Chapitre deux.
La rentrée. La hantise de tous les adolescents. Je déteste cette journée. Je sais que ça va être une longue semaine sans même avoir commencé un seul cours. Durant mes derniers jours de vacances, je suis allé chez Zayn, mon meilleur ami, pour faire une après-midi jeu vidéo, puis on s'est revu autour d'une bière dans un bar. L'avantage, c'est que ma mère ne m'a pas forcé à aller revoir le voisin, je l'ai aperçu une fois sortir de sa voiture avec sa mère lorsque je me rendais en ville, mais il n'a même pas levé la tête quand Anne m'a lancé un joyeux « bonjour ! ». Tant mieux, il a compris que je ne voulais pas lui adresser la parole ou même devenir son ami. Je rejoins mon casier, mon emploi du temps en main, je soupire alors qu'aucun cours n'a encore commencé. L'année va être interminable. Je range mes livres dont j'aurai besoin dans mon sac, et prend quelques feuilles et ma trousse toujours aussi légère. Je ne vais pas m'encombrer d'un cahier qui finira à la poubelle à la fin des trois trimestres, ni de beaucoup de stylo étant donné que je ne compte pas marquer la plupart de mes cours mais dessiner. Je me dirige vers ma salle de classe où dois m'attendre Zayn, je ne suis pas pressé, je m'en fiche d'arriver en retard le premier jour. Je salue quelques amis sur ma route, regarde si je n'ai pas de sms quand quelqu'un me rentre littéralement dedans. Je grogne et relève la tête. Prêt à lui faire passer un savon...
« Tu peux faire attention où tu mets les pieds espèce de... Qu'est-ce que tu fous ici ? »
Le pire des scénarios était en train de prendre forme, devant moi se tenait Harry. Un sac en bandoulière sur une épaule et son emploi du temps dans les mains. C'est une plaisanterie j'espère ? Oui, c'est surement ça, je dois être dans un mauvais rêve. Sinon autant se tuer de suite. Il relève des yeux paniqués vers moi et recule. Il bafouille et remonte ses grosses lunettes sur son nez. Imbécile, je vais te les faire bouffer.
« Je... Je viens en cours. »
« Tu blagues ? Ne me dis pas que ta mère t'as inscrit dans ce lycée ! »
« On dirait bien que si. »
« Putain. Je suis certain que c'est la mienne qui lui en a parlé pour que tu sois avec moi et que tu ne te retrouves pas seul. »
« Je... Je ne sais pas. »
« Bref, on fait comme d'habitude. On ne se parle pas, compris ? »
« Oui mais... J'ai... Il me tend son emploi du temps. Tu peux juste m'aider à trouver ma salle, tu connais les lieux toi ? Je suis perdu. »
« Tu es intelligent non ? Bah tu te débrouilles. Au pire, demande à un surveillant il t'y conduira. »
Je me décale et reprends mon chemin. J'ai vu son teint pâlir et sa lèvre inférieure trembler. Il allait encore se mettre à pleurer ? Mais je suis fière de moi. Il ne croyait quand même pas que j'allais l'aider alors qu'il y a cinq jours de ça il me regardait et me traitait comme un moins que rien ? Je ne le connais pas, il ne me connait pas. Il ne sait rien de ma vie, et moi non plus. C'est aussi simple que ça. Au moins, il n'est pas dans ma classe, j'ai pu le lire sur son emploi du temps, c'est déjà un bon point. Ça me fait sourire. Je rejoins Zayn serein.
A midi, une fois nos plateaux remplis, on s'installe à six sur une longue table dans la cafétéria. Pour le moment, il n'y a pas trop de monde, mais il faut avouer que l'on s'est quand même dépêché. Deux gars de l'équipe de foot viennent nous rejoindre. Un couple. Un garçon taquine une fille en lui lançant des miettes de pain. Et quelques autres amis. Nous rigolons bien entre nous. C'est bonne petite bande que nous possédons, et ce depuis deux ans. Je parcours la salle des yeux, pour chercher si l'autre intello est là, et en effet. Il est installé à une table ronde, dans un coin, un livre dans une main et une fourchette dans l'autre mais il ne semble pas encore avoir touché à son assiette. Je vois plusieurs jeunes passer devant lui et faire une grimace ou juste pouffer de rire. C'est vrai qu'il ne fait pas d'effort vestimentaire ou physique pour paraître comme tout le monde. S'il faisait au moins en sorte de changer de vêtements, il ne se ferait pas charrier de cette façon. On le croirait venu tout droit d'un autre siècle. Finalement, au bout de quelques minutes, il part et jette son plateau encore plein dans la poubelle, le regard rivé vers le sol.
