"Surprise partie" (partie 8)
Son cœur martelait furieusement à ses oreilles et elle mit plusieurs secondes à retrouver ses esprits.
Par les Quatre ! Que venait-il de se passer ?
Et dire qu'il y avait quelques heures à peine elle était persuadée que Jack ne pouvait pas la voir en peinture. Alors qu'en fait il...
Elle était choquée, abasourdie, perdue. Mais elle était aussi et surtout ravie, flattée, enchantée, charmée, subjuguée, aux anges, joyeuse...
Parce que... Waouh ! Jack Laserian !
Ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire rêveur.
Eh bien, cette journée avait décidément été très riche en émotions ! Mais elle se terminait bien mieux qu'elle n'avait commencé, ça, c'était certain.
La vache ! Jack Laserian venait-il réellement de l'embrasser ? Et surtout, venait-il vraiment de lui proposer d'entamer une relation sérieuse avec lui ?
C'était... étrange. Très flatteur aussi, il fallait bien l'avouer. Jack était le genre d'homme à qui il était difficile de résister. Elle n'était d'ailleurs pas sûre d'en avoir envie. Une relation avec lui n'était peut-être pas une si mauvaise idée après tout. Il n'était peut-être pas Li...
Ah non ! Il était hors de question qu'elle pense à luimaintenant. Il n'allait quand même pas venir gâcher un truc pour lequel il n'était même pas concerné pour une fois !
Bon, reprenons : waouh ! Jack Laserian !
Là. C'était mieux.
Complètement perdue dans ses rêveries romantiques, elle ne remarqua pas l'homme au regard dur comme l'acier qui était en train de l'observer.
— Eh bien, eh bien, eh bien... lança-t-il d'une voix sèche et moqueuse. Si je m'attendais à ça...
Lihanna sursauta et redressa vivement la tête.
Oh, c'est pas vrai...
Nonchalamment appuyé contre la paroi du couloir, Liam la fixait avec une lueur inquiétante dans les yeux.
— Que... Qu'est-ce que tu fais ici ? balbutia-t-elle surprise.
Pour toute réponse, il quitta son poste d'observation pour se rapprocher d'elle. Sa démarche était aussi souple et assurée que d'habitude, mais il émanait de lui une telle impression de dangerosité et de colère, qu'elle déglutit péniblement quand il s'arrêta à quelques pas.
Oh la vache... Il n'avait vraiment pas l'air commode ce soir.
— Que fais-tu ici ? réitéra-t-elle avec beaucoup moins d'assurance qu'elle ne l'aurait voulu.
Liam lâcha un petit ricanement ironique.
— Je t'attendais.
Ah... Au moins, cela avait le mérite d'être clair. Sans qu'elle n'en comprenne la raison, cette réponse aussi simple que directe fit naître en elle une étincelle de colère.
Mais bordel ! Pourquoi fallait-il toujours que Liam gâche tout ?
— Tu m'attendais ? répliqua-t-elle alors, hargneuse en reprenant du poil de la bête. Ou tu me surveillais ? Ou attends ! J'ai mieux encore. Tu as aussi demandé à Connor de me suivre ce soir et de venir te faire un rapport ? Comment aurais-tu su, sinon, à quel moment j'allais rentrer ? Tu n'as quand même pas attendu l'oreille collée à ta porte toute la soirée, si ?
Un éclair de colère traversa les yeux gris de son interlocuteur. Il se reprit bien vite et son sempiternel petit sourire narquois se dessina sur ses lèvres.
— Je t'ai sentie, répliqua-t-il paresseusement. Grâce au lien.
Que... Elle ne s'attendait absolument pas à ça.
— Tu m'as... quoi ? balbutia-t-elle abasourdie. Qu'est-ce que c'est encore que ces conneries ?
Liam haussa les sourcils, l'air faussement navré.
— Je ne t'en avais jamais parlé ?
Parlé de quoi, bon sang ? Que voulait-il dire par« je t'ai sentie » ?
