"Surprise partie" (partie 9)

(...)

— Tu sais quoi, Ruadhan ? l'apostropha-t-elle alors qu'il s'éloignait dans le couloir. Vu comme ça, on pourrait presque croire que tu es jaloux.

Touché...

Liam venait de se figer.

— Alors, reprit-elle narquoise, tu craques pour qui ? Pour moi ou pour ton pote ?

En deux enjambées, il fut de nouveau sur elle. Mais il stoppa juste à temps pour ne pas la toucher.

Bon et maintenant...

Euh... Il était un peu flippant là, non ?

— C'est quoi ton problème, Ruadhan ? souffla-t-elle avec une assurance qu'elle était loin d'avoir.

Il fixa sur elle des yeux étincelants de colère. Ses lèvres s'étirèrent néanmoins sur un petit sourire.

— C'est toi mon problème, Mac, lâcha-t-il moqueur. C'est ça que tu veux entendre ?

Ben en fait oui. Mais pas vraiment comme ça...

— Toi et ton putain de baiser dans cette putain de grotte ! ajouta-t-il en abandonnant le ton moqueur pour un autre un peu plus énervé. Toi et ton foutu corps pressé contre le mien dans cette même foutue grotte ! Toi, ce soir, dans cette putain de robe !

Euh...Était-ce normal que son cœur soit en train de faire des bonds anarchiques dans sa poitrine, là ? Parce qu'on ne pouvait pas vraiment dire que Liam était en train de lui faire une grande déclaration pleine de mots doux. Pourtant, ce traître d'organe réagissait comme si.

— Ça va ? T'es contente ? Moi aussi je te veux, Lihanna. Mais, contrairement à Jack, uniquement dans mon lit.

— Quel grand romantique tu fais ! rétorqua-t-elle railleuse.

Pourtant, elle n'en menait pas large. Son cœur continuait de battre furieusement et son cerveau restait bloqué sur une phrase qu'il venait de prononcer. Moi aussi je te veux, Lihanna.

Sans déconner, c'était un miracle qu'elle parvienne encore à respirer.

— Je t'arrête tout de suite, il n'y aura jamais de romantisme entre nous. Du sexe, juste du sexe. À l'inverse de Jack, c'est ça ma proposition. Alors, tu vois ? Je te laisse le choix finalement.

— Monsieur est grand seigneur... lança-t-elle sarcastique pour masquer son trouble.

— Prends-le comme tu veux. Mais juste une dernière précision, fit-il menaçant, si tu lui dis oui... je vais te pourrir la vie.

— Comme si ça allait changer grand-chose à ce que tu me fais vivre continuellement...

— Peut-être pas non. Mais je te souhaite bon courage pour expliquer à ton futur petit-ami pourquoi tu as autant de mal à repousser les avances de son meilleur pote...

Et sans qu'elle le voie venir, il l'attira subitement à lui et écrasa ses lèvres contre les siennes.

Contrairement à celui de Jack, son baiser n'était ni doux, ni sensuel, mais dur et impérieux. Pourtant, elle y répondit immédiatement avec force et ses sens s'enflammèrent.

Perdue dans le tumulte des sensations qu'il faisait naître en elle, elle faillit même ne pas ressentir la vision qui les avait frappés dès que leurs lèvres s'étaient jointes. Elle se mêlait à la réalité dans la même fougue, les montrant tous les deux en train de s'embrasser au sommet d'une montagne. Mais au lieu de les séparer comme à chaque fois, cette vision accentua encore la frénésie qui s'était emparée d'eux et leur baiser se fit encore plus pressant.

Lihanna ne parvenait plus du tout à réfléchir, seules comptaient pour elle les lèvres de Liam pressées sur les siennes. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour approfondir encore leur baiser et passa ses bras autour de son cou. Pour toute réponse, le jeune homme émit un grognement de plaisir et avec ses mains posées sur ses hanches, il la plaqua encore plus étroitement contre lui.

Pressée ainsi contre son corps, elle n'eut plus aucun doute quant au désir qu'elle lui inspirait et le peu de raison qui lui restait s'effondra aussitôt. Son cœur s'enflamma, son propre désir explosa et, perdue dans cet océan de sensations et d'émotions, elle se rendit à peine compte que Liam la soulevait dans ses bras pour l'emmener vers sa chambre à lui.

