Chapitre 3
— C'est-à-dire que l'une d'entre eux est exactement comme toi, Adam. Oui.
Cette foutue réminiscence de sa vision fut la dernière chose à laquelle Lihanna pensa avant que son corps ne rencontre de façon plutôt déplaisante – et douloureuse – la surface dure et sablonneuse du sol de la piste.
— Bouge-toi les fesses, apprentie MacCormac !
Essoufflée et en nage malgré la température un peu fraîche de ce début d'hiver, Lihanna prit appui sur ses mains pour se redresser et se remit à courir sans broncher – mais en dardant tout de même un regard meurtrier sur son charmant lieutenant.
Elle venait effectivement de se ramasser lamentablement de tout son long, alors qu'elle était en train de puiser dans ses dernières ressources pour maintenir sa deuxième place dans cette course d'échauffement. Connor était devant elle, Declan Laserian juste derrière. Quant à Dilys et Arthur, eh bien... l'une trottinait paisiblement tout en étant au bord de l'évanouissement et l'autre avait dû faire une pause pour aller vomir discrètement son petit-déjeuner derrière un arbre.
Bon sang ! Liam avait décidé de les achever dès le jour de la rentrée.
Peu à peu, Lihanna retrouva son rythme. Elle s'était légèrement égratignée les mains en tombant, mais rien de bien méchant. Tout en accélérant pour retrouver son allure, elle se concentra sur ses sensations et chassa les dernières bribes de souvenirs glauques lui bouffant sa concentration. Elle sentait la sueur couler dans son dos, ses poumons étaient en feu et les muscles de ses jambes commençaient eux aussi à être douloureux.
Mais malgré ces petits désagréments, elle se sentit vite mieux. Prendre l'air avait finalement réussi à faire disparaître sa migraine et la petite brise vivifiante – qui plaquait les quelques mèches de cheveux, échappées de sa longue tresse, sur son front ruisselant – lui donna le coup de fouet nécessaire pour sortir de la torpeur malsaine qui était la sienne depuis son affreux réveil.
Et puis, elle avait bien envie de la gagner cette course ! En tout cas, il était hors de question qu'elle laisse Declan la rattraper !
Elle puisa à nouveau dans ses dernières réserves, accéléra et... – bordel ! Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? ! – trébucha une nouvelle fois en s'étalant de tout son long.
— Non mais tu te fous de moi ? ! gronda-t-elle en se relevant prestement et en se tournant vers Liam qui avait le regard fixé sur elle.
Il était planté sur une sorte de grosse butte de terre – sortie de nulle part – qui surplombait leur piste d'entraînement et il semblait vraiment content de s'amuser à ses dépens.
— Est-ce une façon de s'adresser à son lieutenant, apprentie MacCormac ? lâcha-t-il en haussant un sourcil moqueur.
Que... Oh toi, tu ne perds rien pour attendre ! pensa-t-elle en se forçant à ne pas s'énerver inutilement.
— Non, répondit-elle. Effectivement. Excusez-moi, je reformule : non mais vous vous foutez de moi, lieutenant Ruadhan ? !
— Que se passe-t-il ? demanda Declan en s'arrêtant, tout essoufflé, à sa hauteur. Ça va ? Tu n'es pas blessée ?
Lihanna secoua la tête, mais elle garda obstinément son visage tourné vers Liam.
Non mais, qu'est-ce qui lui avait pris bon sang ? Elle n'était pas folle, elle avait bien vu – bon... malheureusement au dernier moment – la racine qui était soudainement sortie de terre et qui l'avait fait une nouvelle fois trébucher. Et elle savait bien que cette croissance accélérée de la plante n'était absolument pas le fruit du hasard. Liam l'avait fait apparaître exprès ! Pour la faire tomber !
Mais quelle mouche avait bien pu piquer cette espèce de...
Sentant que Declan – sans doute las d'attendre qu'elle sorte de sa confrontation muette avec leur lieutenant – se remettait doucement à courir, elle décida rapidement d'attendre la fin de cette fichue course pour avoir ses explications. Elle inspira donc un grand coup, lança un dernier regard meurtrier au type qui, certes faisait battre son cœur, mais la faisait surtout dix fois plus tourner en bourrique depuis leur rapprochement qu'à l'époque de leur guerre ouverte.
