L'étonnement est suivi du silence.

Voltaire

Comme toujours merci à Yuki! Un petit mot au passage ce serait sympa ^^



Tood regardait, avec une certaine réserve et étonnement, ce jeune loup inconscient du danger de jouer avec le Premier. Même si l'Alpha ne connaissait pas son vrai nom, il connaissait, comme tous ceux de sa "race", sa terrible réputation. C'est pour ça qu'il eu de la peine pour ce brave Eirik. La veille au soir, quand le viking avait fini par avouer ce qu'il s'était passé depuis le premier jour de sa possession, il eu terriblement peur pour lui et Zax, son loup, eut un peu honte de leurs instincts parfois brutaux. Allant même jusqu'à se demander combien de temps il lui restait. Beaucoup, du moins il l'espérait.


Ce loup, le Premier , qui était à l'origine d'innombrables massacres, et à l'âme aussi sauvage que noir, sans oublier sa façon de traiter ses hôtes, les usant jusqu'à ce que mort s'en suive, n'était pas le plus respectable mais le plus à craindre. Et ce pauvre gosse semblait plus perdu qu'autre chose et si ça continuait comme ça, il n'en n'aurait plus pour longtemps.

Toutefois, ce qu'il l'avait le plus frappé, était la façon dont le Premier était capable de ne prendre qu'une petite partie de son hôte. Il ne lui avait prit que ses mains, seulement ça. Lui en était incapable, ce n'était tout simplement pas possible. De mémoire de loups, du moins jusqu'à hier soir, aucun d'eux n'avait réussi pareil exploit. Le comble fut que cet acte étrange avait été fait pour embêter ce pauvre Eirik, qui, le pauvre, se faisait déjà harceler par un oiseau.

D'ailleurs cet oiseau, qu'était-il vraiment ? L'Alpha et l'Oméga avaient ressenti quelque chose de fort émaner de ce dernier. Ils en avaient parlé plus tard dans la soirée mais aucun des deux n'avaient réussi à mettre un mot ou une explication sur ce qu'ils avaient ressenti. Pourtant ils avaient eu la nette impression que c'était un tour de la Déesse.

Cela sautait aux yeux non ?

Cette dernière, tout là haut sur son astre, toujours assise à même le sol, Oranda regardait son premier fils jouer avec un louveteau, hyperactif et ... Ignorant au mieux, le tout avec une infinie douceur.

-    Hé bah pétard. Souffle la Mère de tous les loups en posant son menton sur le dos de sa main tout en appuyant son coude sur son genoux, son autre bras et serait sa taille et ses doigts agrippaient sa robe blanche.

Puis la réalité la frappa. Elle se redressa et plissait les yeux.

Un louveteau ? Un petit loup ? Alors cela voulait dire que...elle n'aurait jamais pensé, même pas dans ses rêves les plus fous, qu'un loup puisse se lier assez longtemps pour procréer. Pourtant, sous ses yeux, elle voyait ce village entièrement constitué de chalet en bois, de loups, d'humains et du fruit de leur amour, parfois même plusieurs. Depuis trop longtemps, elle était accaparée par son premier fils, depuis tellement de temps, qu'elle avait négligé ses autres enfants, ainsi que leurs vies et ce qu'ils avaient créés. Elle se sentait terriblement honteuse, quelle piètre mère faisait-elle ...

Cette découverte la laissait bras ballants et la bouche légèrement ouverte, mais ça avait au moins eu le mérite de lui faire arrêter ses dandinements.

Pendant qu'Oranda continuait d'observer le village, sans se décrocher la mâchoire, le Premier, lui, s'amusait encore à pourchasser ce jeune et impétueux petit loup un peu trop braillard. Ce petit mordillait avec application la queue, les pattes et même une cuisse de Nautoo. Ce dernier faisait mine de ne pas le voir venir et le pourchassait par la suite. Tood était persuadé d'entendre les rires de son premier fils résonner dans la forêt.

Ce bon père sourit et osa croire en un autre avenir pour le Premier et Eirik.

-    Rentre, maman va finir par te chercher partout. Malgré l'ordre, la voix de l'alpha s'était faite plus douce.

Le petit levait la tête et supplia son père du regard, tout le geignant, mais ce dernier se contentait de la regarder fixement. Voyant que son père ne céderait pas, il baissait la tête et entama son demi-tour non sans râler. Mais au tout dernier moment, il chiqua la patte du Premier, ce dernier fit mine de se fâcher en faisant claquer sa mâchoire tout près de lui, ayant pour effet que cet adorable boule de poil prit ses pattes à son cou dans un jappement de joie.