— De quoi est-ce que tu parles, Ruadhan ?
Ravi de l'avoir désarçonnée, Liam se rapprocha davantage, une expression moqueuse sur le visage.
— Je te sens, Mac, expliqua-t-il content de son petit effet. À travers le lien, je te sens. Il suffit que je pense très très fort à toi et je sais si tu es près de moi. J'ai découvert ça le soir de ton agression au palais. C'est comme ça que j'ai su que tu te trouvais devant mes appartements.
Impossible.
— Que... Tu mens.
— Pas du tout. Mais attends, c'est pas fini. Si je me concentre vraiment bien, je peux aussi sentir quelques-unes de tes émotions. Ce soir-là, j'ai senti l'urgence que tu avais de me voir et quand ton agresseur t'a assommé, plus rien... C'est pour ça que je suis sorti de ma chambre et que j'ai réussi à te sauver. Plutôt cool comme superpouvoir, tu ne trouves pas ?
Devant son air abasourdi, il ajouta :
— Mais ne t'inquiète pas trop, Princesse. Ce n'est pas comme si je pensais très souvent à toi...
Oh par les Quatre... Liam pouvait sentir... ses émotions ?
— Donc, pour répondre à ta question, je t'attendais, j'ai senti que tu arrivais et je suis sorti pour venir te parler. Voilà ce que je fais ici.
— Tu... tu ressens toutes mes émotions ?
Allez savoir pourquoi, elle avait bloqué sur ça. Après tout, ce n'était pas comme si elle devait lui cacher ce qu'elle ressentait pour lui en permanence, hein. Bon, en fait si. Dire qu'elle était en panique était un euphémisme.
Elle déglutit. Liam fronça les sourcils avant de pousser un profond soupir.
— Je devrais te dire oui, lâcha-t-il soudain d'une voix sourde, juste pour avoir le plaisir de te voir te torturer l'esprit. Mais, contrairement à ce que tu sembles croire, je ne suis pas un psychopathe dénué de sentiments. Alors rassure-toi, Princesse, ça ne m'est arrivé qu'une seule fois.
Ouf ! Cool...
Quoique... Ce n'était pas forcément très rassurant. Mais passons.
— Pourquoi tu me fais suivre, alors ? Si tu peux savoir en permanence où je me trouve ?
— Je vois que Jack t'a tout raconté, soupira-t-il légèrement agacé. Eh bien, je te fais suivre parce que je n'ai pas que ça à foutre de penser à toi toute la journée ! Et en plus, ça ne marche pas comme ça... avoua-t-il à contrecœur. Je te sens juste quand tu es proche de moi. Et encore, pas à tous les coups.
Ok.
— Oh et bordel ! ajouta-t-il avec humeur. Puisque c'est lié au lien, ça doit marcher dans les deux sens, non ? Tu ne m'as jamais senti ?
Euh...
Lihanna se creusa la cervelle pour essayer de se rappeler si ce phénomène lui était déjà arrivé. Après tout, il avait raison. Quand il s'agissait du lien, ils subissaient tous les deux les mêmes symptômes en règle générale.
— Ben à vrai dire, répondit-elle sans réfléchir, je sens toujours quand tu es proche de moi. Mais je ne crois pas que cela ait quelque chose à voir avec le lien.
Prenant conscience de ce qu'elle venait de dire et surtout, de la façon dont elle l'avait formulé, elle releva le visage vers lui. Il faisait une drôle de tête.
— Je veux dire... Tu sais... Toute cette hostilité que tu dégages quand tu es près de moi ? Eh bien, c'est ça que je sens. Sans compter tes regards hargneux et insistants. Tu vois, quoi ? Rien de magique là-dedans.
Euh... pas très convaincant tout ça, non ?
Vu la tête que continuait de faire Liam, c'était clair que non.
— Enfin bref, reprit-elle rapidement. J'aimerais que tu cesses de me faire suivre. Je suis une grande fille. Et tu sais très bien de quoi je suis capable pour me défendre.
