Chapitre 8

Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais couchée dans mon lit. Mes pensées allèrent immédiatement à Dragomir Pietro, ce vampire sanguinaire qui avait osé s'en prendre à moi. Alarmée, je me redressai et inspectai la pièce pour me rendre compte que j'étais seule. Ouf !

— Ce n'était qu'un cauchemar, me dis-je en me laissant retomber dans les draps. Ça m'a parut si réel ! Je suis en train de perdre les pédales.

— Au contraire, tu es très lucide, fit une voix qui provenait de la salle de bain.

Je sursautai lorsque j'aperçus le vampire dans le cadre de porte. Oh non ! Je n'avais pas rêvé !

— Comment vas-tu ? interrogea-t-il d'un air qui se voulait inquiet. Tu t'es mise à faire une crise d'angoisse pendant que je m'abreuvais. J'ai dû te donner de mon sang pour que cela cesse.

— P...pardon ? Que voulez-vous dire ?

— Le sang des vampires a pour effet de guérir. Aussitôt que tu en as ingurgité, ta crise a cessé et tu t'es mise à dormir paisiblement.

Mon cœur se souleva et je courus vers les toilettes pour vomir. L'idée d'avaler du sang me soulevait l'estomac. Dragomir me caressa l'épaule tandis que j'étais affalée devant la cuvette.

— Ne t'en fais pas, me rassura le vampire. Tu n'en as consommé qu'une petite goutte. Mon sang est encore plus puissant que celui de mes semblables étant donné mon âge.

— Vous m'avez mordue...lui reprochai-je en me redressant. Sans mon consentement.

— Tu m'avais mis au défi de le faire ! rétorqua Dragomir. Habituellement, j'attends de mieux connaître ma proie. Si tu avais eu le SIDA, j'aurais pu faire une indigestion.

— Votre proie ? m'offusquai-je. Alors, je ne suis que de la nourriture sur pattes pour vous ? Vous êtes abominable !

— Habituellement, je me sers des humains comme repas, effectivement, mais je t'ai dit que tu étais spéciale. Je ne te ferai pas de mal, contrairement aux autres.

— Aux autres ?

Je songeai à mes amies, celles qui m'avaient accueillie comme l'une des leurs, qui ne m'avait pas jugée malgré ma personnalité plutôt rebelle et parfois irraisonnable. Je ne les connaissais pas depuis très longtemps, mais la complicité que nous avions développée était forte et je tenais à elles.

— Qu'allez-vous leur faire ? lui demandai-je. Je vous jure que si vous touchez à un seul cheveu de mes amies, je vous renvoie d'où vous venez par n'importe quel moyen !

Ce n'était peut-être pas très judicieux de ma part de le menacer, mais j'avais encore assez de force pour le défier. Après tout, que pouvait-il me faire de plus ? Boire mon sang ? C'était déjà fait !

Dragomir ouvrit la bouche pour répondre, mais des coups à la porte l'interrompirent.

— Or ! cria la voix de Grace de l'autre côté. Ouvre cette porte immédiatement !

— Elles ont essayé de la défoncer à trois reprises pendant que tu dormais, m'informa le vampire. Tu devrais leur répondre.

Je lui jetai un regard anxieux.

— Je ne leur ferai rien, si c'est ce qui t'inquiète. En plus, j'ai déjà mangé...

Quelle effronterie ! Son sens de l'humour de m'amusait pas.

Je m'empressai alors d'ouvrir et trouvai mes amies debout, les bras croisés. Elles poussèrent un soupir de soulagement lorsqu'elles me virent enfin.

— Enfin ! s'exclama Grace. Le professeur Arson est vraiment furieux que tu aies raté son cours. Il est sur le point de t'expulser du château.

— Ça va ? demanda Lina en me détaillant. Tu es toute blême !

— Oui...euh...je.

Dragomir apparut alors à son tour dans le cadre de porte, provoquant un émoi le plus total. Mes deux amies ouvrirent la bouche, estomaquées par la présence de l'individu.

— Elle a été légèrement malade, mais elle va mieux, maintenant, les informa Dragomir d'une voix assurée.

