"La sang oublie souvent son devoir, mais jamais son droit."
de Fatou Diome
Comme toujours un grand merci a @@yukitotoya pour son aide ^^ au passage je vous conseil d'aller voir son histoire le fil rouge et aussi la mienne Hippocrate 365+2
Les loups communiquent par des cris, des jappements et grognements.
Nautoo aussi.
C'est ici que tout avait commencé, c'est ici que tout devait se terminer. Ici, il avait vécu tant de chose : de sa naissance à sa mort, en passant part le museau froid de sa tendre mère, qui venait se loger dans son cou pour le réveiller avant une partie de chasse avec son père ; les jappements de félicitation de son père quand il avait réussi à pister sa première proie tout seul ; ses interminables parties de jeu avec sa douce Ozalée...
Il était ici chez lui et qu'il le veuille ou non tout était écrit.
Ce territoire, autrefois à son père, aurait dû lui revenir de droit. C'était ainsi. Alors, pour une fois, cette seule et unique fois, il se le promettait intérieurement, il prendrait la place de chef de meute. Il fera ce qu'il devait être fait sans rechigner à la taches. De toute façon verser du sang n'était une tâche à proprement dit pour le Premier.
Il fit le premier pas en direction de Yata et ce ne fut pas aussi compliqué qu'il le pensait, les trois autres loups le suivaient, sans chercher à le dépasser. Il sentait leurs excitations crépiter dans l'air, lui donnant une volonté de fer.
Pas après pas il abandonnait son manteau de haine, qui l'habillait depuis bien trop longtemps. Ainsi, sa peau était à vif, il était plus que conscient de l'air glacial qui glissait dans sa fourrure. Des odeurs qui remplissaient l'air et de la détermination de son hôte qui le réchauffait de l'intérieur. De la force force et du courage qu'il lui donnait sans aucunes onces de retenue.
Le viking, lui, était debout les bras croisés sur son front, en appui sur une petite fenêtre. Il regardait tout au travers des yeux de son ami. Parce que, oui, ce loup était devenu son ami, son meilleur allié et à la fois sa pire expérience. Eirik se sentait calme, presque serein, il respirait lentement, son cœur battait en cadence dans sa poitrine. Avant que Nautoo ne finisse son chemin, le viking avait mit ses mains contre la paroi douce et lumineuse de son antre. Ses doigts s'enfoncèrent avec douceur dans ce mur, il grappillait son corps centimètres par centimètres jusqu'à son coude. Il ne se sentait pas prit au piège, ni même contraint, au contraire. Il ne faisait plus qu'un avec le Premier. Vraiment qu'un.
Mère Nature les accompagnait, elle aussi, à sa façon ; tout autour d'eux, des volutes grises dansaient et se plantaient profondément dans le sol. Elles les entouraient pour former une bulle hermétique aux milles nuances de gris.
Mère Nature avait décidé que ce combat devait se passer ici, maintenant et seulement entre eux.
Elle était cruelle et parfois terriblement froide, mais elle savait mieux que tout le monde comment les choses devaient se passer. Elle connaissait le passé et l'avenir de tous ; c'est elle qui tissait les fils du destin chaque secondes, de chaque vie foulant plus ou moins laborieusement cette terre. Alors personnes ne remettaient en cause ses actions.
Ils se trouvèrent, enfin, en face des intrus. Nautoo eut le culot d'afficher un sourire pointu, un filet de bave rouge coulant le long de son menton. Il encra profondément ses pattes dans la terre meuble qui se trouvait sous lui et leva le museau vers le ciel ; Il hurlait comme le faisaient ses ancêtres, il appelait les membres de sa meute, il leur signifiait où ils étaient. Il ne fallu pas beaucoup de temps pour que la plus part des loups de Bram viennent vers eux. Ils n'avaient pas pu comprendre son appel, ni même ce qu'il signifiait vraiment, mais voilà, c'était un appel du Premier, ce grand guerrier qui était en première ligne pour les défendre eux et ce territoire.
Le vent n'eut pas le temps de tomber, les oiseaux n'eurent pas le temps de fuir, que le premier coup fut donné. Il ne venait pas de Nautoo, mais du jeune blanc bec, Nâl. Son loup était comme lui monté sur pile, imprévisible et tout aussi redoutable.
Dévor et son loup Torak, le premier Beta, ne mit pas longtemps pour le suivre. Ils se battaient d'une façon incroyable. Ils étaient si puissants, leurs gestes étaient si enivrants, qu'aucuns autres loups n'osaient bouger. C'était un spectacle hypnotique.
Nâl, qui s'était jeté en premier dans la bataille, s'attaqua au premier ennemi à porté de crocs, un loup à l'aspect massif avec un œil en moins. Il avait une balafre si hideuse que cela aurait pu donner la nausée à n'importe qui dans d'autre circonstance. Mais les deux Betas n'en n'avaient cure, pour eux ce loup devait servir d'exemple, et aussi moche qu'il soit, c'est ce qu'il se passait.
Le borgne n'eut pas vraiment le temps de grogner. En moins d'une minute, une pile électrique lui était grimpée dessus, plantant ses dents aiguisées dans sa nuque et fit couler le premier sang. Torak, plus lourd que Nâl mais tout aussi vigoureux, fondit sur lui pour planter ses crocs dans la gorge, désormais à découvert, du borgne. Un ignoble gargouillis avec d'affreuses bulles de sang accompagna le dernier souffle de cet ennemi.
Un lourd silence s'en suivit. Un silence plein de promesse, un silence face à l'éternel.
