Chapitre deux.

Il était onze heures et quart et la noiraude dormait encore profondément.

La fatigue s'accumulait de jour en jour et elle avait de plus en plus du mal à supporter tout ce poids.

Une boule de poils noirs aux iris verts d'eau, s'approcha doucement de la jeune femme, inquiet pour celle-ci.

Il sauta sur son corps sans ménagement, et se mit à onduler sa queue touffue sur le visage de sa maîtresse.

Celle-ci commença à légèrement trembler des paupières pour enfin les ouvrir complètement et vis le félin l'enquiquiner.

-Ah tiens, Yami*(nda:ténèbres en japonais)... Tu me fais plus la gueule parce que je t'ai marché sur la patte?

Celui-ci continua de jouer avec ses griffes sur le pull en laine de l'interessée.

-Bon chaton... Il est ou Yume*(nda: rêves en japonais)?

Et comme s'il avait entendu son nom, le chaton de neige vint à sa rencontre en courant et sauta sur ses genoux, la faisant glousser doucement.

-J'vous adore, vous le savez ça? Dit-elle en les caressant simultanément, ce qui provoqua un orchestre de ronronements.

Elle regarda l'heure et son coeur rata un battement. Elle était de service à midi à la superette.

-PUTAIN CHUIS À LA BOURRE!

Elle entendit des martelements de l'autre côté du mur.

-SILENCE IL Y'EN A QUI AIMERAIENT DORMIR TRANQUILLEMENT! Crièrent les vosins d'à côté.

-VOS GUEULES, ON VOUS A PAS SONNÉ, VOUS! Beugla la jeune femme, irritée.

Elle partit chauffer le reste du café noir de la veille au micro ondes pendant qu'elle alla se laver sous la douche, brossa ses cheveux noirs auparavant en bataille, s'habilla d'un pull en laine noir avec un jean bleu clair, enfonça ses pieds dans ses Timberland noirs en vitesse et enfila sa veste en cuir.

Elle dévala les escaliers et se rendis dans son éternelle cuisine en désordre, ouvrit avec hâte le micro ondes, manquant de le casser, tassa une cigarette entre son index et le majeur et bu d'une traite son café en fumant entre temps.

Elle ouvrit sa trousse et sortit son mirroir et mis une tonne d'anti-cerne, une touche de mascara pour souligner son regard et enfin colora ses lèvres de rouge.

Elle remplit les gamelles de Yume et Yami et sortit hâtivement.

Arrivée devant la supérette, elle prit sa cigarette et l'éteignit sur le dos de sa main, ça lui faisait mal mais elle y était habituée.

Elle rentra alors, et salua sa patronne, Maëlle, une gentille petite femme grassouillette qui lui donnait à chaque fois des repas à manger quand elle rentrait.

"Tu ne manges pas bien comme il faut! Arrête de manger des cochonneries et mange de la vrai nourriture, petite chipie!" Qu'elle lui réprimandait gentiment à chaque fois qu'elle la voyait.

Le jour où elle l'a vue en train de fumer, elle la gronda comme une mère le ferait. Et quelle fût sa réaction quand la dame apprit qu'elle travaillait dans un bar tard le soir.

C'est le sourire aux lèvres en se remémorant ses souvenirs qu'elle rentra.

La patronne la prise contre elle et l'emprisonna, manquant de la briser en deux de ses puissants bras.

-Meuh regarder qui voilà! Alors ma grande, tu ne serais pas en retard par hasard? Je parie que c'est parce que tu ne dors pas assez, vilaine fille... Dit Maëlle d'un ton réprobateur.

La jeune fille rit nerveusement et s'excusa pour ensuite enfiler son tablier et se diriger vers la caisse.

Pendant tout son temps à la supérette, celle-ci se surpris en train de penser à l'incident de la veille...

***Ellipse***

Il était trois heures de l'après midi et la jeune femme avait finit son temps de travail.

Comme d'habitude, la gentille dame lui donna un déjeuné capable de remplir cinq estomacs d'adultes.

La noiraude pensa soudainement à quelque chose.

Elle eut l'idée de passer à l'improviste chez son copain et manger avec lui.

Elle partit donc chez Mark, un beau brun musclé digne des stéréotypes du gars beau-gosse des films américains.

Ils étaient ensembles depuis plus d'un an maintenant. Il l'avait rencontrée à l'université, quand la jeune femme faisait encore ses études. Il lui avait proposé cela tout en sachant qu'elle était sa situation familiale et qu'elle était dépressive.