— Hors de question, répliqua-t-il fermement. Tes pouvoirs ne te rendent pas invulnérable, Mac. D'autant plus si tu comptes porter ce bracelet en permanence.
Vexée qu'il sache si bien deviner ses intentions, elle s'empourpra.
— Tu sais très bien que je l'enlèverai dès que je maîtriserai mieux mes pouvoirs !
Devant le petit sourire narquois qu'il lui renvoya en guise de réponse, la moutarde lui monta au nez. Liam avait un don certain pour l'énerver...
— Et Iain et Erin, tu les fais suivre eux aussi ? Ou je suis la seule que tu considères comme trop bête pour se protéger ?
— Ont-ils déjà désobéi à un ordre direct de leur supérieur ? Et quand on leur dit de ne pas se balader seuls, ils écoutent, non ?
Il lui posait ces questions comme s'il s'adressait à une enfant capricieuse qui n'en faisait qu'à sa tête et qui trouvait la vie vraiment trop injuste. Il faisait cela pour la faire sortir de ses gonds, elle le savait. Et ça marchait parfaitement bien. Parce qu'à vrai dire, il n'avait pas tout à fait tort.
— Je ne sais pas si c'est une question d'intelligence ou non, Mac. Mais une chose est sûre. Kenneth et Morgane n'ont effectivement aucune raison de les faire suivre. Contrairement à moi. Maintenant, tires-en les conclusions que tu veux.
— Je... commença-t-elle pour répliquer.
Oh et puis, à quoi bon ?
Il avait raison, non ? Pas la peine d'aggraver encore son cas en lui tendant d'autres perches pour l'humilier.
Elle aurait voulu disparaître six pieds sous terre, mais si elle s'en allait maintenant, elle perdrait complètement la face. Et même si elle savait très bien que Liam avait parfaitement compris qu'il avait gagné cette bataille, elle voulait qu'il efface ce petit sourire suffisant de son visage.
— Tu m'attendais pour quoi au juste ? demanda-t-elle au bout d'un long moment en relevant fièrement le menton.
Changer de sujet, c'était effectivement le mieux qu'elle puisse faire. Liam ne fut pas dupe. Le petit soupir amusé qu'il poussa pour le lui faire comprendre la fit bouillir de l'intérieur. Elle demeura stoïque.
Encourageant... se félicita-t-elle mentalement. Peut-être parviendrait-elle à garder la face jusqu'à ce qu'il s'en aille et la laisse tranquille ?
— J'ai fait une découverte dans le livre des MacEwen, lâcha-t-il au bout d'un moment.
Oh...
Comme un soufflé, sa colère retomba immédiatement.
Et dire qu'elle avait presque réussi à se sortir toute cette histoire de la tête.
Mais bordel ! Il était tard, elle était fatiguée... Sa journée avait déjà été suffisamment riche en émotions. Ne pouvaient-ils pas parler de ça demain ?
Comme s'il lisait dans ses pensées, Liam enchaîna :
— Mais je ne suis plus vraiment d'humeur à parler de ça, maintenant. C'est peut-être l'effet de cette robe que tu portes...
Elle faillit pousser un soupir de soulagement. Puis elle percuta.
Elle releva vivement la tête. Liam était beaucoup plus proche qu'elle ne s'y attendait. Elle ouvrit la bouche, puis la referma, incapable de dire quoi que ce soit. Sa présence et ses derniers mots s'insinuaient en elle comme du venin, la laissant comme pétrifiée. Liam n'ajouta rien, se contentant de la dévisager comme pour s'assurer qu'elle avait bien compris ce qu'il venait de lui dire. Son visage s'enflamma violemment et son traître de cœur se mit à tambouriner furieusement dans sa poitrine.
Oh par les Quatre...
Elle avait envie de pleurer. Même venant de lui, c'était vraiment un coup bas.
