Chapitre 1.4
(...)
— Calme-toi, Mac, lui murmura Liam d'une voix tendue. Il faut que tu te calmes et que tu te maîtrises. Tu comprends ?
Il parlait vraiment très, très doucement et elle comprit rapidement qu'il ne voulait être entendu que par elle. Elle hocha brièvement la tête. Il desserra son étreinte.
Dès qu'elle fut libre de ses mouvements, elle tenta de se relever. Sa faiblesse la surprit. Elle dut s'appuyer sur son bon samaritain pour ne pas retomber.
La vache... Qu'est-ce qui m'arrive ? Elle se sentait très faible et nauséeuse. Un peu comme la veille quand...
Attendez une minute.
C'était pour ça qu'elle se trouvait dans les bras de Liam ? Parce qu'elle avait encore pété un plomb ? Devant tous ces gens ?
Oh par les Quatre... Elle allait vraiment vomir.
— Calme-toi, répéta Liam qui avait sans doute senti sa nervosité. Tout va bien. Je suis là. Tu comprends ?
Oui, elle comprenait.
Elle avait bien pété un mini-plomb, mais Liam avait géré. Rien de grave ne s'était passé – enfin rien de trop grave apparemment – et elle devait se calmer.
Un poil perturbée de constater qu'elle dépendait autant de lui, elle prit une profonde inspiration et finit par acquiescer.
— Que m'avez-vous fait ? redemanda-t-elle alors plus calmement au professeur Te'Kelin qui la fixait toujours de ses grands yeux noisette.
— Rien, Lihanna, je t'assure, répondit-elle suppliante. Je ne t'ai rien fait qui...
— Vous mentez !
La Métaïr sursauta, paniquée. Lihanna sentit la main de Liam se crisper sur son bras.
Oui, oui, c'est bon... Il fallait qu'elle se calme.
— Professeur Te'Kelin, intervint soudain la voix de stentor du général, pouvez-vous nous expliquer ce qu'il vient de se passer ici ?
La télépathe sursauta une nouvelle fois – à croire qu'elle n'avait pas la conscience tranquille – puis se tourna vers le Sorcier.
— Oui, mon Général, répondit-elle d'une voix tremblante. Je vais tout vous expliquer.
Elle reporta son attention sur Lihanna et s'adressa à elle :
— Lihanna, je t'assure que je ne t'ai rien fait de mal. J'ai simplement voulu agir un peu plus sur ta vision. Je me suis dit que je pourrais peut-être voir ce que toi tu ne voyais pas. Comme le visage de la silhouette encapuchonnée, par exemple ou tout autre chose qui n'apparaissait pas aussi distinctement dans ta vision d'origine...
Hein ?
— Co... comment ? balbutia-t-elle sans comprendre.
En même temps, elle était encore un peu sonnée par l'expérience qu'elle venait de vivre et son cerveau n'était pas encore au max de ses capacités, alors...
Rassurée par sa réaction, la Métaïr se rapprocha d'elle, laissant tout de même une bonne distance de sécurité.
— Eh bien, commença-t-elle un peu anxieuse. Eh bien, je... j'ai essayé de me projeter dans ta vision pour la manipuler...
— Professeur Te'Kelin... souffla le général abasourdi.
— Je sais, je sais ! s'écria vivement la Métaïr. On dirait que cela s'apparente à une de nos pratiques interdites, mais...
— Donna... c'est de la manipulation mentale !
— Non ! s'exclama-t-elle. Non, mon Général, je vous assure que ce n'est pas du tout la même chose ! Je...
— Avez-vous réussi ?
Toutes les têtes se tournèrent vers Lihanna qui venait d'intervenir.
Ben quoi ? C'était pas con comme idée.
Pouvaient-ils arrêter de la regarder comme si elle était une psychopathe lunatique et bipolaire ?
Son cerveau était reconnecté et elle comprenait que le professeur Te'Kelin avait juste essayé d'aider. Ne pouvaient-ils pas en faire autant ?
Parce que, bordel de merde, on a autre chose à foutre que de s'inquiéter d'une petite entorse au règlement !
— Avez-vous réussi, Professeure ? redemanda-t-elle d'une voix claire. Avez-vous vu le visage de l'agresseur d'Erin ?
La Métaïr la regarda comme si elle avait affaire à une espèce d'extra-terrestre complètement loufoque – ben quoi, je t'aide là. Faut savoir ce que tu veux ma grande – puis ses traits se détendirent.
— Non, Lihanna. Je suis désolée. Quand j'ai essayé de me projeter dans ta vision, ton subconscient a violemment réagi. Très violemment. J'ai essayé de résister, mais tu m'as expulsée avec une telle force que je n'ai rien pu faire. Je... je ne me doutais pas que tu étais une si puissante télépathe, sinon je ne me serais jamais risquée à essayer de te manipuler. La force avec laquelle tu m'as repoussée... je... crois-moi, je ne t'arrive pas à la cheville.
Elle prononça sa dernière phrase en adressant à la jeune fille un sourire hésitant.
Cool ! En plus d'être un monstre qui maîtrisait les quatre éléments, voilà qu'elle pouvait aussi être considérée comme un phénomène de foire en télépathie. Manquait plus que ça.
Liam devait penser comme elle, parce qu'elle sentit ses doigts se crisper sur son bras.
— Vous voulez dire qu'elle ne vous a pas expulsée à travers la pièce avec sa magie de l'Air ? demanda-t-il d'une voix sèche.
Monsieur est-il nerveux ?