Tood se dit que l'inconscience et la jeunesse vont de paire. Le père regardait la silhouette du loup de son fils s'éloigner avec un sourire doux, il l'aimait bien plus que sa propre vie et c'est bien pour cela qu'il s'efforcera d'être un bon Alpha quoi qu'il arrive, pour que son petit puisse prendre le relai le plus sereinement possible.

Nautoo étouffa une pointe de jalousie, ces moments avec son propre père lui manquait affreusement. Quand il fermait les yeux, il pouvait encore sentir l'odeur de la forêt de son enfance à des kilomètres de là, le museau de sa mère fourré dans son propre pelage, il pouvait entendre son père chanter à la lune et voir sa douce Ozalée l'inviter à jouer ou à chasser. Oui, il pouvait encore ressentir tout ça et tant qu'il le pourrait, il ne serait pas totalement perdu, du moins c'est ce que pensaient la nature et Oranda.

Tood laissa tomber l'espoir de remettre en ordre ce petit chalet, tout était foutu. Pourtant, il n'était pas spécialement en colère. Au contraire, il s'estimait plutôt chanceux qu'aucunes goûtes de sang n'est touchées le sol. Avec ces deux idiots, il n'était sûr de rien. Il posa son regard sur le loup en face de lui, se retenant difficilement de faire un geste qui le démangeait. N'y tenant plus, il sauta le pas :

-    Je peux ? Il demande au Premier en faisant mine d'avancer vers lui.

Nautoo regarda ce chef de meute lui demander l'autorisation de venir vers lui, il trouva ça ironique. Alors pour toute réponse, il s'assit. L'Alpha s'avança donc calmement, il faisait attention de ne pas le regarder dans les yeux pour ne pas le provoquer. À quelques centimètres de lui, il se risqua à le regarder. Le premier était un très beau loup, grand, plus grand que la moyenne. Sa tête arrivait pratiquement à l'épaule de Tood. Qui lui était déjà bien plus grand que la moyenne humaine. Son pelage n'était pas hirsute ni gras, il avait un beau poil ou le brun et le noir se mélangeait pour former de drôle de vagues de couleur foncées. Et ses yeux ... De l'or en fusion aussi froid que dur mais qui cache quelque chose dont lui-même n'avait pas conscience.

-    Tu es un beau loup le Premier. Pour appuyer son geste Tood pose sa main sur l'épaule de Nautoo.

Il se mît à le caresser sans vraiment le regarder, il était bien trop subjuguer par le fait qu'il était en face d'une légende vivante. Le premier fils d'Oranda se surprit à aimer, à adorer ça même. Il en ferma les yeux de plaisirs. Eirik regardait la scène à travers les yeux du loup, il la ressentait aussi. Il regarda son épaule où une traînée de frissons apparut.

-    Pour quand tu le laisseras revenir.

Tood secoua un bas de jogging, qui sortait son ne sait ou, devant le nez du loup, le mouvement lui fit ouvrir les yeux. Le mouvement souple du pantalon avait quelque chose d'hypnotique. Cela le fit bailler.

-    Je te laisse la place le bipède. Et sans plus de cérémonie, il le laisse revenir dans sa peau, sans douleur, ça en fut presque agréable.

Une fois de retour dans sa peau, le viking enfila rapidement le vêtement et surprit le regard profond de l'Alpha. Ce dernier venait de comprendre ce qu'était la vraie force.

-    C'est la première fois qu'il laisse quelqu'un l'approcher sans le bouffer. Souffle l'hôte perplexe. Le viking supposa l'espace d'un instant que, la sérénité et l'harmonie qui règne au village devaient surement troubler sa peau de vache de compagnon.

L'Alpha posa une main sur son épaule et la serra gentiment, ce simple geste lui fit un bien fou, voire même à le rassurer d'une certaine manière.

-    Tu viens ? Le père de famille avait déjà déplié deux chaises et l'attendait.

-    Comment il s'appelle ? Du menton il pointe l'endroit où avait disparut le petit.

-    Tao et son loup c'est Din. Ils sont déjà coéquipiers. Il termine avec fierté.

-    Coéquipiers ? C'est à dire ? Demande Eirik intrigué et intéressé.

Le soleil lui chauffait délicatement les épaules, il les roulait et apprécia encore plus la morsure de la boule jaune sur sa peau. Au fin fond du bipède, le premier savourait lui aussi la chaleur qui l'entourait, il appréciait aussi ce petit loup, son père et, parfois, son hôte.

-    Nous sommes des coéquipiers avec Zax.

-    Comme avec toute ta meute, non ?

