Hey ! Je reviens assez rapidement avec un nouveau chapitre :) 

J'espère que vous avez un peu de temps devant vous car c'est le plus long de la fanfiction ( plus de 9 000  mots ^^"). Finalement c'est le long chapitre qui a remporté le plus de voix :) Par contre je n'ai pas réussi à tout caser dans cette partie donc au final vous allez avoir un second chapitre du PDV de Ravi et certainement d'une longueur similaire, si jamais vous trouvez  que ça fait trop dites le moi et je le couperai encore en deux :D

Il va y avoir beaucoup de nouveaux noms, donc n'hésitez pas à demander en commentaire de qui il s'agit, je vous répondrai avec plaisir :D

J'espère que vous passerez un bon moment et n'hésitez, encore une fois, pas à me laisser votre avis :)

Bonne lecture :3

[...]

Les mains crispées sur le volant, la mâchoire contractée à m'en faire mal, je surveille l'entrée du café de JongUp. Ma retenue s'effrite au fur et à mesure que je vois les gens pénétrer dans l'établissement, toute une horde de personnes que je ne connais pas et qui représente un danger potentiel pour mon oméga. Et pourtant je ne peux pas m'approcher plus que je ne le suis déjà, sinon c'est JongIn qui devra en payer le prix et je ne prendrai pas ce risque. Enfoiré de juge manipulateur.

Dans ma tête défile la conversation que j'ai eue avec le juge Moon dans l'après-midi. De son air satisfait à cette poignée de main qui m'avait hérissé les poils, Ravi avait bondit violement contre mes barrières mentales et j'avais eu du mal à le contenir. Une vague de rage inonde mes veines et c'est le bruit de la porte passagère qui s'ouvre qui me tire de mes pensées. Mon loup jappe joyeusement tandis que l'odeur de JongIn emplit l'habitacle et que l'alpha s'installe sur le siège.

- Shikie, qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne descends pas ? me questionne le brun.

- Je passais juste dans le coin et toi ?

Le brun ne semble pas me croire mais n'insiste pas, c'est certainement l'un des côtés que j'apprécie le plus chez lui, il ne force pas les gens à parler s'ils n'en ont pas envie. Bon il va essayer de les arnaquer pour qu'ils parlent d'eux-mêmes mais quand on le connait on sait comment ne pas se faire avoir aussi facilement.

- Je venais voir JongUp, Daehyun a dû t'envoyer un message aussi pour te dire qu'il était de retour.

En effet j'avais reçu le texto le matin même et j'avais dû prendre sur moi pour ne pas courir jusqu'au café et déserter mon poste dès la réception du message. J'hoche rapidement la tête et fixe mon regard devant moi, les yeux du brun posés sur moi me déstabilisent assez et je crève d'envie de tout lui dire mais je ne peux pas, ça fait partie des clauses de l'accord.

Je suis donc condamné à le regarder sortir puis s'adosser à un poteau pour qu'enfin, quelques minutes plus tard, l'oméga lui fasse signe de le rejoindre. Ils se retrouvent à l'arrière de la boutique, là où je n'ai pas de visuel et je sens la jalousie commencer à me consumer. J'ai beau me dire que c'est mieux pour eux deux, ni ma part humaine ni ma part lupine ne veut l'accepter. Tout ce que je veux c'est revendiquer le barista comme mien tout en gardant JongIn à mes côtés. Utopie.

Je ferme les yeux et, aussitôt que je baisse mes barrières mentales, les sensations que JongIn éprouve m'assaillent. Sans même le voir je sais qu'il se trouve proche de JongUp, je peux presque sentir le parfum de l'oméga sur mes papilles tant l'impression d'être à la place de mon ami est puissante. Pourtant ce n'est pas moi qui suis là-bas et, lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, je suis seul au volant de ma voiture. Je frappe rageusement le volant et grimace quand le klaxon vient m'écorcher les tympans.

Les heures s'égrènent avec lenteur alors que j'ai l'impression que chaque seconde cloitrée dans ce véhicule me rapproche de la folie. J'ai très mal vécu la rupture du lien que j'avais avec l'oméga et Ravi est sur les crocs. Il supporte très mal cette nouvelle situation et je ne suis pas mieux. Chaque instant passé est une lutte pour ne pas rentrer dans ce putain de café pour en revendiquer le propriétaire en tant que compagnon, et seule la peur de blesser JongIn me retient de bouger. Pourtant je ne sais pas si ce sera suffisant si la situation vient à perdurer.

Depuis plusieurs minutes à présent le flot de personne se fait en sens inverse, la soirée se termine et les derniers clients sont en train de quitter les lieux. Près d'une heure plus tard la serveuse blonde, qui devait être le dernier membre du personnel présent et dont je n'ai pas pris la peine de retenir le nom, quitte l'établissement et au même moment un message de JongIn me parvient pour m'annoncer qu'il raccompagnait l'oméga chez lui et donc qu'il n'allait plus tarder à rentrer à notre appartement après. Rassuré, JongUp était entre de bonnes mains avec un alpha aussi redoutable que le brun, je me mis en route pour son domicile, histoire de vérifier que tout était clean et qu'il pouvait rentrer en toute sécurité chez lui.

Je fais ronronner le moteur avec plaisir et démarre dans un crissement de pneus. Je sais que je dépasse de loin les limites autorisées mais sur le coup je m'en moque tellement que je ne ralentis pas le moins du monde. Le domicile de l'ancien blond, maintenant devenu bleu de ce que j'avais pu entrapercevoir, se profile rapidement devant moi et je me gare à l'arrache sur le trottoir d'en face en ne prenant même pas la peine de couper le contact, vérifier les lieux ne me prendra pas plus de cinq minutes et peu de délinquants seraient assez suicidaires pour piquer la voiture d'un alpha.

Je referme la portière dans un mouvement brusque et traverse la rue à grandes enjambées. L'endroit semble désert, il n'y a pas un bruit, pas d'odeur et juste quelques lumières sont allumées dans les appartements voisins de celui de l'oméga. C'est justement ce qui me fait tiquer et je retourne rapidement à la voiture récupérer mon arme de service dans le coffre. Je vérifie la sécurité et les munitions avant de me saisir de mon téléphone et de lancer un appel. Mon interlocuteur décroche à la deuxième sonnerie.

- WonSik, un problème ? demande la voix grave de mon coéquipier.

- Je crois ouais, tu es toujours au poste ?

- J'allais partir, qu'est ce qui se passe ?

J'entends via le combiné que l'alpha s'est figé et a calibré son attention uniquement sur mes propos.

- Je suis devant chez JongUp, il y a quelque chose de bizarre. Pas de bruit, pas d'odeurs, pas de passants, c'est désertique. Les lumières sont allumées mais je n'ai pas vu une seule silhouette passer devant, il y a quelque chose de pas net.

