Chapitre 5 (2/2)
(...)
Elle savait que la colère du jeune homme envers son père était bien supérieure à celle qu'elle-même ressentait encore envers le sien et qu'il avait beaucoup de mal à la gérer.
En même temps... Ce n'était pas elle qui allait lui jeter la pierre, hein ! Même si cette situation faisait complètement ressortir le côté rancunier du type qui l'avait détestée pendant plus de sept ans à cause d'une minuscule erreur de jeunesse qui avait un tantinet gâché son adolescence et qui...
Mouais... Ce que Ross faisait en continuant de lui cacher des informations importantes sur sa mère était bien pire, non ?
— Je n'ai pas envie d'en parler, répliqua-t-il d'une voix sèche.
Euh...
Alors, comment dire ? Ok, elle comprenait très bien qu'il était mal en ce moment, notamment vis-à-vis de son père et tout et tout... Elle savait aussi qu'il souffrait de douleurs lancinantes à la tête depuis le naufrage, qu'il faisait des cauchemars quand il y avait de l'orage et que cela n'arrangeait en rien son sale caractère, ni son humeur de chien.
Mais, franchement, pour une fois que ce n'était pas elle la responsable de ses prises de tête, il pouvait au moins se montrer aimable, non ?
— Comme tu veux, Ruadhan, rétorqua-t-elle vexée. Dans ce cas, je vais te laisser. Si tu veux bien...
Elle regarda en direction de ses poignets – toujours plaqués au sol – et du reste de son corps maintenu prisonnier par celui du jeune homme.
Un petit éclair passa dans les yeux gris de Liam et la commissure de ses lèvres commença à se retrousser.
— Non.
Que...
Oh pitié... Ses tendances bipolaires étaient-elles, elles aussi, à nouveau d'actualité ?
— Comment ça, non ? s'offusqua-t-elle en retour. Écoute Liam, on ne va pas recommencer !
Il bougea un peu sur elle et elle faillit hoqueter. Elle lui lança un regard venimeux.
— Recommencer, quoi ? susurra-t-il les yeux soudain plus sombres.
Oh par les Quatre... Ce type allait la tuer. D'une mort plutôt sympa cela-dit, mais...
— Ce truc, là... rétorqua-t-elle néanmoins sur un ton énervé. Je dis « lâche-moi », tu me réponds « non ». Je te redis « lâche-moi »...
— Je te réponds que tu me rends dingue et que j'ai envie de toi, la coupa-t-il en retrouvant son sempiternel sourire moqueur.
Quoi ?!
Elle ouvrit des yeux ronds et sentit son visage devenir cramoisi. Bien sûr, son traître de corps réagit immédiatement à cette provocation. Sa température corporelle augmenta – pour elle qui n'aimait pas le froid, son désir pour Liam était une véritable aubaine – et son bas-ventre se contracta. Et quand il recommença à se mouvoir lentement sur elle...
— Liam, tu... lâcha-t-elle dans un souffle.
Il se pencha vers elle et fit courir son souffle brûlant le long de son cou et de sa mâchoire. Sa peau se couvrit de frissons. Mais des frissons vachement agréables.
— Veux-tu que j'arrête, Liha ? murmura-t-il sournoisement contre son oreille.
Elle ferma les yeux, puis déglutit.
— Non... soupira-t-elle au moment où il entreprenait de mordiller le lobe de son oreille. Tu me le paieras, mais... ne... t'arrête... pas...
Elle gémit et commença à se tortiller sous lui pour ressentir plus intensément la pression de son corps contre le sien. Elle le sentit sourire contre sa peau. Il était en train d'alterner baisers légers et succions torrides dans son cou.
Oh pis... au diable les discussions sérieuses et les caractères de merde, hein !
Tandis que Liam continuait sa délicieuse torture, sa respiration se fit de plus en plus saccadée et la danse de leurs deux corps se transforma en quelque chose de beaucoup plus sensuelle. L'air s'emplit d'électricité. Le silence de la nuit, seulement troublé par ses halètements et ses gémissements.
Respirant lui aussi de façon hachée, Liam relâcha finalement ses poignets et fit glisser lentement ses mains le long de ses bras. Il détacha également ses lèvres de son cou et prit appui sur ses paumes pour la regarder droit dans les yeux.
Merde...
Son cœur eut un loupé, parce que... comment était-il possible qu'elle ait l'impression de le trouver encore plus beau à chaque fois qu'il faisait ça ? Comment était-il possible qu'elle le désire – qu'elle l'aime – encore plus à chaque fois que ses yeux gris acier la regardaient comme ça ? Avec ce mélange de désir et de peur, d'émerveillement et d'agacement.
Bon sang, elle était...
Elle posa une main sur sa joue et il ferma les yeux en prenant une inspiration. Puis il les rouvrit et ce petit sourire en coin – qu'elle avait appris à vénérer – apparut immédiatement.
— Tu me rends vraiment dingue. Tu le sais ? demanda-t-il dans un murmure rauque.
Son souffle se bloqua.
— Toi... aussi, finit-elle par bredouiller en retour.
