Chapitre trois.
Quatre jours plus tard ; Samedi
La première semaine vient à peine de prendre fin que nous avons déjà un projet d'arts plastiques à rendre. Mais bon, je ne me plains pas parce que c'est de loin ma matière favorite. J'ai décidé de le faire en binôme avec Zayn, il s'y connait en architecture et de mon côté la photographie me passionne. Après être sortis boire un café à deux, on se rend en ville, où il y a plusieurs églises et monuments à immortaliser dans mon reflex. Ca fait déjà deux heures qu'on travaille dessus, je ne sens plus mes jambes, on ne fait que marcher à travers la ville, et même si j'adore cette forme d'art, je veux m'assoir.
« Bon, on se fait une pause ? J'ai envie de fumer une clope. »
« D'accord, mais seulement si on passe à la bibliothèque après ? Je dois emprunter un livre sur l'architecture de la renaissance. »
« Si tu veux. Je n'ai rien d'autre à faire de toute manière. »
Il me sourit. On va s'assoir sur le rebord de la fontaine, on fume notre cigarette en même temps tout en admirant le paysage. Mes cheveux volent dans le vent, ma fumée s'échappe dans l'air, et mes yeux parcourent les monuments. Mon ami a toujours cet air mystérieux plaqué sur le visage, les paupières plissées alors qu'il inspire son tabac dans sa gorge. Depuis le début du lycée, depuis notre rencontre tout à fait anodine, on ne se quitte plus. On pourrait presque nous prendre pour des frères tellement nos gestes, nos goûts et nos habitudes se ressemblent. On se complète et passer notre temps ensemble c'est notre manière à nous de dire qu'on tient à l'autre. Je l'apprécie vraiment, il sait faire la part des choses, il est intelligent, drôle et attachant. D'autant plus que son style mauvais garçon colle tout à fait au mien. On nous a plusieurs fois demandé si nous étions en couple et même si je suis gay je n'y ai jamais songé. Lui non plus. Ça nous fait plus rire qu'autre chose.
Nous arrivons à la bibliothèque et même si je n'ai pas l'habitude de m'y rendre je trouve cet endroit reposant. Quand le temps me le permet je me trouve quelques heures pour me plonger dans un livre. Je laisse Zayn se charger de son bouquin sur l'architecture et parcours les rayons sans vraiment regarder de quels genres ils sont. J'aperçois un groupe de trois filles me dévisager comme si j'étais un Alien, et que donc je n'ai rien à faire dans ces lieux. Je lève les yeux au ciel et change de direction, et c'est là dans un coin près de la fenêtre que je le vois. Il travail sûrement, encore. Comme toujours. Son stylo ne quitte jamais sa feuille de cahier et son regard fait des allers-retours entre son gros livre et sa page recouverte de son écriture droite et soignée. Il a l'air concentré derrière ses grosses lunettes.
« Louis, c'est bon j'ai mon livre il a... Et mais c'est l'autre intello du lycée ! »
« Ça ne m'étonne même pas de le trouver ici. »
« Même en dehors des cours il bosse... Tu sais quoi ? Les gars de l'équipe organisent une fête Samedi prochain, et ils veulent l'inviter. »
« Sérieusement ? Je tourne la tête vers lui et hausse les sourcils. »
« Ouais mais pour se foutre de lui après. Ils veulent lui faire croire qu'ils sont ses amis, le bourrer au maximum puis ensuite le jeter dans la piscine à poil. Histoire qu'il se ridiculise devant tout le monde. »
« C'est vraiment des gamins. »
« Tu les connais, toujours prêt à faire les quatre cent coups. Mais moi je dis... Pourquoi pas ? Ça pourrait être marrant. »
« Hm. »
« Dis-moi, tu viens au moins ? »
« Si tu y vas, oui. Puis ma mère m'a trop tapé sur les nerfs ces derniers temps, j'ai besoin de décompresser un peu. »
« Elle a toujours pas viré ton père ? »
« Il est à plus de mille kilomètres et il ne rentre que dans deux semaines, enfin s'il n'annule pas au dernier moment pour aller rejoindre une de ses maîtresses dans un hôtel. »
« Essaye de lui parler quand il revient. »
« Pour qu'il me dise que je suis un incapable ? Plutôt mourir. »
« Tu restes son fils quand même. »
« Un fils qu'il ne voit qu'une fois par mois, oui. C'est vrai que j'avais oublié qu'il était le modèle paternel idéal. Mon ton est tout ce qu'il y a de plus ironique, et ça fait soupirer le métis. »
« L'air de rien, il gagne bien sa vie. »
« Ouais mais en attendant il gâche celle de ma mère. »
Mon ami soupire une fois de plus, je sais qu'il n'aime pas quand je critique mon père ou évite de m'attarder sur le sujet, parce que selon lui je devrai l'affronter mais même si je joue les rebelles à l'extérieur, j'ai toujours préféré me renfermer sur moi-même quand il était là. Sans parler de ma mère qui se laisse marcher sur les pieds et ne fait strictement rien pour me défendre. De un pour ne pas m'en prendre plein la figure et devoir encaisser ses insultes comme quoi j'étais un incapable ou un raté et de deux parce qu'il est vraiment impressionnant. Il n'a jamais levé la main sur moi mais je le redoute constamment. Il est assez impulsif et je crois que je tiens ça de lui, aussi. Malheureusement.