« Le pauvre quand même. Il n'a aucun ami. »
« Alissa, regarde la vérité en face. Ce mec n'aura jamais d'amis. Tu as vu sa dégaine ? On dirait qu'il sort tout droit des années soixante. Réplique son petit ami, ce qui fait rire toute la table. »
« Moi je dis, c'est notre dernière année alors on devrait un peu s'amuser. Pourquoi pas le taquiner un peu ? Je suis dans sa classe, et je vous jure que dès qu'un prof pose une question il lève le doigt puis sort toute sa science. On s'en fiche qu'il sache tout sur la littérature anglaise ou les écrivains latins. Il est passé au tableau pour une présentation et putain il est vraiment hautain au possible. »
Je ris intérieurement parce que la phrase de Greg, le joueur de foot, me fait exactement penser à ce que je me disais le soir où je suis allé manger chez Harry. Quand il m'a humilié devant sa mère, et la mienne. Surtout qu'après, elle m'a fait un sermon sur mon avenir en me disant que je n'en aurais surement jamais avec les notes misérables que j'ai en cours. En dessous de son apparence de victime, il garde cet air supérieur dans sa façon de parler, d'exposer ses connaissances et franchement... Ça m'insupporte.
« Ouais, je pense qu'on devrait lui refaire descendre les pieds sur Terre à cet intello. »
« Ne le tapez pas non plus les gars, vous allez vous attirer des ennuis sinon. »
« T'en fais pas Meg, on va juste le taquiner un peu. Hein Greg ? »
« Exactement. On va pas l'envoyer à l'hôpital non plus. »
« Mais franchement il y a une différence de carrure. Vous faîtes du foot, lui, il est maigre comme un fil de fer. »
« Pas d'inquiétude je te dis, promis on ne lève pas la main sur lui. Au fait Louis... ? »
« Ouais ? »
« Tu le connais ? »
« Styles ? Mais non ! »
« J'sais pas, je t'ai vu lui parler ce matin. »
« Parce qu'il m'avait bousculé, oui. J'allais pas me laisser faire quand même. »
« Monte pas sur tes grands chevaux Tomlinson. C'est juste une question. »
Je hoche la tête et me lève pour aller jeter mon plateau, Zayn me suit et on sort tous les deux devant le lycée. Nous fumons notre cigarette ensemble. Il me parle de Liam, son petit ami, mais je ne l'écoute que vaguement. Je comprends juste que c'est compliqué en ce moment, parce qu'ils ne peuvent pas vraiment se voir avec les cours alors que pendant les vacances ils passaient tous leurs temps ensemble. Je suis le seul qui connait l'existence de sa relation, notre bande ne le sait pas, simplement parce que ce sont tous des putains d'homophobes. Alors, il garde ça pour lui, c'est notre secret. Son copain est dans un autre lycée, à deux heures d'ici, ils ne peuvent se voir que le week-end mais ils se contactent tous les soirs par skype. Et je dois le dire pour en avoir été témoin, ils sont vraiment mignons. Même s'ils essayent constamment de me trouver quelqu'un.
« Lou, tu m'écoutes ? »
« Hm quoi ? »
« C'est pas possible putain. Je dois tout le temps être pendu à tes lèvres quand tu me racontes un truc mais dès que je commence à parler un peu de moi tu t'en fiche comme de ta première couche ! »
« Malik t'es vraiment con. Je ris, et finalement lui aussi. Je m'en fous pas, c'est juste que... »
« Tu es un peu ailleurs en ce moment, je sais, j'ai remarqué. »
« Non, c'est pas ça. Je ne sais pas. »
« Je sais moi... Tu es amoureux c'est ça ? »
« Quoi ? Putain mais Zayn t'es sérieux ?! »
« C'est une hypothèse. »
« Toi et Payne vous me faîtes clairement chier à vouloir absolument me caser avec quelqu'un. Il ne t'est pas venu à l'esprit que je suis très bien tout seul ? »
« Justement non, depuis qu'on est en couple lui et moi t'es vachement grognon et tu t'énerve vite. Comme maintenant. »
« Hm. Si tu le dis. »
Je jette ma cigarette à terre, l'écrase puis remonte mon sac sur mon épaule avant de tourner le dos à mon ami pour rentrer dans l'enceinte du lycée. Je l'entends soupirer, et finalement il me rejoint assez rapidement. Je ne peux pas lui faire la tête bien longtemps puisqu'à peine deux minutes plus tard nous rigolons aux éclats. Même si parfois il m'agace, je dois avouer que Zayn est mon seul vrai soutient ici.