Au départ, elle l'avait envoyé boulé, pensant qu'il voulait se payer sa tête, mais il était vraiment persistant et la suivait partout. Et cela à beaucoup touché la jeune femme.

Arrivée devant la porte de son appartement, elle sonna, allègre.

On ouvrit la porte et elle s'exclama, enthousiaste:

-Chéri, j'ai ramené le déjeu-.

Sa voix s'évanouie. Elle vit derrière son petit ami -d'ailleurs peu vêtu- une femme. Une femme habillée seulement d'une des chemises de Mark.

Le brun soupira.

-Putain, voilà les complications...

-Qu'est-ce que... ça veut dire...? Murmura sous le choc la noiraude, sans quitter la blonde des yeux, qui se colla au brun.

-Écoute, Elie', je...

-Ne m'appelle plus comme ça, coupa-t-elle sèchement, toujours en regardant la barbie sur pattes.

Il soupira une seconde fois.

-Pour tout te dire, je sortais avec toi parce que tu es jolie et bonne et aussi parce que tu me faisais un peu de la peine. Mais sincèrement, j'ai jamais été sérieux, à chaque fois j'couchais avec pleins d'autres, c'est pas ma faute si tu me suffis pas, et aussi ça m'étonnait grave de voir à quel point tu me faisais confiance, mais ça me déplaisait pas. Et honnêtement, tu me faisais flipper avec tes cicatrices sur les bras et ton dos.

Elle sentait quelque chose se briser.

Elle sentait le peu d'émotions qu'elle ressentait avec lui éclater en particules.

Son regard devint terne et brumeux, vide, la lumière le quitta complètement.

Elle savait.

Elle savait, les humains sont des menteurs.

-Oh, okay. Dis, juste une question.

Ils étaient vraiment abasourdis par sa réaction calme et nonchalente.

-Q-quoi? Bredouilla Mark.

-Elle suce bien, la blonde? Dit-elle avec aisance.

Confus.

Ils étaient confus. Malgré tout, il répondit avec un hochement de tête, l'ombre d'un sourire lubrique.

-Ah, j'me disais bien, avec sa tête de pute, parce que tu vois, j'ai jamais été capable de te faire ça, dit-elle sur un ton de conversation, sur ce, continuez de copulez, le bétail.

***

Arrivée chez elle, elle mangea le déjeuné de la bonne vieille Maëlle.

Elle ne savait ni comment elle était parvenue à marcher jusqu'ici, elle ne savait plus rien, son cerveau avait comme cessé de fonctionner.

La nourriture était vraiment exquise, mais elle ne goûtait plus rien.

Elle arrêta au bout de la troisième bouchée et mis le tout dans le réfrigérateur.

À la place, elle en alluma une autre, sous les yeux perçants des rêves et des ténèbres.

-Vie de merde.

***

Dix-neuf  heures. Elle était de service dans le fameux bar.

Elle y alla, les yeux rouges, impossible de savoir si c'était plus de larmes que de cigarettes ou le contraire.

Elle arriva, n'adressant la parole à aucune des employées et encore moins à son patron.

***

Une heure du matin. Elle finit d'essuyer la totalité des tables et se rendit derrière le comptoir.

-Patron! Cria-t-elle, la voix enrouée.

-Tu veux quoi?!

-J'vais boire!

-Tant que tu paies, rien à foutre! Lança-t-il.

Celle-ci maugrait et pris de l'alcool fort et en versa à ras bord dans le verre de cristal.

Elle déposa son front sur son bras, tandis que le clochette retentit.

-赤ワイン、してください. (Du vin rouge, s'il vous plaît.)

Elle ne relevait toujours pas la tête, et pourtant, elle devrait.

-Est-ce que j'ai une putain de gueule à parler chinois...?

-Excusez-moi, c'est l'habitude, par ailleurs, c'est du japonais. Du vin rouge s'il vous plaît.

Elle ne relevait toujours pas la tête, pourtant, elle devrait.

-Ouais, ouais, ok, donc du vin rouge pour le japonais, c'est ça? Mignon comme choix, pas de cocktail? Mélange?

-Non, seulement du vin rouge.

C'est seulement maintenant qu'elle releva la tête.

Son sang se glaça, ses yeux se figèrent.

Au lieu de croiser des yeux, elle croisa les fentes d'un masque.

-Qu'elle coïncidence, Mademoiselle Stark.

Elle se sentit soudainement sobre.

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