Je ne l'écoute plus vraiment, des pensées complètement déviantes s'imposent dans mon esprit quand je prends conscience de la position dans laquelle nous nous trouvons. Je viens m'emparer de ses lèvres avec fougue, l'instinct prenant le dessus sur le moment, et attrape son haut pour l'inviter à se relever. Je tire sur le vêtement dès qu'il est suffisamment redressé à mon goût et le pousse à venir s'allonger sur moi alors que je me couche sur le dos. Ses mains viennent se glisser dans mes cheveux et un gémissement se perd dans notre baiser tandis que nos langues se trouvent. 

Mes doigts se faufilent sous son tee-shirt, caressent son dos et ses hanches. Je sens le frisson qui parcourt son corps et fais passer son haut par-dessus sa tête. L'action nous fait couper notre baiser mais l'oméga vient nouer ses poignets derrière ma nuque dès le vêtement enlevé et nos lèvres se trouvent à nouveau. C'est brûlant et enivrant, impossible de s'en lasser ou de s'y habituer. C'est comme ajouter la dernière pièce d'un puzzle, parfait.

- Tu n'imagines même pas à quel point je t'aime, avoué-je contre ses lippes. 

Son regard brillant se fixe dans le mien et l'une de mes mains quitte la peau de son dos pour venir sur sa joue. Le baiser qui s'en suit est plus doux, il reste en surface, un simple effleurement chargé en émotions. Il a les lèvres rougies et légèrement gonflées, je passe mon pouce dessus et en apprécie la douceur avant de venir les cajoler à nouveau.
JongUp relâche son étreinte sur ma nuque et je sens ses mains glisser le long de mon torse pour venir déboutonner ma chemise. Je me redresse pour lui faciliter la tâche et ses fesses viennent se poser sur mes cuisses, ses genoux de part et d'autre de mon bassin frottent contre ma peau alors qu'il ondule doucement, certainement inconsciemment. La chemise glisse le long de mes épaules et tombe sur le sol. Je passe une main derrière la nuque du bleuté, l'autre dans le creux de son dos et nous fait basculer sur le côté d'un mouvement de hanche. L'action nous fait tomber du canapé sur le tapis et je me retrouve à surplomber l'oméga.

- Tu ne t'es pas fait mal ? demandé-je en souriant.

J'avais fait attention à ce que ce soit doux alors la réponse ne pouvait être positive mais ça avait un petit côté amusant.

- Si... boude le plus jeune en esquivant mon regard.

Je m'assois sur mes talons, inquiet, et observe son corps sous toutes les coutures à la recherche de la moindre égratignure.

- Oh mon dieu, je suis désolé. Tu as mal où ? Je vais chercher la trousse de secours ou j'appelle le médecin, ne bouge pas !

Le rire du barista me coupe en plein milieu de mon début de panique et il se tortille pour se caler plus confortablement sur le tapis.

- C'est très douloureux ici...

L'oméga se plaint et désignant sa lèvre de l'index, un sourire mutin ourlant sa bouche.

- J'ai besoin d'un bisou magique, minaude le plus jeune.

Un rire soulagé m'échappe et je lève les yeux au ciel, amusé. Je ne pensais pas JongUp aussi joueur, visiblement il est beaucoup moins timide dans l'intimité, c'est bon à savoir. Très bon. Je me penche sur lui et viens sceller nos lippes ensemble. La pulpe de ses doigts est froide lorsqu'elle se pose sur la peau nue de ma poitrine et l'explore, dérivant sur les pectoraux puis les abdominaux en une traînée légère. Je change subtilement de position, mes lèvres dérivent sur la ligne de sa mâchoire puis je pars aspirer la peau de son cou. Je continue mon œuvre le long de sa clavicule, descends le long de son ventre et m'arrête à la bordure de son jean où je mordille l'épiderme un peu plus fort.  Je me redresse sur mes bras et admire mon œuvre. Le jeune homme s'est cambré contre moi, un bras en travers des yeux mais ça ne m'empêche pas de profiter du spectacle, au contraire. Les marques que j'ai laissées sont teintées de rouge et commencent à violacer, ses lèvres sont gonflées, entrouvertes et laissent passer un souffle haché.

- Tu es magnifique, chuchoté-je.