Arrivé devant sa porte, il la déposa à terre sans cesser de l'embrasser. Liam ne parvenait pas à se détacher d'elle – même pour ouvrir cette fichue porte qui leur permettrait enfin de finir ce qu'ils avaient commencé dans cette grotte – et cela la grisa plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Elle frissonna de plaisir anticipé et ne put retenir un gémissement qui eut pour effet de décupler les ardeurs du jeune homme. Il fit glisser ses doigts le long de son dos sur sa peau laissée nue par la robe qu'elle portait et ce simple contact l'électrisa – au sens propre comme au figuré. Puis il fit remonter ses mains le long de ses hanches, de ses épaules, de son cou... Ses doigts se perdirent alors dans ses cheveux qu'il caressa avant de les tirer légèrement pour la forcer à incliner la tête et approfondir ainsi leur baiser.

Elle ne saurait dire combien de temps ils s'embrassèrent – elle avait totalement perdue la notion du temps – mais, au bout d'un moment, elle sentit que le jeune homme tâtonnait derrière son dos à la recherche de la poignée de porte et l'idée de ce qui allait se produire quand il y parviendrait enflamma son désir avec une force qui lui fit presque peur.

Mais elle s'en fichait. Tout ce qui comptait pour elle à ce moment précis c'était Liam. Liam et les sensations de plaisir pur qu'il lui procurait. Il n'y avait plus de place pour la peur ou les hésitations. Le désir qu'elle ressentait pour lui, l'envie qu'elle avait d'être dans ses bras étaient tellement énormes qu'ils submergeaient toutes les autres pensées – les bonnes comme les mauvaises – sur son passage.

Elle allait faire l'amour avec Liam. Point.

Oh bordel ! Il fallait qu'elle l'aide à ouvrir cette fichue porte !

Malheureusement, elle n'en n'eut pas le temps. Des pas résonnèrent bientôt dans le couloir, juste derrière eux.

Lihanna se figea et elle sentit Liam se raidir contre elle. Elle ouvrit les yeux et croisa le regard gris du jeune homme encore assombri par le désir. Au moment où leurs lèvres se séparèrent, il poussa un soupir de frustration qui faisait parfaitement écho à ce qu'elle pouvait elle-même ressentir.

Les pas se rapprochaient, mais elle avait toujours les bras passés autour de son cou. Elle était incapable de s'éloigner de lui. Et il semblait bien que Liam ressente la même chose. Ses mains avaient retrouvé leur place sur ses hanches et il la maintenait pressée contre son corps comme pour lui défendre de s'écarter.

Comme si c'était nécessaire ! songea-t-elle alors que son cerveau se remettait doucement en route. Pour le moment, seule une urgence vitale aurait pu la forcer à se détourner de lui !

Peu à peu, elle parvint à reprendre son souffle, mais son cœur s'emballa quand il posa son front contre le sien en poussant un soupir, juste au moment où le lieutenant Morgane Niven arrivait derrière eux.

— Liam ? s'exclama-t-elle surprise de le trouver là. Et... Lihanna ? Oh. Euh... pardon. Je vous laisse ! Ne vous occupez pas de moi !

Elle se faufila rapidement jusqu'à sa chambre, non sans avoir poussé quelques gloussements ravis signifiant sans doute qu'elle approuvait ce qui était en train de se passer entre eux.

Mais Lihanna l'entendit à peine. Liam et elle étaient toujours dans la même position, totalement indifférents à ce qui pouvait bien se passer dans la tête de leur amie.

Le charme était rompu, certes, mais pourquoi ne pas faire durer ce moment le plus longtemps possible, hein ? Pourquoi ne pas envoyer balader ce putain de hasard qui – encore une fois – les avait fait froidement reprendre pied dans la réalité ?

Elle savoura ce moment le plus longtemps possible. Puis elle finit par dénouer ses bras du cou de Liam pour venir les poser sur son torse et le repousser légèrement. Elle sentit les mains du jeune homme se crisper sur ses hanches avant qu'il ne décolle son front du sien en soupirant.

C'était une première étape, mais ils ne pouvaient toujours pas se résoudre à parler, ni à se séparer. Pendant plusieurs minutes, leurs regards restèrent soudés. Et pendant une fraction de seconde, elle se mit à espérer... Espérer que le jeune homme se rende compte que ce qu'il venait de se passer entre eux allait beaucoup plus loin qu'un simple désir charnel. Espérer que le fait qu'il ne puisse pas la lâcher signifie pour lui la même chose que pour elle. Espérer...

