Chapitre 9 (2/3)

(...)

— Attendez ! s'écria soudain Dilys.

Il sursauta et Liha lui broya à nouveau les doigts.

— La vache, Dilys ! s'exclama Connor en traduisant parfaitement ses pensées. Tu m'as foutu les jetons ! C'est pas bon pour mon cœur, ça... D'ailleurs, vous croyez que si je meure maintenant d'une crise cardiaque, je me transformerai aussi en zombie ?

— Connor !

— Quoi ?

— Ces types ne sont pas morts, chuchota Declan.

— On s'en fout ! s'énerva Liam. Qu'est-ce qu'il y a Dilys ?

Cette dernière lui lança un regard penaud par dessus l'épaule.

— Désolée de l'interruption, Lieutenant. Mais je voulais simplement savoir ce que nous devrons faire une fois libérés ?

— Je... je pense qu'il... faudra fuir le plus vi...te possible, bégaya Lihanna. Si... tu... te fais mordre par un de ces trucs, ils... te filent leur virus et... tu te transformes... en l'un d'eux.

— Liha !

— Quoi ?

— Respire, intervint Connor en le prenant de vitesse. On dirait que tu viens de courir un cent mètres alors que ça fait plusieurs minutes que tu n'as pas bougé. C'est perturbant.

— Je... n'y peux... rien. C'est... ma mâchoire qui est crispée. Et mes dents...

— Mais... on s'en fout ! s'indigna Liam une nouvelle fois. Pourquoi cette question Dilys ?

— Eh bien, je pense que ces hommes subissent une sorte de manipulation mentale de grande ampleur et qu'ils ne sont pas vraiment responsables de leurs actes...

— Tu t'en ficheras de savoir s'ils sont responsables ou non de leurs actes quand ils commenceront à te bouffer, tu sais... commenta Liha en lui coupant la parole.

— Hé ! T'as retrouvé le contrôle de ta mâchoire finalement ! s'émerveilla Connor.

Liam prit une profonde inspiration pour éviter de trop s'énerver.

— Vous savez que si vous ne la fermez pas, c'est moi qui vais finir par vous tuer ? affirma-t-il platement. Dilys, tu penses réellement qu'une telle manipulation peut exister ? On parle d'une dizaine d'hommes, là... Aucun télépathe ne possède autant de pouvoir.

— Sans oublier que la manipulation mentale est une pratique complètement interdite, précisa Declan.

— Ça, je pense qu'il n'en a strictement rien à foutre, répliqua Liha qui semblait avoir complètement retrouvé son charmant phrasé habituel.

— Qui ça, « il » ? demanda Connor.

— Ben, Evan ! Suis un peu !

— Euh... il n'a jamais était question d'Evan, je vous signale ! Juste des zombies bouffeurs de cerveaux. L'ancêtre Th'Eos psychopathe de Liha, c'est quand même vachement plus flippant. Qu'est-ce qu'il vient faire là-dedans ?

— Sérieux... tu ne vois pas son visage qui flotte dans les flammes depuis tout à l'heure ? s'étonna sa liée.

— Je tourne le dos à ces putains de flammes au cas où vous n'auriez pas remarqué !      — Ben tourne la tête, alors !

— C'est votre méthode pour gérer la panique ou vous souhaitez vraiment que je mette un terme à vos vies, tous les deux ? siffla Liam entre ses dents. Dans le cas numéro un – et en tant que Lieutenant – je vous conseille fortement de trouver une nouvelle méthode pour maîtriser votre stress. La concentration, c'est important. Dans le cas numéro deux, sachez que je suis à deux doigts d'envisager de vous torturer avant d'éventuellement abréger vos souffrances.

Liha laissa échapper un petit hoquet indigné tandis que Connor marmonnait un truc inintelligible.

— Bien. Reprenons. Si tu as raison, Dilys et que c'est bien Evan qui manipule mentalement tous ces hommes, nous devons éviter de leur faire du mal. Ils sont innocents après tout et quand il aura relâché l'emprise qu'il a sur eux...

— ... ils redeviendront eux-mêmes, compléta la Métisse. On court, alors ?

Liam hocha la tête. C'était effectivement la meilleure solution s'il voulait éviter un bain de sang. Lihanna était trop terrifiée pour parvenir à se contrôler. Si elle utilisait ses pouvoirs contre ces hommes, il n'y aurait pas de survivants.

— Ok. Dès que Liha nous aura relâchés, expliqua-t-il, on file en direction de Kobou. La ville ne doit plus être très loin de notre position. À la base, ces hommes sont des gardes-éclaireurs et ça m'étonnerait que leur zone de surveillance s'étende trop loin du mur d'enceinte de leur capitale.

Bien sûr, ce n'était qu'une supposition. Mais il était persuadé à quatre-vingt pour cent d'avoir raison. Si ce n'était pas le cas... il aviserait.