- Pas autant que toi monsieur le sublime mannequin alpha.

Un long gémissement retentit quand j'appuie doucement mon genoux contre son érection. Son corps s'arque davantage et ses mains viennent crocher mes épaules.

Un hurlement strident fait éclater notre bulle de luxure et on se redresse en sursaut. JongUp s'appui  sur ses coudes et regarde autour de lui paniqué alors que je suis déjà debout, prêt à agir.

- Yuta ! 

J'aide l'oméga à se relever et on part à l'étage en courant, montant les escaliers quatre à quatre. Le cri vient bien du fond du couloir, donc de la chambre où l'enfant s'était endormi. J'arrive en premier et vérifie qu'il n'y a pas de danger immédiat avant de me décaler et de laisser entrer le bleuté dans la chambre.

Yuta est en pleurs au milieu des draps. Il a replié ses genoux contre son torse et les a entourés de ses bras. Les oreillers ont été projetés en dehors du lit, de même que les couettes et draps qui gisent en boule sur le parquet. JongUp monte doucement sur le lit et pose délicatement sa main sur l'épaule du plus jeune qui sursaute et interrompt ses larmes l'espace d'un instant. Cependant elles se remettent à couler à grands renforts de cris déchirants lorsqu'il aperçoit l'oméga près de lui et il se jette dans ses bras. Le barista le récupère contre lui et lui frotte le dos affectueusement. Je m'approche d'eux sans faire un bruit et me penche pour pouvoir murmurer à l'oreille de mon futur compagnon.

- Je descends rapidement, je reviens d'accord ? 

Le jeune homme se contente d'hocher subtilement la tête pour ne pas déranger Yuta puis se reconcentre sur le plus petit en lui chuchotant des paroles apaisantes.

Je repars dans le couloir sans un bruit et descends à la cuisine. Je fouille dans les placards à la recherche de quelque de comestible dans les placards sans grand succès mais finis par dénicher une boite de thé non périmé par miracle. Je fais chauffer de l'eau puis laisse infuser les sachets à la pêche trois minutes avant de remonter, deux tasses à la main. 

JongUp n'a pas bougé d'un centimètre quand je pénètre à nouveau dans la chambre, Yuta est toujours blotti contre lui. Je vais poser les récipients fumants sur la table de chevet la plus proche d'eux et récupère un plaid dans l'armoire du fond. Je couvre les épaules dénudées de l'oméga avec et dépose un baiser sur le sommet de son crâne puis vais m'installer sur le rebord du lit juste à côté de lui. 

- Tu as fait un cauchemar petit loup ? demandé-je doucement au plus jeune en venant doucement caresser ses mèches brunes.

J'y vais prudemment, je ne sais pas quelle réaction il pourrait avoir. Si théoriquement nous sommes sensés avoir fait la paix je ne sais pas vraiment ce que ça donne en pratique et je ne veux pas aller trop vite avec lui. Notre relation est déjà assez complexe comme ça. Il relève ses yeux larmoyants du torse de JongUp et me regarde en reniflant. Un couinement plaintif lui échappe.

- Voui, fais moi un câlin, ordonne Yuta en me tendant les bras.

Je regarde l'enfant puis le barista, surpris, et ce dernier défait son étreinte. Yuta me tend alors les bras et j'ouvre presque timidement les miens. Un sourire franc s'affiche sur son visage et il vient s'installer contre moi. Un peu perdu, je vois JongUp me mimer des gestes et referme alors mes bras sur le petit corps. L'oméga se saisit de l'une des tasses et en prend une gorgée avant de grimacer.

- Laisse moi deviner, tu n'as pas l'habitude de faire du thé ? 

- C'est pas bon ? 

- C'est même infâme, me taquine le jeune homme.

Il vient m'embrasser joyeusement la joue et fait de même avec Yuta qui sourit, visiblement remis de son mauvais songe.

- Je t'embête, ne prend pas ça à coeur. 

- Je peux encore dormir ? questionne l'enfant.

- Bien sûr petit loup.

- Alors... vous pouvez rester avec moi ? hésite-t-il.