Beaucoup des combattants, de la meute de Bram, s'étaient regroupés tout autour d'eux. Certains sautèrent sur la bulle protectrice de Mère Nature dans l'espoir de la fissurer, d'autres hurlèrent et grognèrent dans toutes les directions. Les plus téméraires d'entre eux mordaient ou griffaient cette paroi, si fort, qu'ils s'y brisaient les griffes et les crocs. Bien sur, ils cicatrisaient presque aussitôt, mais cela n'empêchait pas la douleur de s'immiscer dans leurs corps et de se mélanger à leur colère, leur peur et leur soif de sang.
Sur la lune, Oranda venait enfin de tout donner à Hana. Et elle ne se sentait pas spécialement fatiguée ou faible. La Mère de tous les loups se sentait forte, au contraire, et tout son corps était poussé par un instinct bien plus puissant que tous les dons de tous les Dieux et Déesses réunis. C'était son instinct qui parlait, un instinct ancestral et surpuissant, un instinct qu'aucune magie ne pourrait jamais égaler.
Son amour maternel. Tout simplement. Son amour de maman.
Hana de son côté se sentait totalement différente. Comme habitée par une toute nouvelle vie, habillée par une toute nouvelle force. Elle en prendrait conscience bien plus tard, mais pour le moment elle se sentait nauséeuse, tout cela lui coupa les jambes. Elle se retrouva sur les genoux, une main contre son ventre et l'autre en appuie devant elle. Cette femme, aussi blonde que son fils, était essoufflée mais enfin actrice de sa seconde vie. Elle sentait enfin son cœur battre, ses poumons se remplir et se vider et son sang couler dans ses veines. Mais il n'y avait pas que ça, elle avait l'impression qu'en plein milieu de son esprit, vivait une immense toile d'araignée. Elle l'a sentait vibrer en elle. La nouvelle propriétaire de l'astre venait de comprendre. Cette toile d'araignée était, en fait, tous ses nouveaux fils et petits fils qui vivaient sur terre. Sa main passa de son ventre à sa tête avant qu'un fin sourire ne vienne éclairer son visage. Maintenant que la douleur s'endormait, elle pouvait se satisfaire de ces nouvelles sensations.
- Je ferais tout ce que je peux pour eux. Souffle Hana en relevant ses yeux vers Oranda.
La Déesse ne prit pas la peine de lui répondre, elle savourait l'image qui dansait devant elle. Hana lui ressemblait maintenant, sa peau était marquée par les arabesques rouges à l'odeur de vie, ses cheveux tiraient plus sur le blanc que le blond maintenant et son regard aussi avaient changé. Il était comme ceux de la Déesse quand elle n'était pas en colère ou prête à partir en guerre. Oranda avait bien envie de la prendre dans ses bras pour la remercier mais elle n'en fit rien, par pudeur et grande stupidité.
La Déesse était bien la Mère de son fils.
En bas, sur le territoire du Premier, la guerre venait d'éclater. Sans compter Yata, il restait cinq loups tous aussi fort et hideux les uns que les autres.
Comme prévu Akéla, le loup de Bram, se battait seul et il le faisait très bien. Il ne faisait pas dans le détail, il avait attrapé sa victime par une patte et avait tiré si fort que son épaule s'était démise. En un clin d'œil il fut guéri, l'Alpha recommença une fois de plus mais cette fois ci il prit soins de lui arracher un coussinet ou deux. Histoire que la guérison prenne un peu plus de temps.
L'odeur ferreuse du sang satura l'air présent dans la bulle protectrice de Mère Nature. Des touffes de poils et parfois des bouts de chairs jonchaient le sol de ce territoire sacré. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, il n'y avait presque pas de bruits. Seul le bruit des crocs qui s'entrechoquaient, des chairs déchirées et des os qui se brisaient, résonnaient en eux.
Tous, ennemis ou amis, étaient bien trop concentrés pour se laisser aller à des choses aussi futiles et dérisoires que des grognements. Tous s'adonnaient, s'acharnaient, à protéger ce lopin de terre bien trop insignifiant pour le commun des mortels.
Seul Nautoo et Yata ne bougeaient pas d'un cil. Ils se fixaient sans ciller. Le Premier eut même le culot de s'assoir sans le lâcher du regard. Tout autour d'eux la guerre faisait rage, des monticules de terre meuble volaient dans tous les sens en se mélangeant à leur sang.
Torak, le loup de Dévor, surgit rapidement de nulle part, enfin plus exactement de la gauche de Nautoo. Le premier Beta avait prit appuie sur la sphère pour prendre de l'élan et sauter sur l'un des cinq qui allaient sauter sur le dos du Premier. Il avait enfoncé ses dents acérées dans le dos de l'ennemi et lui avait brisé le dos. Purement et simplement. L'ennemi n'eut pas le temps de couiner qu'il avait déjà cessé de respirer. Nautoo, le remercia en lui offrant un sourire pointu et marbré de rouge...
Il ne restait qu'un ou deux ennemis sur pattes encore, plus ou moins capable de se battre. Les deux chefs, eux, se toisaient toujours avec une hargne non cachée. Mais quelque chose changea dans le regard du Premier. Il était temps. L'autre en face semblait penser la même chose, puisqu'il se leva d'un bond pour foncer droit sur Nautoo.
Le temps venait de s'arrêter. Les quelques pas qui les séparaient semblaient durer une éternité. Il reprit sa course quand Yata ne fut qu'à quelques centimètres de l'épaule du Premier. Ce dernier prit le temps de se décaler en étirant son énorme mâchoire dans un bâillement sordide.
La scène qui s'en suivit fut bien trop rapide pour que des yeux humains puissent la suivre. Mais Oranda et Hana ainsi que tous leur fils pouvaient suivre aisément chaque action.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top