Chapitre 9

Je me promenai dans les différentes pièces du château en prenant soin de ne pas tomber sur Dragomir Pietro. Je jetai un coup d'œil dans la salle à manger et le vit alors en train de discuter avec les autres professeurs. Que pouvait-il bien leur raconter ? Qu'il avait été libéré de sa malédiction ? Toutefois, je ne pris pas la peine de m'attarder lorsque je me rendis compte que mes amies ne s'y trouvaient pas.

Je me dirigeai plutôt vers leur salon habituel et poussai un soupir de soulagement lorsque je les aperçus. Grace était assise, collée à son petit ami, tandis que Lina relisait ses notes de cours.

— Salut, leur dis-je en m'arrêtant près d'eux.

— Tu t'es enfin décidée à nous joindre ? fit Grace avec un sourire en coin. J'avoue qu'à ta place, je serais restée avec ce mignon jeune homme.

Jeune ? Pas vraiment, lorsqu'on savait qu'il était âgé de plusieurs siècles.

— Toutefois, ce n'est pas une bonne idée de fricoter avec un professeur, m'avertit Lina. Tout le monde va croire que tu fais cela pour le mettre dans ta poche.

Je grimaçai à l'entente cette hypothèse.

— Tout d'abord, je ne fricote pas, leur annonçai-je et, ensuite, j'ai l'intention de retourner dans notre chambre, à Grace et à moi. J'avais seulement besoin de retrouver ma sérénité et c'est fait.

Je ne voulais effectivement pas cohabiter avec ce vampire.

Je réalisai alors que, si je révélais à mes amies la vérité sur Dragomir, elles me prendraient certainement pour une folle. Or, je ne voulais pas perdre leur amitié. Je craignais qu'elles me rejettent et c'était inenvisageable pour moi. J'avais besoin de discuter avec des humains, pas avec des vampires possessifs. De plus, Lina me ressemblait beaucoup. Elle était spontanée, un peu gaffeuse, bavarde et dynamique. De plus, elle avait les mêmes champs d'intérêt que moi, c'est-à-dire, les livres. Elle était le genre de fille avec qui je parlerais toute une nuit d'histoire.

Grace, elle, était plus impulsive. Elle réfléchissait un peu moins avant de parler, ce qui pouvait créer de la bisbille. Je l'aimais beaucoup, mais elle m'irritait quelquefois, comme lorsqu'elle m'avait laissée seule dans la chambre pour aller rejoindre son petit ami. Elle m'avait quelque peu déçue, mais je n'étais pas rancunière. Grace était une jeune femme joviale, expressive et consciencieuse. Elle s'appliquait beaucoup en classe et je respectais ses goûts (douteux), surtout en matière de mec.

— De toute façon, le professeur qui cohabite avec toi se lassera vite de ta présence ! rigola Patrick.

Qu'est-ce que je disais sur ce gars ?

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ? m'offensai-je.

— Ton allure de petite citadine. Ta façon de t'habiller, tes cheveux clairs...ce n'est certainement pas le style des gens qui fréquentent le Dark Castle. Ils préfèrent les femmes sombres et mystérieuses, un peu comme ma Grace.

Cette dernière pouffa et donna une petite tape à Patrick.

— Ce que tu peux être insensible ! lui fit-elle remarquer. Or est une personne attachante et je suis certaine que n'importe qui voudrait mieux la connaître, toi le premier. Elle est authentique et aime faire les choses à sa manière, alors si elle veut fréquenter un professeur, alors elle n'a pas à se priver. La vie est courte et il faut en profiter.

Une vraie épicurienne, cette Grace !

Je lui souris, heureuse qu'elle me défende enfin. Cette fille était très ouverte et même si j'avais été lesbienne ou bisexuelle, elle m'aurait soutenue. Alors, une relation vampire-humaine ne la choquerait sans doute pas... Peut-être me croirait-elle si je lui révélais la vérité sur Dragomir, cependant, je n'osais pas. Même moi, j'avais de la difficulté à avaler cette vérité.

— Venez, nous dit soudainement Grace. Nous allons être en retard en cours.

— Je dois absolument faire des recherches à la bibliothèque, leur annonçai-je.

Lina, Grace et Patrick me fixèrent, stupéfaits.

— Tu vas te faire expulser si tu sèches encore les cours, m'avertit Lina. Arson a été très clair.

C'était le cadet de mes soucis. Je devais trouver un moyen de me libérer de l'emprise de Dragomir Pietro.