Zayn et moi faisons un bout de route ensemble avant qu'on ne se sépare pour chacun prendre notre route. Arrivé à la hauteur de ma maison, je jette un regard vers celle d'Harry. La lumière de sa chambre est allumée, je ne m'y attarde pas et rentre dans mon salon. Ma mère est dans la cuisine, je lui adresse un rapide signe de la tête avant de monter dans ma chambre. Je sors une nouvelle cigarette et va la fumer à ma fenêtre, mon ordinateur sur mes genoux en train d'écouter de nouveaux titres et taper quelques lignes sans grand intérêt. Mais ça m'aide à décompresser un minimum. Puis je préfère écrire que parler, il y a certaines choses que je ne veux garder que pour moi.
***
Quatre jours plus tard; Mercredi.
Nous venons de quitter le gymnase après deux heures intenses de handball, je suis épuisé et mon corps ne répond plus à rien. Heureusement que c'est la fin des cours parce que j'aurai très bien pu faire un malaise dans une salle de classe. Les gars de l'équipe de foot sont justes devant Zayn et moi, ils viennent de tirer Styles par le bras pour lui parler comme s'ils étaient leur amis alors que justement c'est tout le contraire, ils n'attendent que le moment propice où ils pourront lui planter un couteau dans le dos quand il ne se doutera de rien, tellement il aura été manipulé. Je ne l'aime pas. Je ne le cache pas, il le sait d'ailleurs. Mais je ne m'amuserai pas à lui faire un coup pareil. Jamais. Je ne fais souffrir les gens que verbalement, et encore, jamais je n'irais utiliser mes poings. Je ne suis pas pour la violence. Je trouve ça faible de s'en prendre à plus impuissants que sois. J'entends les gars de l'équipe rire aux éclats, Harry parait vulnérable bien qu'il fasse pratiquement leur taille. Surement à cause de sa fine taille comparée aux muscles imposants des trois autres. Ils ont peut-être la force mais pas le cerveau, ça je peux vous l'assurer, ils ont dû au moins redoubler une ou deux années chacun, mais ils n'y portent pas la moindre attention puisque leur popularité est au summum. Après cinq bonnes minutes, ils tournent dans une ruelle et saluent le brun en rigolant comme des idiots, lui ne répond rien et continue sa route. Je le rejoins une fois que Zayn m'a quitté, cigarette entre les doigts. On ne dit rien durant tout le trajet, je crois que notre dernière conversation l'a un peu brusqué et quand j'arrive devant chez lui, il marmonne un au revoir prêt à s'éclipser mais je ne suis pas de cet avis.
« Qu'est-ce qu'ils te voulaient les gars de l'équipe ? »
« Rien d'important. »
« Ça doit l'être vu qu'ils ne trainent pas avec toi d'habitude. »
Entre temps, il s'était retourné vers moi, le regard rivé au sol. Il haussa simplement les épaules en signe de réponse tout en resserrant sa main autour de la lanière de son sac. Il parait tellement fragile, et même si je ne le supporte pas, je ne peux pas le laisser se prendre les pieds dans les filets de ces trois idiots. Et même, il n'y a pas qu'eux, la plupart des gens de ma classe et de la sienne le méprise ou point de vouloir tout faire pour qu'il quitte le lycée et se ridiculise. Bien évidemment, la fête de Samedi en est le moyen idéal. Mais lui n'a pas l'air de comprendre, il reste piégé dans son innocence et ce n'est pas bon du tout, ça va finir par lui jouer des tours.