Je resserre mon étreinte et nous fait rouler au milieu du lit puis m'allonge correctement, le plus jeune toujours caler contre moi. Il glapit sous la brusque action et ferme les yeux mais se détend quand il comprend qu'il ne risque rien. Un discret rire fuite entre les lèvres de JongUp et mon coeur se gonfle en interceptant le regard plein de tendresse qu'il pose sur nous. Le bleuté se lève pour ramasser les couettes et les oreillerd puis les installe sur nous avant de finalement se glisser sous les draps de l'autre côté de Yuta. Ce dernier se tortille un moment et finit par trouver une position qui lui convient, le nez dans le cou de l'oméga et le dos collé à mon torse. L'une de ses mains vient se glisser dans la mienne alors qu'il sombre dans le sommeil et je vois qu'il fait la même chose avec JongUp de l'autre. Le bleuté le couve du regard et je vois ses yeux qui commencent à papilloner.

- Tu peux dormir aussi si tu veux, chuchoté-je.

- Mais on n'a pas terminé de nettoyer...

- Ce n'est rien, repose toi tu en as besoin. Tout ça pourra attendre demain.

- Et WonSik ? Il devrait être là non ? s'inquiète le barista.

- Il va bien ne t'en fais pas, il devait juste voir quelques petites choses avec son commandant avant de venir. Désolé, j'ai oublié de t'en parler, j'ai été quelque peu distrait si tu vois ce que je veux dire.

Ses joues rosissent à ce souvenir et je le trouve asbolument adorable. Finalement il accepte de prendre du repos dès que je promets de le réveiller si Shikkie arrive pendant qu'il dort. Il tombe dans les bras de Morphée presque immédiatement, sa tête se pose sur l'oreiller et quelques minutes plus tard sa respiration s'est faite profonde et régulière. Je les observe un instant tous les deux endormis et prends conscience que ce n'est pas un mais deux hommes qui viennent d'entrer dans ma vie et qui lui redonnent des couleurs aussi vives. 

Je sors du lit en faisant attention à n'en réveiller aucun des deux et remonte la couette sur les masses endormies. Yuta émet un étrange gazouillement dans son sommeil et se blottit davantage contre l'oméga après avoir perdu l'une de ses sources de chaleur : moi. Je souris en regardant l'action puis redescends silencieusement. Je m'occupe des poussières en attendant et fais le maximum de ménage sans avoir besoin de faire de bruit. J'en profite pour rédiger une liste de course à faire si l'on compte rester un petit moment ici mais bientôt je me retrouve sans occupation. C'est à ce moment là que je suis submergé par les souvenirs, la plupart n'étant pas des plus agréables. Il se passe bien une heure pendant laquelle je suis perdu dans les méandres de ma mémoire quand un craquement venant des escaliers me fait relever la tête et quitter le canapé sur lequel je m'étais installé.

- Tu ne dors pas ? marmonne JongUp les yeux encore ensommeillés.

- Impossible, j'ai trop de choses auxquelles penser et mon cerveau refuse de me laisser en paix, avoué-je à mi-voix.

Le jeune homme me prend la main et me fait m'allonger en travers du canapé pour se coucher sur moi. Je passe un bras autour de lui et laisse pendre l'autre dans le vide tandis que ma tête repose contre l'accoudoir. L'oméga a la joue appuyée contre la poitrine et dessine de petits cercles du bout de ses doigts sur ma peau nue. 

- Tu me racontes votre histoire ? Celle des jeunes loups de la forêt venant habiter dans une maison européenne et qui des années plus tard deviennent l'un des mannequins, journalistes, le plus demandé de la capitale pour l'un et un super agent de police pour l'autre ? 

- Tout d'abord, jeune loup, sache que WonSik n'est jamais venu ici. En fait tu es la première personne à venir ici, hors ma grand-mère et moi-même. 

Le barista me regarde les yeux écarquillés, il faut croire que c'est choquant d'apprendre que Shikkie et moi n'avons pas toujours été fourrés ensemble. 

- Je croyais que vous aviez grandi tous les deux ici.

- C'est le cas, dans la forêt juste un peu plus loin. Notre meute familiale s'y trouve encore d'ailleurs. Cependant, c'était avant que je ne sois banni, confessé-je.

Mon coeur se serre douloureusement et loupe un battement, JongUp doit le sentir puisqu'il vient poser sa main sur mon organe vital et dépose un baiser sur ma clavicule. Il reste silencieux et attend patiemment que je me décide à lui raconter l'histoire.