— Ne vous en faites pas, je gère, lui dis-je avant de filer à la bibliothèque.

Cette dernière était vide, aussi en profitai-je pour m'installer sur une grande table où je débutai mes recherches. J'y passerais la nuit s'il le fallait, mais je ne quitterais pas cet endroit avant d'avoir trouvé une solution à mon énorme problème, qui se trouvait être un vampire sanguinaire.

Je touchai la petite marque à mon cou, qui était toujours là. Je frissonnai d'horreur au souvenir de Dragomir Pietro s'abreuvant de mon sang.

Les livres s'empilèrent au fil des heures sur la grande table et, bientôt, je ne vis plus la porte. Il y avait des thèmes intéressants ; j'en appris plus sur les sorcières et leurs pouvoirs, ainsi que certaines malédictions célèbres qui, d'ailleurs, ne furent jamais brisées. Toutefois, aucune n'avaient de rapport avec les vampires.

Je poussai un long soupir de découragement lorsque je me rendis compte que le jour était presque levé. J'avais manqué le cours de prédilection. Je demanderais un résumé à Lina et irais m'excuser auprès du professeur en feignant un gros mal de tête. Aux dernières nouvelles, les enseignants n'étaient pas des détecteurs de mensonges...

Je me laissai glisser dans un fauteuil, épuisée. Je savais que je devais dormir, mais l'anxiété m'empêchait d'arrêter mes recherches.

— Les sorcières de Salem, lus-je sur un bouquin. Trop cliché. La magie blanche. Pas assez obscur. Le Grand grimoire...

J'ouvris le livre et grimaçai en lisant quelques lignes.

— Il ne manquerait plus que les démons s'en mêlent.

Je le jetai sur un autre fauteuil et me frottai les yeux. Mes recherches n'avaient abouti à rien. Je me levai et alors que je rangeais les livres qui traînaient ici et là, mon regard tomba sur l'un deux.

— Le journal d'Isla Rhyne, parvins-je à lire.

Celui-ci semblait avoir été écrit à la main. Comment avait-il atterri au travers des autres bouquins ? Mystère. Il était beaucoup plus petit que les autres et plusieurs pages étaient jaunies et même déchirées. Je regardai à gauche et à droite et lorsque je fus certaine d'être seule, je glissai le journal dans ma veste. Je me dépêchai de ramasser le reste des livres, puis sortis rapidement de la bibliothèque. Les couloirs étaient déserts, signe que les élèves avaient regagné leurs chambres.

Mon pouls s'accéléra lorsque je réalisai que je devais retourner dans la même pièce que Dragomir. Je décidai alors de me rendre dans l'ancienne chambre que je partageais avec Grace. J'y aurais la paix, du moins, en attendant qu'il me trouve.

Tout était encore à la même place. Grace avait apporté ses effets personnels dans la chambre de son copain puisque la commode était vide.

Je me laissai tomber dans mon lit sans prendre la peine de me déshabiller et tombai immédiatement dans les bras de Morphée. Toutefois, ce fut loin d'être Morphée qui m'accueillit...

Je me réveillai en sursaut. J'étais couverte de sueur et je m'étais enroulée dans les draps, qui m'enveloppaient tel un étau. Je m'en dépêtrai rapidement, puis passai une main sur mon visage en essayant de calmer ma respiration erratique.

J'avais fait un horrible cauchemar. Dans mon rêve, Dragomir était juste à côté de moi et me chuchotait à l'oreille que je lui appartenais. Je me souvenais uniquement de cela, mais j'avais l'impression qu'il m'avait dit quelque chose d'autre, même si je l'avais oublié. Ensuite, j'avais senti quelque chose me transpercer le ventre. Qu'est-ce que c'était ?

J'appuyai alors ma main sur mon abdomen et sentis le coin du petit journal que j'avais « emprunté ». Je le retirai, souriant à sa vue. Ouf ! Le coin du carnet devait m'avoir piquée pendant que je dormais.

Je décidai de l'ouvrir, curieuse, et débutai ma lecture.

Le 10 avril 1467

Cher journal,

Le nouveau voisin vient d'emménager dans le château d'à côté, dont la construction est enfin terminée. Mes tantes disent qu'il est le mal incarné et de ne pas m'en approcher. Il est vrai qu'à quinze ans, je n'ai pas leur talent ni leur expérience. Elles savent reconnaître les gens normaux de ceux qui sont spéciaux. J'ai entrevu l'homme dans la diligence qui est passé devant notre village, mais pas assez pour définir ses traits. J'aimerais bien le rencontrer afin de me faire ma propre idée de lui, mais cela m'est interdit. J'espère que le destin s'en chargera.