Quelques heures plus tard.
Je rentre chez moi, épuisé, je jette mon sac sur mon lit et descend prendre quelque chose à manger dans la cuisine. Ma mère est déjà là, en train de préparer le repas. C'est l'occasion idéale pour lui poser des questions sur l'apparition de Harry dans mon lycée. Je m'appuie contre le plan de travail tout en me servant un verre de lait.
« C'est toi pas vrai ? C'est qui a conseillé à la mère du voisin de l'inscrire dans mon lycée ? »
« Premièrement. Elle soupire. Ce n'est pas ton lycée, et deuxièmement, il y a de très bons professeurs là-bas. Je lui ai aussi parlé de celui en ville, mais elle ne voulait pas qu'il fasse trop de route. »
« Et tu aurais pas pu m'en parler avant ? Qui te dit que je voulais qu'il soit vienne là ? »
« Louis, fais un effort ! »
« Parce qu'il en a fait lui à table l'autre soir ? »
« C'est un garçon très sympathique et poli. »
« C'est pas une raison. »
« Arrête de le rejeter. Il ne connait personne dans cette ville, d'ailleurs... Je veux que tu restes un peu avec lui au lycée, sa mère m'a dit qu'il avait passé la première journée totalement seul. Alors même si tu n'es pas dans sa classe, je voudrai que tu passes au moins les pauses avec lui. »
Je déglutis. Il lui a aussi parlé du fait que je l'ai rembarré pour l'aider à trouver sa salle ? Je n'espère pas. Je ne veux pas que ma mère soit au courant, sinon, elle va me faire passer un sale quart d'heure. Mais elle n'a pas l'air de savoir quoi que ce soit à ce sujet. Pourquoi diable Harry aurait-il gardé ça pour lui ? Était-il vraiment aussi bête ? Après ce que je lui ai fait ce matin. En tout cas, hors de question que je traîne avec lui. Il ne faut même pas y penser. Plutôt mourir.
« Tu peux toujours rêver. Je ne veux pas de lui avec moi. J'ai mes amis, il a qu'à s'en faire, et puis arrêter de tout le temps parler de trucs chiants comme les sciences ou la littérature. Je veux dire, il y a les heures de cours pour ça. »
« Quand vas-tu cesser de s'en prendre à lui ? Il est gentil avec tout le monde, et pourtant il n'a personne pour faire la route ou manger le midi avec lui. »
« Je ne suis pas dans sa classe pourquoi je devrais être ami avec lui déjà ? »
« Parce que tu es son voisin, que tu le connais. »
« Ouais tu parles. Je sais juste qu'il se prend un peu trop pour ce qu'il n'est pas. »
« Louis... Sois un peu gentil. Il n'a rien demandé le pauvre. »
« Merde bah t'as qu'à l'adopter comme ça tu seras contente ! »
Furieux, je claque mon verre sur la table et monte dans ma chambre alors que j'entends ma mère appeler mon nom pour que je revienne. Je ferme ma porte violemment et vais directement près de ma fenêtre pour fumer. Ça m'apaise toujours. Je mets de la musique assez fort pour ne plus entendre ma génitrice qui me demande de l'écouter, et ferme les yeux. Je suis sur les nerfs. Pourquoi a-t-il fallu qu'il vienne emménager juste à côté de chez nous, qu'il vienne dans mon lycée et qu'il me gâche ma dernière année ? S'il pouvait se trouver rapidement un ami ce serait bien.
« Louis ?! Louis écoute-moi bien, si tu n'ouvres pas cette porte immédiatement je te prive de sorties jusqu'à la fin du mois ! »
Je souffle et baisse le son de ma chaine-hifi avant d'ouvrir la porte, ma cigarette entre mes lèvres. Elle a ses mains posées sur ses hanches, signe qu'elle est furieuse. Je sais que quand elle veut me punir, elle ne rigole pas. Elle le fait vraiment. Plusieurs fois, elle m'a interdit d'aller à des soirées pendant un long moment, alors je ferais mieux de lui obéir.