« Ils t'ont proposé de venir à la soirée de Samedi ? »
« C... Comment tu sais ? »
« Tout le monde en parle. »
Forcément, la fête se déroule chez un des joueurs de l'équipe de foot et étant donné qu'il a un grand jardin munit d'une piscine pratiquement tout le lycée s'y rend. Sans oublier, l'alcool, la drogue et la nourriture à flot. A chaque fois ça se finit mal, des personnes couchent entre-elles sans le vouloir, d'autres reçoivent des amendes pour conduite en état d'ivresse, ou encore certains passent la nuit à vomir tout ce qu'ils ont sur l'estomac dans le jardin ou les toilettes. Mais les jeunes adorent ça, et moi aussi en fait, c'est un moyen efficace d'oublier ses soucis l'histoire de quelques heures, de faire le vide dans son esprit. Souvent, je ne consomme que deux ou trois verres et fume plusieurs cigarettes ou joints mais je ne suis encore jamais rentré dans un état déplorable chez moi, simplement parce que ma mère me ferait passer un sale quart d'heure et que je n'ai pas envie de ressembler à une épave.
« Et tu comptes y aller ? »
« Je ne sais pas, je dois voir et... De toutes manières, qu'est-ce que ça peut te faire ? »
« A moi rien, mais à toi je n'en serai pas si certain. »
« C'est pas toi qui m'avait dit que je devais m'amuser ou sortir un peu avec des gens ? »
« Si, mais crois-moi ce ne sont pas de bonnes personnes pour toi. »
« Tu ne peux pas savoir ce qui est bon ou non pour moi, tu ne me connais même pas. »
« Styles, suffit de te regarder pour savoir que tu n'as jamais touché à un seul verre d'alcool ou un jour fumé un joint et tu veux te rendre à une fête où la drogue coulera à flot ? »
« Je n'y toucherai pas, je parlerai avec les autres c'est tout. »
« Il n'y aura que les gens du lycée et que ce soit en cours ou à une fête ils ne t'aimeront pas pour autant. »
« Et ça change quoi pour toi ? Tu es pareil qu'eux. »
« Je ne frappes pas, tu as vu ce que James et sa bande font aux plus faibles ? Ce sont des brutes, je ne suis pas comme ça... »
« Sauf que tu attaques avec les mots, mais ça fait tout aussi mal. Voir même plus. Les coups ça finit par disparaître, les plais se referment, mais les paroles ça reste constamment dans ta tête et ça te ronge le cerveau. Alors non, tu as raison, tu n'es pas pareil... Tu es pire que tous ces gens Louis. »
Je m'apprête à répliquer une fois de plus pour prendre ma défense mais il a déjà claqué la porte d'entrée derrière lui. Je reste debout là comme un idiot, sous le lampadaire, pendant deux minutes avant de soupirer de mécontentement et rentrer chez moi. Il m'énerve à toujours vouloir le dernier mot, et je dirais que c'est bien la première fois que je le vois me répondre ainsi. D'habitude il se braque, hausse les épaules et se dépêche de se réfugier chez lui, mais là il a osé m'affronter. Peut-être que l'énervement y joue un rôle, parce que je suis quelqu'un de curieux et d'assez agaçant à la longue, et toutes mes questions ont dû le pousser à bout. Mais je suis borné et je ne lâcherai pas l'affaire, s'il se rend à cette fête, on lui fera la misère. J'en suis certain. Ses paroles me tournent dans la tête et même si j'essaye de ne plus y penser elles reviennent constamment me torturer : « Tu es pire que tous ces gens Louis. » Je grogne et balance mes cahiers et mes crayons au sol dans un excès de rage, il n'a pas le droit de me dire ça. Il ne peut pas. Je lui interdis. Ce n'est pas moi qui doit souffrir mais lui, et pourtant j'ai l'impression à l'instant précis que nos rôles s'inversent. Même prendre une douche ne m'a pas calmé. Je n'ai que ses foutus mots à l'esprit, on dirait un mauvais refrain que je n'arrive pas à oublier. Et le pire dans tout ça, c'est que je sais qu'il a raison sur toute la ligne.
