Chapitre 2.1
Elle n'avait pas vraiment vu Liam depuis qu'il l'avait emmenée de force au palais, quatre jours plus tôt.
Ses parents étaient arrivés dans la nuit et sur l'insistance – intensive – de leurs enfants, ils avaient accepté qu'ils participent aux recherches dès le lendemain.
Ils avaient décidé de constituer des groupes de quatre personnes et ils alternaient les recherches de jour et de nuit avec les autres membres de la Garde mis dans la confidence.
Lihanna s'était retrouvée dans le même groupe que Kenneth, Connor et Eana. Iain était avec Liam, Eiline et Morgane. D'autres de leurs amis s'étaient joints à eux et résidaient également sur place. Duncan, Jack, Brianna et Dilys formaient ainsi un troisième groupe.
Quant à Aedan et Ross, ils participaient également aux recherches, tout en faisant des allers-retours constants pour coordonner le déploiement des groupes.
Au début, elle n'y avait rien vu à redire de ne pas se retrouver dans la même équipe que le jeune homme. Au contraire même, puisqu'elle ne voulait absolument pas se laisser distraire par ses stupides histoires de cœur.
Mais aujourd'hui, elle comprenait son erreur. Liam était son garde-fou, le seul capable de l'empêcher de sombrer dans cette folie qui la guettait.
Parce qu'elle l'aimait – oui, oui, c'est bon pas la peine de continuer à nier – qu'ils étaient liés et que – les Quatre seuls savaient pourquoi – il l'apaisait. Enfin, il la rendait folle aussi, mais folle de la bonne manière – comme toute personne normale pouvait l'être – et pas la folle psychopathe, asociale et future tueuse en série qu'elle s'apprêtait à devenir.
Bref. Elle avait besoin de le voir, là, maintenant, tout de suite. Et elle espérait de tout son cœur que son pouvoir sur elle fonctionnait encore. Qu'il n'était pas trop tard. Parce qu'en quatre jours, elle avait changé à une vitesse...
Elle arriva au palais comme une furie, gravit quatre par quatre les marches qui menaient aux appartements des Fils de la Terre et poursuivit sa course folle jusqu'à la chambre qu'occupait le jeune homme. Tous ceux qu'elle avait croisés l'avaient regardée comme si elle était cinglée, mais personne ne l'avait arrêtée.
Arrivée sur le pas de la porte, elle s'accorda quelques instants pour reprendre son souffle, mais pas plus. Il ne fallait surtout pas qu'elle commence à réfléchir à ce qu'elle s'apprêtait à faire, parce que sinon, elle n'était pas sûre d'être capable d'aller jusqu'au bout.
Elle frappa quatre coups. Forts, distincts, assurés, puis attendit qu'il vienne lui ouvrir.
Et il a intérêt à se manier, sinon... Ben sinon, elle allait défoncer la porte ! Sans déconner ! Et tant pis si elle se pétait l'épaule. Peut-être qu'une douleur intense lui remettrait aussi les idées en place, qui sait ?
Elle s'apprêtait à réitérer ses coups – elle s'accordait encore au moins une tentative avant de se la jouer gros bras – quand la porte s'ouvrit enfin.
Liam était torse nu et il souriait. Mais son sourire disparut rapidement de son visage quand il la vit. Apparemment, il attendait quelque chose – ou quelqu'un – d'autre.
— Mac ? s'étonna-t-il en fronçant les sourcils. Qu'est-ce que tu fais là ? Du nouveau au sujet d'Erin ?
Hein ?
Non attendez, ne jugez pas ! Elle n'avait pas du tout oublié sa sœur hein, mais avait-elle spécifié que le jeune homme lui avait ouvert la porte torse nu ?
Oui ? Eh bien, pour plus de précision, il fallait aussi expliquer que le torse de Liam devait posséder un pouvoir intrinsèque. Celui de vous griller le cerveau et de vous empêcher d'aligner deux pensées cohérentes tellement il était parfait ! Bronzé, mince, les muscles parfaitement dessinés...
Elle oublia complètement pourquoi elle se trouvait là... pendant une dizaine de secondes environ. Parce que, passé ce délai, les ténèbres qui menaçaient son cœur refirent peu à peu surface.