- Très bien, WonSik, va en éclaireur vérifier s'il y a un problème. Je t'envoie une équipe en soutien mais ne prend pas de risques inutiles, interrompt la voix d'Heechul.

Je me doute qu'il a tout entendu depuis le début de la conversation et ça m'arrange car je n'ai pas besoin de répéter et donc je gagne du temps. Je réponds à l'affirmative et retourne devant la porte principale. Celle-ci est entrouverte ce à quoi je n'avais pas préter attention quelques minutes plus tôt, la poignée a été de toute évidence forcée et cette fois-ci, certain que quelque chose ne tourne définitivement pas rond dans cet immeuble, je m'aventure dans le hall après avoir enlevé la sécurité de mon arme.

Les odeurs m'agressent la truffe à peine ai-je mis un pied à l'intérieur alors qu'il n'y en avait aucune de l'autre côté de la porte ; un travail de sorcier, et d'un bon. Je me tends d'avantage, un sorcier n'est pas à prendre à la légère et celui-là s'est visiblement donné beaucoup de mal pour isoler ce bâtiment du reste du monde. Ravi repère l'odeur de sang bien avant moi et m'envoie des signaux d'alerte, ce qu'il s'est passé ici n'allait pas être joli à voir.

Seule la loge du gardien se trouve au rez-de-chaussée, dans un renfoncement sur la droite, invisible si l'on n'y prête pas attention. Le store est fermé mais la porte de la petite salle est légèrement entrebâillée. En m'approchant le parfum métallique se fait plus prononcer et en baissant les yeux au sol j'aperçois une flaque sombre s'écouler. Me doutant de ce que je vais trouver je pousse le battant de bois avec précaution mais personne ne semble se trouver à l'intérieur, personne de vivante en tout cas.

Une jeune femme d'une trentaine d'années est allongée sur le sol, la gorge tranchée. Ses grands yeux de biches sont encore écarquillés par la terreur et sa bouche ouverte en une supplique muette. Elle n'avait aucune chance de s'en sortir avec une plaie pareille, je m'agenouille en faisant attention à ne pas tremper dans l'hémoglobine qui couvre le carrelage, et lui ferme les yeux en signe de respect. Je me relève et referme la porte avec la clé que je trouve sur le bureau, juste à côté des Inari Sushis tout juste entamés. Je préfère éviter que quelqu'un tombe sur cette scène.

L'arme pointée devant moi j'inspecte le reste du bas de l'immeuble avant de me diriger vers l'escalier et d'accéder au premier étage. Toujours aucun bruit ne me parvient ce qui me conforte dans ma sensation de malaise, les lumières de cet étage sont allumées ce qui ne seraient pas le cas s'il n'y avait personne. Je régule mon souffle, me colle au mur gauche et avance dans le couloir jusqu'à me trouver devant la première porte du niveau. Je la pousse doucement et entre dans la pièce. Je range mon arme en constatant l'absence de danger et m'avance un peu plus dans l'appartement. L'odeur de sang y est plus forte et je ne suis pas étonné lorsque je ne tombe pas face à face avec un cadavre mais avec quatre.

Le lieu était visiblement une colocation étudiante si j'en crois le planning de répartition des tâches qui traine sur l'une des tables ainsi que les différents manuels. Les victimes sont toutes des hommes et n'ont pas eu la même chance si l'on peut dire que la réceptionniste. Le premier dont je m'approche a été roué de coups probablement jusqu'à la mort, certains de ses membres sont tordus dans des angles étranges et je grimace en sentant la peur et la douleur qu'il a dû ressentir. Je prends son pouls mais comme je m'y attendais, je ne sens rien d'autre que la fraicheur de sa peau contre mes doigts.

Deux autres sont adossés au mur, blottis l'un contre l'autre, ils semblent bien plus jeunes. Je ne leur donne pas plus d'une vingtaine d'années, le point d'entrée d'une balle se trouvant sur leur tempe m'évite de me poser des questions sur une potentielle survie et je viens clore avec une douceur rare les paupières de celui aux longs cheveux blonds.

Le dernier a dû essayer de se défendre au vu du bazar qui règne autour de son corps. Les meubles ont été décalés et sont maculés de sang, du sien mais peut-être aussi de celui de son assassin. La silhouette musclée est étendue sur le sol, au milieu de débris de verre tranchants, des bouts d'os et de matière organiques gisent autour de son crâne. Encore une fois le jeune homme n'a pas survécu. Je serre les dents en me demandant ce qu'il s'est passé dans ce bâtiment et combien d'autres cadavres je vais devoir trouver. J'envoie un message à Yongguk pour le tenir informé et il me répond dans la seconde qu'ils ne seront pas là avant plus d'une demi-heure, un carambolage violent bouchant les voies d'accès. Je peste, cette soirée est de pire en pire.

Le deuxième appartement s'avère être vide, les locataires ont échappé de peu à une mort pour le moins certaine. Les habitants du dernier logement du niveau n'ont pas eu cette chance. Les corps sont à peine identifiables alors je préfère ne pas m'attarder sur les visages, voir régulièrement des macchabées ne veut pas dire qu'on s'habitue à la cruauté et au sadisme dont l'être humain peut faire preuve. Les deux ont été frappés à de multiples reprises de ce que je peux voir, des éclaboussures de sang couvrent les murs et la trace de main m'informe que l'un deux à essayer de se trainer plus loin. Sans succès. L'homme couvre sa compagne de son corps, tel un bouclier de chair et je tends l'oreille en croyant en entendre quelque chose.

C'est ténu et irrégulier mais je parviens enfin à le saisir, ce faible souffle. Ce petit espoir qui semblait ne pas exister en cette soirée. Je pousse le grand corps et je peux la voir, ce petit bout de femme dont le torse se soulève faiblement. Un gémissement de douleur franchit ses lèvres et je m'empresse d'essayer de la rassurer quand je perçois son pouls s'accélérer brusquement. En même temps je prends mon téléphone et demande une ambulance de toute urgence, je leur donne mon identité, l'état de la victime et l'adresse avant de raccrocher. Ils seront là dans quinze minutes mais je ne sais pas si elle tiendra jusque-là. C'est déjà un miracle en soit qu'elle ai survécu jusqu'ici.

Brusquement j'entends du bruit provenir du rez-de-chaussée et je saute sur mes pieds avant de me précipiter dans le couloir, arme au poing. Une silhouette se dessine au bout de l'allée et je le mets en joue.

- Mains en évidence et à genoux ! ordonné-je.

- Non mais ça va pas ? Tu as de l'espoir mon vieux.