— Très bien. C'est ok pour tout le monde ?

—   Euh... commença Liha.

Oh, bon sang ! Quoi encore ?

Il prit une profonde inspiration avant de se tourner vers elle.

—   Oui, Mac ? gronda-t-il le plus patiemment possible.

Elle pinça les lèvres, vexée. Cela le mit presque en joie.

— Alors, reprit-elle, surtout ne va pas t'imaginer que je viens de t'interrompre parce que je veux mourir ou que je suis en train de gérer mon stress, hein, mais... je me disais, puisque tu penses que je vous protège – en quelque sorte – grâce à ma magie, tu ne crois pas qu'Evan pourra prendre possession de vous dès que je vous lâcherai ?

Ah. Merde. Il n'avait pas pensé à ça.

— C'est effectivement une possibilité, approuva Dilys.

— Peut-être, mais nous n'avons pas le choix, soupira-t-il. Relevez vos boucliers mentaux au maximum...

— Comment on fait ? le coupa Declan, affolé. Je ne suis pas télépathe, moi !

— Nous non plus, mais c'est une sorte de prolongement de toi. Alors fais comme tu peux, mais tu le percevras.

Il sentit Dilys, Connor et Declan se concentrer au maximum et vérifia que ses propres défenses étaient toujours relevées.

Lihanna lui broya une nouvelle fois les doigts.

—   Prête ? lui demanda-t-il en secouant leurs mains jointes.

Il tenta un petit sourire séducteur – histoire de détendre un peu l'atmosphère – mais elle ne le regardait même pas.

Ses yeux améthyste étaient à nouveau fixés en direction des types qui avançaient vers eux.

— Euh...

Oh par les Quatre ! Ce n'était pas possible.

— Liha ! grogna-t-il beaucoup moins gentiment. Tu es prête oui ou non ?

— Ja... Jack, rétorqua-t-elle simplement au bord de la panique.

Ce n'était pas vraiment la réponse qu'il attendait.

— Quoi, Jack ?

Il n'était plus jaloux de son ami depuis un moment, mais Liha avait tout de même le don de lui balancer le nom d'autres types au plus mauvais moment.

— Arthur ! s'écria-t-elle avec, cette fois-ci, un mouvement de recul.

Ouais... Celle-là aussi, elle la lui avait déjà faite. C'était dans la grotte, juste après qu'il l'eût embrassée pour la première fois...

Il stoppa sa stupide digression quand il compris où elle voulait en venir. Et il s'en voulut légèrement. Elle devait se faire du souci pour leurs deux amis. C'était logique. Mais pour le moment, ils ne pouvaient rien faire pour eux.

— Je suis sûr que Arthur et Jack vont bien, Liha, tenta-t-il de la rassurer. Je ne m'en fais pas pour eux. Ils trouverons un moyen de nous rejoindre à Kobou et...

— Non ! répliqua-t-elle en se tournant vers lui. Tu... te trompes.

Bon... Il était peut-être raide dingue d'elle, mais elle commençait doucement à lui taper sur le bourrichon. Quoiqu'il ait un doute sur la formulation exacte de cette expression... mais il n'avait pas le temps d'y réfléchir plus posément.

— Je suis sûr que non, rétorqua-t-il avec un sourire crispé en tentant tant bien que mal d'avoir l'air indulgent et rassurant.

Il fit un lamentable flop. Lihanna le remarqua également.

— Et moi, je suis sûre que si, Ruadhan, rétorqua-t-elle sur un ton énervée.

Finalement, il la préférait peut-être en petite chose fragile et tétanisée.

— Bordel, Mac ! On ne va pas recommencer !

Elle poussa un profond soupir et tendit leurs mains jointes pour lui désigner quelque chose. Il se contenta de la regarder d'un air exaspéré.

— Mac...

— Ce sont des zombies, Liam !

Hein ?

— Il faut que tu arrêtes maintenant, Liha. Ça devient lourd. Les zombies n'exis...

— Je te parle d'Arthur et Jack, là ! s'écria-t-elle en lui coupant la parole. Evan les a transformés...

— Arthur et Jack ne sont... attends. Tu viens de dire... quoi ?

Tandis que le sens de ses paroles atteignait véritablement son cerveau, il finit par accepter de regarder dans la direction que Liha lui désignait. Bien sûr, il était persuadé qu'elle était en train d'halluciner. Mais juste au cas où...

C'est là qu'il les vit.

Sa première pensée fut pour son égo habitué à avoir toujours raison. Il venait d'en prendre un sacré coup. De plus – même s'il aimait son ancienne ennemie comme un fou – il devait bien avouer que les vieilles habitudes avaient la vie dure. Ainsi... ça lui faisait toujours aussi mal de le reconnaître quand cela se produisait. Mais sur ce coup-là, il ne pouvait pas nier queLihanna avait... raison. Son meilleur ami et son apprenti faisaient bien partie des « zombies ».

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