***
Trois jours plus tard, Samedi soir.
Zayn et moi arrivons à la fête. Je prie pour ne pas y trouver Styles. J'ai essayé pendant tout le reste de la semaine de lui prouver que ce n'était pas une bonne idée mais il ne voulait rien entendre, il se contentait de dire que ça ne me regardait pas et il rentrait dans sa maison. Et si jamais il est venu, et bien tant pis, je l'aurai prévenu. S'il veut jouer au con en me défiant et bien tant pis aussi. Je n'en ai rien à faire après tout. Ce n'est pas mon ami, et s'il rentre chez lui en rampant tellement il aura bu ce ne sera pas mon problème. Nous rentrons dans le salon, la musique n'est pas encore trop forte les gens sont plus occupés à parler entre eux ou boire. Je reconnais quelques visages, mon meilleur ami salue deux ou trois personnes avant de se diriger vers le bar. Nous commandons deux cocktails, le serveur ne semble pas encore débordé et finalement il n'y a pas autant de monde qu'à la dernière fête qui a eu lieu cet été. Je m'attendais à une foule, mais il doit avoir une cinquantaine de lycéens tout au plus, pourtant il n'y en a aucun auquel j'ai déjà parlé une seule fois. J'ai pris l'habitude de constamment rester avec ma bande d'amis et de toutes manières je ne vais jamais vers les autres, c'est toujours eux qui font le premier pas. Je n'ai pas d'explication, c'est psychologique. Lorsque je me dispute avec l'un d'eux, Zayn ou bien les autres, j'attends toujours qu'ils viennent s'excuser ou dire les premiers mots, dans le cas contraire, je fais la tête jusqu'à ce qu'ils comprennent. Au début cela peut paraître impoli et énervant, mais je suis comme ça et ils finissent par s'y habituer. Puis, ils n'ont pas le choix s'ils veulent continuer à me fréquenter. J'admets que je suis exigeant.
« Tiens, regarde qui est là-bas. »
Mon meilleur ami me donne un coup de coude pour attirer mon attention tandis qu'il parle près de l'oreille pour que je puisse entendre ce qu'il a à me dire. Je prends mon verre qu'on vient de me servir dans une de mes mains et relève les yeux vers l'endroit qu'il m'a montré. Ma bonne humeur a totalement disparu. Styles est présent, au fond du salon en train de parler avec quelques allumeuses et des garçons de l'équipe, je peux clairement comprendre de ma place qu'ils jouent aux faux-culs afin de pouvoir mieux le prendre au piège. C'est pitoyable les coups bas de ce genre, et je n'ai pas envie de voir à quoi il va ressembler d'ici la fin de la nuit. Pour le moment, il ne semble pas encore bourré, il n'a même pas de verre dans sa main, il tient parfaitement droit et a encore son air timide accroché au visage. Je le sens un peu perdu, son regard se pose partout, il parle peu voir pas du tout et se contente d'hocher ou secouer la tête. Il n'est pas dans son élément, il n'aurait jamais dû venir ici. Je soupire silencieusement et porte ma boisson à mes lèvres, après tout il a voulu jouer à l'intéressant ce n'est pas mon problème. S'il se fait humilier, jeter dans l'eau et que les photos circulent partout je l'aurai prévenu. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Il ne pourra pas me blâmer et tout mettre sur mon dos. A partir de maintenant, ce sera de sa faute.