- JongIn ? Mais qu'est-ce que tu fous là ? demandé-je en abaissant le pistolet.

- Heu tu ne te souviens pas que je t'ai dit que je ramenais JongUp chez lui ? C'est plutôt à moi de te demander ce que tu fais là et, surtout, qu'est-ce que c'est que cette boucherie ?

- Ah putain, c'est vrai. Trop long à expliquer, il est à l'abri ?

- Ouais à double tour dans la voiture normalement.

- Tu as vérifié ? Maintenant que tu es là file moi un coup de main, j'ai une blessée grave dans l'appartement du fond, reste avec elle en attendant les secours.

- Heu non, hésite le brun, mais ça va le faire, il n'est pas assez irresponsable pour se mettre en danger. Ok chef !

Je reste sceptique face au propos de l'alpha, il n'a pas l'air de se souvenir dans quelles conditions nous avons fait la rencontre de l'oméga pour assurer de telles choses. Cependant je n'ai pas le temps de m'attarder dessus, il faut que j'aille sécuriser le second étage. JongIn va dans la direction indiquée avec une démarche assurée quoique un peu raide et je grimpe les marches que me séparent de ma cible finale.

Le premier logement que je trouve est épinglé d'un grand écriteau "A LOUER" et je le passe sans m'y attarder. Une odeur aigre et métallique m'irrite les sinus lorsque j'arrive devant le deuxième habitacle de l'étage. Le même spectacle morbide se dévoile sous mes yeux, un jeune homme est littéralement épinglé au mur, comme l'aurait fait un taxidermiste avec un papillon. Chacune de ses mains est transpercée par un couteau de cuisine et il s'en retrouve maintenu debout contre le mur malgré son inconscience évidente. Son tee-shirt blanc est imbibé de sang et en me rapprochant je peux voir plusieurs lacérations profondes zébrer son torse.

Je suis surpris de percevoir un souffle tremblant et je m'empresse de le décrocher du mur. Je laisse les lames en place pour ne pas augmenter les dégâts et appelle une nouvelle fois l'hôpital en demandant des ambulances supplémentaires. Heechul a visiblement été plus prévoyant et réactif que moi sur ce coup-là puisque la standardiste m'informe que six véhicules sont en chemin et que d'autres se tiennent prêt à partir au besoin. Je raccroche et passe à la pièce suivante.

Je bondis sur le côté en esquivant le coup et contre au deuxième assaut. Une adolescente à la coupe garçonne me fait face, les membres tremblants et le regard larmoyant. Derrière elle je vois qu'il y a homme, prostré au sol et visiblement blessé.

- Hey, calme-toi, je suis de la police d'accord ? Je suis là pour vous aider, regarde j'ai ma plaque, me justifié-je en sortant le carré officiel de ma poche.

La jeune fille me jette un regard terrifié et refuse de baisser son arme de fortune.

- JeongYeon, laisse le passer, souffle le béta derrière elle d'une voix hachée.

- Mais oppa...

- Si ce n'était pas un policier et qu'il était avec eux on serait mort alors s'il te plait calme toi et laisse le faire son travail.

La brunette laisse tomber son arme de fortune sur le sol et se jette dans les bras du plus âgé dont je peux enfin m'approcher. Il a l'air plus jeune que moi même si ce ne doit pas être de beaucoup.

- Je suis l'officier Kim WonSik, êtes-vous blessé ?

- Je m'appelle Lee JaeHyeong et voici JeongYeon, ma petite sœur. Vous avez vu MinSung ? Il va bien ?

Sa voix est hachée et une quinte de toux lui fait tousser quelques gouttes d'hémoglobine. Je le maintiens au sol lorsqu'il fait mine de se relever et je sens mes mains devenir poisseuses de sang. Certainement l'adrénaline qui lui fait oublier la douleur pour le moment mais ses blessures ont l'air sérieuses même si je ne suis pas médecin et que je n'ai pas un bon visuel dessus.

- Ne bougez pas. Les ambulances arrivent et vous allez être pris en charge. Petite, je te confie la tache de veiller sur ton frère, je vais vérifier si vos voisins vont bien, d'accord ?

L'adolescente secoue la tête avec vigueur et m'attrape la manche lorsque je fais mine de partir.

- JongUp n'est pas encore rentré, c'est le garçon qui habite tout au fond du couloir mais je crois que Mark et son père sont là. S'il vous plait, faites qu'ils aillent bien, supplie la jeune fille.

Je me défais de son emprise d'une main et retourne sur mes pas. Le garçon dans la première pièce est toujours inconscient mais semble toujours respirer, j'espère juste qu'il tiendra jusqu'à l'arrivée des secours. Du bruit se fait entendre du dernier appartement qui doit être occupé pour ce soir, je m'y précipite l'arme à nouveau prête et enfonce violement la porte.

Les individus présents se figent. J'identifie rapidement les habitants des lieux, un adolescent d'une quinzaine d'années recroquevillé sous la fenêtre et un homme adulte, un alpha qui fait face à cinq autres personnes, armées.

- Ah. Un emmerdeur... souffle l'un d'eux.

Pour une raison que je ne m'explique pas ils me paraissent familiers, comme des réminiscences d'un mauvais songe. Seul l'un d'entre eux m'est totalement inconnu, un alpha de ma taille mais plus large et au visage de glace.

- On s'arrache, évitez de laisser des témoins, c'est dérangeant.

Il a un accent à peine perceptible mais pourtant bien présent. Je tire lorsque l'un d'eux fait mine de plonger une lame dans la poitrine du père de famille, un autre dévie ma trajectoire et la balle va se perdre dans le mur. L'arme m'échappe des mains et l'asperge à l'air jugeur me saute dessus. Je bloque le premier coup qui visait ma gorge mais ne tient pas compte de la main qui vise ma cuisse car dépourvue d'arme. Mauvaise idée car sans que je m'y attende ses ongles se transforment en puissantes griffes et me lacèrent la chair sur vingt bons centimètres. Surpris je retiens le rugissement de douleur qui menaçait de sortir et repousse le plus jeune. Du coin de l'œil j'aperçois l'homme que je me dois de protéger être expédier contre le mur et retomber telle une poupée de chiffon.

Trois des hommes sont sortis pendant la rixe, seul l'un d'eux reste et me regarde moqueur. Sa peau caramel interpelle ma conscience, je connais cet alpha.

- Et bien, WonShikie ? Je pensais que tu aurais progressé depuis le temps, c'est assez décevant.

- C'est impossible...