- Je vais commencer pas le début ce sera plus compréhensible, marmonné-je. WonSik est le fils unique du chef de la meute, il était donc naturellement destiné à reprendre les rênes de celle-ci à la mort de son père. Je suis né un an plus tard, du couple béta de la meute, c'est l'équivalent des lieutenants.

- Tu viens vraiment d'une meute traditionnelle alors... C'est pour ça que vous considériez les omégas comme des femmes ? 

Je suis rassuré de ne pas sentir de venin dans ses paroles, il est simplement curieux et je me sens assez à l'aise pour lui répondre sans mentir.

- En grande partie oui. Ici, dans cette meute, les omégas valent moins que rien, encore plus si ce sont des hommes. Ils considérent qu'ils n'ont rien d'hommes justement et qu'ils servent juste à porter des enfants si les femmes ne le peuvent pas, grimmacé-je. 

- Sympa...

L'oméga marmonne mais ne se braque pas et continue de dessiner des motifs aléatoires sur mon épiderme, je me rends alors compte que le geste m'apaise et m'aide à garder mon calme malgré la douleur des souvenirs. C'est une histoire dont nous n'avons jamais parlé à personne jusqu'à présent. 

- Shikkie et moi étions les seuls enfants pendant quelques années, puis d'autres sont nés dont ma petite soeur.

- Tu as une soeur ? me coupe le jeune homme étonné.

- Elle s'appelle Yura et elle a l'âge de JooE, aquiescé-je. 

- Désolé de t'avoir coupé.

- C'est pas grave.

Je passe doucement ma main dans ses cheveux et il ronronne de contentement. 

- Tout allait bien on va dire jusqu'à notre présentation, enfin comme ça peut aller dans une meutre traditionnelle mais c'était notre quotidien donc pour nous c'était normal. J'étais déjà très proche de Shikkie, un peu comme si on était deux faces d'une même pièce et les adultes ne voyaient pas ça d'un très bon oeil. Les choses ont empiré après.

Je reprends ma respiration et un rictus amer prend place sur mes lèvres. 

- Comme tout le monde le pensait Shikkie s'est avéré être un alpha, le digne fils du chef de meute. Ce que personne n'avait prévu en revanche c'est que, un peu plus d'un an plus tard, je me révèle comme étant un alpha aussi et le pire, pour eux, c'est que Kai est plus dominant encore que Ravi. J'étais donc en mesure de contester son accession au sommet de la hierarchie et de prendre sa place.

Je croise le regard incréduble de JongUp et baisse tristement la tête.

- Tu te demandes comment Kai peut-être plus dominant au vu de nos comportements c'est ça ? 

- Oui, avoue le plus jeune. Tu n'as jamais usé de ton aura ou essayé de me dominer. Je ne t'ai jamais vu te lancer dans des combats de dominance ou soumettre les autres alors que WonSIk et Ravi...

- J'étais comme ça avant. Sauf qu'il y a eu un incident et j'ai tout perdu alors j'ai totalement bridé Kai, même encore maintenant je le fais sans le vouloir. Je pense que j'ai peur que cela se reproduise. 

Sa main vient caresser ma joue et il me relève le menton pour que je le regarde droit dans les yeux. Ses pupilles expriment tout l'amour et la compassion du monde et, d'un coup, l'envie de pleurer me prend. 

- J'avais dix-sept ans, donc Yura en avait onze. Elle allait à l'école à la bordure de la ville car on n'en avait pas dans la forêt et j'allais la chercher le soir après les cours ou Shikkie le faisait. Un soir où j'étais de chasse et que Shikkie devait aller la chercher, j'ai eu un mauvais pressentiment et je n'arrivais pas à m'en défaire alors quand j'ai croisé WonSik et qu'il n'y avait pas ma petite soeur avec lui je me suis mis à courir. 

Mes ongles me rentrent dans les paumes alors que les réminescences de la rage éprouvée s'installent en moi. Je contrôle ma respiration pour ne pas basculer en loup et me concentre sur les symboles que JongUp dessine sur ma peau. 