« Il est con tout de même, d'être venu ici alors que tout le monde le déteste. »
« Qu'est-ce que tu veux que je te dises ? Peut-être qu'il est intelligent au lycée mais pas pour se faire des amis. »
« Je me demande vraiment ce qui l'a poussé à se fringuer comme ça. C'est immonde. »
« Hm. J'avale une autre gorgée d'alcool. Mais n'oublie pas qu'il y a des gens qui pensent pareil de nous. C'est une question de goût après. »
« Putain Tomlinson ne me dit pas que tu aimes son style de grand-père coincé du cul ? »
« Zayn, je crois que les joints ne te réussissent vraiment pas. Je n'ai jamais dit ça, simplement qu'on juge alors que nous aussi on a un style particulier. »
« Cite moi un adolescent qui s'habille encore comme lui à notre époque ?... Parce que moi j'en vois pas d'autres. Il existe des tas de punk sur terre tandis que Styles ça doit être un modèle unique. »
Je manque de m'étouffer face à la bêtise de mon meilleur ami, il sourit et finit son verre. Je ris en secouant la tête puis le donne un coup d'épaule. Peu de temps après, il tape dans ses mains et me propose de venir fumer dehors avec lui, je décline l'invitation et il n'insiste pas. Parce qu'il sait que quoi qu'il fasse je ne viendrai pas. Par fumer il entend « se droguer » et je n'ai pas envie pour le moment. Il hausse les épaules et pars dans le jardin où je peux entendre, de ma place, des gens plonger dans l'eau de piscine. Je m'assois sur le tabouret devant le bar et commande un autre verre, le serveur s'exécute. La musique semble un peu plus forte que tout à l'heure, s'il y a bien une chose que je déteste à ces fêtes c'est les morceaux qu'ils y passent. Toujours de la veille pop, du disco ou des titres de célèbres DJ. Jamais du bon rock, alors qu'il est tout à fait possible de danser dessus. C'est un détail que je ne comprendrai jamais, puis ça me donne déjà mal à la tête alors que la soirée vient à peine de débuter.
« T.. Trois vodka s'il vous plait. »
Cette voix. Je me retourne instantanément, le regard dur. Styles est debout à côté de moi, il parait imposant comme ça mais c'est tout le contraire. Il est vêtu comme à son habitude, les cheveux plaqués en arrière, les grosses lunettes, une chemise blanche boutonné jusqu'en haut, une veste de costume grise et un pantalon trop large au niveau des jambes. Si j'avais pu je l'aurai jeté au sol pour le taper jusqu'à ce qu'il crache du sang tellement il m'énerve, mais c'est contre ma nature. Je serre les dents et bois un coup en l'observant, il m'ignore pourtant il sait pertinemment que je suis là. Premièrement parce qu'il reste à côté de moi alors qu'il y a de place tout le long du bar, et deuxièmement parce que il semble gêné.
« Qu'est-ce que tu fous là ? »
Il ne semble pas décider à parler alors je prends les devants. Ses yeux verts dérivent vers moi, ça doit surement être la seule chose attirante chez lui. Son regard, bien qu'il serait mieux sans ces maudites lunettes qui ne le mettent pas du tout en valeur. Je me demande s'il se sent à l'aise ainsi dans son corps, avec ce genre de vêtements. Il soupire.
« S'il te plait Louis je... Laisse-moi. »
« Tu ferais mieux de rentrer chez toi. »
« Non, je m'amuse ici. »
« Vraiment ? Depuis tout à l'heure tu es dans ton coin, et ces idiots ne font que profiter de toi. »
« Au moins ils me parlent. »
« Je ne rigole pas, tu devrais vraiment partir. »
« Écoute, je sais que tu ne veux pas que je sois là parce que tu n'as pas envie de me voir mais j'ai... Je reste. Puis tu n'es pas ma mère, ce que je fais et qui je fréquente ne te regarde pas. »
« C'est pas ça le problème putain, juste que ces gens ne veulent absolument pas que tu fasses partis de leurs amis, simplement rigoler de toi. Et le meilleur moyen pour c'était de te faire venir ici. »
« Personne n'a jamais voulu être ami avec moi, ici ou ailleurs ça ne changera rien. Et à ce que je sache, toi aussi tu rigoles de moi. »
« Tu comprends rien.. »
« Arrête de jouer à ça Louis, je ne sais pas quel est ton problème mais... Je te demande juste d'arrêter de me traiter un jour et de me protéger le lendemain. Je préfère que tu sois un méchant à temps plein plutôt que tu fasses semblant pour me couler après. »
« C'est pas moi qui vais te couler dans cette histoire. »
« Peu importe. Il hausse les épaules. Contente-toi juste de me raccompagner chez moi, ici on ne se connait pas. Comme tu me l'as dit, tu ne vois pas qu'on soit vu ensemble alors je... Je m'en vais. »
Sur ces paroles, il prend ses trois verres et s'en va aussi vite qu'il est venu. Il s'éloigne jusqu'à rejoindre sa place où je l'avais aperçu tout à l'heure. Il pose les verres sur la table, me jette un regard de travers avant que James ne vienne le prendre par les épaules. Je le vois parler mais il m'est impossible d'entendre, le brun secoue la tête plusieurs fois, comme angoissé. Je fronce les sourcils. Et là, le pire arrive. Après quelques minutes d'insistance, Styles prend un verre de vodka et le descend d'une traite. Il grimace et s'étouffe presque, les gens autour rient et le capitaine de l'équipe de foot lui donne une tape dans le dos. Et il enchaîne les autres verres sans protester, une fille va lui chercher une autre tournée et je crois bien que ça doit être son dixième. J'ai arrêté de compter. Il est obligé de s'assoir au sol avec l'aide de quelqu'un pour ne pas s'écrouler, il rit seul sans aucune raison, mais ce spectacle amuse beaucoup les gens autour. C'était le but en même temps. Moi ça m'exaspère. Il n'a rien voulu entendre, il m'a défié et il a préféré jouer les borné du coup il n'est même plus conscient de ses actes. Je ne serai même pas étonné de le retrouver nu dans une chambre en train de coucher avec la première fille venue, histoire de bien l'humilier plus encore. Je soupire, prend mon verre et vais rejoindre mon meilleur ami dehors. Je n'aurais même pas dû venir à cette fête ça m'aurait évité d'assister à ce spectacle désolant. Surtout qu'il m'avait juré de ne pas toucher à l'alcool.