Erreur de débutant. J'ai quitté du regard mon adversaire, interpellé par les paroles de son équipier, et celui-ci en a profité pour m'expédier au tapis sans ménagement. Son coude me broie la trachée tandis que ses jambes bloquent le reste de mon corps au sol. Je rue comme pas possible pour me défaire de son emprise mais sans succès. A bout de solutions et commençant à voir trouble à cause du manque d'air, je laisse Ravi prendre le contrôle et me glisse dans ma forme lupine. Mes os se cassent pour mieux se réarranger et une fourrure blanche ne tarde pas à venir ma recouvrir. Mes griffes raclent la moquette avec anticipation : la chasse est ouverte.

- Désolé le bleu mais on n'a pas le temps de jouer avec toi aujourd'hui, on se reverra une prochaine fois. Quant à vous, estimez-vous chanceux, vous allez vivre un peu plus longtemps, susurre vicieusement le spectateur en se reculant dans le couloir.

Je bondis sur lui, crocs prêts à déchiqueter la chair bronzée mais une poigne solide m'empoigne par le cou et entrave mes mouvements. Aucune odeur ne me parvient de l'individu, juste de la magie qui me fait éternuer de par sa concentration beaucoup trop importante pour ma truffe sensible.

- Alala, tu ne peux pas rester tranquille ? C'est embêtant à force, bougonne l'alpha. Bon pas le choix, on va utiliser ça !

- On peut aussi le tuer, tranche une voix plus grave proche de mon oreille, ça serait fait.

- Mais beaucoup moins drôle qu'il se réveille pour constater son échec.

Je redouble d'effort pour me libérer de la poigne de fer mais mes pattes ne font que patiner dans le vide sans faire bouger mon opposant d'un seul pas. L'inconnu à la peau dorée sort une tissu et l'appose sur ma truffe, je lutte quelques instants pour ne pas respirer mais le besoin se fait trop fort et je finis par inhaler la substance. Je sens mes sens se brouiller et le monde se mettre à tourner alors que je perds pied avec la réalité. Les sons sont distordus, les couleurs et contours des objets se déforment. Je n'ai même pas conscience mes pattes qui se dérobent sous mon poids ni de ma tête qui s'écrase lourdement sur le sol. Je suis présent sans l'être, une première, les alphas étant particulièrement résistants je n'ai jamais faiblit que ce soit face à de la drogue ou de l'alcool. Mon organisme est créé pour y résister, pourtant cette fois, je sombre sans pouvoir rien contrôler et une vague de panique s'abat sur moi alors que Ravi me communique son incompréhension.

[...]

Le réveil semble survenir des années lumières plus tard et une sensation de gueule de bois carabinée me vrille le crâne et les tripes. La sensation de me faire secouer comme un malpropre ne vient pas de mon rêve mais bel et bien de JongIn qui, penché au-dessus de moi, me balance dans tous les sens. Je suis donc redevenu humain pendant mon sommeil forcé.

- Si tu me bouges encore une fois je te dégueule dessus, tu es prévenu, grondé-je.

- Ton vocabulaire ! Et c'est dégueu, s'offusque le brun en se reculant.

Je m'assois péniblement et jette un regard assassin à mon ami lorsqu'il fait mine de m'aider. J'ai été en position de faiblesse trop récemment pour accepter une quelconque aide, peu importe de qui elle provient. JongIn lève les yeux au ciel et j'ai presque l'impression de percevoir Kai éternuer son mépris envers ma personne.

- Qu'est-ce que j'ai manqué ?

- Pas grand-chose. Les ambulances viennent tout juste d'arriver, avec l'accident sur la voie elles ont été pas mal retardées, tes collègues également. Yongguk est en train de faire évacuer les curieux avec quelques personnes. De ce que j'ai pu glaner il y a six morts confirmés, trois dans un état critique et un blessé grave mais dont les jours ne sont pas en danger pour autant. Les deux ados sont traumatisés mais n'ont pas de blessures physiques.

- Et les meurtriers ?

- Disparus sans laisser aucune trace. Ils étaient déjà partis lorsque la police est arrivée mais ce qui est bizarre c'est que je n'en ai vu aucun passer, c'est comme s'ils s'étaient volatilisés.

Je grogne de mécontentement à l'idée qu'ils aient pu s'échapper aussi facilement et que je me sois fait avoir comme un bleu. JongIn se relève et je l'imite avec un peu plus de difficultés, mes jambes tremblent légèrement et je prends quelques secondes pour me stabiliser. C'est avec précaution que je m'avance dans le couloir, la police scientifique n'est pas encore arrivée alors c'est encore désert pour ne pas que les scènes soient trop contaminées, déjà qu'avec le passage des secours des preuves allaient être altérées.

- Ah, je leur ai dit que tu vérifiais quelque chose en haut donc ils ne savent pas pour ton évanouissement. Je te laisse gérer ça, je me suis dit que tu n'aimerais pas être exposé de cette façon.

- Merci, t'es le meilleur, soupiré-je, soulagé d'un poids invisible. Putain, dis-moi que JongUp va bien.

Le brun grimace en me regardant puis me tend un caleçon qu'il a dû choper dans une des armoires et me passe son long manteau. Me balader nu dans les couloirs n'est pas forcément une bonne idée.

- Ah vrai dire je ne suis pas encore sorti, j'étais occupé à réveiller la belle au bois dormant si tu ne te souviens pas.

- Merde !

Je titube dans les escaliers, mon frère de crocs se tenant à mes côtés au cas où je faiblisse. Je passe la porte principale avec difficultés et m'élance dans la rue en ignorant les appels de Yongguk qui avait dû m'apercevoir. Le 4X4 anthracite de JongIn est garé juste un peu plus loin dans la rue et on se dirige rapidement vers lui.

Un grondement sourd nous fait nous stopper lorsque l'on arrive à sa hauteur et un loup noir, invisible dans la nuit, s'avance en grognant. La queue entre les pattes, les oreilles plaquées sur le crâne, ce n'est pas JongUp qui est aux commandes mais son loup. En témoigne ses prunelles bleu glacier qui nous fixent avec férocité ainsi que le brusque changement d'attitude lorsque le canidé reconnait nos odeurs. Il s'avance en trottinant, toute méfiance envolée et vient nous lécher le bout des doigts et remuant doucement la queue.

Il s'assoit sur son derrière et je fais de même sur le bitume glacial, rassuré de voir qu'il va bien. Pour l'instant je me fiche de l'accord que j'ai pu conclure avec le juge, j'ai juste besoin de m'assurer qu'il n'a rien et j'enfouis le nez dans son pelage onyx en inspirant à plein poumon. Je sens que JongIn fait de même du côté de droit de l'oméga et ce dernier jappe joyeusement en nous couvrant le menton et les joues de bave.

- Dis donc toi, je croyais qu'on avait dit "dans la voiture", le réprimande affectueusement JongIn.