- Elle n'était plus à l'école évidemment, il était tard et cette dernière fermait. Je me suis transformé en cours de route mais je suis incapable de savoir quand, j'ai l'impression que tout est enveloppé dans une épaisse brume rouge. Kai a pris le contrôle, alors que je le contenais normalement pour ne pas faire d'ombre à WonSik, il a été totalement libre pour la première fois. Il a rapidement retrouvé l'odeur de Yura et l'a suivit et il a vu. Il a vu ces deux alphas de la meute s'en prendre à notre petite soeur, lui déchirer sa robe et la pousser au sol.

- Tu n'es pas obligé d'aller aussi loin JongIn, chuchote l'oméga.

Je ne le vois plus vraiment, je suis de retour dans cette forêt, je sens l'odeur des pins, de la peur de ma petite soeur et de l'excitation des deux hommes. Ma voix s'élève d'elle-même. 

- Kai n'a pas sauté sur les agresseurs comme l'aurait fait Ravi. Il s'est approché doucement, sans un bruit et s'est posté juste derrière les alphas puis a attendu qu'il le remarque. Quand ça a été le cas, je me souviens encore de la soif de sang qui a innondé mes veines à ce moment-là, il les a forcé à se soumettre. Ca a été tellement facile de les mettre à genoux, de leur faire baisser la nuque et de les faire supplier pour leur vie. Kai ne sait pas ce qu'est la pitié et je n'avais pas non plus envie de les laisser en paix après ce qu'ils avaient essayé de faire à Yura.

- Personne n'aurait accepté ça JongIn, murmure JongUp en me caressant la joue.

- Mais personne ne méritait ça non plus, dis-je d'une voix étranglée. En plus je dis Kai depuis tout à l'heure mais nous ne sommes qu'un, je suis tout aussi responsable. Nous avons utilisé notre puisssance d'apha, celle que je bridais depuis toujours, pour les forcer à ne pas bouger peu importe ce qui se passait. JongUp, je les ai demembrés, j'ai arraché leurs bras de mes crocs, leurs jambes, j'ai ouvert leurs abdomens de mes griffes et j'ai pris plaisir à les entendre hurler et à les regarder mourir. 

J'exhale un souffle tremblant. 

- Je te fais peur ? 

Le jeune homme se redresse et s'assoit sur mon bassin en réfléchissant. Dans cette position, j'ai une vue imprenable sur toutes les traces que j'ai laissées sur son corps dans une longue trainée violacée partant de sa mâchoire à la lisière de son jean. Finalement il soupire et reporte son attention sur moi. 

- Je crois surtout que je n'ai aucun instinct de survie parce que je t'aime toujours autant, même plus, car tu as été honnête avec moi. Oui, j'ai peur, mais je prefère être avec toi plutôt qu'avec un alpha comme ceux qui ont attaqué Yura. Ce sont eux qui me terrifient le plus, pas l'homme qui a sauvé sa petite soeur. 

- Je ne te mérite tellement pas, sangloté-je.

Je me redresse et vais enfouir ma tête dans le cou du plus jeune, mes larmes venant couler le long de son torse. A ce moment-là je n'ai rien d'un fier alpha mais je m'en moque, pour la première fois on ne m'a pas dit que j'étais un monstre terrifiant mais que j'étais un homme prêt à tout pour protéger sa famille. Ca faisait des années que j'attendais ces paroles. Je mets quelques minutes à me calmer et enfin le flot de mes larmes se tarit. 

- Tu te sens prêt à terminer ton histoire ? demande doucement le bleuté.

 - Oui. Yura avait regagné le village et une équipe est venue sur les lieux. Ils m'y ont trouvé maculé de sang et des cadavres en piteux états à coté de moi. C'était l'occasion parfaite pour se débarasser de moi et assuré la succession de l'Alpha. Ils m'ont drogué, ramené au village et j'ai été jugé pour trahison car j'avais tué des membres de la meute. Et tu sais le pire ? Personne n'a jamais évoqué le fait qu'ils étaient sur le point de violer ma petite soeur. Ils passent pour les héros victimes d'un loup fou furieux. 

Les yeux de JongUp passent quelques secondes au bleu glace avant de reprendre leur teinte classique.

- Les seuls monstres que je reconnais pour l'instant ils sont dans cette meute, grogne le barista.