Elle chercha à lire dans son regard les mêmes émotions que celles par lesquelles elle était en train de passer. Mais les beaux yeux gris du jeune homme restèrent indéchiffrables.

Pourtant, sous ses doigts, elle sentait son cœur battre follement et ses mains la maintenaient toujours aussi fermement contre lui.

S'il te plaît Liam... Donne-moi quelque chose... S'il te plaît...

Impossible de savoir ce qu'il ressentait. Son visage restait de marbre.

Alors, à contrecœur, elle se décida à briser le silence qui s'était installé entre eux. Parce qu'elle savait que son visage à elle n'allait pas tarder à la trahir. Parce que, comme d'habitude, elle ne voulait surtout pas perdre la face.

— Je... je crois que... je vais rentrer... balbutia-t-elle le souffle court. Je...

Liam ferma les yeux et poussa un petit soupir.

— Lihanna...

— J'ai besoin de temps pour réfléchir à ta proposition, lança-t-elle sans réfléchir. Ou à celle de Jack.

Elle avait enchaîné ses phrases à toute vitesse, sans se rendre compte que Liam s'était enfin décidé à parler. Elle le regretta instantanément. Une expression de colère se peignit sur le visage du jeune homme, faisant étinceler ses yeux gris et ses mains se crispèrent sur sa taille. Mais il se reprit rapidement et son expression redevint de marbre.

— Tu as raison, Princesse, lâcha-t-il d'une voix plate.

Oh non, oh non, pitié ! Faites que je n'ai pas tout gâché...

Pourquoi n'avait-elle pas patienté quelques minutes de plus ?

— C'est con, hein ? Mais pendant un instant, j'avais oublié que ça marchait comme ça entre toi et moi...

— Liam... commença-t-elle en s'apercevant mortifiée qu'elle venait effectivement de commettre la plus grosse erreur de sa vie.

— Tu veux savoir le plus drôle ? la coupa-t-il la voix chargée d'amertume. Jusqu'à aujourd'hui, j'étais persuadé d'être celui de nous deux qui détestait l'autre le plus fort. Mais après cette journée, je me rends compte que tu me méprises bien plus que je ne l'avais imaginé !

— Liam... souffla-t-elle implorante.

Il fallait qu'il la laisse s'expliquer. Ça ne pouvait pas se finir comme à chaque fois, nom d'un chien ! Pas deux fois dans la même journée, bon sang ! Il fallait qu'elle lui avoue ce qu'elle ressentait.

— Mais peu importe, Mac, reprit-il avec un sourire féroce qui lui fit froid dans le dos et qui lui cloua le bec. Parce que je sais aussi désormais avec certitude que tu vas souffrir...

Hein ?

Lihanna ne put retenir un hoquet de stupeur devant tant de véhémence. Elle oublia instantanément ce qu'elle était sur le point de lui dire. Choquée, elle ne protesta même pas quand il la plaqua contre la porte derrière elle.

— Parce que tu me désires... susurra-t-il d'une voix mauvaise en parcourant de son souffle sa peau nue de l'épaule jusqu'au cou, faisant naître des frissons de plaisir qu'elle était bien incapable de contrôler. Tu me désires et peu importe le choix que tu feras ce soir – seule, bien en sécurité dans ta chambre – toi et moi, on sait très bien que tu finiras inévitablement dans mon lit, murmura-t-il tout contre son oreille. Et tu souffriras parce que tu te mépriseras pour ça.

Pendant qu'il parlait, ses mains avaient quitté ses hanches pour remonter lentement jusqu'à son visage qu'il prit en coupe.

Puis il l'embrassa une nouvelle fois. Lentement, langoureusement... Et Lihanna y répondit, même si elle savait qu'il le faisait pour lui prouver qu'il avait raison. Petite victoire, pendant une fraction de seconde, elle le sentit se raidir. Mais il se reprit bien vite et il mit un terme à ce baiser.

— Réfléchis-bien, petite princesse, murmura-t-il tout contre ses lèvres, et fais de jolis rêves...

Elle croisa encore une fois son regard gris devenu aussi sombre qu'un ciel d'orage avant qu'il ne la relâche et tourne les talons.

Oh oui, je vais souffrir... songea-t-elle les larmes aux yeux en le regardant s'éloigner dans le couloir. Mais pas pour les raisons que tu imagines...

Car elle en était sûre, à présent. Pour la seconde fois depuis qu'il était entré dans sa vie, Liam n'allait pas tarder à lui briser le cœur. 

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