Le loup éternue et adresse un sourire lupin en papillonnant de ses grands yeux clairs à l'alpha brun. Je souris en lui gratouillant les oreilles, mon inquiétude commençant à redescendre et il vient frotter sa grosse tête poilue contre mon torse. Un couinement inquiet s'échappe du canidé alors que sa langue râpeuse vient lécher la plaie sur ma cuisse, je grimace et l'en éloigne doucement. Ses oreilles sont de nouveau rabattues en arrière et il affiche un air contrit.

- Hey, c'est pas de ta faute mon grand, ok ?

L'oméga se couche sur le dos et nous offre son ventre, JongIn est le premier à lui faire une caresse puis je fais de même et l'invite à se redresser. Je suis un peu déçu de savoir que le loup de JongUp nous reconnait et se soumet sans qu'on ne lui demande alors que l'humain a dû mal à ne pas nous fuir. J'adorerais que ses deux parties m'acceptent, ou plutôt nous acceptent, je tiens trop au journaliste pour vouloir le mettre de côté.

- Très bien, la question maintenant est qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire de toi...

- D'eux, plutôt, me corrige JongIn en désignant sa voiture du menton.

Je vois alors trois petites têtes apparaître à la vitre et si je reconnais rapidement celle de ce sale gamin de Yuta, je n'ai en revanche aucune idée de qui sont les autres.

- Tu m'expliques ?

- Longue histoire mais le problème reste le même. On les emmène à l'appart ?

Ravi grogne intérieurement. Autant, je suis comme lui, je n'ai aucun soucis à ce que l'oméga vienne sur mon territoire autant je n'ai aucune envie d'y accepter les microbes. Cependant je n'ai pas cinquante propositions à faire pour ce soir et je commence à fatiguer. Le loup noir jappe joyeusement et je prends ça comme un accord de sa part, j'espère juste que sa part humaine est également consentante.

- Bon tu peux y aller, de toute façon tu connais la procédure ?

- Ouaip, demain matin au poste à la première heure pour faire ma déposition. Je commence à avoir l'habitude, taquine le brun. J'y vais, on se voit à l'appart !

Je caresse une dernière fois l'animal charbon avant que JongIn n'ouvre la portière et qu'il ne bondisse sur le siège passager. Je file alors devant l'immeuble où je demande à faire transmettre l'information comme quoi JongIn va quitter le périmètre et donc qu'il serait sympathique qu'il puisse passer le barrage de police. Heechul valide l'ordre en soupirant et seulement une fois que je lui ai fait la promesse que le journaliste serait présent pour donner son témoignage le lendemain matin, sans faute.

Je lui résume la situation, ainsi qu'à mon équipier et le reste de notre équipe avant que le légiste n'arrive. La haute stature de JunHong se distingue du reste de la foule policière tout comme ses bouclettes nouvellement rose vif. Il est accompagné par deux femmes dans la vingtaine, l'une avec un air de poupée vêtue de cuir et une autre avec des joues rebondies habillée d'un tailleur crème. Je n'ai jamais vu ni l'une ni l'autre.

- Ah officiers Kim, Bang, commandant et messieurs, quel plaisir de vous revoir en plein milieu de la nuit !

- Zelo, il est trois heures du mat', j'ai sommeil, j'ai faim donc si on pouvait juste faire ça rapidement et en reparler demain ce serait parfait, grommelle Yongguk.

- Très bien, allez les filles, on a du boulot qui nous attend !

Le géant disparait rapidement à l'intérieur du bâtiment, manquant par la même occasion de percuter l'urgentiste qui portait l'avant d'un brancard. Les reflets des lumières des voitures de police et des ambulances donnent un côté irréaliste à la scène. Il approche les quatre heures trente lorsque les premières civières mortuaires quittent le bâtiment après avoir subi les premiers examens par JunHong et il faut encore une demi-heure de plus pour que ce soit le tour de la dernière.

- Cette affaire sent les emmerdes à des kilomètres, qu'est que tu as encore trouvé, se plaint le frisé.

- Je fais ce que je peux, c'est pas comme si c'était fait exprès.

- Très bien... Bon rentrez tous chez vous pour ce soir et reposez-vous, je vous veux en forme pour demain huit heures. WonSik, tu gardes un œil sur monsieur Moon et sur JongIn ok ? Il était peut être une cible alors ne prenons pas de risques, l'autre locataire absent est à l'étranger pour encore une semaine donc il ne craint rien. Allez, foutez-moi le camp les gosses.

Je décampe sans me faire prier ayant hâte de retourner à ma tanière. J'ignore les limitations de vitesse et grille deux feux rouges avant d'y arriver. Mes incartades m'ont fait gagner près de quinze minutes de trajet.

Lorsque j'entre dans l'appartement pas un bruit ne règne mais l'odeur familière me détend et je sens Ravi soupirer de bonheur. JongIn est adossé à la table de la cuisine, un verre à la main et une bouteille de Yamazaki single malt entamée sur le plan de travail. Il m'en tend un lorsque j'arrive à sa portée et je n'attends pas plus pour faire couler le puissant alcool dans ma trachée.

- Je croyais que tu n'étais pas fan des alcools forts ?

- J'en avais besoin sinon j'allais m'endormir sur place.

J'hoche la tête pour signifier que je comprends son choix et me laisse tomber sur une chaise. Pour une fois rentrer à la maison n'était pas synonyme de résolution des problèmes. A présent que l'oméga est sécurité, je peux le voir coucher sur le tapis du salon depuis ma place, j'allais devoir reprendre mes distances. Je ne peux pas en être trop proche car j'aurais de plus en plus de mal à m'en éloigner et JongIn en subirait les conséquences. Il a déjà tout perdu une première fois par ma faute, je ne laisserai pas ça se reproduire une seconde fois. A partir de maintenant je dois me concentrer que ma fonction de garde du corps officieux et rien d'autre.

- Tu comptes me dire ce qui ne va pas ou je vais devoir jouer aux devinettes ?

- Tu veux dire à part le fait d'être tombé sur une véritable boucherie, d'avoir été neutralisé comme un débutant et de devoir partager mon territoire avec des inconnus ?

- Oui, outre ça. Ne me prends pas pour un idiot, tu as déjà vu pire. Ensuite ce ne sont que des gamins. Et moi je te parle du fait que d'un coup tu essaies d'esquiver JongUp et que tu es distant. C'est quoi le souci ?

- Je ne l'esquive pas.

- Ah oui ? Donc c'est totalement normal que tu ne sois pas allé le voir alors qu'il est à ta portée et certainement traumatisé ? Alors que d'habitude tu as dû mal à le quitter des yeux plus d'une minute et que tu t'es à moitié battu avec un gosse de huit ans pour un câlin ?

