa façade de marbre, mais il voyait aussi cette confusion réprimée et cette vaine tentation de la lui cacher, et il adorait ça.
Ils se séparèrent mais l'assassin gardait tout de même une semblable proximité. Il se lècha la lèvre supérieure et murmura:
_Your lips are sweeter than my red wine~.
_Pourquoi?
_Tu as dis devenir dépendante de ce vin s'il t'arrivais de le boire, alors pourquoi pas à travers mes lèvres pour que tu en deviennes accro? Je te possèderais ainsi entièrement, déclara-t-il sur un ton d'évidence.
_Foutaises.
_J'embrasse bien, pas vrai? Demanda-t-il avec l'espièglerie d'un gamin.
Elle hocha la tête vaguement et répondit:
_Étrangement bien...
Son sourire s'agrandit tandis qu'il gardait le silence.
_Si tu veux me payer une boisson, achète moi celle-là, elle me faisait de l'œil depuis tout à l'heure, mais j'ai pas d'oseille sur moi.
_Eh voilà, pour la petite dame.
Cette fois encore, elle s'empara simplement de la bouteille sans verser dans un verre, sous le regard amusé de l'assassin.
Il restèrent silencieux tout deux, à boire pendant une bonne demi-heure.
Puis, finalement, les yeux dans le vague et l'esprit flou, Eliah parla:
_Pourquoi est-ce que tu continues de venir, Kurohana?
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