Le 1er juillet 1467

Cher journal,

Je viens de fêter mes seize ans. Mes tantes m'ont fait un gros gâteau d'anniversaire et nous l'avons mangé après que j'aie soufflé mes bougies. J'ai fait un vœu, mais je ne dois le dire à personne, sinon il ne se réalisera jamais. Pourtant, à toi, je le peux, alors voici le souhait que j'ai fait : Celui de rencontrer l'inconnu du Dark Castle. Je sais, qu'un jour, ma curiosité me mènera à ma perte, mais je ne peux m'en empêcher.

Le 20 août 1467

Cher journal,

La journée a été assez éprouvante. Elles le sont toujours, surtout depuis que mes tantes se sont mises en tête de m'enseigner à la maison. Terminé l'école avec les non-sorciers ! Elles disent que les sorcières comme moi ont autres choses à apprendre que les mathématiques et la métaphysique. Elles ont commencé à m'enseigner tout ce qu'une sorcière digne de ce nom devrait connaître : les potions, les sortilèges, les plantes...

Je m'en sors très bien, quoique je tombe souvent dans la lune. Tante Rena dit qu'elle n'a jamais vu une sorcière aussi maladroite. Il est vrai que j'ai fait tomber le chaudron de potion hier, mais c'est à cause de la grenouille qui m'a échappée. Elle s'est mise à sauter partout et j'ai renversé le chaudron en voulant la rattraper. Une chance que ce n'était qu'une potion de jeunesse. Les meubles ont maintenant l'air neuf et mes tantes semblent avoir rajeuni de vingt ans.

Le 7 septembre 1467

Cher journal,

Mes tantes doivent partir pour une semaine à une convention de sorcellerie. Elles ne peuvent m'emmener puisque je ne suis pas assez âgée pour y participer, alors je devrai rester seule à la maison jusqu'à leur retour. Elles m'ont fait promettre de ne pas sortir. J'ai toutefois croisé mes doigts derrière mon dos. J'ai lu dans un bouquin qu'en faisant ce geste, elles ne pourraient me maudire si jamais elles se rendaient compte un jour que je n'avais pas tenu parole. Tante Heidi n'avait qu'à ne pas laisser traîner ses livres dans le salon !

Le 8 septembre 1467

Cher journal,

Je suis enfin seule ! J'attendais ce moment depuis longtemps car, aujourd'hui, j'ai décidé ne m'approcher du Dark Castle. J'ai trouvé un moyen d'y pénétrer ; je vais me faire passer pour une servante. Dans une semaine, je démissionnerai en prétextant que ce travail ne me convient pas et je pourrai retourner à la maison avant que mes tantes ne reviennent. Je me suis trouvée un costume de femme de chambre et, de cette façon, je ressemblerai comme deux gouttes d'eau à l'une d'elles. Il ne me reste plus qu'à m'y rendre !

Le 9 septembre 1467

Cher journal,

Ça y est ! On m'a engagée. Il y a déjà beaucoup de personnel au château, mais il parait que l'un d'entre eux a mystérieusement disparu, alors il manquait quelqu'un pour faire le ménage des appartements du comte. Je vais enfin pouvoir le rencontrer et déterminer si, oui ou non, cet homme est aussi maléfique que le prétendent mes tantes. Pour l'instant, je fais tout ce qu'on m'ordonne, c'est-à-dire nettoyer les salons et la salle à manger du château et sans magie de peur que quelqu'un me surprenne. Ce serait trop risqué !

Le 10 septembre 1467

Cher journal,

Je l'ai enfin rencontré ! Il est si beau ! C'est le plus bel homme que j'aie rencontré. Il ne m'a presque pas accordé de regard. Il était occupé à lire sur son fauteuil pendant que je nettoyais sa chambre. Toutefois, à la fin, il a relevé les yeux et m'a fixé pendant un long moment, ce qui m'a mise mal à l'aise. Puis, lorsque j'ai quitté sa chambre, il m'a seulement dit : « Tu as les plus beaux cheveux que je n'aie jamais vus. Reviens demain à la même heure. » Je ne vois pas ce que mes cheveux ont de spécial. Ils sont blonds, comme mes tantes, alors je ne vois pas où est la différence avec d'autres.