Je ne réponds pas tout de suite et mon attention est détournée par une sensation de fraicheur humide contre ma cuisse blessée. Le loup noir s'est levé pendant que nous parlions et est venu caler sa truffe sur ma jambe. Un glapissement inquiet est émis avant qu'il ne me donne des petits coups de tête et qu'il ne léchouille la plaie tout juste refermée. Je ne réponds pas à la demande presque muette et maintiens les bras le long de mon corps, les muscles tendus tant cet acte pourtant simple me demande de mobiliser tout mon self-control.

Son museau vient secouer ma main pendante et je la ramène contre mon torse en croisant les bras. Il glapit tristement et part se frotter contre les jambes de JongIn, les oreilles aplaties et la queue basse. L'alpha claque la langue contre son palais, agacé, en me regardant et s'accroupit pour caresser le loup. La bête noire se blottit tristement contre lui et manque de ronronner sous les marques d'affection que lui procure le brun.

Je serre les poings et les dents, frustré de ne pas pouvoir faire de même et de devoir simplement les regarder sans pouvoir m'approcher. Le regard de JongIn s'adoucit pour finalement devenir suspicieux et je me force à me détendre légèrement pour ne pas piquer d'avantage sa curiosité.

- Je ne vois pas de quoi tu parles. Je suis fatigué, je vais aller me coucher.

- Sérieux ? Tu fuis ?

J'ignore la provocation et sors de la pièce sans un regard en arrière. Le gémissement peiné qui résonne me brise le cœur mais je ne me retourne pas et me laisse glisser dos à la porte dès que je suis arrivé dans ma chambre. La pièce pourtant familière ne suffit pas à me réconforter et c'est à pas lents que je me relève pour aller prendre une douche dans la salle de bain attenante. L'eau glaciale me fait un bien fou et j'arrive enfin à réfléchir calmement, chose impossible avec l'oméga dans les parages. Je me sèche sommairement avant de changer de forme et de me rouler en boule au pied du lit

[...]

Le réveil est rude, à peine deux heures après que je me sois endormi et l'alarme stridente me tire un grognement mécontent. Le changement en forme humaine me tire douloureusement les muscles mais l'avantage c'est que la plaie, qui n'était pas trop profonde, a presque entièrement cicatrisée grâce aux transformations successives. La chair est encore légèrement rosée et la gêne un peu présente mais rien de bien handicapant.

Je m'habille rapidement et vais discrètement jeter un œil dans la chambre de JongIn. Les trois garçons sont endormis dans le grand lit de l'alpha et les deux plus âgés entourent le plus petit dans une étreinte protectrice. Le petit loup noir est couché en bout de lit et secoue timidement la queue en m'apercevant. Avec un pincement au cœur je me détourne et quitte silencieusement la pièce.

Les yeux d'or liquide de Kai me transpercent dès que je mets un pied dans le salon. L'énorme loup brun est assis sur le tapis du salon et me toise du regard. Je serre les dents pour ne pas céder à la provocation plus qu'évidente, je ne dois pas craquer, et quitte l'appartement. Perdu dans mes pensées je ne vois même pas passer le trajet pour aller au poste et je suis presque surpris d'être déjà arrivé lorsque je me reconnecte avec la réalité.

Yongguk est déjà présent et affairé à son bureau. Je le salue de loin et fait de même avec Heechul avant de rejoindre mon propre espace de travail. Je m'installe dans un soupir et allume l'ordinateur pour commencer la rédaction du rapport d'incident. Cette activité me prend un bon moment et lorsque mon équipier passe la porte de mon bureau je viens à peine de poser le point final.

- WonSik ? Je pensais aller voir Jun Hong pour savoir où il en était dans les examens des victimes, tu veux m'accompagner ?

- Parfait, j'allais y aller.

J'emboite le pas à mon aîné et ensemble on descend à la morgue. On y trouve Jun Hong affublé d'une large blouse qui avait dû être blanche et accompagné des deux mêmes filles que la dernière fois.

- Zelo ! Qu'est-ce que tu as pour nous ? demande Bang de sa voix grave.

- Suivez-moi, je vais vous montrer. Bom, tu peux aller me chercher les dossiers sur le bureau ?

La jeune femme à l'air de poupée s'incline respectueusement avant de filer chercher les papiers demandés.

- Des stagiaires ?

- Oui, Bom est en dernière année et Chung Ha en troisième année, elles vont observer pendant un mois à peu près donc ne me les traumatisées pas, merci. Ah et le labo m'a transmis leurs identités donc j'ai des noms à mettre sur nos macchabés.

- Comme si c'était notre genre...

Le légiste préfère ne pas répondre et se contente d'hausser un sourcil dubitatif avant de nous faire nous arrêter devant le premier corps. Bom revient à ce moment-là avec les feuilles. L'homme aux bouclettes roses s'en saisit et remercie l'étudiante dans un sourire.

Je reconnais la jeune femme allongée sur la table de métal, c'est la première que j'ai trouvé dans la loge du concierge. Les traces de sang ont été nettoyées et l'entaille béante forme comme un sourire macabre. Si l'horrible plaie n'avait pas été là on aurait pu croire qu'elle dormait, avec son carré noir et sa peau blanche elle avait un air d'ange endormi.

- Lim YoonAh, vingt-huit ans. Comme vous pouvez vous en douter la cause de la mort c'est cette blessure à la gorge. Elle n'a même pas dû comprendre ce qu'il lui arrivait, celui qui a fait ça est un pro. L'entaille est nette et profonde, il n'a pas hésité un seul instant.

Chung Ha remonte le drap blanc sur le visage de la jeune femme et Zelo nous dirige vers la deuxième victime. Là encore je n'ai pas de mal à la reconnaitre, il s'agit de l'étudiant aux cheveux blonds.

- Choi Min Ki, dix-neuf ans. Le gamin a tellement eu peur que je peux encore sentir l'odeur de sa terreur sur sa peau. Ces enfoirés ont du s'amuser à l'apeurer avant de l'achever d'une balle dans la tempe. La mort a été instantanée, j'ai envoyé le projectile au labo.

- Lee JaeJoon, vingt ans, continue Jun Hong en passant au troisième corps. Exactement le même mode opératoire que pour Choi Min Ki. La seule nuance c'est que la balle est ressortie donc je n'ai pas pu la transmettre à YoungJae.

Les deux stagiaires recouvrent humblement les corps des étudiants d'un drap blanc avant de nous rejoindre au côté de la quatrième victime. Je sens que Bang enrage de plus en plus au fil que les cadavres défilent devant nous, moi-même je sens la colère m'envahir. Si j'étais arrivé quelques minutes plus tôt ils seraient peut être encore vivants.