- Quelque part j'ai de la chance, ils considèrent le banissement comme une peine pire que la mort donc j'ai pu rester en vie. Shikkie n'avait pas son mot à dire et il admirait trop son père pour se douter que Yura avait été en danger. Alors j'ai été mis à la porte, en vrai j'avais même pas pu prendre un caleçon et mes parents ne se sont pas retournés. 

- Et Yura ? Elle connaissait la vérité non ? 

- Ce n'était qu'une enfant, traumatisée de surcroit, je ne lui en veux pas. En plus elle aurait risqué d'être exclue avec moi, je ne pouvais pas lui imposer ça, elle est faite pour la forêt, moi ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne trouvent le moyen de se débarasser de moi. 

- C'est vrai... 

- C'est ma grand-mère maternelle qui s'est occupée de moi, elle vivait à Séoul alors elle m'a fait construire cette maison en attendant qu'elle puisse déménager. C'est moi qui ai choisi les plans, je voulais quelque chose qui déplairait aux loups de la forêt, j'étais en colère, c'est ridicule. Quelques mois plus tard, elle a quitté son travail, fait ses valises et est venue vivre ici, dans ce coin paumé où elle s'était juré de ne pas revenir mais elle l'a fait pour moi. C'était la personne dont j'étais le plus proche, elle était libre, pétillante et très ouverte d'esprit.

- Une grande femme, je pense que tu tiens beaucoup d'elle, sourit tendrement l'oméga. 

- Je crois que c'est le meilleure compliment que j'ai jamais reçu, outre celui me disant que je suis beau comme un dieu. C'est dans sa chambre que dort Yuta. Shikkie a tenu deux mois avant de débarquer en trombe au lycée où j'allais, il m'a demandé ma version des faits puis est reparti. Il est revenu le lendemain devant l'établissement scolaire et il avait une valise à la main. C'est comme ça qu'il m'a annoncé qu'il quittait la meute et qu'il avait trouvé un appartement en ville. On a retrouvé notre complicité comme si elle n'était jamais partie et c'est après l'obtention de mon diplôme que la meute nous a définitivement interdit l'accès à son territoire, si elle nous trouve dessus elle nous abattra. 

- Qu'est-ce qui s'est passé ? 

Je me lève du canapé sous son regard confus et lui tourne le dos. Je sens ses doigts froids venir se poser sur ma chute de reins et retracer les contours de la marque sombre qui s'y trouve.

- Qu'est ce que c'est ? Ca picote quand je passe le doigt dessus, commente le jeune homme. 

- Quand ma grand-mère est décédée, quelques semaines après la fin de mon lycée, je me suis vraiment retrouvé seul avec Shikkie, on peut dire qu'on était seul au monde et deux alphas ensemble c'est assez mal vu, c'est pas naturel s'il n'y a pas de conflits. Alors on a fait un truc qui est plus que tabou, on a été voir un sorcier "HimChan le Magnifique" et on a lié nos âmes. Nous sommes devenus le pilier l'un de l'autre sans que quiconque ne puisse jamais se mettre entre nous. Le symbole dans mon dos, Shikkie a le même, c'est la trace physique de ce rituel. 

- C'est interdit pas vrai ? C'est considéré comme contre nature de créer un lien qui n'est pas naturellement construit comme entre un alpha et un oméga ? 

- Oui, c'est passible de la peine capitale. La seule raison pour laquelle on est encore en vie même si la meute est au courant c'est que Shikkie est toujours fils unique et que, comme ils sont ancrés dans leur tradition, ils le considèrent comme le futur chef jusqu'à ce que son père ai un autre fils. 

- Ca fait... énormément d'infos d'un coup, sourit faiblement JongUp.

- En effet, ris-je. Je te propose qu'on retourne se coucher en attendant que le jour se lève, on va avoir besoin de force pour demain.

- On a quelque chose de prévu en particulier ? s'interroge le bleuté.

- Oui, demain on va rencontrer la Sainte Trinité et je sens que ça va être folklorique, répondis-je en levant les yeux au ciel. 

Nda : 

Du coup j'ai posté xD Chapitre encore une fois assez long et je pense qu'il se passe quand même pas mal de chose :) 

Comme d'habitude n'hésitez pas à laisser vos réactions :3 

J'espère que vous avez passé un bon moment !

Dalion~ Kiss :3