En tête à tête (Partie 4)
— Non, moi c'est Liam, lâcha-t-il d'une voix sourde en se figeant.
Non mais, sans déconner. Elle venait vraiment de l'appeler Arthur ?
Encore un peu sous le choc de ce qui venait de se passer entre eux et – il fallait bien l'avouer – vexé comme un pou qu'elle l'ait appelé par le prénom d'un autre, Liam lui jeta un regard meurtrier.
Peine perdue puisqu'elle ne le calculait même plus. Son égo – certes surdimensionné – en prit un sacré coup. Toutefois, comme Lihanna semblait complètement ailleurs, cela ne servait strictement à rien de lui balancer maintenant le chapelet d'injures qui lui servirait de vengeance.
Oh bordel ! Aucune fille ne lui avait jamais fait ça. Et ça le faisait franchement chier de s'être fait ridiculiser ainsi par cette...
En même temps, il s'attendait à quoi ? Elle le détestait autant qu'il la détestait. Et même si ces derniers temps, son envie de l'embrasser était devenue bien plus forte que son envie de l'étrangler, il n'aurait jamais dû se laisser aller de la sorte, bon sang !
Ouais... Il venait sans doute de commettre l'une des plus grosse connerie de toute sa vie.
Finalement, heureusement que Lihanna avait stoppé ce baiser, parce que lui, il aurait été incapable de s'arrêter. Il en avait d'ailleurs encore très, très envie, mais comme elle ne semblait plus du tout consciente de sa présence...
Oh bon sang ! Cette petite peste ne perdait rien pour attendre !
Bon, dans l'immédiat, il devait déjà attendre qu'elle sorte de cette espèce de transe pour lui dire le fond de sa pensée. Il croisa les bras sur la poitrine en fixant sur elle un regard plein de haine et attendit qu'elle percute qu'il était toujours là.
Il en profita tout de même pour la détailler.
Mouais... Elle était vraiment sexy. Mais bon, il savait que lui aussi. Et vu ses joues rouges et ses yeux brillants, tout n'était pas perdu.Lihanna le désirait autant qu'il la désirait. Ils étaient toujours à égalité.
Ok, mais dans ce cas... Pourquoi avait-elle mis un terme à leur baiser ? Et surtout... Pourquoi l'avait-elle appelé Arthur, bordel de merde ?!
Avant que Liam ait eu le temps d'échafauder une brillante hypothèse pour répondre à sa propre question, Lihanna sortit de son état second. Elle cligna plusieurs fois des paupières pour reprendre ses esprits.
— Je... balbutia-t-elle comme si elle ne savait plus où elle était. Je... excuse-moi... j'étais...
— Quoi ? la coupa-t-il moqueur. En train de t'imaginer coucher avec un autre ?
Cette fois-ci Lihanna eut un hoquet de surprise et elle écarquilla les yeux, choquée.
Bon... Il y était peut-être allé un peu fort. Mais en même temps, il ne supportait pas l'idée qu'elle ait pu penser à un autre pendant qu'elle était dans ses bras. Ou qu'elle ait pu penser tout court d'ailleurs !
— Que... quoi ?! s'offusqua-t-elle immédiatement. Non mais, t'es malade ! J'étais en train de parler avec Arthur ! Par télépathie.
Ah. Ça expliquait le prénom.
Le Métaïr avait dû la contacter pendant qu'ils s'embrassaient et Lihanna l'avait entendu.
Liam se sentait reconnaissant envers le jeune homme qui, sans le vouloir, les avait sans doute empêchés de faire une grosse bêtise. Mais il était aussi – allez savoir pourquoi – très irrité.
— Et...? demanda-t-il en haussant les sourcils pour se donner une contenance.
— Et, quoi ? répliqua-t-elle sur la défensive à nouveau pleinement présente dans cette grotte. T'es vraiment qu'un pauvre type, Ruadhan. Non, je n'étais pas en train de penser à lui pendant qu'on...
— Ce n'est pas ce que je te demande, la coupa-t-il un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
Lihanna soupira, tentant visiblement de garder son calme.
— Il m'a dit, expliqua-t-elle, que lui et les autres nous ont attendus pendant un petit bout de temps au point de rendez-vous et que – comme il pleuvait des cordes et qu'ils ne nous voyaient toujours pas arriver – ils avaient décidé d'aller se mettre à l'abri et d'essayer de nous contacter une fois au sec.
Liam hocha la tête, lui faisant signe de continuer.
— Je lui ai à mon tour expliqué notre situation, ainsi que le lieu où nous nous trouvions. Et je lui ai dit que nous n'avions pas assez de force pour débloquer l'entrée de la grotte à nous deux. Je lui ai demandé s'ils pouvaient venir nous aider, mais il m'a répondu qu'avec la nuit et toute cette pluie, cela allait être trop dangereux, qu'il valait mieux passer la nuit chacun dans son abri et qu'ils viendraient nous chercher dès qu'il ferait jour.
Ah. Et merde...
Il était peut-être complètement d'accord avec les conclusions de son équipe, mais ça ne l'enchantait pas vraiment de passer une nuit complète, seul avec Lihanna.
— Ok, répondit-il en sentant poindre sa mauvaise humeur. On est donc coincés ici jusqu'à demain matin.
Tout aussi dépitée que lui, Lihanna acquiesça.
— Et, demanda-t-il avec un petit sourire narquois, tu voudrais qu'on reprenne là où on en était quand on a été interrompus ?
Alors, pour être honnête – même s'il l'aurait nié farouchement sous la torture – il aurait adoré qu'elle lui réponde oui. Mais vu le ton de parfait salaud qu'il avait employé, il savait qu'il ne pouvait pas compter sur une réponse positive.
Et franchement – même si ce qu'il identifia comme des regrets était en train de lui labourer le bide – c'était beaucoup mieux ainsi. Il n'aimait pas du tout la tournure que prenait sa relation avec la fille qui se trouvait toujours assise sur lui.
Il eut tout de même la satisfaction de la voir s'empourprer. Puis elle lui lança un regard outré.
— T'es vraiment qu'un sale con, Ruadhan, siffla-t-elle entre ses dents.
Pour toute réponse Liam éclata d'un rire moqueur.
Oui... Il n'était qu'un sale con. Mais c'était la seule solution qu'il ait trouvée pour la forcer à s'éloigner de lui le plus possible. Sinon, il ne tiendrait pas toute une nuit sans finir ce qu'ils avaient tous les deux commencé.
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