La cause de cette anomalie était toute simple : il la faisait tourner dix fois plus en bourrique depuis qu'ils étaient « ensemble », parce qu'ils se voyaient – et donc se parlaient – dix fois plus qu'avant. Et force était de constater que, malgré les soupçons de mauvaise foi que ses amis avaient l'habitude de faire peser sur elle quant à son opinion sur lui, elle avait toujours eu raison : Liam était un sacré emmerdeur. Il était têtu, impulsif, râleur, querelleur, railleur, impétueux... il n'y avait qu'à voir la façon dont il la cherchait constamment au sujet d'Erin, ces derniers temps ! Qu'est-ce qui lui prenait, nom d'un chien ? ! Il était vraiment borné, énervant, provocant et...
Bon. Stop. La liste pouvait certes être encore un peu étoffée, mais elle était encore une fois en train de s'égarer.
Enfin bref. Tout ça pour dire que Liam c'était elle, en mec. Et que ce n'était absolument pas parce qu'ils avaient commencé une relation... disons, plus adulte, qu'il se comportait avec elle de façon plus courtoise qu'avant. Au contraire même. On aurait presque dit qu'ils avaient tous les deux décidé – et sans se consulter – de se prouver qu'ils pouvaient être des chieurs encore plus ultimes l'un envers l'autre, qu'à l'époque de leurs premières chamailleries. C'était bien simple, même quand ils étaient d'accord – ce qui arrivait, bizarrement, assez souvent en ce qui concernait le fond – eh bien, ils ne l'étaient absolument pas – en général – sur la forme. Et même quand c'était le cas ! Même quand ils étaient d'accord sur toute la ligne, l'un des deux essayait immanquablement d'agacer l'autre avec des broutilles pour le faire sortir de ses gonds.
Oui... Voilà comment on pouvait résumer le fonctionnement de la relation qui était censée la maintenir assez saine d'esprit pour ne pas qu'elle se transforme en folle furieuse psychotique et destructrice de monde : une putain de guéguerre continuelle où Liam cherchait inlassablement la petite bête pour la pousser à bout et où elle prenait un malin plaisir à faire de même en le poussant dans ses derniers retranchements.
Oh par les Quatre ! Dire que c'était eux – eux, Liam et elle, ces deux emmerdeurs immatures – qui étaient censés détenir en partie l'avenir de leur monde entre leurs mains... Sérieux, si les Quatre étaient autre chose que la source de tous les pouvoirs sur Orcam et qu'ils avaient – du coup – un minimum de cerveau, ils devaient être en train de sérieusement flipper et de revoir à la baisse les chances de survie de leurs douces pénates à l'heure actuelle ! Parce que, franchement, qui pouvait bien croire qu'une gamine caractérielle – amoureuse d'un type tout aussi fêlé avec qui elle passait son temps à se chamailler – puisse un jour sauver le monde ? Même des forces – ou des êtres, ou des choses, ou des... trucs, enfin, peu importait comment vous les appeliez en fonction de vos croyances – censées être omniscientes ne pouvaient pas être assez bêtes pour croire à ces conneries !
La seule chose qu'ils allaient réussir à faire s'ils continuaient comme ça, c'était... ben rien en fait. Ils n'arriveraient à rien. À part – peut-être – à élever la réconciliation sur l'oreiller au rang de sport national. Mais ça ferait une belle jambe à tous les Orcamiens qui allaient mourir quand leur monde serait détruit et qui n'en avaient strictement rien à faire que Liam et elle soient sur la même longueur d'onde dans – au moins – ce domaine.
Bon... Le point positif dans tout ça, c'était qu'elle s'était tout de même aperçue que la colère qui naissait en elle quand elle se disputait avec Liam, n'était pas du tout celle qui était capable de la faire basculer du côté obscur de sa Force – ah la la... ce que les films de science-fiction pouvaient lui manquer en ce moment... – et ça, c'était une nouvelle pour le moins rassurante.
En effet, pendant quelque temps – et même en s'interdisant de retirer une seule seconde ses quatre bracelets inhibiteurs de magie – elle avait été morte de trouille à l'idée de se transformer en déesse psychopathe de la destruction rien qu'en découvrant que quelqu'un avait mangé le dernier dessert vaguement bon de la cantine. Mais heureusement pour elle et pour Connor – parce que c'était toujours lui qui prenait les derniers desserts – ce type de coup de sang n'était pas assez néfaste pour faire surgir les ténèbres qui prenaient possession de son cœur quand elle se transformait en Dark Lihanna. Elle avait ainsi compris que c'était une colère de très très forte intensité, mêlée à d'autres sentiments négatifs tout aussi puissants, qui permettait à son double maléfique de prendre les commandes.