Le 11 septembre 1467

Cher journal,

Je suis traumatisée ! Je suis arrivée trente minutes plus tôt dans les appartements du comte et j'ai oublié de frapper à la porte. Ce que j'ai vu m'a tétanisée. Il était penché sur une servante, la tête dans son cou, et du sang s'échappait d'une plaie. Il s'est aussitôt retourné et j'ai bafouillé des excuses tout en quittant la pièce précipitamment. Je sais maintenant ce qu'il est : un vampire. Pourtant, je ne me suis pas enfuie du château. J'ai décidé de rester afin de mieux connaître sa nature. Les vampires sont inexistants en Écosse. Ils vivent en Roumanie, alors qu'est-ce qu'il fait par ici ? J'aimerais bien le savoir et la seule façon, c'est de le lui demander. Je devrais être effrayée par le fait qu'il soit un monstre assoiffé de sang. Toutefois, j'ai le pouvoir de lui jeter un sort si jamais il m'attaque, alors je suis quelque peu rassurée.

Le 12 septembre 1467

Cher journal,

Aujourd'hui, j'ai poursuivi mes tâches en faisant comme si rien ne s'était passé la veille. Bien sûr, je n'ai pas revu la servante dont Dragomir a bu le sang et je n'ose imaginer ce qui lui est arrivé. J'ai nettoyé sa chambre comme d'habitude, seulement, il n'était pas là. J'en étais soulagée. Pourtant, alors que je terminais mon travail, j'ai senti un courant d'air derrière moi et, lorsque je me suis retournée, il était là et me fixait de cet air insondable qui lui va si bien.

Qui es-tu ? m'a dit-il demandé.

Isla, lui ai-je répondu sans une once de peur dans la voix.

Tu ne me crains pas comme les autres...

En effet.

Il s'est rapproché si près que je sentais son souffle sur ma joue.

Tu devrais, a-t-il ajouté.

Puis, il a approché sa bouche de mon cou. Je suis restée clouée sur place, me demandant quel sort pourrait m'être utile pour me sortir de cette situation.

Je ne mange pas ceux qui ne se comportent pas en proie, a-t-il finalement dit en se reculant un peu. Quoique ton sang semble fort appétissant...

Si je peux me permettre, monsieur le comte, pourquoi être venu dans cet endroit ? Mes tantes semblent éprouver une certaine aversion pour vous.

Dragomir a laissé échapper un petit rire.

Il est très rare que les humaines ressentent autre chose qu'une attirance envers moi.

Croyez-moi, elles ne sont pas des femmes ordinaires.

Je n'en doute pas une seconde, puisque tu ne l'es pas non plus.

J'ignore s'il a compris que j'étais une sorcière, mais un petit frisson m'a traversé l'échine.

Je dois poursuivre mon travail, monsieur, ai-je alors dit. Bonne nuit.

Je suis partie en hâte, ne sachant décidemment pas quoi penser de lui. J'avais toutefois l'intuition qu'il n'était pas aussi mauvais que le pensaient mes tantes...

Le 14 septembre 1467

Cher journal, la semaine passe plus vite que je ne l'aurais imaginé. Ce château est captivant et ses habitants, encore plus. J'ai découvert que beaucoup de serviteurs du comte étaient des vampires. Ils ne nourrissent sur les servantes, mais ne les tuent pas toutes. D'ailleurs, Dragomir semble avoir interdit à quiconque de me toucher et je lui en suis reconnaissante. J'ai eu plusieurs conversations intéressantes avec lui. Il m'a expliqué avoir dû quitter son pays suite à un désaccord avec un membre de sa famille. Je ne lui en ai pas demandé plus. Il m'a posé des questions sur moi et je lui ai répondu assez vaguement. Je ne veux pas qu'il sache que je viens d'une famille de sorcières, mais je lui ai expliqué que mes parents étaient morts dans un incendie lorsque j'étais petite et que j'avais miraculeusement survécu. Cependant, je ne lui ai pas dit que c'était moi qui avais mis le feu à la maison...

Le 15 septembre 1467

Cher journal,

C'est déjà mon dernier jour de travail au Dark Castle. J'en suis même assez triste. Mes conversations avec Dragomir vont me manquer ! Hélas, je dois retourner à la maison avant que mes tantes ne reviennent.