Elle ravala ses larmes. Les montagnes russes émotionnelles de cette soirée allaient avoir sa peau, mais il était hors de question que Liam en soit témoin.
— Je... je crois que je vais rentrer maintenant, parvint-elle à balbutier d'une voix mal assurée.
Elle se tourna vers la porte de sa chambre pour se soustraire à son regard.
— Attends, ordonna-t-il. Je n'ai pas fini.
Elle inspira profondément, puis se retourna. La colère salvatrice venait de refaire son apparition. Il n'avait pas le droit de lui ordonner quoi que ce soit !
— Eh bien moi si, Liam ! Tu vas trop loin cette fois !
Il eut un léger mouvement de recul avant de se ressaisir.
— Pourquoi ? répliqua-t-il en serrant les mâchoires visiblement en colère lui aussi.
— Tu te fous de moi ?
Les yeux gris de son interlocuteur flamboyèrent. Sa mâchoire se crispa.
— Alors quoi, Mac ? siffla-t-il les dents serrées. Je n'ai pas le droit de te trouver belle et de te le dire ? Cette faveur n'est réservée qu'à Jack ?
Troublée, Lihanna écarquilla les yeux de surprise. Liam semblait sincèrement contrarié.
— Je... Tu... Grrr. Je n'ai pas l'intention de parler de ça avec toi, Ruadhan !
Elle n'en avait pas la force. Pas quand il la regardait comme ça. Son cœur était déjà en train de s'imaginer des trucs et de tirer des plans sur la comète.
— Mais je ne te laisse pas le choix !
Oh bon sang... Mais qu'est-ce qui lui prenait à la fin ?!
— Par... pardon ? Tu... ne me laisses pas le choix ?
Liam la regarda avec un air buté. De son côté, elle était complètement sidérée.
— Tu vas lui dire non.
— Quoi ?
— À Jack. Tu vas lui dire non.
Elle le fixa quelques instants sans comprendre. Parce que, franchement, il n'était pas en train de lui demander ce qu'elle croyait qu'il était en train de lui demander, si ? Mais ses yeux gris étaient durs et brillaient d'une lueur déterminée. Ce qui laissait peu de doute concernant la réponse à cette question.
Oh merde... Il était sérieux.
— Je... Non mais de quoi je me mêle ! Ça ne te regarde absolument pas !
Comment osait-il ? Il n'avait aucun droit de lui demander ça !
— Encore une fois, que ça me regarde ou non, je m'en fous ! rétorqua-t-il sur un ton dangereusement bas. Je ne te laisse pas le choix. Je ne veux pas que tu sortes avec mon meilleur ami. Point.
— Et ce n'est pas comme si je me contrefichais royalement de ce que tu pouvais bien vouloir ! répliqua-t-elle au bord de l'explosion.
Elle bouillait littéralement de rage. Même si c'était impossible à cause du bracelet, elle sentait sa magie crépiter au bout de ses doigts. Elle serra les poings et soutint son regard sans ciller.
Liam faisait des efforts considérables pour essayer de se contrôler. Elle en aurait mis sa main à couper. Mais elle ne comprenait pas pourquoi il était dans cet état-là.
— Écoute-moi bien, Lihanna, gronda-t-il d'une voix sourde en se rapprochant encore d'elle – ce qui la força à reculer contre la porte pour ne pas le toucher. Tu. Ne. Sortiras. Pas. Avec. Jack. Fin de la discussion.
— Mais qu'est-ce que ça peut bien te foutre à la fin ? explosa-t-elle finalement.
— Je n'en sais rien !
Le silence qui suivit cet éclat fut presque aussi assourdissant que leur prise de bec qui venait de se conclure dans les cris. Lihanna avait les yeux écarquillés. Sa respiration était rapide et hachée. Liam était son exact reflet.
Comprenant sans doute qu'il était allé trop loin, il se recula vivement. Comme il se détournait pour regagner sa propre chambre, elle comprit qu'elle n'était finalement pas prête à le laisser partir comme ça...
(...)
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