- Les deux suivants sont chinois donc vous allez devoir gérer avec la Chine en plus. Zhang Yixing et Wang Jackson. Respectivement vingt-sept et vingt-cinq ans. Le premier a été frappé à mort, l'un des coups lui a brisé les cotes et l'une d'elle est venue perforer sévèrement le poumon, il s'est noyé dans son propre sang. Combiné à la fracture ouverte à la jambe il n'avait aucune chance, l'os a sectionné l'artère fémorale et il s'est vidé de son sang en même temps. Je ne saurais dire laquelle des deux blessures lui a été fatale en premier mais tu n'aurais rien pu faire tout seul.

J'acquiesce plus par reflexe que par conviction. J'apprécie qu'il tente de me dédouaner mais la culpabilité qui pèse sur mes épaules ne s'en ira pas de sitôt.

- Concernant Wang Jackson, je vais le dire sans charabia médical, ils lui ont littéralement éclaté le crane par terre, on a retrouvé de la matière grise sur le sol ainsi que des éclats d'os provenant de la boite crânienne. J'ai également pu constater que des morceaux de verre s'étaient fichés dans son thorax, certainement lorsqu'il est tombé au sol cependant ça n'a pas été mortel.

Je note les noms et les causes de la mort sur un petit carnet pour avoir une trace écrite des informations sur moi en attendant que Jun Hong transmette son rapport officiel et je vois du coin de l'œil que Yongguk fait de même.

Zelo soulève le drap qui recouvre la sixième victime, l'homme du second étage. La peau est gonflée et violacée. Des teintes de vert et de bleu nuancent l'ensemble dans un camaïeu funèbre. Je n'arrive même pas à distinguer les traits de son visage tellement il est défiguré et je retiens une grimace de justesse.

- Lee Seung Tae, vingt-neuf ans, marié à Son Na Eun. La cause de la mort est un coup violent à l'arrière du crâne mais il a été roué de coups avant. On n'a pas encore eut le temps de finir de dénombrer les fractures et os cassés tellement il y en a. 

- Ok, autre chose ? demandé-je en terminant de prendre des notes.

- Ah ! J'ai failli oublier. J'ai repéré  des traces de lacérations profondes sur le corps de Lee Seung Tae et sur celui de Wang Jackson, certainement des griffes de loup mais à vérifier. Voilà je vous ai dit tout ce que j'ai pu découvrir jusqu'à maintenant, je vous contacte si jamais j'ai du nouveau. 

Yongguk échange encore quelques mots avec lui alors que je relis rapidement ce que j'ai écris avant de m'interpeller.

- On va au labo voir Youngjae ? 

- Ca marche, on mettra tout en commun après.

On se met en route et moins de deux minutes plus tard on est arrivés à l'autre bout de l'étage, là où se trouve l'équipe scientifique. YoungJae est à son bureau un sandwich dans une main et un café dans l'autre.

- C'est pas très sérieux Monsieur Yoo, l'embête Yongguk.

Le plus jeune sursaute et peste quand le liquide brulant vient maculer sa blouse et son pantalon. Il foudroie l'alpha du regard avant de souffler puis de se lever de sa chaise. 

- J'ai bossé toute la nuit sur votre affaire, vous pourriez me laisser manger un truc tranquille, se plaint le scientifique.

- Désolé, qu'est ce que tu peux nous dire dessus ? 

- A part l'identité des victimes ? Absolument rien.

- Comment ça rien ? 

- Ce foutu sorcier a fait un excellent boulot, pas d'empreinte, de cheveux, d'odeur. Tout a été effacé comme s'il ne s'était jamais rien produit, même les traces de sang qui étaient par terre ont disparu. Les quelques particules magiques qui l'on a pu récupérer sur les lieux ne sont pas enregistrés dans notre base de données et Lisa n'a pas reussit à 'identifier.

- Hé ! C'est pas de ma faute, il est juste trop puissant pour moi, s'offusque une voix dans mon dos.

La jeune tailhandaise s'y trouve, les poings sur les hanches et un air mécontent peint sur le visage. Comme à son habitude elle est vêtue de façon extravagante, ses longs cheveux roux et lisses frolent le bas de son dos et ses yeux noisettes lancent des éclairs. La jeune femme est une sorcière fraichement diplômée qui a intégrée la police de Séoul il y a à peine six mois, talentueuse elle est la meilleure de sa promotion donc si elle se retrouve bloquée c'est que celui en face est vraiment très bon. 

- On ne te reproche rien Lisa, on espérait juste avoir des indices supplémentaies. 

- Je sais, je suis désolée mais c'est vraiment impossible. Vous allez devoir trouver quelqu'un de bien plus fort pour identifier cette personne. Sérieusement j'ai même pas pu savoir son sexe, c'est la première fois que ça m'arrive et c'est super frustrant. 

- On appelle ça couramment l'échec, souligne YoungJae, direct. 

- Merci, ça me touche...

- Je t'en prie.

Je tire Yongguk en dehors de la salle alors que les deux plus jeunes commencent à s'insulter et on remonte à l'étage, de toute façon YoungJae nous fera parvenir toutes les informations supplémentaires qu'il trouvera.

Lorsque je rejoins mon bureau je vois que j'a reçu deux mails. Le premier est le compte-rendu préliminaire des différentes autopsies, JunHong a pu y ajouter quelques détails supplémentaires comme la profondeur des lacérations, environ quatre centimétres, ainsi qu'elles ne pouvaient provenir d'un loup. J'appelle directement la morgue pour avoir plus de détails.

- Oui ? décroche une voix féminine.

- Ici l'officier Kim WonSik, c'est au sujet du rapport préliminaire que je viens de recevoir, Jun Hong est là ? 

- Le doc est allé se prendre à manger, je peux vous aider ? C'est Chung Ha, j'étais présente ce matin.

- On peut toujours essayer. Tu peux m'en dire plus sur les lacérations ? J'ai cru comprendre que vous aviez fait de nouvelles découvertes.

- Ah oui ! Les angles des blessures ne sont pas cohérents avec la forme d'une patte. Le doc a dit que ça lui avait fait penser à sa première affaire à Busan, une histoire de meurtre en série je crois bien. Il a dit que c'était la même chose mais il est parti juste après en disant qu'il mourait de faim donc je n'en sais pas plus. Je lui demande de vous recontacter dès qu'il revient.

J'inspire un grand coup, percuté de plein fouet par les souvenirs. Je comprends mieux cette sensation de malaise et pourquoi j'avais l'impression de connaitre ces types.

- Ca ira, j'ai compris. Merci.

Je raccroche et bondis de mon siège. Je manque de percuter Yongguk qui allait entrer dans mon bureau et l'alpha m'emboite le pas lorsque je lui fais signe de me suivre.

- Tu as découvert quelque chose ? 