L'air frais me fait du bien, je ferme les yeux et respire un bon coup en rejoignant Zayn qui est allongé sur un transat en train de fumer un joint. Vu qu'il n'y a plus aucun siège de libre et que je n'ai pas envie de m'assoir sur le gazon, je vais m'installer entre ses jambes. Il râle mais les pousse doucement pour me laisser une place tout en me gratifiant un léger coup de pied au derrière. Je fais claquer ma langue contre mon palais, signe d'agacement et lui prend ce qu'il a entre les lèvres pour pouvoir à mon tour en profiter un peu. Je laisse la fumée descendre dans ma gorge, la brûler légèrement, avant d'en relâcher dans l'air.
« Tu fais chier Tomlinson. »
« Je t'aime aussi chéri. »
« Sérieusement, tu ne peux pas aller t'en chercher un ? »
« Au dernière nouvelle, il me semblait qu'on partageait tout. »
« Excepté les joints. »
« Depuis quand ? Je demande en tirant une nouvelle latte. »
« Depuis que tu me taxes toute ma marchandise. »
« Si ma mère me voit avec ce genre de truc elle me tue. Elle ne dit rien pour les cigarettes mais la drogue c'est une autre affaire. »
« Moi en attendant j'ai rien en échange. »
« Je couvre ta relation avec Liam, ce n'est pas rien. »
« Tu as intérêt de toutes manières ou je planque des joints dans la poche de ta veste pour que ta mère t'envoie en prison. »
« Merci ça me touche Malik. Il sourit et reprend ce que je lui avais volé pour en fumer à son tour. Au fait, ça avec ton copain ? »
« On se débrouille. La distance est un peu dure, normalement il doit venir chez moi pour les vacances d'Octobre. »
« Et tes parents ? »
« Ils vont chez ma grand-père avec mes sœurs, il n'y aura personne à la maison, et je leur ai prétexté que j'étais trop grand pour venir avec eux. Tu me vois passer une semaine avec que des vieux, sans réseau ? C'est la mort mon gars. »
« Si tu le dis. Je ris et il boit une gorgée de sa bière avant de reposer le verre au sol. »
« Puis la deuxième semaine je vais peut-être chez lui. Ca dépend si sa mère part en voyage d'affaire ou pas. Enfin bref, c'est assez compliqué. »
« C'est mieux comme ça, votre relation serait ennuyeuse si tout se passait bien et puis... Vaut mieux pas que vous soyez vu ensemble par les gens du lycée. Tu sais comment ils sont. »
« Ouais. Le truc c'est que... Qu'est-ce qu'on va devenir lui et moi l'année prochaine ? Je veux dire, on n'a pas les mêmes passions et on va surement se retrouver séparés par encore plus de kilomètres. »
« Vous avez tenu le coup pendant presque un an, vous pouvez encore le faire. »
« C'est pas pareil Lou... On va passer dans la vie active après, le travail et tout ça. Déjà qu'il a du mal à supporter les deux heures de route qui nous séparent alors imagine s'il part encore plus loin. »
« T'en fais pas Zayn, il t'aime comme un dingue et crois moi c'est pas demain la veille qu'il va te quitter. »
Il hausse les épaules et finit le joint qu'il a entre les doigts. Il se cache derrière ses mots durs et ses mauvaises blagues mais je sais qu'au fond cette histoire l'affecte. C'est son amour qui est en jeu, bien sûr qu'il préférait avoir Liam à ses côtés pour profiter de sa présence constamment, mais je pense sincèrement qu'ils ne seraient pas aussi heureux en passant chaque seconde l'un avec l'autre. La distance leur permet de profiter au maximum quand ils se retrouvent, et je pense également qu'ils doivent encore attendre que leur relation murisse et se solidifie pour pouvoir emménager ensemble. Mais après, ce n'est que mon avis et Zayn n'est pas obligé de le respecter parce qu'après tout c'est sa vie et son copain. J'évite de trop me mêler de l'existence des autres, la mienne est déjà assez compliquée à gérer comme ça.