— Comment ?! la taquina-t-il. Ai-je bien entendu ? Cela voudrait-il dire que je t'ai – peut-être – un peu manqué, alors ?
Elle poussa un petit soupir amusé.
— Ouais... peut-être un chouïa. Mais ne va pas t'imaginer quoi que ce soit, Ruadhan.
Elle n'était pas sûre de perdre un jour cette habitude. Celle d'essayer de lui faire croire qu'elle ne l'avait absolument pas dans la peau et qu'il ne pouvait pas faire d'elle presque n'importe quoi. Bien sûr, cela faisait un moment qu'il n'était plus dupe. Mais c'était ainsi que fonctionnait leur relation et bizarrement, elle n'avait pas envie d'en changer quoi que ce soit.
Elle aimait « son » Liam, railleur, fier, taquin et joueur. Et elle aimait à penser que lui aussi l'appréciait telle qu'elle était. Râleuse, impulsive et un peu hystérique sur les bords. Bon, elle avait sacrément bossé pour atténuer cette dernière facette de sa personnalité de petite merdeuse pourrie-gâtée.
Face à elle, Liam plissa les yeux et son sourire se fit carnassier.
— Aucun risque que je ne me fasse de fausses idées, Mac. Mais...
Elle sentit immédiatement l'atmosphère légère basculer. C'était un petit rien, mais le visage de Liam retrouva soudain son air sérieux, celui qu'il arborait autour du feu de camp.
Le silence s'éternisa et Lihanna crut que son cœur allait s'arrêter quand l'angoisse la submergea. Parce que ce n'était pas « son » Liam qui se trouvait là. Enfin si, mais une version beaucoup plus sombre et tourmentée.
— Liam... commença-t-elle avide de savoir ce qui pouvait bien lui prendre autant la tête ces derniers temps, mais également lui faire comprendre qu'elle pouvait, elle aussi, être là pour lui.
— Écoute Liha, la coupa-t-il immédiatement. Je... j'ai bien réfléchi. Et... ouais, il y a quelque chose que je voulais que tu saches. Enfin... juste au cas où il se repasserait un truc grave et qu'on ne s'en sorte pas cette fois. Bien sûr, ne va pas non plus t'imaginer quoi que ce soit de ton côté, hein ? Mais... tu sais ce truc de n'avoir aucun regret ? Merde, je m'embrouille là... Bref. Liha, je voulais juste que tu saches que... je ne te hais pas, conclut-il brusquement d'une voix bourrue et les yeux brillants.
Ah.
Alors là... Elle ne s'attendait absolument pas à ça. Elle était même complètement abasourdie.
Oh par les Quatre ! Est-ce qu'il allait mourir ? Alors oui, sans doute un jour... Mais est-ce qu'il allait mourir genre : maintenant ? Parce que... une telle déclaration n'était clairement pas dans ses habitudes.
Sous le choc – parce que oui, elle avait très bien compris ce qu'il tentait de lui dire par ce discours plutôt confus – elle resta muette pendant un long moment.
Elle était vraiment inquiète pour le coup, limite paniquée. Peut-être avait-il une sorte de tumeur au cerveau ? Ou peut-être une commotion cérébrale qu'ils n'avaient pas détectée après le naufrage ? En même temps, aucun d'eux n'était médecin. Combien de temps ça mettait ce truc pour se déclarer ? Est-ce qu'il avait vomi ? Avait-il de la fièvre ? Est-ce qu'il...
Bon calme-toi, maintenant ! Ce n'est pas parce qu'il t'a dit un truc sympa que ça veut tout de suite dire qu'il est mourant !
Ok. Sa petite voix de la raison avait... raison.
Elle se força donc à respirer calmement pour faire taire son angoisse. Et c'est là qu'elle s'aperçut que Liam la fixait avec une gêne et une crainte non dissimulée.
Bon sang ! Elle se serait mise des baffes !
Le pauvre ! Il devait attendre qu'elle lui réponde. Ou qu'elle ait – au moins – une infime réaction.
Au fait, avait-il lu la panique dans ses yeux ? L'avait-il mal interprétée ?
Oh la ferme, Liha ! Reprends-toi !
— Moi aussi, Liam, répliqua-t-elle précipitamment.
Ce qui lui valut un froncement de sourcils et un coup d'œil interrogateur.
— Je veux dire... précisa-t-elle plus calmement, moi aussi je... ne te hais absolument pas.
Aussitôt, elle vit le soulagement – et la joie – éclairés les prunelles grises qui la faisaient fondre.
Comme si sa réponse avait été une sorte de feu vert, son visage plongea vers le sien et il écrasa ses lèvres contre les siennes, lui faisant oublier tout ce qui n'était pas lui par un baiser passionné.
Et tandis que l'orage résonnait à nouveau au loin avec un peu plus de véhémence, elle laissa ses mains, sa bouche, son corps en entier, lui démontrer combien il lui avait effectivement manqué – même pour une seule journée – et à quel point elle ne le haïssait pas.
Elle espérait simplement qu'il finirait par lui expliquer ce qui n'allait pas et que tout cela ne finirait pas avec l'image d'un Liam lui tournant le dos en l'abandonnant effondrée et le cœur brisé.
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