- Tu as lu le rapport de Jun Hong ? demandé-je rapidement en m'enfonçant dans le dédale de couloirs.

- Pas encore, j'étais au téléphone avec l'hôpital. On peut aller interroger certaines des victimes.

- Parfait, on y file aprè alors. D'après Zelo les blessures ont bien été faites par des griffes mais pas sous forme de loup. La personne a simplement transformé sa main pour faire apparaitre les griffes et je ne connais qu'une personne capable de faire ça. 

- Et merde, peste Bang. Ca avait déjà été la merde pour le choper à l'époque, il a réussi à sortir ? 

- Non mais rappelle toi, on pensait que c'était une équipe. 

Yongguk soupire en se pinçant l'arrête du nez et me suit jusque dans le bureau d'Heechul. Le commandant nous fait signe de patienter un instant, le temps qu'il termine sa conversation téléphonique.

- J'espère que vous avez des pistes parce que le juge ne va pas me lacher, gémit le frisé.

- Il nous faudrait une demande de visite pour Jung Taekwoon, on pense qu'il est lié à cette affaire. Le mode opératoire est similaire à celui de Busan.

- Vous pensez qu'il a pu commanditer les meurtres ? 

- Je ne sais pas, avoué-je, mais je pense que c'est son équipe qui les a commis. Certains d'entre eux m'étaient familiers sans que je comprenne pourquoi mais maintenant je pense que je les ai rencontrés à Busan.

- Très bien, je vais voir pour vous trouver une visite pour demain au plus tard, retournez aux archives pour accéder aux anciens dossiers si besoin mais faites vite. J'aimerais avoir quelque chose à dire lorsque les journalistes vont nous tomber dessus. 

HeeChul nous fait signe de débarasser les lieux et compose un numéro en soupirant. Avec Yonnguk nous nous faisons interpeller à peine sortis de la pièce par l'une des rares femmes du poste.

- Ah, officier Bang, officier Kim, j'ai Madame Lim à l'accueil. C'est la propriétaire du bâtiment dans lequel a eu lieu la tuerie d'hier soir, c'est également la mère de l'une des victimes. Est-ce que vous souhaitez lui parler maintenant ou je lui demande de repasser plus tard ? 

- Je comptais passer un appel pour tenter d'identifier l'un des suspects, tu peux t'en charger seul ? 

- Pas de soucis, me répond Bang. Est-ce qu'elle est au courant pour sa fille ? 

- Non pas encore, vous êtes les seuls à connaitre les noms des défunts pour le moment. Elle est venue car elle a vu les voitures de police stationnées devant le bâtiment ce matin et les collègues l'ont envoyée vers nous.

- Putain, je déteste devoir l'annoncer aux familles, souffe l'alpha.

- Je contacterai les autres familles si vous le souhaitez, propose la jeune blonde.

- Merci WheeIn, c'est vraiment cool de ta part, la remercié-je soulagé d'un poids.

Faire face aux proches des victimes et devoir annoncer les nouvelles macabres est vraiment la chose que je déteste de le plus dans mon métier. A vrai dire je hais ça presque autant que le message que je viens de recevoir en provenance du juge Moon : " Continuez comme ça et gardez vos distances. Je suis en charge de l'affaire, je garde un oeil sur vous et vos actions.". Je serre les poings et fourre rageusement le cellulaire dans ma poche. Quel enfoiré ! 

- Ah et officier Kim ? 

- Oui ? 

- Votre ami le journaliste Kim est bien venu faire sa déclaration ainsi que Monsieur Moon.

- Merci WheeIn.

- Je vous en prie, me répond la béta en s'éloignant. 

Yongguk s'élance à sa suite et je retrourne seul à mon espace de travail. Je me réinstalle confortablement dans le fauteuil et me frotte les yeux, la fatigue accumulée ces dernier jours commence à se faire ressentir. J'ouvre le second mail reçu tout à l'heure et qui provient cette fois-ci de Youngjae. Toutes les informations qui ont été trouvées sur les victimes, qu'elles soient à la morgue ou à l'hôpital, sont recensées dans le document et je transfère les noms à WheeIn pour qu'elle puisse entrer en contact avec les proches. Pour ma part j'édite le mail et expose les théories et pistes suspectées dans un rapport. Je garde les informations concernant les victimes encore vivantes dans une pochette, j'allais en avoir besoin pour les interrogatoires à venir. 

Je cherche ensuite dans mon répertoire le numéro du seul sorcier que je connais qui a les compétences nécéssaires pour nous aider sur l'enquête. Il est insupportable, extravagant mais c'est le meilleur alors je n'ai pas le choix que de faire avec. La sonnerie retentit plusieurs fois avant que le répondeur ne s'enclenche - Ici le Paradis, la Sainte Trinité à l'appareil~ J'ai possiblement pas envie de vous répondre mais il se peut aussi que je sois absent donc laissez moi un message~~ A plus les chéris ~ - Je raccroche rapidement et retente un appel. Devant le même échec qu'a été le premier essai je me résigne à lui laisser un message et à lui demander de me rappeler au plus vite. Si je n'ai pas de réponse d'ici demain soir je me déplacerai directement chez lui.

L'écran de mon téléphone indique plus de quinze heures, je comprends mieux pourquoi mon estomac crie famine depuis un moment. Finalement je vais grignoter un morceau à un stand de rue du coin, accompagné de Yongguk et lorsque l'on revient au poste HeeChul nous saute presque dessus pour nous dire que l'on a l'autorisation de rendre visite à Léo à neuf heures pétantes demain matin. Je passe par mon bureau récupérer le dossier avec les noms des blessés et je prends ma voiture pour me rendre à l'hôpital. Bang prend la sienne et on met nos téléphones sur hauts parleurs pour faire une mise en commun de nos découvertes sans perdre de temps. 

Enfin l'énorme bâtisse médicale se dresse devant nous. La façade est d'un gris délavé terne, les grilles devant sont peu avenantes et l'odeur de sang et de maladie qui se dégage du lieu me donne envie de repartir à toute vitesse. Je déteste les hôpitaux. 

Nda : 

Ah ! Vous voilà enfin xD 

Ca va c'était pas trop long comme chapitre ? Si c'est le cas dites le moi et je le couperai en deux, de même que le prochain qui risque de faire une longueur similaire ^^" (D'ailleurs j'ai commencé à le rédiger ^^)

Je pense qu'il se passe pas mal de chose dans cette partie donc j'espère que je ne vous ai pas perdus, ce serait embêtant x) 

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, si vous trouvez ça intéressant ou au contraire juste lourd et sans intérêts ^^" Si vous avez des suggestions à faire je vous écoute également avec plaisir :)

Merci d'avoir lu jusqu'ici, vous êtes adorables x3

Dalion~ Kiss :3