Alors oui, elle avait décidé de continuer à appeler double maléfique cette part d'elle qui lui foutait les jetons, même si elle savait au fond que cet alter ego n'était absolument pas dû à un dédoublement de la personnalité comme certaines pathologies en engendraient. Elle avait bien compris que c'était elle la responsable de ce côté obscur, elle ne voulait plus s'en dédouaner.
Elle savait que c'était quand elle se laissait envahir par la colère et la haine – la véritable haine – quand elle se montrait trop faible et qu'elle décidait de choisir la facilité, qu'elle se transformait en ce monstre tant redouté.
Mais bon, comme elle n'était pas non plus complètement masochiste ou fataliste, elle ne se considérait pas non plus comme la seule responsable de tous ses malheurs hein ! Elle savait très bien que le « sort d'Evan » – peu importe ce que c'était – dont Doran lui avait vaguement parlé, aggravait en quelque sorte sa faiblesse et la poussait à se tourner vers les ténèbres plus facilement qu'elle ne l'aurait fait si ce sort n'avait pas existé. Elle ne savait pas comment – ça, c'était à Liam de le découvrir – mais elle savait que c'était un fait. Car ce Th'Eos complètement flippant ne pouvait être à l'origine que de quelque chose de particulièrement mauvais. Pas besoin de tergiverser, se dit-elle en repensant une nouvelle fois aux prunelles noires qui l'avaient terrifiée dans sa vision.
Néanmoins, elle avait aussi admis en retrouvant Erin, que cette part d'ombre faisait partie intégrante de sa personnalité et qu'elle ne s'en débarrasserait jamais. Il ne lui restait plus qu'à apprendre à vivre avec elle et à s'obliger à entraîner sa part de lumière à être plus forte de façon plus intensive et plus régulière.
Et finalement, en y réfléchissant plus posément, c'était un peu ce qu'elle faisait avec Liam constamment. Oui oui ! C'était exactement là où elle voulait en venir quand elle avait commencé ce monologue intérieur passionnant où il était question de sa nouvelle relation avec son abruti de lieutenant adoré, qui avait fait exprès de la faire tomber. Non ! Bien sûr que non elle ne venait pas de se perdre à nouveau dans des digressions aussi stupides qu'inutiles ! Et oui, cette conférence personnelle mentale avait un foutu sens !
Et d'ailleurs – pour que tout le monde comprenne bien – voici ce qu'elle avait découvert grâce à cet aparté avec elle-même : en se chamaillant avec elle à tout bout de champ, Liam la maintenait dans un état d'énervement permanent et au final, il la forçait à ne pas se tourner vers son moi psychopathe qui mourait pourtant souvent d'envie de le pulvériser. C'était généralement en se forçant à se souvenir qu'elle était folle de lui – et qu'elle l'avait dans la peau et que si elle le tuait, elle ne s'en remettrait jamais – qu'elle réussissait à simplement tourner les talons et claquer la porte lors de leurs disputes, plutôt que de le foudroyer sur place avec un rire de démente. En fait, grâce à Liam elle s'entraînait à contrôler ses émotions tous les jours, mais sans avoir l'impression de bosser !
Il fallait peut-être qu'elle lui suggère d'ajouter quelques éléments de magie dans leurs entraînements journaliers... parce que, réussirait-elle à être aussi maîtresse d'elle-même si le jeune homme – en plus de la titiller verbalement – se mettait à lui lancer des boules de feu à la tronche par exemple ?
Et d'ailleurs, c'était peut-être ce que Liam avait fait pendant cet entraînement collectif, en utilisant sa magie pour la faire trébucher ? Peut-être que le lieutenant de ses rêves prenait sa maîtrise des émotions tellement à cœur qu'il la testait en permanence pour lui montrer qu'elle était beaucoup plus forte qu'elle ne le croyait ? Qu'il avait confiance en elle et en ses capacités et qu'il se montrait plus dur avec elle parce qu'il savait que son esprit était plus puissant que ses peurs ? Peut-être...
Mais que... BORDEL !
Ouais... Peut-être que – et plus vraisemblablement – Liam était surtout un sacré connard qui prenait un malin plaisir à la torturer, même quand il l'entraînait.
Quoi qu'il en soit, c'est ainsi que Lihanna décida de conclure son monologue intérieur en crachouillant le mélange de terre et de poussière qu'elle avait avalé en se prenant les pieds dans la racine – qui était si vicieusement apparue devant elle – et en se ramassant lamentablement pour la troisième fois.