-    Non, je suis un Alpha. Un chef. Mon seul coéquipier c'est mon loup. Pour le reste du monde je suis soit un être humain pas trop dégueulasse à regarder, soit un meneur ni plus ni moins.

-    Je ne te suis pas vraiment là. Avoue le viking en se redressant sur sa chaise en plastique.

Nautoo tendit l'oreille, jamais de sa longue existence, il n'avait entendu cette version de l'histoire. Il n'était pas vraiment sûr que cela l'intéresse, mais avant de prendre une décision, il voulait connaitre tous les tenants et les aboutissants. Voila un changement qu'il avait réalisé, il écoutait et réfléchissait avant de prendre une décision maintenant. Et Oranda le ressentit comme un soulagement immense qui contaminait son corps. Le bout du tunnel n'est pas loin, pensa-t-elle.

-    Mon rôle m'oblige à prendre de grandes décisions, pas toujours simples malheureusement, certaines peuvent mettre en péril tout ce que nous avons. Il englobe tout ce qu'il se trouvait autour de lui, par un large geste de la main. Je ne peux pas me permettre d'écouter tous le monde.

-    Sinon tu peux prendre partis et faire une boulette ?

-    Exact. Tood souffle un rire puis reprend. Donc en tant que chef je ne peux compter uniquement sur Zax. Il tapote sa tempe avec un sourire franc. Mon fils sera mon successeur, je me dois de lui préparer un avenir pas trop dingue.

-    Je comprends mieux. Finit par dire Eirik. Comment ça fait d'être à fond avec son loup ?

Ce fut au tour de Tood de s'appuyer sur sa chaise, il leva son visage vers le ciel et savourait la chaleur qui lui cuisait la peau.

-    On peut se parler mentalement. Il aiguise mes sens, m'apporte de la force et moi en contrepartie je lui donne de l'empathie. Mais je te l'ai déjà expliqué ça non ? Un franc sourire barra son visage, puis il reprit son discours. Ne faire qu'un avec lui, c'est un peu comme...On a l'impression d'être schizophrène, avec sa voix dans notre crâne, ses sentiments et sensations qui nous retourne le ventre, mais au final c'est juste normal. Avec lui, tu es complet, tu te sens complet. Utile. Voilà ce que ça fait. Il claqua ses deux mains sur ses cuisses et sourit à un souvenir agréable.

À la fin de ce petit discours, Nautoo reposa sa lourde tête sur ses pattes et réfléchit à ses paroles. Se demandant ce que cela ferait si lui et le bipède étaient des coéquipiers. Et surtout s'il en avait envi voir besoin.

-    Comment fonctionne ton village ? Demande ensuite Eirik, sincèrement curieux.

-    Le plus simplement du monde ! Certains travaillent en ville, d'autres restent ici pour surveiller notre territoire. On a aussi des profs et tout ce qu'il faut pour les petits. Il y à également deux trois aides gouvernementales. Il dit avec un vague signe de la main en finissant sa phrase.

-    Tu fais un bien drôle de maire, un peu poilu aussi. Ose se moquer le viking.

Tood et lui continuèrent à échanger sur tout ce qui les entourait, tout en riant même parfois de bon cœur.

Pendant ce temps, de son royaume lunaire, Oranda relâchait son attention de Nautoo et profita de jeter un œil en Russie pour essayer de comprendre ce que tramaient ces traitres. Il lui était terriblement facile de les repérer. Tristement facile d'ailleurs. Tout un tas de cadavres était semé sur leur passage.

Son "fils", Yata, celui qui l'avait attaqué dans l'entrepôt désaffecté, regardait des loups évoluer devant lui. Il devait facilement y en avoir une bonne vingtaine. La Déesse les reconnu tous, mais elle ne percevait plus leurs hôtes au fond d'eux. Les loups les maintenaient en vie, en se nourrissant correctement. Ils partageaient les mêmes organes, seul leur esprit les différenciait. Ces pauvres humains, au fin fond de leur sadique de loup, devenaient alors, soit fous, soit inexistant. Cette ignoble meute, la honte de cette mère, entra dans un hangar en périphérie d'un village agricole. Des humains, de vrais humains, les attendaient.