« Quoi ? »
« Arrête un peu de faire ton insolent, ce n'est pas parce que tu es le seul homme dans cette maison que tu dois faire la loi. »
« J'ai le droit à un peu de liberté quand même ! »
« Mais il y a des limites à ne pas dépasser. Tu as le droit de ne pas vouloir être ami avec Harry, mais ne le critique pas. »
« Putain mais qu'est-ce qu'il vient faire dans la conversation ? »
« Sois un peu indulgent. »
« Je l'ai été, crois moi, j'ai pris sur moi pour ne pas lui sauter dessus et l'étrangler l'autre soir parce que vraiment son côté pédant me sort par les yeux. J'ai essayé d'être gentil, vraiment, mais avec lui... C'est impossible. »
« Ce n'est pas un méchant garçon, il ne parle à personne à part sa mère. C'est normal qu'il veuille faire bonne impression. Puis moi, je le trouve vraiment gentil. »
« Maman. Il soupire. On est trop différents l'un de l'autre. On vient tous les deux de deux univers totalement opposé. Ça ne marchera jamais. »
« Ne dit-on pas que les opposés s'attirent ? »
« On n'est pas dans une de tes putains de séries à l'eau de rose où tout le monde vit sur un arc-en-ciel comme des bisounours maman ! Arrête un peu de vouloir décider pour moi, c'est ma vie, mes décisions, mes choix et je... »
« Justement, je suis là pour t'empêcher d'en faire des mauvais. »
« Tu blagues la ? Tu n'es même pas capable d'en faire par toi-même. Tu as laissé papa se barrer à l'étranger pour son boulot, et tu sais comme moi qu'il a une maitresse, mais tu ne dis rien. Tu encaisses. Tu le laisses faire, parce que tu veux encore croire que la vie est rose et qu'il t'aime. Mais c'est faux putain. Tu n'oses pas le foutre dehors alors qu'il se joue littéralement de toi. Ouvre les yeux ! »
Et là sans m'y attendre je sens sa main s'écraser violemment sur ma joue. Elle a les larmes aux yeux, elle est en colère mais je vois bien que deux secondes après elle regrette son geste puisqu'elle est prête à venir me prendre dans ses bras. Je secoue la tête et recule d'un ou deux pas pour lui faire comprendre que je ne veux pas. Je n'ai pas eu mal, non, mais je suis vexé. Presque humilié en fait. J'ai peut-être été trop loin dans mes propos mais je le pensais. Mon père ne revient qu'une fois par mois, voire pas du tout, à la maison. Il ne passe qu'une nuit et repars aussi vite le lendemain. Il n'est pas présent pour sa famille, il n'assume pas son rôle d'époux et de père. Ma mère le sait, mais elle continue à se voiler la face, comme si le fait d'ignorer allait tout effacer. Elle n'ose pas se rebeller, de peur de tout perdre, parce que c'est un homme impressionnant et qu'il ne se laisse pas marcher sur les pieds. Son caractère a déteint sur moi.
« Lou... »
« Non, laisse tomber. »
« Je suis désolé. »
« Je veux rester seul. »
« Viens manger un bout. »
« J'ai pas faim. »
« Excuse-moi, je n'aurai pas du lever la main sur toi. »
« Ouais. »
« Mais.... Tu m'énerve tellement parfois. Tu es distant, et tu ne veux jamais m'écouter. Harry n'est pas... »
« Putain mais ne le remet pas sur le tapis encore ! »
« Je serai fière de toi si au moins tu essayais de t'entendre avec lui. »
« L'espoir fait vivre comme on dit. »
« Bébé... »
« Jamais ! Tu comprends ça où je dois te le faire en espagnol aussi ? »
Énervé, je claque ma porte et rejoins la place près de ma fenêtre. Elle n'insiste pas et je l'entends descendre les marches. Pour faire passer ma mauvaise humeur j'entame une deuxième cigarette alors que le ciel dehors commence à s'assombrir. Je crois que ma mère n'a pas encore réalisé que Harry et moi vivons dans deux mondes différents. Que jamais on ne pourra créer le moindre lien affectif entre nous. Premièrement parce que je ne sais même pas ce que c'est, et deuxièmement parce que je le déteste.
Le lendemain ; Mardi.