Malheureusement, totalement obnubilée par sa foutue relation avec ce foutu lieutenant, elle n'avait pas eu le réflexe, cette fois-ci, de tenter une roulade – même maladroite – pour éviter de se blesser vraiment. Ses bras n'avaient donc pas réussi à absorber convenablement le choc et ses mains étaient salement amochées. Mais le pire, c'était que sa tête n'avait pas non plus été épargnée. Elle sentait le sang lui couler sur la joue et identifia grâce à la douleur, la localisation exacte de ses blessures. Elle devait avoir des plaies ouvertes sur le front et sur la pommette.
Des plaies qui faisaient sacrément mal nom d'un chien !
— Merde... entendit-elle quelqu'un jurer alors que des bruits de pas précipités, lui apprenaient que ce même quelqu'un approchait.
Ah ben ça, c'est le cas de le dire mon vieux ! En tout cas, il avait bien réussi son coup si son but était effectivement de tester son self-control dans une situation qui pouvait provoquer chez elle des accès de colère... parce que, quand elle se redressa et qu'elle se tourna face à lui, elle était – ni plus ni moins – folle de rage !
— Oh bon sang Liha... souffla-t-il en la dévisageant avec angoisse. Ça va ? Mais...
Bon. Admettons que la rage était peut-être une réaction exagérée. Liam n'avait pas vraiment voulu la blesser, non ? Il avait fait une erreur et... Par les Quatre ! Ce qu'il était mignon quand il s'inquiétait pour elle ! Avec ses beaux yeux qui la rendaient toute chose et cette voix qui avait le don de la calmer...
— ... sérieux ? Qu'est-ce que t'as foutu Mac ? Où avais-tu la tête bordel ? !
... sauf quand il disait ce genre de conneries. Là, cette voix grave qui pouvait parfois être apaisante – et si sexy – lui hérissa aussitôt les poils. Parce que : qu'est-ce qu'elle avait foutu ? ! ? !
Alors là !!! Il... Il...
En entendant soudainement le tonnerre gronder au loin et en sentant le vent se lever autour d'eux, Liam – qui avait compris que cela venait d'elle – lui jeta un surprenant regard désapprobateur.
Euh... N'aurait-il pas dû être en train de flipper là, plutôt que de la provoquer encore davantage?
Eh ben voilà ! C'était exactement de ça dont elle voulait parler tout à l'heure. Le jeune homme prenait décidément beaucoup trop ses aises avec elle ces derniers temps !
— Tu te fous de moi Ruadhan ? siffla-t-elle les dents serrées en sentant son taux d'énervement – pourtant déjà élevé – s'accentuer.
Pour illustrer son état d'esprit, des feuilles se mirent à voler autour d'eux, comme portées par une mini-tornade dont la trajectoire se limitait à l'espace qu'occupaient leurs deux corps.
Alors, on a peur maintenant monsieur « je suis né pour t'en faire baver » ?
— Non, répondit-il durement en la surprenant encore une fois.
Euh... comment ça, non ? Pourtant, il devait bien être en train de sentir la terre commencer à trembler sous ses pieds, là ?
— Non, je ne me fous pas de toi. Mais même si c'était le cas, je trouverais cela vraiment pitoyable de ta part de te montrer si égoïstement inconsciente et encore plus navrant que tu oses utiliser autant de magie élémentale – juste pour me montrer que je suis un gros connard – alors que tu ne la maîtrises pas vraiment.
Que... Quoi ? !
— Va te faire voir Liam. Tu...
Pendant quelques secondes – en bons miroirs de ses émotions – les bourrasques, le grondement et les tremblements s'accentuèrent.
— ... as raison bordel ! s'exclama-t-elle en prenant soudainement conscience de l'énormité de la bêtise qu'elle était sur le point de commettre.
Oh bon sang ! Liam avait vraiment raison et... ben, elle détestait ça.
Néanmoins, elle prit une profonde inspiration et ferma les yeux. La tempête qui menaçait s'arrêta immédiatement, alors que la migraine avec laquelle elle s'était réveillée revenait doucement lui broyer le cerveau.
Mince... Et dire que quelques minutes auparavant, elle se félicitait d'être capable de maîtriser plutôt bien sa part d'ombre, même sous le coup de l'énervement !