Oranda les regardait sans bouger, elle les observait, serrant les dents, furieuse, contre elle-même, contre eux, contre les Dieux. Elle eu terriblement envie de posséder le premier animal qui se trouvait dans les partages, pour pouvoir observer ce qu'il se passait dans cette vieille bâtisse. Mais avant qu'elle ne puisse prendre une quelconque décision, un être humain aux cheveux blonds, regarda le ciel. Il la défiait ? Bien sûr qu'il la défiait ! Avec son sourire narquois, sa façon de se tenir et son rire court. Tout en lui, était détestable et cet idiot de mortel s'amusait à la défier. Elle serra aussi ses poings, se faisant violence pour ne pas descendre sur Terre et lui arracher la tête ! À lui ! À cet ... Enfoiré ! Qui avait pu corrompre ses fils à ce point ?! Sa vie, son existence, lui prouvait à quel point elle avait été une mauvaise mère ! Lui, mais aussi le village de Tood. Cela la mettait en rage, tant elle se sentait frustrée et ... Tant d'autres choses à la fois !

La Déesse prit une énorme inspiration pour se calmer. Enfouissant le tout, tout au fond d'elle. Se promettant de leur arracher le cœur et d'enfermer ces ignobles loups sur la lune dès qu'elle le pourra. Elle se devait de le faire pour Nautoo et Eirik.

Si le Premier sentait dans quel état elle était cela gâcherait tout alors elle prit une autre inspiration par le nez, la bloqua et souffla doucement par la bouche.

Soit elle était vraiment très douée, soit ses réflexions lui prenaient toute sa concentration. Parce que le Premier ne sentit rien du mal être de la Déesse. Au contraire, il était apaisé, serein, ne prêtant attention à rien, même pas à la discussion qui s'éternisée entre son hôte et l'Alpha.

-    On se fait une petite balade ? Histoire que je te montre mon territoire ?

Tood se levait et commença à enlever ses chaussures, Eirik n'avait, lui, qu'à enlever son jogging. Le chef de meute avait dit qu'il pouvait communiquer par la pensé avec Zax, alors il eu envie d'essayer.

-    Tu veux y aller le poilu ? Le viking avait fermé les yeux, pour mieux se concentrer.

Il répéta plusieurs fois cette phrase avec beaucoup de vigueur. C'était le premier humain à essayer de communiquer avec lui de cette façon. De qui se moquait-il ?! C'était le Premier hôte, tout cours, qu'il n'avait pas tué au bout de quelques heures et qui, par la même occasion, avait pris la peine de parler avec lui ! Nautoo acceptait, plus ou moins naturellement, la voix du viking dans son corps, cette dernière lui donnait l'impression de se faire recouvrir par une autre fourrure chaude et douillette . La fissure, dans l'esprit du loup, s'agrandit et laissa entrer un peu de lumière, pas assez pour illuminer sa vie, mais bien assez pour lui montrer une autre possibilité.

-    Souffle tu vas te faire sauter un sphincter. Grogne le loup avant de continuer, bien sûr la moquerie n'était pas camouflée. Ferme-la au passage! Tu me fais mal à la tête. Gronde le loup dans l'esprit d'Eirik. Si seulement il était convaincant ...

-    Tu es de plus en plus aimable toi...

-    Ferme-la et vire ton froc.

Il ne finit pas sa phrase que le viking sentait déjà la transformation s'opérer dans son corps.

Tous les deux étaient à présent sous leur forme animale. Nautoo était un peu plus grand que Zax, ses oreilles lui arrivaient au niveau de ses joues. Ce dernier baissa la tête devant lui en signe de respect, il le considérait comme son dominant et le premier appréciait cela, mais il n'avait pas envie de l'aplatir, alors il se recula pour le laisser passer devant. Ils se livrèrent à une course effrénée dans la forêt, mais pas en tant que dominant/dominé, juste comme deux vieux loups qui se croisent aux gré des saisons et des zones de chasse, ni plus ni moins. Profitant pour savourer la vitesse de sa course, l'odeur de la forêt, la sensation de liberté. Tout cela était grisant, tout autant pour l'animal que pour l'homme. Arrivés vers ce qui semblait être un coin de regroupement, Zax se mît à hurler en levant le nez. Nautoo sentait son ordre glisser sur son corps sans qu'il ne s'y accroche. L'appel était lancé, bientôt la plus part de ses loups seraient là. Une angoisse, purement humaine, contamina son esprit. Une angoisse à base de « et si ».

-    Tu vas te détendre le bipède ?! De toute façon s'ils bronchent, je me ferais un casse croûte.

-    Tu règles toujours tout comme ça toi ! S'insurge Eirik, au fin fond du loup il avait frappé la partie de sa cage et sen rendit compte que les murs n'étaient plus trempée.

-    J'ai faim ! Se justifie maladroitement le loup, Eirik s'imagina voir le loup hausser les épaules. D'ailleurs je me ferais bien un castor. Dit-il pour conclure.

-    Un ca...Un castor ??! S'étonne le viking.

-    Ouais un castor. Confirme le loup alors que son estomac cri famine.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top