Mon pied tape d'impatience sur le sol, je suis arrivé exprès en avance pour le croiser alors il a intérêt à se dépêcher. Heureusement, je le vois arriver au bout du couloir, je remonte mon sac sur mon épaule et marche vers lui étant donné qu'il a son nez plongé dans son livre. Un nouveau d'ailleurs. Il doit passer son temps à dévorer ces bouquins après ses devoirs. Alors que les jeunes normaux passent la soirée sur leurs portables ou ordinateurs. Peut-être qu'il vient d'une autre planète, qui sait ? Il relève les yeux vers moi quand je me poste devant lui, attendant ma réflexion.
« Bon, ma mère me fait chier pour que je traîne avec toi mais il est hors de question qu'on soit vu à deux ici, donc, je te propose de se retrouver tous les soirs de semaine au coin de notre rue. Histoire qu'elle croit qu'on fait la route ensemble. Et le matin je lui dirais que vu que tu pars plus tôt que moi, on se rejoint au lycée. Même si c'est faux. On s'en fou de ça. D'accord ? De toute façon, je te laisse pas le choix. »
Il hoche simplement la tête, les sourcils légèrement froncés. Je ne comprendrai jamais pourquoi il se laisse marcher dessus comme ça. Il se fait littéralement mener à la baguette et il ne se rebelle même pas. Je le jauge puis me retourne pour rejoindre mon casier, lui, part à l'opposé et disparait derrière un mur. Replongé dans sa lecture. Ce garçon est un putain de mystère. Je me demande s'il a toujours été comme ça. Aussi distant, silencieux, renfermé et surtout... Et étrange. Je pense que jamais personne n'arrivera à le cerner. J'ai l'impression qu'il vit dans son propre monde, qu'il est enfermé dans une bulle et que rien ne l'atteint. Mais parfois j'aimerai le secouer et lui crier de réagir. Pourtant, il reste de marbre. Comme si rien ne l'atteignait et que les mots n'étaient que du vent.
La journée est passée plutôt vite, je viens de quitter le lycée et m'engager dans ma rue, Harry m'attend déjà. Assit sur un muret, il se remet debout quand il me voit arrivé. Je m'allume une cigarette et glisse le briquet dans ma poche. On ne dit rien, mais je vois qu'il me fixe, qu'il observe mes mouvements et ça m'énerve.
« Qu'est-ce que t'as à me fixer comme ça ? »
« R... Rien. »
« Hm. Alors arrête. »
« T... Il rougit et baisse la tête. Ta mère sait que tu fumes ? »
« Ouais. »
« Et elle est pas... Enfin, elle n'est pas fâchée ? »
« Pourquoi elle le serait ? C'est ma vie, c'est mes poumons je fais ce que je veux. Qu'elle soit d'accord ou pas, je m'en fous. C'est pareil. »
« C'est dangereux et nuisible pour la santé. »
« On doit bien tous crever un jour, alors une cigarette ne changera rien à ça. »
« Ca dégrade les poumons et nuit à ta respiration. »
« Il y en a bien qui meurent d'un cancer alors qu'ils n'ont jamais touché au tabac de leur vie. »
« Ah oui, je suis d'accord mais... Pourquoi tu fumes ? »
« Et toi, pourquoi tu t'habilles comme mon grand-père ? »
Je le vois blêmir et ses lèvres se mettent à trembler. Il va encore pleurer, comme la fois où je suis venu manger chez lui. Mais le voir m'énerve, et je sais... Ça n'excuse pas tout. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'être fière de moi. C'est dans mon tempérament de faire mal aux gens plus faible que moi, pour me sentir supérieur et dominant. Parce que je ne l'ai pas toujours été.
« Je... Salut. »
Il accélère le pas, pour me fuir et ne pas affronter mon regard, et rentre chez lui précipitamment. Je reste quelques secondes debout devant sa maison. Ce garçon me fait pitié, il est tellement renfermé sur lui. Puis... Encore une fois, pourquoi n'a-t-il rien dit ? Il s'est contenté d'encaisser et de fuir. Comme toujours. Je soupire et rentre chez moi, ma mère me demande si je lui ai enfin obéis, je lui réponds affirmativement, que je viens de faire la route avec le voisin. Elle sourit et monte m'enfermer dans ma chambre. J'ai besoin d'une partie de jeu vidéo pour me vider la tête.
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