— Papa, papa, j'ai vu une fée !

Les cheveux mêlés aux hautes herbes, Roxanne admirait les étoiles qui peuplaient la nocturne. Cette nuit, elles semblaient plus nombreuses, loin des nuages noirs qui plafonnaient par habitude le village de Sherwood. Elliot Pumkin s'assit aux côtés de sa benjamine, terrassé par une longue journée de travail. Ou bien par les interminables papiers de divorce. Il s'étira longuement tout en songeant à l'avenir de sa progéniture. Pourvu qu'elle n'ait jamais à connaitre le malheur d'un ménage malheureux : cela ruinait la vie, et dévorait le temps.

— Oui, il leur arrive de voler au-dessus du pays, répondit-il en ébouriffant la crinière rousse de la petite sorcière.

— Ce n'est pas interdit ? s'étonna-t-elle. Pourquoi elles peuvent voler au-dessus de notre forêt et pas nous ?

Elliot pencha le tête en avant, pensif. Depuis des siècles, les échanges entre fées et sorcières étaient sévèrement contrôlées et, à de rares exceptions près, aucune ombrume des deux peuples ne pensait un instant à dépasser la frontière.

— J'imagine que tant qu'elle ne pose pas le pied sur nos terres, ce n'est pas vraiment entrer dans le pays.

Aussitôt Roxanne s'offusqua.

— Mais c'est pas juste ! Moi aussi je voudrais avoir des ailes pour parcourir le pays des fées.

— Tu peux toujours utiliser un balai, la taquina son père en riant.

Il savait à quel point sa fille tenait en horreur ce moyen de locomotion. Tout d'abord, parce qu'elle n'était pas autorisée à le piloter seule, et ensuite parce qu'il lui donnait la nausée à chaque voyage.

— Mais si tu es assez patiente, dans deux mois, à ton anniversaire, je t'emmènerai derrière la frontière.

Il se garda d'ajouter qu'à cette période, ils déferaient, lui et ses deux enfants, leurs cartons en emménageant dans la Vallée d'Ambre, une grande ville du pays.

— Tu vas enfreindre les lois ?

Pas exactement. Depuis quelques années, les querelles entre fées et sorcières semblaient s'essouffler, et l'espoir d'une paix flottait enfin entre les deux royaumes. Alors, la reine des fées s'était décidé à progressivement ré-ouvrir ses frontières aux travailleurs sorciers. Elliot avait postulé à un emploi et attendait toujours une réponse du palais royal : il voulait changer d'air, loin de son épouse à l'égoïsme glaçant. Loin des sorciers conservateurs qui méprisaient les fées et scandaient que le peuple se dirigeait droit vers l'esclavagisme.

Mais Elliot lui voulait croire à une union des deux peuples.

— Mieux, j'espère y trouver des amis.

— Ou une princesse pour remplacer maman ?

Pour son âge, Roxanne comprenait vite le monde des adultes, un peu comme son grand frère qui avait déjà tourné le dos à sa génitrice. Elliot n'avait pas souhaité que les choses prennent cette tournure, mais l'idée de défendre son épouse l'écœurait. Elle avait demandé le divorce, elle l'avait trahi, elle avait refusé la garde partagée, qu'elle assume !

— Roxy, tu sais, refaire sa vie est quelque chose de compliqué.

— Pas chez les fées, rétorqua la jeune fille. Chez les fées tout est facile. Elles ont un sort pour régler chaque problème, tu le savais toi ? C'est Pauline qui me l'a dit.

Alors que le sorcier essayait de remettre un visage sur la fameuse Pauline–une nouvelle amie d'école visiblement —son enfant poursuivit.

— Et puis, elles sont rapides les fées ! Elles peuvent parler aux animaux, gagner à toutes les parties de cache-cache et multiplier les parts de gâteau.

Au fond, la sorcellerie pouvait parvenir au même résultat. Cependant, il fallait des mois pour espérer doubler la taille d'un macaron. Les fées, elles, l'apprenaient dès l'école primaire. Roxanne se redressa, sa robe d'été tachée de boue. Ils discutèrent un peu, des sorcières, de maman qui avait une fois de plus fui la résidence familiale sans prévenir ses enfants, ou de l'immense palais féérique que la petite sorcière rêvait de visiter. Puis, frappée par le sommeil, elle laissa sa tête tomber sur le bras de son père, en marmonnant :

— Papa, je crois que j'aimerais être une fée.

Or en la portant jusqu'à sa chambre, le sorcier secoua la tête.

— Au contraire, je pense que tu n'aimerais pas.

Doté d'autant de pouvoirs, on devenait la cible des monstres les plus malveillants.

***

Bonjour à tous,
Merci d'avoir lu ce prologue et entamé cette histoire ❤️

Comme d'habitude, le premier jeu sera un émoji-film.
Le principe : devinez le titre d'un film ou d'une série avec une suite d'emoji.
Cette année le thème sera...

La magie ✨

🐭🧙‍♂️🧹

❄️👸⛄🏰

🧞‍♂️👳‍♂️👸🪔

🧙‍♂️🧝‍♂️👣💍🌋

Des bisous et à demain ❤️