Il enroula son bras autour de mes épaules, ce qui me fit tressaillir. Il se permettait un peu trop de familiarité envers moi. Après tout, il m'avait peut-être espionnée, mais je ne connaissais rien de lui, si ce n'est des rumeurs peu flatteuses qui couraient à son sujet dans tout le château. Cependant, personne n'avait parlé de sa grande beauté et de son charisme troublant. Il devait embobiner ses victimes afin de les faire succomber. Comme il en avait probablement l'intention avec moi. Mais c'était mal de connaître !

Je me figeai en réalisant que j'étais probablement en danger...ainsi que mes amies.

— J'ai veillé sur elle toute la journée et je ne voulais pas qu'on la dérange de son sommeil réparateur, ajouta le vampire.

Lina hocha la tête, la bouche toujours ouverte, tandis que Grace fronçait les sourcils.

— Qui êtes-vous, Monsieur ? demanda-t-elle.

— Un nouveau professeur du château. Votre amie s'est installée par erreur dans ma chambre.

Un petit sourire amusé étira les lèvres de Grace et je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel.

— Nous nous reverrons très bientôt, mesdemoiselles, leur dit Dragomir.

— En passant, souligna Grace, Arson est très contrarié. Attends-toi à subir son courroux.

— Ne vous inquiétez pas, Arson comprendra, dit-il. Je lui expliquerai. Maintenant, si vous voulez bien nous excuser, Or doit encore se reposer.

Dragomir referma la porte tandis que je déglutissais.

Nous nous fixâmes en silence pendant un long moment.

— Donc, si je comprends bien, commençai-je, si je refuse de partager ma chambre avec vous, vous allez me séquestrer ici ?

— Hum...fit le vampire, l'air faussement songeur, ça ressemble à ça, oui.

Je secouai la tête, puis me dirigeai vers la penderie.

— Dans ce cas, je vais prendre une douche, et inutile de me suivre.

— Ne t'inquiète pas, je ne sauterai pas d'étape.

— Pardon ?

— Je ne te toucherai pas tout de suite. Je veux avant tout découvrir chaque parcelle de toi, te mettre à nue, mais pas que physiquement. Je veux occuper chacune de tes pensées, devenir ton obsession, ta raison de vivre, que nos corps se reconnaissent avant même de se voir.

Oh mon Dieu ! Ce type était carrément flippant ! Il n'aurait pas pu dire qu'il voulait que je devienne amoureuse de lui ? Non, il parlait d'obsession et de trucs délirants qui ne me seraient jamais passés par la tête. C'était un simple et pur maniaque du contrôle version vampire qui me donnait uniquement le goût de rester loin de lui, ce qui était malheureusement impossible. Pourrais-je le dégoûter au point qu'il ne veuille plus de moi ? Si je mangeais de l'ail, mon sang aurait-il un goût répugnant ? Ça valait la peine d'essayer, qui sait ?

— Comment pouvez-vous croire une seule seconde que je vais m'investir dans une relation avec un être qui n'a aucun amour à m'offrir ? lui demandai-je.

Le vampire fronça les sourcils et s'avança vers moi. Il semblait presque flotter puisqu'il ne faisait aucun bruit en se déplaçant.

Je clignai des yeux, hypnotisée par ses mouvements.

— Avouez que vous ne savez pas ce qu'est l'amour ! lui balançai-je. Aimer, c'est préférer un autre à soi-même et je ne suis pas sûre que ce soit votre cas. Vous semblez si...égoïste.

En vérité, je ne savais rien sur son passé, mais aucune dame Pietro n'avait été mentionnée dans l'histoire du Dark Castle. À moins qu'Arson n'ait mentionné ce détail la fois où il m'avait expulsée de son cours...

— Je sais ce qu'est l'amour, belle Aurore, me dit-il finalement en touchant une mèche de mes cheveux. Aimer, c'est se donner corps et âme.

— Ne m'appelez pas ainsi, m'enflammai-je en ignorait sa réponse. Vous n'en avez pas le droit.

— Je pensais que tu aimais « Roméo et Juliette », se moqua ce satané vampire.

Il m'avait certainement épiée lors de mon arrivée et ça me donnait froid dans le dos de savoir qu'il me suivait depuis ce jour.