Nous restons dans ce siège au moins une bonne demi-heure, entre temps une connaissance de mon meilleur ami est venue nous ramener un autre joint, que nous avons encore partagé. Je me sentais un peu fatigué, mais libre. Je ne suis pas bourré ou dans un état second, rien de tout ça, je profite simplement. La piscine commence à se remplir, les gens rient, se saoulent et s'amusent. Heureusement que James n'a pas de voisin sinon ils auraient appelé la police depuis longtemps, sa maison est un peu isolé de la ville, dans un petit coin. Sa mère l'a fait construire entièrement et c'est vraiment un lieu idéal pour les soirées de ce genre. Tandis que je discute avec Zayn d'une soirée de cet été qui a mal tourné pour lui, puisqu'il s'est retrouvé à vomir dans la piscine, quand une fille vient en courant dans le jardin.
« Eh tout le monde venez voir, le petit nouveau s'apprête à faire le grand plongeon. »
Intrigué tout le monde, même nous deux, allons voir ce qui se passe. Nous suivons la blonde en maillot de bain qui nous conduit jusqu'à l'étang se trouvant à quelques mètres de la maison. Le petit nouveau ? En employant ce surnom, ne me dîtes pas qu'elle voulait dire... Ah si. Harry se trouve au bord de l'eau, il ne tient pas bien debout et semble avoir ôté ses lunettes. L'alcool n'est vraiment pas son truc. Nous nous approchons encore, Greg et James sont juste à côté de lui, ils l'incitent à plonger alors que les autres se retiennent de rire autour. Sans cerveau, je vous avais prévenus. Le bouclé ne veut vraiment pas, il secoue la tête et tente de reculer, mais les deux joueurs de foot sont plus fort que lui et saisissent ses bras pour ne pas qu'il s'échappe.
« Je... Je ne peux pas faire ça. »
« Bien sûr si enfin, juste histoire de te mouiller un peu. C'est pas profond, et elle est pas froid, hein James ? »
« Ouais, je suis déjà allé me baigner dedans plusieurs fois. Il y aucun risque t'inquiète. »
« Mais, je... »
« Allez Harry ! C'est un défi, tu l'as accepté je te rappelle. »
Pitié, intelligent comme il est il ne va pas tomber dans le piège ? Ce serait le comble. Mais on dirait bien que l'alcool lui enlève toute faculté cérébrale puisqu'il semble sur le point de rentrer dans l'eau. Les gens autour l'encouragent en tapant des mains et clamant son prénom, je secoue la tête et lève les yeux au ciel. Zayn et moi nous approchons encore, il sourit tout en fumant son joint. Harry hésite à plonger, deux secondes passent et finalement James et Greg le pousse de force dans l'eau, il tombe la tête la première en poussant un crie de surprise et d'effroi. Tout le monde explose de rire, l'humiliation totale, sauf moi, je trouve ce genre de comportement ignoble même s'il le mérite parfois, ce n'est pourtant pas une raison pour le ridiculiser ainsi devant une cinquantaine de gens. Il remonte à la surface au bout de quelques secondes, et je crois qu'il panique. J'aurai dû le deviner évidement l'étang est profond et il n'a pas pied. Il tente de se maintenir en surface, je m'avance encore de quelques pas pour mieux le voir et je lis la peur sur son visage. Évidemment, il a fallu que cet imbécile ne sache pas nager.
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