Bon, en même temps il y avait peut-être de quoi l'être. Surtout s'il savait quelle décision elle avait prise si on ne retrouvait pas Erin.
À cette pensée, son cœur se serra et la rage menaça une nouvelle fois de la submerger.
Calme-toi. Respire. On n'en est pas encore là. On va la retrouver. Tu ne vas pas être obligée de tout détruire sur ton passage. Tu...
— C'est exactement ça, répondit le professeur Te'Kelin interrompant par la même occasion le fil de ses sombres pensées. Elle ne m'a pas repoussée avec sa magie de l'Air, mais avec son esprit. Et il est... extrêmement puissant.
Des murmures s'élevèrent dans toute la pièce pour commenter ces dernières paroles et Lihanna sentit à nouveau tous les regards rivés sur elle. Par réflexe, elle se rencogna un peu plus contre Liam et celui-ci passa instinctivement un bras protecteur autour de sa taille.
— Professeur Te'Kelin, intervint soudain le général Brewal d'une voix forte. Pour en revenir à ce qui nous intéresse ici, pouvez-vous nous dire si le rêve de Lihanna était bel et bien une vision ?
— Oui, mon Général, acquiesça la Métaïr. Il s'agit bien d'une véritable vision. Je n'ai aucun doute là-dessus.
Nouveaux murmures. Nouveaux regards mêlant crainte et admiration.
Ok. C'était un peu flippant.
— Bien, reprit le Sorcier en se levant de derrière son bureau et en s'adressant à ses soldats. Nous allons donc lancer immédiatement les recherches en privilégiant les lieux souterrains à proximité d'un cours d'eau.
Puis, fixant tour à tour ses yeux bleus sur la Métaïr et sur elle, il ajouta :
— Nous reparlerons de ce qu'il s'est passé ici une prochaine fois, Mesdames. Retrouver la princesse Erin est notre priorité absolue.
Ah ben quand même !
— Mais, une fois que tout cela sera terminé, j'ai la ferme intention de comprendre exactement ce qu'il s'est passé ici. C'est bien compris ?
Lihanna et le professeur Te'Kelin acquiescèrent.
— Bien. Vous pouvez tous y aller, maintenant. Pour l'instant, j'aimerais que l'on n'ébruite pas la nouvelle, alors essayez d'être discrets.
Enfin ! se dit Lihanna en regardant les membres de la Garde sortir un par un du bureau, le visage déterminé. On partait enfin à la recherche de sa sœur !
Eh bien, ce n'était pas trop tôt.
Ils avaient perdu un temps précieux, mais elle s'efforça de ne pas y penser. Elle retrouverait sa sœur, elle le sentait.
— Lieutenant Ruadhan, lieutenant Niven, les interpella encore le général Brewal. Vous allez escorter le prince et la princesse jusqu'au palais et vous y séjournerez également pour le moment.
Comment ça jusqu'au palais ?
Avait-elle bien entendu ? Que pourraient-ils bien aller faire au palais ? Elle était presque sûre que ce n'était pas là-bas qu'Erin se trouvait...
— Quoi ?! s'exclama-t-elle en comprenant soudain ce que cela pouvait bien signifier. Mais nous voulons participer aux recherches, mon Général !
Alors là, c'était la meilleure ! Après tout ce qu'il lui avait fait subir ce matin, il voulait en plus l'écarter des recherches ?
Oh bordel ! Elle savait qu'elle n'aurait jamais dû écouter Eiline ! Elle aurait dû partir tout de suite à la recherche d'Erin au lieu de se laisser persuader d'aller prévenir le général. Si ça se trouvait, elle aurait déjà retrouvé sa sœur. Là, en suivant la voie la plus raisonnable, elle n'avait fait que perdre un temps précieux.
— C'est notre sœur, intervint Iain à son tour, et...
— Ordre de votre père, le coupa le général d'une voix autoritaire. Nous avons prévenu vos parents par télépathie dès que nous avons appris la nouvelle. Ils sont sur le chemin du retour et ils veulent que vous soyez mis en sécurité au palais. Vous vous arrangerez avec eux quand vous les verrez. Mais en attendant, vous obéissez.
Cette fois-ci, rien à foutre que ce soit un ordre direct, elle allait protester ! Mais Liam la devança.
— À vos ordres, mon Général, lança-t-il en resserrant son étreinte autour de sa taille. Nous partons tout de suite.
— Quoi ? siffla-t-elle en se dégageant de son emprise et en le foudroyant du regard. Tu ne crois tout de même pas...
— Parfait, Lieutenant, la coupa le général de sa voix forte, faisant comme si elle n'était pas là. Votre père sera là également. Il a demandé à ce que ses enfants logent au palais également. Au moins jusqu'à la fin des vacances. Cela vaut aussi pour vous, Commandant, ajouta-t-il à l'attention de Duncan qui était resté en retrait.
Non mais sérieux ?! Ils pensaient réellement que c'était le bon moment pour une petite réunion de famille ?
Sa sœur avait disparu, bordel de merde ! Ils pensaient vraiment pouvoir les garder enfermés dans une tour d'ivoire ?
Alors là, ils pouvaient toujours courir !
— Mais... tenta-t-elle à nouveau de protester.
— Oh et, Lieutenant ? ajouta le général en s'adressant surtout à Liam et ignorant toujours superbement la jeune fille. Si elle vous fait des problèmes, je vous donne l'autorisation de la ligoter jusqu'au palais. Je suis sûr qu'Aedan comprendra et ne m'en voudra pas.
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