Mais bon, il fallait voir le côté positif. Ces dix secondes de pur bonheur lui avaient au moins montré qu'elle était sur la bonne voie. Liam était bien celui qui lui permettrait de contrôler son double maléfique jusqu'à ce que l'on retrouve Erin.
— Eh bien, rétorqua-t-elle au bout d'un moment, il est vraiment pourri ton superpouvoir, Ruadhan.
Quoi ? Croyait-il vraiment qu'elle n'avait pas remarqué le petit sourire narquois qui s'était dessiné sur ses lèvres pendant qu'elle le matait en bavant presque ?
— Par... pardon ? demanda-t-il, sincèrement surpris par ce qu'elle venait de dire.
Alors non, tout cela n'avait pas ni queue, ni tête. C'était viscéral, elle ne supportait pas ce petit sourire moqueur ! Et son cerveau était comme programmé pour répondre instinctivement à cette attaque. Là, le plan consistait à désarçonner le garçon en lui sortant une réplique venue de nulle part pour voir son petit air suffisant disparaître au profit d'une mine perplexe réjouissante et de toute beauté !
Technique parfaitement rodée, je vous dis ! Des années de pratique.
— Je croyais que tu pouvais me sentir, expliqua-t-elle plutôt contente d'elle. Pas très probant comme démonstration si tu veux mon avis.
Malheureusement pour elle, le cerveau de Liam semblait lui aussi programmé pour rebondir très rapidement à ses petites piques.
— Comme je te l'ai expliqué, Princesse, pour ça, il faudrait que je pense à toi. Et là vois-tu, c'était pas exactement ce que j'étais en train de faire...
Il entrouvrit un peu plus la porte et désigna la chambre derrière lui d'un mouvement de tête.
Lihanna aperçut tout de suite la jolie jeune fille très légèrement vêtue – une Métaïr travaillant au palais – qui attendait couchée langoureusement sur le lit. La jalousie lui serra immédiatement les tripes.
En temps normal, elle se serait sentie humiliée, vexée, mortifiée et serait partie sans demander son reste ruminer dans son coin. Mais là, elle accueillit la douleur avec joie et cela la conforta dans son idée. Parce que, depuis quatre jours – exception faite de la peur et la colère qui lui broyaient les entrailles – cette jalousie était la première émotion qu'elle ressentait. La première qui lui prouvait vraiment qu'elle n'était pas devenue totalement froide et dénuée de sentiments.
— Donc, si tu n'as pas autre chose à me dire, reprit le jeune homme en refermant peu à peu la porte, tu m'excuseras, mais j'y retourne...
— Demande lui de partir.
Eh bien, elle excellait de plus en plus dans l'art de le désarçonner. Mais cette fois-ci il n'afficha pas seulement un air perplexe, elle vit aussi un éclair de colère illuminer ses yeux gris.
— Mais enfin qu'est-ce qui se passe, Mac ? demanda-t-il agacé. C'est au sujet d'Erin ? Parce que si on l'a retrouvée et que tu me fais perdre mon temps en jouant à ce petit jeu, je te jure que...
— Non.
Liam poussa un soupir de frustration.
— Non, quoi ?
— Non, on n'a pas retrouvé Erin.
— Tu sais quoi, Mac ? J'ai vraiment besoin de me détendre et tu ne m'aides pas là. Alors, encore une fois, si tu veux bien m'excuser, on reparlera de ce qui t'amène – peu importe ce que c'est d'ailleurs – une autre fois, tu veux ?
Il semblait vraiment exaspéré et pendant une fraction de seconde, elle songea à renoncer à son idée. Mais elle ne pouvait pas. Et tant pis si les choses ne se déroulaient pas exactement comme elle l'aurait souhaité.
— Attends ! lui intima-t-elle alors qu'il refermait la porte.
Elle vit sa mâchoire se contracter et il darda sur elle un regard noir.
— Quoi ? gronda-t-il d'une voix dangereusement basse.
Encore une fois, en sa présence, elle constata qu'elle redevenait elle-même et que la foule d'émotions qu'il lui inspirait ne demandait qu'à ressortir de l'étau de glace dans lequel elle les avait emprisonnées.
Oh oui... Elle savait ce qu'elle devait faire et elle était sereine.
— Je veux prendre sa place, lui dit-elle d'une voix ferme en désignant la chambre derrière lui.
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