— Vous n'avez rien en commun avec Roméo, lui certifiai-je.

— Et pourquoi cela ?

— Je ne suis pas naïve au point de croire que vous pourriez mourir de chagrin pour moi.

Un petit sourire amusé illumina ses traits.

— Tu ignores tout ce que je ferais pour toi, mon Aurore.

— Or, le coupai-je. Tout le monde m'appelle ainsi.

— Je comprends pourquoi...

Sa voix sensuelle était ensorcelante. Si je n'avais pas connu sa véritable nature, j'aurais pu me laisser séduire par cet homme, mais je savais que je ne devais pas le laisser m'approcher sinon j'étais fichue.

— Je ne suis pas un objet dont vous pouvez disposer comme bon vous semble, m'offusquai-je. Je suis celle qui vous a tiré de cette malédiction et je pourrais vous y renvoyer !

— En fait, non, car seule une sorcière le peut, alors cesse tes menaces. Maintenant que je suis là, plus personne ne peut m'arrêter.

L'arrêter ? Mais qu'avait-il l'intention d'accomplir ?

Je me faufilai dans la salle de bain pour mettre fin à cette conversation et verrouillai la porte. Lorsque le jet d'eau chaude émergea, je poussai un soupir de bien-être et mes muscles se détendirent instantanément. J'en oubliai presque la créature de la nuit qui se trouvait dans la pièce d'à côté.

Après ma douche, je m'enroulai dans un drap de bain et me dirigeai vers le petit tabouret sur lequel j'avais laissé mes vêtements. La salle était remplie de vapeur, presque comme dans un hammam. Je frottai le miroir avec mon poing afin de pouvoir m'y apercevoir mais, lorsque je remarquai deux reflets, je laissai échapper un cri d'horreur. Puis, je me retournai et aperçus le superbe vampire de mes cauchemars juste derrière moi. Son petit sourire en coin semblait démontrer à quel point il était fier de sa surprise.

— Eh oui ! Les vampires ont également un reflet, dit-il, l'air de rien.

— Que faites-vous ici ? hurlai-je. Comment êtes-vous entré ?

— Je venais vérifier si tu étais toujours vivante, répondit Dragomir, nullement impressionné par mon air courroucé. Et comme je t'ai mentionné, ce château m'obéit.

— Sortez immédiatement d'ici ! Vous m'avez dit vous-même que vous ne me toucheriez pas.

— Ça ne m'empêche pas de regarder.

Quel pervers !

J'avais envie de l'envoyer paître, mais je me souvins de quoi il était capable. Après tout, il m'avait presque vidée de mon sang. En plus, j'étais seulement recouverte d'une serviette et je me sentais vulnérable. Il aurait pu me violer s'il l'avait voulu et je sentis ma tête tourner à cette seule pensée.

— Tu parais faible tout d'un coup, remarqua Dragomir. À quand remonte ton dernier repas ? Tu dois reprendre des forces.

Le vampire marcha vers la porte et se tourna vers moi.

— Sois gentille et reste ici jusqu'à ce que je revienne, dit-il alors. Je vais aller te chercher quelque chose à manger.

Et il sortit comme un courant d'air, pour ne rien changer.

— Il ne connait même pas la nourriture que j'aime, bougonnai-je, tout de même soulagée qu'il soit parti.

Je me vêtis en vitesse, attachai mes longs cheveux en une queue de cheval et saisis rapidement un sac à dos dans lequel j'y fourrai quelques vêtements et le nécessaire pour un voyage improvisé. Pas le temps de tout apporter avec moi ! Tout ce que voulais, c'était fuir le plus loin possible de ce château de malheur.

Je songeai à mes nouvelles amies et me demandai ce que Dragomir ferait des élèves. Allait-il les tuer ou les laisser retourner chez eux ? Toutefois, nous parlions de Dragomir Pietro, alors la question ne se posait pas ; il n'en ferait qu'une bouchée !

Je m'échappai de la chambre et m'engouffrai dans les escaliers jusqu'au rez-de-chaussée. À moi la liberté ! Mais avant, je devais trouver mes amies sans tomber sur Dragomir, ou bien un autre de ses acolytes. 

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