Bon. Restons positifs. Car, on pouvait tout de même dire que cette fois-ci, les choses s'étaient passées totalement différemment des trois fois – dans la chambre de Liam, dans le bureau de son père et face aux Os'Tra dans les tunnels – où elle avait pété les plombs. Là, elle n'était pas du tout entrée dans cette sorte de transe qui l'avait totalement déconnectée de la réalité comme les fois précédentes. Au contraire même ! Elle avait été parfaitement consciente de réussir à harmoniser les éléments avec ses émotions et d'utiliser les phénomènes naturels et météos avec une facilité déconcertante pour simplement menacer son interlocuteur, sans intention de tout dévaster.
Alors oui – si on était du genre alarmiste comme son ancien moi – on pouvait peut-être dire qu'elle venait de jouer avec le feu sans vraiment en avoir conscience... Mais, on pouvait également noter qu'elle avait été capable de moduler leur intensité et de les stopper net sans que Liam ait besoin de la toucher. Et même si elle se sentait bien un peu fatiguée – et que son mal de crâne lui vrillait à nouveau le cerveau – elle avait trouvé cet accès à ses pouvoirs totalement naturel – un peu comme quand elle utilisait sa magie de l'Air – et pas du tout effrayant comme cela avait été le cas les autres fois. Et surtout, elle n'était pas tombée dans les vapes !
Donc au final, c'était une bonne chose non ? Car plus elle parviendrait à maîtriser ces pouvoirs phénoménaux, plus elle serait en confiance et moins susceptible de se laisser déborder par cette puissance. Et elle pourrait alors les utiliser sans danger pour faire de bonnes choses. Comme sauver Orcam par exemple.
— Pourquoi tu souris ? demanda Liam en la faisant sursauter. Et, bon sang Mac ! Qu'est-ce qui t'arrive aujourd'hui ! ? T'es complètement à côté de la plaque !
Hein ? Mais pas du tout !
— Qu'est-ce que tu veux dire ? maugréa-t-elle néanmoins.
Parce que, sérieux, en quoi était-elle à côté de la plaque ? Elle venait justement d'expliquer tout l'inverse à sa conscience !
— Ce que je veux dire ? ! s'énerva le jeune homme en dardant sur elle un regard de plus en plus exaspéré. Tu veux savoir ce que je veux dire ? !
Euh...
— Ben oui...
— Mais merde, Liha ! Mais regarde-toi ! T'as du sang et des égratignures partout ! s'exclama-t-il sèchement.
Puis, plus posément :
— On est en entraînement, je te signale. Je vous avais prévenus avant de commencer que la course n'était pas qu'un simple échauffement, mais qu'elle allait aussi être piégée pour tester vos réflexes et vos capacités de concentration. Sur les cinq de l'équipe Mac, tu es la seule à avoir trébuché sur ces foutues racines. Et trois fois ! Alors, permets-moi de te reposer la question : à moins que tu ne te sois soudain transformée en le plus gros boulet que la Garde n'ait jamais porté, que t'arrive-t-il aujourd'hui ?
Ah... Elle comprenait mieux !
— Je...
Non mais, sérieusement ? C'était une blague, non ? Avait-il vraiment précisé que cette course allait être piégée ? Nan... Il lui mentait pour essayer de se dédouaner de la responsabilité de ses blessures – qui faisaient très très mal d'ailleurs. Même si ce n'était pas vraiment son genre et que... Bon, oui... Elle voulait bien le reconnaître pour une fois. Elle n'avait strictement rien écouté quand il leur avait donné ses instructions. Mais elle était sûre qu'il avait pris un malin plaisir à s'acharner !
— Je suis sûre que tu ne t'es pas montré aussi vicieux avec les autres dans tes pièges, argua-t-elle en totale mauvaise foi.
Parce que oui, même s'ils étaient « ensemble », le mot d'ordre restait pour Lihanna : surtout ne jamais perdre la face... face à Liam Ruadhan justement. Ce mantra – qu'elle se répétait depuis ses dix ans – lui avait permis ces derniers temps de ne pas se transformer en écervelée bégayante et rougissante – capable de ramper aux pieds de ce dieu grec pour demander pardon – à chaque fois que Liam avait eu raison et qu'elle avait eu tort.
— Si ça peut t'aider à accepter le fait que tu t'es montrée aussi agile qu'un mollusque sur la terre ferme... répliqua-t-il avec ce petit sourire narquois qui la mettait toujours autant hors d'elle.
Et puis... C'était quoi cette comparaison complètement foireuse ?
(...)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top