Le 17 septembre 1467

Cher journal,

Dragomir a refusé de me laisser partir lorsque je lui ai donné ma démission. J'ai essayé de lui expliquer que je devais retourner chez moi, mais il n'a pas voulu m'écouter. Il m'a dit qu'aussi longtemps qu'il le voudrait, je resterais au Dark Castle. J'ai pleuré, je l'ai supplié, mais ça n'a servit à rien. Je suis désormais sa prisonnière pour un temps indéterminé. Je regrette de m'être rapprochée de lui. Où avais-je la tête ? S'il refuse que je parte, c'est parce qu'il me trouve divertissante. Je brise sa monotonie quotidienne. Toutefois, depuis qu'il m'a enfermée dans son château, j'ai arrêté de lui parler. Je continue mes tâches, mais l'ignore lorsqu'il me parle. Au début, ça l'amusait, mais maintenant, il essaie de me faire réagir d'une autre façon. Il me frôle lorsqu'il passe à côté de moi ou approche sa bouche de mon cou pour essayer de m'effrayer.

Le 20 septembre 1467

Cher journal,

Je sais que mes tantes me cherchent. J'entends leurs voix dans ma tête puisque nous communiquons par télépathie, mais je suis incapable de leur répondre. Y a-t-il un sort au château qui m'en empêche ? Je suis de plus en plus désespérée ; je ne mange plus et je reste dans ma chambre la plupart du temps. Je sais que ce n'est qu'une question de temps avant que Dragomir ne vienne m'accabler.

JE VEUX RENTRER CHEZ MOI !

Le 22 septembre 1467

Dragomir a finalement défoncé la porte de ma chambre et m'a trouvée à moitié morte de faim. Il a dû me donner de son sang pour que je survive. Ensuite, il m'a forcée à manger, me menaçant de me mordre si je ne le faisais pas. Je sais pourtant que jamais il ne le fera, car je compte pour lui. Et oui ! Je l'ai vu dans ses yeux. Il y a désormais une petite étincelle qui n'était pas là auparavant. Cependant, il est beaucoup trop vieux pour moi et je le lui ai dit. Il s'est contenté de balayer ma remarque d'un geste de la main.

Le 24 septembre 1467

Cher journal,

Dragomir m'a révélé ne jamais avoir apprécié quelqu'un autant que moi. Il a ajouté que, depuis qu'il m'avait rencontrée, sa vie était plus égayante. Jamais je n'aurais pensé qu'un vampire pouvait éprouver des sentiments. Si seulement je pouvais en informer mes tantes, elles ne le traiteraient plus de monstre. D'ailleurs, elles savent désormais où je me trouve, car elles ont envoyé une lettre de menaces à Dragomir. Ce dernier s'est contenté de la jeter au rebut. J'ai essayé de l'avertir que ce n'était pas une bonne idée d'embêter mes tantes mais, comme d'habitude, il n'en a fait qu'à sa tête.

Le 30 septembre 1467

Cher journal,

Ce qui s'est passé est épouvantable. Mes tantes ont jeté une malédiction sur le château. Elles ont maudit tous les vampires ! Ceux-ci sont condamnés à errer pour l'éternité comme des fantômes sans que qui que ce soit ne puisse les voir. J'ai appelé Dragomir, l'ai cherché, mais il n'a pas donné signe de vie. J'étais désespérée puisqu'il était devenu mon ami.

Mes tantes étaient ravies de me revoir, mais j'ai eu droit à des représailles et je suis privée de sortie jusqu'à la fin de mes jours. Toutefois, comme Dragomir a disparu, je n'ai plus le goût de rien.

Le 31 octobre 1467

Cher journal,

J'ai trouvé une façon de contrer la malédiction que mes tantes ont lancée sur le château. J'ai profité du fait qu'elles étaient sorties cueillir des plantes médicinales pour lancer une incantation. J'ai ajouté un petit élément à la malédiction et je l'ai inscrit dans leur livre de sorts à la suite de la leur : Si un jour une femme parvient à pénétrer les ténèbres du Dark Castle avec sa lumière, alors elle libèrera les vampires. Elle devra être tout le contraire de Dragomir.

Cependant, je crois que j'ai mal récité mon incantation, car il y a un élément que je ne voulais pas ajouter et qui s'y est inscrit. Je l'ai effacé du livre des sortilèges de mes tantes. Ce sera mon petit secret.

Si Dragomir tombe un jour amoureux, alors le vampire en lui mourra. 

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